Chapitre 33 : L'ennemi commun

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HORIS


Pas toi, Yuma… Pas encore. Pas encore.

Il s’était affaissé. Il s’était recroquevillé. Étendu sur l’herbe, toujours privé de liberté, il ne pouvait qu’endurer sa destinée. Sur les anfractuosités de la terre, où ses pleurs s’étaient étouffés, Horis n’avait plus qu’une alliée à qui se fier. Encore que le teint de Médis se plombait et qu’elle s’agitait, vaine spectatrice de l’insurrection. Ligotée elle aussi, confuse par surcroît, les événements étaient hors de sa portée. Entre elle et lui était allongée la dépouille. Un corps marqué par la fatale entaille, par l’attaque inopinée, par la redoutée volonté.

Si proche et si loin à la fois. Il n’avait pas besoin de tuer un autre proche. J’avais déjà assez de raisons pour me venger. Où es-tu ? Montre-toi, bon sang !

La corde l’étreignait sévèrement. Des tremblements l’ébranlaient, l’impulsaient à se redresser, à ne plus se laisser hanter par la chamane qui n’était plus. Au-delà des sanglots, au-delà des entrechoquements, le principal responsable fuyait.

Il déclenche une mutinerie, et maintenant il n’assume plus ? Il n’a aucune attache. Aucune empathie. Aucune loyauté. C’est ce qui le rend plus dangereux. Nerben, tu n’as nulle part où te cacher. Je te retrouverai, peu importe le temps que cela prendra. Tu ne tueras plus personne.

Horis fulminait. Pas même le soutien de Médis ne suffit à le rassénérer. Au sein de cette succession de cris, à l’agonie rampante, il lui était ardu d’identifier qui combattait et qui se détournait. Deux membres de son escorte gisaient à proximité. Il crut d’abord que Phedeas enverrait d’autres subordonnés les cueillir, mais il sollicita plutôt les siens.

— Repli ! enjoignit-il. Ses imbéciles se battent entre eux, profitons-en !

— Et les deux mages restants ? demanda Ruya. C’était le but de cet échange !

— On s’en fiche ! Vous avez bien vu comment Horis a refusé de collaborer avec nous ! Nous n’avons pas le temps de le convaincre. Qu’il meurt en dommages collatéraux ! Nous serons privés d’une grande puissance, mais tant pis. Il faut avancer vers l’est, enrôler toutes les personnes que nous trouverons sur notre passage ! Si d’autres miliciens nous attendent, nous devons les distancer ! Partons, vite !

Toute protestation s’éteignit comme décampaient les rebelles vers de nouveaux lieux. Ils étaient une poignée à s’empresser. Ils étaient un petit groupe à décamper bien plus rapidement qu’ils étaient venus. Nul obstacle ne les gêna sur leur passage, aussi le regard noir de Horis cibla une masse indistincte disparaissant derrière l’horizon.

Votre guerre est insensée. Recruter les nomades contre leur gré ? Ce n’est pas le type d’insurrections dont nous avons besoin ! D’un côté, je devrais être soulagé de ne pas me retrouver sous ses ordres, mais il reste une menace.

J’ai quelqu’un d’autre à haïr en priorité.

Le reste se manifesta sous forme de bribes.

Des miliciens s’alignaient sous les directives de Lehold. Synchronisés, fixés sur leurs anciens confrères et consœurs, l’arme tendue avec hésitation. Découlaient les giclées de sang, oscillaient les ombres. Dans l’accumulation de cris et de cliquetis, les lacérations s’enchaînaient sans répit.

Horis nota que ses larmes n’étaient guère les seules à se répandre.

Une combattante tenta de désarmer Lehold. Sa propre larme fut désaxée, puis son opposant la décapita.

Un homologue trancha les jambes de deux adversaires. Face à la fureur des survivants, il se retrouva assailli, transpercé de part en part.

Peu à peu succombaient les séditieux. Petit à petit s’éteignaient les ardentes âmes. Quand l’herbe se teintait de vermeil, les ultimes soupirs s’entrecroisaient, et des sanglots les accompagnaient en une lugubre mélodie.

Pourquoi je suis si touché ? Ils sont mes ennemis. Il en a toujours été ainsi. Ils ont ce qu’ils méritent. En s’entretuant, ils s’assurent de ne plus trucider des innocents. Je devrais me réjouir.

Mais Horis ne cessait de se contorsionner à cette vision cauchemardesque. Partout se diffusait la sapidité de la fatalité, impossible à déglutir, inconcevable à savourer. Des flashs l’astreignaient. Les ténèbres l’envahissaient. La mort l’encerclait. Dans cette désolation, il avisait à peine le rapprochement de Médis, se traînant de tout son être vers son ami. Même ensemble, ils se réduisirent à de simples témoins.

La bataille s’acheva en quelques battements de cils.

Il ne restait qu’une poignée de survivants, rassemblés autour de Lehold. De son pied il éjecta une tête, qui atterrit à proximité des jeunes mages, mais le contact avec le heaume lui arracha un terrifiant hurlement. Il tomba à genoux, se retint le bras, et des larmes creusèrent des sillons sur ses joues. Pas même le soutien de ses compagnons se révéla en mesure de calmer le débit.

— Vous n’y êtes pour rien, consola une milicienne. Nerben est le seul coupable.

— Où est-il ? rugit Lehold.

— Il s’est enfui. Probablement vers le nord. Chercherait-il à demander l’asile à l’Enthelian ? Ce serait de la folie.

— Si c’est ainsi, je m’apprête à prendre une décision controversée… Mais je dois agir. Trop longtemps nous l’avons laissé se déchaîner en toute impunité. Il était le chef de la milice, et pourtant loin d’être quelqu’un de bien.

C’est un euphémisme. Seulement maintenant vous réalisez qui il était ? Séchant ses pleurs, Lehold se redressa et consulta ses compagnons. Face à leur désarroi, sa voix s’atténua, si bien que Horis et Médis ne captèrent pas leurs confidences. Tout ce qu’ils observèrent se réduisit aux tâtonnements des miliciens. Figure maculée de sang et brigandine déchiquetée, ils n’en demeurèrent pas moins alertes et attentifs, se trahissant juste en essoufflements.

Le détachement subséquent estomaqua Horis et Médis. Tandis que les miliciens restants emmenèrent les blessés, dont l’état piteux les contraignit à claudiquer, Lehold se dirigea vers les mages. Ces derniers se crispèrent au moment où sa hache miroita à l’éclat issu du ciel. Il nous achève. Pourvu qu’il s’exécute vite. Nos souffrances s’apaiseront. La paix sera obtenue.

Horis ferma ses paupières. Accepta son destin. Que cette forme parût indistincte, il n’en eut cure : il entendrait le métal frapper, il percevrait le sang perler.

Son flux renaquit, circula à nouveau. Une telle sensation le fit basculer : le mage ouvrit brusquement les yeux. Après quelques halètements, comme plaqué au sol, il s’aperçut que les cordes tranchées y reposaient.

— Nous sommes libres ? s’étonna Médis. Mais pourquoi ?

— Il le fallait, murmura Lehold. La culpabilité me ronge.

Les ongles de Horis s’enfoncèrent sur la terre. Son bon geste importe peu. Ses traits se durcirent et son front se plissa. Il est mon ennemi et le restera. Son flux s’écoula avec abondance, le porta tout entier, lui insuffla une énergie qu’il puisa à profusion. Lui, il est à portée.

Il agrippa le milicien par le cou et le plaqua sur l’herbe. Lehold eut beau dilater les yeux, obombré par la dominante silhouette, ses mots s’étouffèrent dans sa gorge, autour de laquelle s’enserrèrent les doigts moites et tremblants de son adversaire. De l’autre, main, Horis chargea de la magie, matérialisée sous forme d’une lumière bleuâtre. Je veux qu’il ressente la peur. Qu’avant de trépasser, il réalise ses erreurs.

Médis saisit son poignet à brûle-pourpoint.

— Non ! plaida-t-elle. Ce n’est pas toi !

— Au contraire, marmonna Horis. Je tue des miliciens depuis que mon premier départ des montagnes d’Ordubie.

— Un homme sans arme ni défense ? Celui-là même qui nous a délivrés ?

— Il nourrit des intentions malveillantes ! Je me souviens bien de lui ! Lehold Domaïs. Il n’était qu’un milicien ordinaire lorsque j’ai attaqué le Palais Impérial. Depuis lors, il est devenu leur chef, il a même mené l’assaut à Doroniak ! Pour quelles raisons devrais-je l’épargner ?

— Ne succombe pas à la haine ! Laisse-le au moins s’expliquer !

— Les siens n’auraient pas hésité à tous nous exterminer !

— Mais tu n’es pas comme eux ! Et puis il a agi différemment ! Rappelle-toi ce que disait Yuma…

La voix rassurante berça son esprit. Bien que l’absence le lancinât encore, Horis lutta contre son for intérieur. Doucement, la pression sur son poing commença à s’atténuer. Lentement, le regard attendrissant de Médis contribua à son accalmie. Un souffle rauque plus tard, à l’adoucissement du flux, le mage relâcha sa cible.

Pourvu que je ne le regrette pas. Il m’est difficile de croire qu’un milicien puisse avoir un bon fond. Mais si ce doute nous mène sur une autre voie… Je dois la suivre, au nom des disparus.

Une fois debout, Lehold épousseta sa tenue avant de fixer les mages. Il se mordilla les lèvres inférieures, peina à maintenir le contact.

— Je regrette, s’épancha-t-il. Ce fut une erreur.

— Je ne suis pas convaincu, répliqua sèchement Horis. Un simple incident te fait changer d’allégeance ?

— Ce fut l’événement de trop. Toute ma carrière, je me suis persuadé que j’agissais pour le camp du bien. Que tous les mages étaient dangereux et devaient être maîtrisés, mais pas forcément tués. Je vivais dans le déni. Lorsque j’étais chef, je voulais qu’on se modère, que l’on traque juste les menaces les plus explicites. Parce qu’à mes yeux, l’unique but de la milice aurait dû être de garantir la sécurité les myrrhéens. Je me trompais. En guise de rétribution, les cadavres de mes frères et mes sœurs gisent à mes pieds…

— Tu mentionnes ton titre de chef au passé…

— J’ai quitté la milice. Je n’en pouvais plus.

Horis et Médis se regardèrent longuement. Ils s’avérèrent d’abord incapables de prononcer quoi que ce fût. Alors le jeune homme prit un peu de recul, examina son ancien ennemi sous un nouvel angle, la respiration lourde.

— Comment s’assurer de ta sincérité ? demanda-t-il.

— C’est le problème, confessa Lehold. Vous n’avez que ma parole. Et mon engagement.

— Quel engagement ?

Lehold retint ses larmes en contemplant la débâcle environnante.

— La vengeance, déclara-t-il avec résolution. Nerben a tout gâché. Tout ce temps, nous avons essayé de le contenir… en vain. Il était trop dangereux, trop instable. Maintenant, en plus, il est imprévisible. Si nous ne le tuons pas vite, il risque de commettre dégâts irréparables.

— Trop tard, fit Horis. À vos côtés, il a déjà massacré d’innombrables innocents.

— Il pourrait en tuer encore plus !

— Nous nous rejoignons sur ce point. Il est notre ennemi commun. Nous n’en sommes pas des alliés pour autant.

Là où voyageait le flux, pleine puissance regagnée, un mage baignait au paroxysme de ses pouvoirs. De quoi empêcher Lehold de rétorquer quoi que ce fût. Médis, au contraire, l’interpella une fois encore :

— Notre chemin est ailleurs ! préconisa-t-elle.

— Tu es ma partenaire, dit son ami. Je veux bien t’écouter, mais là, cela sonne comme un ordre.

— Écoute ton cœur, Horis ! Tu te souviens de qu’a annoncé Phedeas ? Ils vont enrôler de force les clans à leur cause ! Nous devons les protéger !

— Malheureusement, ce n’est pas ma priorité.

— Pardon ? Yuma désapprouverait ton attitude !

— Ne parle pas au nom d’une morte !

— Tu ne me laisses pas le choix. Je suis aussi ravagée que toi, vraiment, mais si ton désir de vengeance continue de t’envahir, il te rongera !

— Quelle est ta solution, alors ?

Médis attrapa les épaules du jeune homme, avant de l’orienter en direction du sud, par-delà un milicien déboussolé. Je sais qu’elle a de bonnes intentions. Elle tente de me ramener à la raison. Pourtant… Je ne me sens nullement irrationnel, encore moins aveuglé.

— Les clans se sont toujours éloignés des conflits, affirma-t-elle. Assurons-nous que cela reste le cas. Sinon, encore plus d’innocents vont mourir. Et puis, nous devons retrouver Milak et Sembi.

Le flux se canalisa dans leurs veines. S’écoula paisiblement. Comme Horis scrutait l’horizon, détaillait les perspectives que suggérait l’index de Médis, il laissa échapper un soupir. Bras relâchés, tête inclinée vers le bas, les traits décomposés, il s’extirpa du toucher de son amie.

— Mon obsession me ronge, admit-il. Je n’en serais pas débarrassé tant que Nerben est vivant. Je suis désolé.

— Tu vas abandonner les tiens ? s’indigna Médis. Poursuivre un seul homme alors que Phedeas possède une armée ?

— Nerben a convaincu mes propres alliés de se retourner contre nous ! contredit Lehold. Il n’est pas une voix isolée. Il exprime cette haine enfouie chez beaucoup d’entre nous. Il est capable, par sa seule volonté, de rallier les esprits les plus cruels à leur cause. Ce n’est pas pour rien qu’il était chef de la milice au début de la purge.

— Tu confesses avec sincérité les défauts de ton ordre, reconnut Horis.

— J’ai des limites, bien sûr. Ne comptez pas sur moi pour mener la charge contre tous les membres de mon ordre. Je dois trouver une troisième voie au-delà de cette incessante effusion de sang.

— Tu te débines au lieu de te battre. Ta conscience en sera-t-elle soulagée ?

— Elle le sera quand Nerben sera mort. J’assume la responsabilité de vous avoir libérés. J’aimerais qu’il en soit de même pour mes fautes passées, mais ce n’est pas aussi simple…

Sa voix s’éteignit à l’intensification des rafales. Horis le dévisagea encore, sans déceler le moindre pli ou tic traître sur ses traits.

— Suis donc ton chemin, autorisa-t-il. Je ne peux pas voyager à tes côtés, même si nous voulons tuer la même personne. Pour être honnête, je préférerais que nos routes ne se croisent plus.

Lehold ravala sa salive après avoir suspendu son regard. Tout juste hocha-t-il la tête vers ses interlocuteurs, l’ultime étape précédant son départ. Partait un homme silencieux, dont les foulés marquèrent par leur empreinte la vallée dévastée. Il avait déjà abandonné ce champ de ruines où jonchaient tant de ses amis au moment où Horis se retourna.

Il ne tuera pas Nerben avant moi. Mais mon choix de le laisser partir aura une influence, d’une manière ou d’une autre…

— Horis, interpella Médis. Je…

— Avant toute chose, interrompit le mage, Yuma mérite une sépulture. Elle a toujours désiré être enterrée. Elle aurait pu trépasser de vieillesse, mais cette aubaine lui a été arrachée. Offrons-lui au moins cette sérénité pour sa fin.

Médis acquiesça, puis tous deux s’exécutèrent.

Les mages ignorèrent les nombreuses dépouilles des miliciens. Celle de leur guide gisait à l’écart. La première victime du carnage, désormais libérée de la cruauté de ce monde. Ils la portèrent jusqu’aux pieds d’un chêne. Sous son majestueux tronc s’étendait l’ombre sur laquelle voletait la terre sous l’effet des sorts. Horis et Médis y déposèrent le corps de Yuma et le recouvrirent sitôt qu’elle fût bien positionnée dans son ultime demeure. Ils y déposèrent une collection de pavots, jonquilles et violettes.

Mutisme fut de rigueur au cours de l’hommage. Plus il contemplait leur sépulture, à la communion de la magie avec la nature, plus Horis peinait à y rester fixé. Elle ne le méritait pas. L’injustice nous condamne à la géhenne… Et les larmes coulèrent, s’accumulèrent, chutèrent. Aucun gémissement ne fut réfréné. Les deux jeunes s’accueillirent même dans les bras de l’autre, se soutinrent mutuellement, consacrèrent le temps requis.

— Je ne l’ai pas assez connu, regretta Médis. Elle nous a aidés à nous retrouver… Mais le destin l’a emportée. Je n’imagine pas comment tu dois te sentir…

— Très mal, avoua Horis. Médis, je ne peux pas retourner dans les montagnes. Oui, Yuma disait que je ne dois pas succomber à la vengeance. Mais en mettant mes propres émotions de côté, il me faut protéger les innocents que menacent Nerben.

Médis se détacha et, séchant ses larmes, observa son ami avec profondeur.

— Nous prenons donc une différente route, déclara-t-elle. Je ne peux pas te suivre dans ta quête de vengeance. Quelqu’un doit informer ton clan du décès de Yuma. Quelqu’un doit les avertir des intentions de Phedeas. Sembi et Milak aussi, ils doivent être quelque part.

— Mais Ordubie est immense ! Tu sauras les retrouver ?

— Je me débrouillerai. Tout comme je me débrouillerai lors de notre prochaine rencontre. Car ce n’est pas la fin, n’est-ce pas ?

— Je l’espère. Je suis désolé.

— C’est moi qui suis désolée. Les choses auraient dû se passer autrement. Yuma n’aurait pas dû mourir… En son honneur, je me consacrerais à la défense des tiens. À la protection des innocents. Nous partageons toujours ce but, pas vrai ?

Ils se fixèrent intensément, abandonnèrent leurs sanglots, et partirent. Et en un clignement d’yeux, ils empruntèrent des sentiers opposés.

Nous nous reverrons, Médis. Je te le promets.

Horis s’aventura en terres inconnues. Un air agréable lui caressait le dos, sans le déconcentrer de son objectif. Au-delà de cette immense verdure apparaîtrait tôt ou tard un autre pays. Bientôt abandonnerait-il l’empire, fût-ce temporairement, pour la première fois. C’était le commencement de sa traque.

Lorsque j’ai quitté les montagnes d’Ordubie, j’étais seul, et je brûlais à la simple idée de me venger.

Pardonne-moi, Yuma. Puisses-tu reposer en paix, car mon âme n’en sera jamais capable. Rien n’a changé.

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