Chapitre 1

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Dehors, la neige tombait incessamment. Un vent glacial fouettait les fenêtres qui vibraient, soumise à la nature déchaînée. C'était un soir de réveillon comme les autres tout compte fait. Nous avions pris soin de décorer l'appartement, et pour une fois tu avais fait l'effort de me donner ton avis sur mes talents de décoratrice. Tu disais que je tenais ça de Maman, et ça me faisait chaud au coeur. Quant à Papa, il t'avait transmis son humour. Equitable non?

Nous avions réussi à transformer notre minuscule salon en salle de fête, éclairée par je ne sais combien de bougies parfumées à la cannelle, que tu avais choisies au supermarché, et que je détestais en secret. Mais je n'allais quand même pas faire la fine bouche pour si peu. J'ai donc feint d'adorer cette fragrance, tout en soufflant quelques bougies quand tu avais le dos tourné. Mais tu ne t'es contenté d'allumer des morceaux de cire, tu en as profité pour m'apprendre à "lire les étoiles" comme tu disais. Tu as déplacé les bougies, tu les as éteintes, rallumées, remplacées.....Je voyais naitre sous mes yeux ébahis des constellations. Le Centaure,Le Bouvier, La chevelure de Bérénice...Tu vois, j'en ai retenu quelques unes, tu n'es pas si mal que ça comme professeur!

Je pense que c'était un des plus beaux réveillons que j'ai passé. Bien sûr, il manquait Papa et Maman, mais je n'étais pas seule. Je les voyais tous les deux en toi.

Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai bien cuisiné ce soir là! Toi qui voulait commander chez le traiteur, je me rappellerais toujours de ton visage quand tu as vu une dinde dorée à souhait trôner sur la table de la salle à manger. Je ne m'attendais pas non plus à ce que ce soit succulent, mais sans prétention on s'est régalés! 

Tous les deux, lovés dans les petits fauteuils de notre appartement exigu mais chaleureux, nous étions heureux. Malgré tout ce que nous avons traversé, nous étions parvenus à trouver un certain équilibre. Entre ton travail de taxiste et le mien en tant qu'assistante maternelle, nous parvenions à subvenir à nos besoins. Nous ne roulions pas sur l'or, mais ça nous suffisait. D'ailleurs tu avais tendance à faire quelques folies en couvrant ta petite Meredith de cadeaux, mais je ne t'en voulais pas.

C'est étrange comment du jour au lendemain, nous nous sommes transformés en adultes. Nous étions peut être tout juste majeurs, mais nous n'étions pas très débrouillards, il faut se l'avouer. Papa et Maman nous couvaient beaucoup, et notre niveau d'autonomie avoisinait le néant. Nous étions loin d'être préparés à la tournure qu'allait prendre notre vie. Nous n'avons même pas eu le temps de terminer l'université et d'obtenir notre diplôme. Peut être que si tout ça avait commencé un peu plus tard, tout serait plus facile. Mais le destin en a voulu autrement. Mais heureusement nous étions deux dans le même bateau, et nous nous sommes jurés de nous serrer les coudes quoiqu'il arrive. Car chez les McCuller, la famille passe avant tout, comme disait Papa.

Nous avions scandé ensemble le compte à rebours de la nouvelle année, regarder un peu les traditionnelles émissions du nouvel An, puis nous sommes partis nous coucher.

Le lendemain, en te levant, j'imagine que tu ne t'es extirpé de ton lit qu'a midi, tu as dû sentir un vent glacial venant de ma chambre s'infiltrer par l'entre baillement de la porte. Tu as découvert la fenêtre ouverte, et mon lit vide.


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