Omnias vulnerant

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A prendre des habitudes qui nous façonnent, nous avons moulé notre quotidien. Un jour ne se passe sans que notre routine ne nous étouffe. Routine choisie, routine par nous.


Un soleil illuminera les murs de sa pâleur fausse, écartant ma léthargie d'un revers de sa lumière. Je me glisserai sous les eaux dures qui descelleront mes membres de leur sommeil, toujours trop court, et mes paupières de leur lourdeur coulée en cils de plombs. Des odeurs orangées effleureront alors mon revêtement prévu de la veille. Je te retrouverai déjà embaumé de leurs volutes fraîches. Ton regard gris-de-pierre, brun-de-gris, engrisé, m'invitera auprès de toi pour partager l'aube dans notre clairière secrète. Le temps d'un demi-songe, nous serons seuls au monde...


Puis la journée.

Mes idées voleront en éclat ; je ne saurais que les poser sur ton sourire pour tenter de les reconstruire. Mais tes lèvres resteront sévères, rendues muettes par tes propres pensées qui se débattront sans savoir comment s'exprimer. Nous nous observerons à distance, interdits par nos tâches pour ne serait-ce que quêter le réconfort d'une fugace tendresse. J'oublierai même qui tu es à force d'abrutissement, à m'en surprendre parfois lorsque la raison m'en reviendra. Tu n'auras pas cette indélicatesse, je crois. 

Le soir viendra sur nous à l'improviste. Nous irons nous tapir dans notre grotte pour oublier ces heures, meurtris par le silence, assourdis par notre détresse. J'espèrerai reprendre le jour où je l'aurais laissé, à cet instant où j'aurais franchi l'orée de notre domaine... avant de basculer dans le monde vrai ; dans la réalité menteuse de cette vie. Mais de retour en arrière, point. Le temps ne donne rien à ceux qui n'espèrent que la douceur d'un jour sans fin. Comme deux animaux blessés, nous lècherons nos plaies mutuelles sans nous apaiser pourtant. Trop anxieux à la certitude de demain, nous nous murerons dans nos corps sans plus savoir ce partage. Ton regard restera fixé sur les ce passé, si court pourtant, qui nous aura épuisés, incapable de s'envoler vers la quiétude de notre monde à nous. Tu ne seras plus que le pantin mécanique de tes obligations.

L'heure du loup verra la fin de ce pantonime, peuplant la nuit des silhouettes de tous ces regrets nouveaux, agglutinés sur ceux des jours d'avant celui-ci. Ma couche encombrée ploiera sous leurs poids conjugués en pourquoi ? que je ne dirai pas. Pour échapper à ces visions obscures, j'enverrai mon esprit rêver à l'imparfait. Un temps où ton sourire ne se laissait pas éteindre par le quotidien, mes yeux brillaient d'étoiles que je comptais sans cesse, illuminaient les visages de ceux qui m'étaient chers. Un temps composé de j'avais rêvé et de j'ai aimé, de milliers d'instants qui n'ont pas eu de fin, qui sont devenus la courbe de deux vies enlacées. Un temps simple qui fut celui du bonheur. Il nous apporta assez de rires pour que le présent se décline en douleur. 

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