Ego sans trique.

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Un jour, un jeune homme en colère qui me connaissait à peine m'a insulté et m'a considéré comme un moins que rien. Voici comment j'ai changé la vision qu'il avait de moi et son état d'esprit...

Il n'était pas fâché directement contre moi, mais contre le "système" administratif que je représentais et la vie en général. Dès qu'il est entré dans mon bureau et s'est assis en face de moi, j'ai senti son égo démesuré envahir la pièce.

Sans connaître ni ma vie, ni mon parcours, ni comment j'étais, il m'a pris de très haut et a tenu contre moi et le "système" des propos très abaissants, il m'a injurié avec violence et m'a menacé. Il était vulgaire et offensant. Il considérait que j'étais un planqué qui ne servait a rien... Je vous épargne les mots grossiers, mais disons qu'il m'a bien fait comprendre que d'être dans mon bureau lui cassait certains éléments de sa personne qui pendaient en dessous de sa ceinture... Il était très nerveux et ne tenait pas en place. Il gigotait, se levait, se tenait debout devant moi comme pour se faire "plus grand", tournait en rond, se rasseyait... A chaque fois que je commençais une phrase il me coupait la parole avec virulence, grossièreté et sans objectivité. Je ne pouvais pas m'exprimer. Je n'ai donc pas bougé et attendu avec patience qu'il finisse de vociférer. Je l'ai écouté avec attention, sans lâcher son regard, comme si je donnais de l'importance à ce qu'il disait. Je suis resté neutre. Quand il n'a plus rien trouvé a exprimer, j'ai dit ceci d'une voix très calme : "Jeune homme, vous devez avoir environ trente ans, c'est le nombre d'années que j'ai vécu en tant qu'adulte. Pendant cette période j'ai surmonté de nombreuses épreuves, parfois très difficiles. J'ai fait des erreurs qui m'ont beaucoup appris, j'ai eu de belles victoires qui m'ont valorisé et donné confiance. J'ai eu des grandes peines et des merveilleux bonheurs. Toutes ces expériences et bien d'autres m'ont permis de connaître mes forces et mes faiblesses. Je connais aussi ma valeur personnelle et professionnelle, mes qualités et mes points d'améliorations. Sachant cela, est-ce que vous pensez sérieusement que je vais me référer à ce que vous pensez de moi sans me connaître et a ce que vous me dites pour me faire mon propre opinion de moi-même ? Ce sont toutes ces années de vie et le parcours qu'elles représentent qui m'ont défini ce que je suis aujourd'hui. Comment pouvez-vous imaginez un instant que votre attitude et vos insultes puissent y changer quelque chose en un quart d'heure ? Je considère que votre colère d'aujourd'hui est le reflet d'un parcours de vie qui n'a pas dû être facile non plus. J'estime que cette colère vous appartient et je vous la laisse. C'est vous qui en souffrez et je vous laisse aussi cette souffrance. Je sais que vous ne voulez pas être dans cet état parce que je ne connais personne qui trouve agréable d'être en colère. Je sais aussi que votre agressivité est une carapace que vous utilisez parce que personne ne vous a appris a faire autrement et que c'est la voie la plus facile pour obtenir ce que vous voulez. Vous ne pouvez pas m'atteindre par cette voie parce que je sais et je vois que derrière cette carapace de haine il y a une bonne personne. C'est avec cette personne derrière la carapace que je veux communiquer. Pour terminer je veux vous dire que la voie la plus facile est celle de la force, des menaces et de la violence, c'est pour cela que tant de personnes l'empruntent. La force véritable est celle qui permet d'arriver à obtenir ce qu'on souhaite avec de la bienveillance et la valorisation de l'autre, mais parce que c'est une voie difficile, rares et courageux sont ceux qui la suivent. Vous serez fort le jour ou vous emprunterez cette voie. Pour ma part, je souhaite faire tout ce qui m'est possible pour vous aider, mais je ne peux rien faire si vous n'êtes pas d'accord d'être aidé. Maintenant que j'ai pu vous dire cela, comment souhaitez-vous poursuivre cette conversation ?"...

Il ne s'attendait pas à ça. Il était habitué à ce que son attitude génère un conflit. Ce n'a pas été le cas. Il s'est immédiatement calmé et s'est spontanément excusé. Nous avons pu commencer à agir de la juste façon.

Au début de notre rencontre ce jeune homme ignorait qu'il n'arriverait pas à m'atteindre. Il a débarqué dans mon bureau avec son égo démesuré qui a immédiatement remplit la pièce, mais il ne pouvait pas savoir que j'étais libéré du mien. Il était dans la provocation pure, il voulait me faire peur et m'énerver. Il a toujours été habitué à ce que ça marche avec les autres et il ne pouvait pas comprendre que je considérais que tout cette colère n'appartenait qu'à lui et à lui seul. Je n'étais pas concerné, c'était son problème et son égo s'est retrouvé confronté au vide. Sa colère n'a pas trouvé à quoi s'accrocher et n'a eu aucune prise sur moi. Ses insultes n'atteignaient rien. Mon détachement m'a permis de rester calme, de ne pas oublier que le but de notre rencontre était une collaboration et de trouver ce qui me paraissait la réponse la plus juste à donner. Ces objectifs ont étés atteints...

En partant il m'a remercié chaleureusement. Je l'ai moi aussi remercié pour cet entretien qui m'a permis de valider encore une fois que la voie de la bienveillance est la bonne et que l'égo est un obstacle au bien-être...

Nous ne sommes pas devenus amis, mais disons que nous nous réjouissons tous les deux de nous revoir. Nous avons tant à apprendre l'un de l'autre...

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