Chapitre 28 : Nouveau but

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HORIS


Des nuées de cadavres entre les décombres. Des bâtiments disloqués au-dessus desquels s’exhalaient des bouffées de fumée grisâtre. Témoins de l’errance d’un survivant qui contemplait le décor avec horreur.

Encore une vision. À quoi riment-elles ? Pourquoi mon esprit me projette de pareilles images ?

Il était un marcheur muet, circulant parmi les morts. Là où des volutes de flux voletaient de part et d’autre, en amalgame avec la nature. Dans un lieu sans repère, dans un temps sans frontière, où toute saveur s’était dépeinte, où toute odeur s’était éteinte.

Est-ce l’empire ou une contrée éloignée ? Un passé décompensé. Un présent omniprésent. Un avenir en devenir. Qu’importe où j’irai, qu’importent mes décisions, il faudra que mes convictions s’affermissent, que mon acharnement ne faillisse pas. Trop d’informations. Impossible de tout retenir.

Il ne cheminait pas uniquement au milieu d’inconnus. Tant de visages le traumatisaient encore. Il avait beau se détourner, les larmes s’accumulaient avec le désespoir. De quoi le hanter un long moment, surtout quand les réminiscences l’agressaient. Un glas dépourvu d’honneur, une chute privée de grâce, un embrasement en signe d’atrocité.

Combien en verrai-je encore mourir ? Maman, Papa, Réniol, Chédi, Bérédine, Igdan… Même Khanir, alors qu’il était devenu ce qu’il avait juré de combattre, alors que je l’ai tué de mes propres mains. J’aimerais une justice. J’ignore encore comment l’obtenir.

Demeurer placide était ardu. Pourtant, au-delà des sanglots, et de sa vision personnelle, son rêve s’acheva dans la paix. Dans une inspiration qui se mut en ronflement tandis qu’il s’ouvrait à l’aube.

Derrière surplombaient des inclinaisons rocheuses sous lesquels restaient enfouis les erreurs d’antan. Ils avaient campé à proximité d’un sentier boueux, en-deçà d’une déclive, par-dessus des mélèzes dressés par-dessus broussaille et galeux. Le panorama se déployait pleinement vers un nord à explorer.

Est-ce un aperçu de ce qui nous attend ?

Horis prit un moment pour se relever. Seulement après avisa-t-il Médis, déjà réveillée, les bras croisés, suspendues à cette contemplation.

Malgré ses cheveux en bataille, malgré sa torpeur, le mage rejoignit ses deux homologues qui le dévisagèrent aussitôt, les yeux étrécis.

— Encore un cauchemar ? devina Médis.

— Oui, admit Horis. Tu commences à bien me connaître.

De biais, debout à l’ombre des conifères, Milak et Sembi observèrent leur ami d’un air penaud.

— Je vais t’avouer un truc, fit Milak. Je me sens perdu. Cette sensation ne m’a jamais quitté.

Penaud, bras croisés, le jeune homme confirmait ses propos au mépris des espoir de Horis. Il lui tapota l’épaule dans une vaine tentative de l’aider. Les années passent et je reste peu tactile.

— Voilà pourquoi Sembi et toi avez arrêté de nous accompagner dans ces projections après un temps ? se renseigna-t-il.

— C’est ça, confirma Milak. Je n’ai jamais été un meneur, moi. Je me suis juste battu pour survivre, suivant des gens plus forts que moi. Je croyais trouver une forme de vérité ici… Sauf que je suis largué. Les origines de la magie, les erreurs de nos ancêtres, tout ça me dépasse.

— Pareil, ajouta Sembi. J’ai dans l’espoir de retrouver ma famille un jour, mais je ne veux ni les mettre en danger, ni vous abandonner. Alors, Milak et moi, on s’est mis d’accord : on ne pige rien à ce qu’on a vu, mais on vous suivra jusqu’au bout.

Une intense lueur se consumait dans leur regard. Apte à élargir le sourire de Horis et Médis, eux qui craignaient de s’affadir sous le poids des remords et fourvoiements. Nous pouvons compter sur eux, je n’en ai jamais douté.

À l’écart jusqu’alors, Yuma rejoignit ses compagnons, et s’attarda tout particulièrement sur son protégé.

— Ton esprit est fort pour résister à ce qu’il subit, souligna-t-elle. Après ce que tu as traversé, après ce que je t’ai montré, je ne veux plus rien exiger de toi.

— Nous partageons ce fardeau. Et puis, mon combat est loin d’être terminé. Je suis désormais conscient des erreurs à éviter. La suite serait de savoir où aller.

Apathique, le jeune homme peinait à s’emplir de motivation. Aussi Yuma opina du chef avant d’esquisser une courbe de la main. Des filaments violacés firent frissonner Horis, puis le plongèrent dans un état de détente rarement acquis. Un sort si simple qu’on en oublie leur existence. Il opina en direction de sa guide.

Mais l’heure était au départ. Parée à s’engager dans la pente, elle surprit les jeunes mages par sa cadence.

— J’espère que cela te donne une piste de réponse, dit-elle.

— Vers le nord, alors ? demanda Médis.

— Au-delà des frontières de l’empire.

Horis se figea. Se retint de hoqueter.

— Pourquoi aussi loin ? fit-il. Notre lutte se déroule ici !

— Ce fardeau, comme tu l’as cité, est partagé parmi nombre des nôtres. Y compris dans des pays où la magie est autorisée… Pour l’instant, du moins.

— L’Enthelian ?

— Il n’a pas suivi le chemin de la Belurdie dans son imitation de l’Empire Myrhéen. En conséquence, ces dernières années, des milliers de mages de la zone s’y sont réfugiés. Certains ont utilisé ce pays comme passage pour accéder à des contrées plus à l’ouest. D’autres ont eu pour ambition de s’y installer sur le long terme. Dans ce dernier cas, ils ne sont pas totalement protégés….

— Le pouvoir souhaite s’en prendre aux mages là-bas ? Où sont-ils en sécurité s’en prendre?

— Les faits sont plus complexes. En réalité, le pouvoir a récemment réaffirmé son soutien à notre communauté. Mais ils s’exposent à un risque auquel s’opposent leurs détracteurs.

Médis toussota tout en fronçant les sourcils. Elle interrompit Yuma dans son discours, l’interpellant d’un œil dubitatif, tandis que ses compagnons s’étaient figés.

— Selon vous, nous aurions à gagner à nous allier à ces mages ? questionna-t-elle. J’admire votre bonne volonté, mais… Est-ce seulement possible ? Bien sûr, dans un monde idéal, nous nous entraiderions tous. Mais ce monde est vaste.

— L’Enthelian est notre pays voisin, justifia Yuma. Nul besoin de s’y connaître en géographie pour savoir que les montagnes d’Ordubie sont relativement proches de la frontière. À quelques jours de marche pour être précise.

— Eh bien, vous en savez beaucoup…, commenta Horis.

— Encore déconcerté ? Même après avoir rejoint la tribu Iflak, j’ai continué de voyager de temps à autre, l’Enthelian étant une destination évidente. Ce pays s’est toujours targué d’une réputation de tolérance vis-à-vis des mages, là où la destruction de l’Oughonia a éveillé des méfiances en Belurdie et dans l’empire. Vous connaissez le résultat…

— Les choses auraient changé ?

Il pencha la tête comme sa mine s’assombrit. Je regrette la question… Médis avait beau demeurer attentive, elle avait reculé de quelques pas, quitte à ne pas appréhender la totalité des détails.

— Le pouvoir local est plus récalcitrant, éclaircit Yuma. Ils accusent les dirigeants de faiblesse, d’attirer la colère de l’empire. Ils réclament que la loi en faveur des mages soit abrogée.

Tandis que Médis, Sembi et Milak déglutissaient, Horis laissa échapper un grognement. Hors de question qu’une telle injustice survienne ! Seuls les traits apaisants de sa guide l’empêchèrent de garder son poing plaqué contre sa hanche.

— Ces enfoirés veulent condamner les mages ? tonna-t-il. Je… J’ai encore la violence comme premier recours. L’inévitable guerre.

— Gardons notre sang-froid et réfléchissons avant d’agir, préconisa Yuma. Aucune décision concrète n’a été prise, nous avons encore un peu de temps. Mes contacts m’ont juste averti que les plus extrémistes se sentaient de plus en plus à l’aise. Ils divisent le peuple par la peur. Ils prétendent que si la magie reste autorisée, alors tôt ou tard, l’Empire Myrrhéen finira par envahir l’Enthelian. Ce ne sera plus un pays, mais une province.

— Qu’est-ce qui prouve qu’une telle invasion est planifiée ?

— Horis, l’impératrice est ta pire ennemie, tu me l’as répété à maintes reprises lorsque tu vivais dans notre clan. Ne la penses-tu pas capable d’intentions belliqueuses ? De conduire ses armées pour une invasion ?

— Si, mais pourquoi maintenant ? Ces derniers temps, j’ai surtout fréquenté l’est et le sud du territoire, où j’ai inévitablement fait face à ses troupes. Mais au nord ?

— Parce qu’elle a été aperçue dans la région de Gisde, à l’ouest d’ici. Une réunion familiale, prétend-on. Un assaut des mages contre elle a échoué, et depuis les miliciens sillonnent les environs. Tout est corrélé.

De nouveau les jeunes mages écarquillèrent les yeux. Horis sentit son estomac se nouer en avisant les tressaillements de ses amis.

— Bennenike attaquée ? s’étonna-t-il. Pourquoi ne pas nous en avoir informés plus tôt ?

— Je n’étais pas certaine du renseignement, dit Yuma. Et avec tout ce que je vous ai déjà révélé plus tôt, j’ai préféré diluer ma parole. Maintenant était le moment propice.

— Cela se tient… Donc elle a encore échappé à la mort ? Décidément, elle est intuable.

— Gardons un œil sur ses agissements, mais orientons nos forces ailleurs.

Yuma entama sa marche, enjoignant ses compagnons à emboîter ses foulées. Ils s’exécutèrent conformément à sa sollicitation.

— Je ne garantis pas que le pire est derrière de nous. Je compte sur vous, sur votre volonté, sur votre pouvoir.

La chamane était certifiée de la résolution de Horis. Au contraire de ses compagnons qui hochèrent la tête à moitié et esquissèrent une grimace sans que Yuma en cherchât la signification.

Les mystères sont derrière nous. La vérité est devant.

Bientôt ils reviendraient à la civilisation. Dans cette nature primordiale, des petits ajoncs aux imposants cèdres, ils fréquenteraient encore ces versants parsemés de végétation. Par-dessus les vallées verdoyantes, sous les pics peints de névé, loin des loups qui hurlaient, près des bouquetins qui paissaient. Ils passaient des grandes altitudes à des hauteurs raisonnables de la froide brume au vent tempéré. Ils alliaient vitesse et réflexion : aucune hésitation ne les ralentissait, nulle interrogation ne les endiguait.

Seules les circonstances extérieures en étaient capables.

Plusieurs heures plus tard, il leur devenait ardu de distinguer le chemin, tant la végétation s’épaississait. Séparation était requise en vue de repérage : Sembi et Milak se désignèrent pour se diriger à l’ouest, où l’étendue de ces hauteurs révélait moins d’opacité. Nous nous reverrons bien assez vite.

Horis, Médis et Yuma, de leur côté, se glissèrent dans un chemin tourbeux, désireux d’éviter toute flaque. Une futaie projetait leurs ombres sur le sol humide, jonché de feuilles mortes, de pierres et de bourdaines. Immanquablement, ils projetaient des gouttes d’eau brunâtre à chacun de leur pas.

Toutefois le jeune homme avisa des bruissements anormaux.

— Arrêtez-vous ! somma-t-il.

Les femmes s’exécutèrent, mais dévisagèrent Horis avec perplexité. Je sens quelque chose. Elles devraient aussi, non ?

— Horis ! interpella Médis. Qu’est-ce que tu…

— Nous ne sommes pas seuls, prévint-il.

— Comment ça ? Je ne…

L’instinct se réveillait. Il s’agissait de se fier au moindre mouvement, au plus infime des bruits. Or les silhouettes se tapissaient aisément dans un tel environnement. Dans l’épais feuillage des buissons, à des angles impossibles à capturer d’un rapide coup d’œil.

Horis les discerna. Des individus au teint brun, dans un équipement rapiécé, armés de cimeterre et de lances. Sitôt au centre de son attention qu’il se dressa, ce alors qu’ils étaient encore éloignés.

Approchez. Vous êtes hostiles sans l’ombre d’un doute. Vous ne me faites pas peur. Des minions sans ambition, vous n’avez même pas l’équipement des miliciens ! Une minute.

Il n’avait pas déployé qu’il avait réalisé. Alors la menace surgit du dessus : une femme la plaqua à terre, coinça ses bras derrière son dos. Inapte à riposter, il s’étala dans un râle comme des liens enserrèrent ses poignets.

Ce fut la perte de l’harmonie. La rupture du contact avec la nature. Il sentait que sa magie resterait enfermée en lui, privée de ses possibilités. Et une fois que son ennemie le redressa, il comprit que Yuma avait subi le même sort. Ils nous ont piégés quand nous étions en comité réduit. Les fourbes !

Leurs deux principaux adversaires les forcèrent à se mettre à genoux. Quand leurs alliés se rassemblèrent autour d’eux, qu’ils les cernèrent de leurs armes brandies, par l’intimidation, Médis tremblait déjà de tout son être. Les spirales de flux émanant depuis ses paumes parurent bien vaines.

— À ta place, fit l’homme qui avait ligoté Yuma, je ne tenterais rien d’imprudent.

Haletant, grognant, Horis prit le temps d’examiner le duo. Tous deux partageaient l’azur de leur iris comme la pâleur de leur peau s’opposait au noir de leurs cheveux. Néanmoins l’homme portait un bouc comme des bandes grises sur sa tunique ivoirine remontée en un col boutonné tandis que la femme avait privilégié une tenue plus sobre encore, quoique complétée de brassards en cuir.

Pourquoi semblent-ils si spéciaux ? Ils dirigent nos assaillants mais ne leur ressemblent en rien. La malchance nous accable avec une cruelle ironie.

Sous l’impulsion du surnombre, exsudant à l’excès, Médis abandonna. Elle pourrait balancer un sort de zone ! Mais la peur la paralyse. C’est compréhensible… Réduite à l’impuissance, sa mine se détériora, et elle s’effondra.

Ce dont l’homme et la femme se gaussèrent.

— Tu es raisonnable, blasonna l’homme. La perte de tous tes êtres chers a sapé toute volonté.

— Vous la rabaissez ? s’emporta Horis. Qui êtes-vous, d’abord ? Que voulez-vous ? Pourquoi nous traquer, nous capturer ?

— Calme-toi, conseilla la femme. La colère est l’ennemie du bon sens. Mais je daigne bien éclaircir certaines choses. Je m’appelle Leid, et voici mon frère Niel, pour simplifier.

— C’est ainsi ? songea Yuma. Nous sommes moins discrets que nous l’aurions espéré. Depuis combien de temps vous nous avez repérés ?

— Une question supplémentaire alors que nous n’avons pas encore répondu aux précédentes ? Modérez la cadence, nous sommes assaillis.

Les traits du jeune homme se durcirent, nonobstant les tentatives d’apaisement de la chamane. Il se retenait de dévisager le duo, mais ils circulaient autour d’eux, se jouaient de leurs captifs.

— Écoutez-nous attentivement et peut-être que nous éviterons la solution violente, déclara Niel.

— Elle a déjà eu lieu ! fulmina Médis. Vous nous avez attaqués au lieu de privilégier la rencontre amicale !

— Parce que nous ne sommes pas vos alliés, autant être honnête. Nous cherchons juste des intérêts communs.

— Lesquels ?

— Une confiance doit s’installer entre nous avant de dévoiler notre finalité. En revanche, la raison de notre présence est plus simple à expliquer. Vous servirez d’échange pour une grande cause. Et un intérêt personnel.

Horis se renfrogna. À peine s’accrocha-t-il à ses deux compagnons, pour qui la lueur d’espoir s’affadissait à l’avenant. C’est ce que nous sommes. Tout juste bons à être des intermédiaires.

— Nous avons d’autres projets, trancha Yuma.

— Pas de chance, vous avez croisé notre route, répliqua Leid. Yuma, chamane de la tribu Iflak. Médis Oned, mage de feu, ancienne amante de Khanir Nédret. Quant à toi, Horis Saiden… L’ennemi ultime du pouvoir myrrhéen encore vivant. Peu de personnes peuvent s’en vanter. Il y avait deux autres mages avec vous, mais on s’en fiche un peu.

— Vous croyez que je vais rester bouche bée ? riposta Horis. Je m’en fiche que vous en connaissez un peu sur nous. Nous sommes définis au-delà des caractéristiques communes.

— Admettons, dit Niel. Il n’empêche que cela a suffi à attirer l’attention vers vous. Pas une seule question sur ces hommes et femmes armés ? Ils obéissent à une seule autorité. Phedeas Teos.

— Vu son nom, il est de la famille de l’impératrice. Alors il est un ennemi !

— Ta vision est réductrice, truffée de préjugés. As-tu ouvert des livres d’histoire ? Les conflits familiaux y sont légion. En l’occurrence, Phedeas Teos souhaite renverser sa tante. Et il cherche à recruter un maximum de sympathisants pour y parvenir.

Des tressaillements ébranlèrent Horis. De ses poignets à ses chevilles, assimilés à son flux coincé en lui. Médis et Yuma restèrent davantage perplexes que pantois tandis que Leid et Niel ne cessaient de se pavaner.

Un autre objectif ? Nous sommes trop reconnus pour notre indépendance. Qu’ils nous donnent les détails. Ou qu’ils nous encouragent à nous engager de notre plein gré. Non, je ne peux décemment me fier à eux. Pas en l’espace de quelques minutes.

— Vous ne nous offrez pas vraiment le choix, dit Médis.

— Parce que nous avions anticipé votre défiance, justifia Niel. Vous avez déjà appartenu à un groupuscule destiné à renverser l’ordre établi. Vous avez donc conscience qu’il ne suffit pas d’être opposé à Bennenike pour être une bonne personne.

— Loin de moi l’idée de jeter l’opprobre sur l’ensemble de la famille, fit Horis. Mais si ce Phedeas est si honorable, pourquoi il nous tend un piège pareil ? Il devrait chercher à nous convaincre par les mots !

— Vous lui demanderez directement, suggéra Niel. Notre place est ailleurs. Mais nous avons besoin de vous amener, tels sont les termes de l’échange. Et vous serez satisfaits de connaître l’identité de vos équivalents.

— Et vous n’allez pas nous faire le plaisir de nous le dévoiler maintenant ?

— Non, nous préférons vous laisser la surprise.

La fougue de la jeunesse, la sagesse des anciens, tous concepts perdaient en substance comme Horis et Yuma se soumettaient à leur destin. Médis n’attendit pas longtemps pour les suivre, bientôt ligotée aux poignets, privée de sa magie, de son libre-arbitre.

— Je n’augure pas une bonne rencontre…, murmura la chamane. Je souhaite trouver d’autres méthodes que la simple violence pour résister la tyrannie.

— Nous privilégions aussi la subtilité, appuya Niel. Phedeas est d’un autre type. Il veut exploiter vos capacités.

— À la manière d’outils, soupira Horis. Son soulèvement ne tiendra s’il recrute par la contrainte.

— Mieux vaut éviter de le critiquer en présence des alliés. Ils ne tolèreront pas que l’on parle en mal de leur chef.

— C’est votre but ? Remplacer une tyrane par un autre ? Vous nous enfermez dans un cycle de souffrance !

L’un des subordonnés émit un râle tout en s’approchant du jeune homme. Il lui décocha un poing en pleine mâchoire, et d’emblée Horis se courba. Une douleur vrilla son visage, sa vision confuse, presque sonné. Je ne regrette aucunement mes propos. Si Leid et Niel s’abstinrent d’en rire, Yuma et Médis lui adressèrent une moue compatissante.

— Un long voyage nous attend, déclara Leid. Cette rencontre sera décisive. Maintenant que vous avez exploré un passé oublié, vous ne pourrez pas l’éviter.

Pas après pas, dans les grognements d’autrui. Hors des montagnes d’Ordubie, vers ce même nord qu’ils cherchaient à atteindre. Horis, Médis et Yuma s’exécutèrent à cette volonté inconnue, à cette ambition exacerbée, à cette opposition prononcée.

Je ne le sens pas. Non, pas du tout….

Milak, Sembi, sauvez-nous.

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