Réponse à "Temps pluvieux"

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Un dimanche pluvieux. Jusque là, pas très étonnant en ce mois de novembre. Mais, ce dimanche-là est particulièrement venteux. Je n'ai aucun souvenir d'une pareille tempête. Le vent hurlait, le ciel crachait sa pluie avec fureur, rage, dégoût peut-être? La vie peut-être difficile parfois.

Je m'assoie sur le rebord de ma fenêtre, chaussons confortables aux piedx et couverture moelleuse sur mes épaules, et je regarde la fureur du ciel de l'autre côté de ma fenêtre. Je me souviens qu'il y a bien longtemps, lorsque mes grand-parents n'étaient même pas encore présent sur cette Terre (c'est pour dire), les Hommes croyaient en la colère des Dieux. La foudre de Zeus était là pour les punir. Je le sais, ma professeure d'histoire m'en a parlé, il n'y a pas si longtemps. Moi, je crois en la colère du ciel. Cette tempête me rend nostalgique et m'intimide à la fois. La Nature, lorsqu'elle se déchaîne, est effroyable. Elle n'a aucune pitié. Je m'imagine ce qui se passerait si j'étais là, dehors, à la place de cet arbre. Je n'ai pas de racines pour m'accrocher dans le sol. M'envolerai-je? Parviendrai-je à subir le vent un instant avant de me faire emporter? Le vent souffle à une telle vitesse que rien ne semble lui résister. Cela me rappelle une campagne publicitaire que j'ai vu tout juste hier, lorsque déjà la tempête se préparait. Dans cette vidéo, on nous parlait d'environnement et d'écologie. De gaz à effet de serre et de fonte des glaces. D'ours polaires et de chimpanzés. Pour moi, c'est important. C'est mon avenir à moi. Et là, en voyant comment la Nature se déchaînait, sans pitié, contre tout: les arbres, les fleurs, les maisons, les chats, les boulangeries du bout de la rue; je me suis dit qu'elle devait vraiment nous en vouloir, la Nature. Des idiots pareils, il y a de quoi pleurer et hurler comme ça. Elle nous fait de grands signaux. Un peu comme Robinson Crusoé sur son île déserte qui voit passé un bateau au loin. Il fait un feu, il crie, il fait de grand signe, mais le bateau fait demi-tour et ne revient jamais. Seulement, la Nature n'a pas encore trouvé son Vendredi. Enfin, elle a les pièces mais pas le puzzle. Moi, je veux bien être son Vendredi, mais le problème, c'est que j'aime beaucoup prendre des douches bien chaudes. Quand l'eau chaude me réchauffe la peau, je perd le fil, j'oublie que le temps, lui, ne se repose jamais. Est-ce de ma faute? J'aime beaucoup manger du boeuf. Mais le boeuf, il boit beaucoup d'eau, et il mange beaucoup de céréales, alors ça use l'eau, ça use la Terre, et ça pollue. Est-ce de ma faute ? J'aime beaucoup quand maman m'accompagne en voiture jusqu'au lycée au lieu de prendre le bus, debout, tout serré, parce que je sais pas me lever le matin et que j'arrive grande dernière. Et la voiture, elle consomme pour deux, alors que le bus consomme pour cinquante. Est-ce de ma faute ?

Un éclair soudain me sort de mes pensées. Heureusement, la foudre n'est pas tombé dans le jardin. Même si une pluie d'une telle férocité peut sans aucun doute éteindre n'importe quel incendie, même ceux en Amazonie, même ceux en Australie, même ceux en Californie. Les buissons, les arbustes, les rosiers de maman, le pommier de papa. Ils sont presque tous arrachés par la tempête, qui continue de se déchaîner. Quand va-t-elle s'arrêter? J'espère qu'elle n'attend pas de nous qu'on s'arrête de polluer. Même à la maison, ça continue. On mange plastique, on boit plastique, on regarde plastique. "Life is plastic, it's fantastic" qu'il disait. Si je dois passer le restant de mes jours à regarder pleurer le ciel et hurler la terre, je risque de ne pas être du même avis très longtemps. Cela me rappelle moi cinq ans qui joue. J'aimais beaucoup les poupées. Surtout celles avec de beaux cheveux et un doux visage. Les beaux cheveux ne restaient pas beaux longtemps, mais tant pis. J'avais eu le temps de m'attacher. Penser à l'enfance, à mes souvenirs les plus simples, cela me fait sourire. Comme quand on boit un chocolat avec des petits chamallows dedans. Un chocolat chaud, c'est bon mais c'est simple. Je peux en boire un tout les matins si je veux. Mais le chocolat chaud avec les petits chamallows dedans, là non. Je ne peux pas. Ce qui est rare est cher. Peut-être pas en euros, bien qu'un chocolat chaud avec des chamallows doit coûter plus cher qu'un chocolat chaud tout seul, mais en valeur, dans mon petit coeur d'encore enfant (même si je sais que c'est pareil pour maman, chut-) et c'est ça, la beauté du monde. C'est quand on réalise ça.

Tiens, il ne pleut plus. Il fallait que quelqu'un y pense, peut-être. C'est ça, que la Nature voulait. Qu'on réalise la beauté du monde et de ses choses simples. Comme une douche ou un bon plat ou la musique dans la voiture qui plaît à tous le monde. Parfois, j'ai l'impression qu'on nous observe. Toi, moi, eux. Comme si quelqu'un nous regardait en cachette et connaissait nos pensées. Et son but, c'est de nous éduquer. Là, par exemple, il vient de m'apprendre à reconnaître les choses simples et à les aimer. Un jour, peut-être, il m'apprendra à ne plus oublier le temps, à ne pas aimer le boeuf, à me lever tôt. Mais pour l'instant, c'est l'heure de la récréation. J'enfile mes bottes, mon manteau, j'enroule mon écharpe autour de mon cou et je sors.

La tempête n'a pas rigolé. Des arbres ont été arraché et envoyé quelques mètres plus loin. Le cabanon du jardin semble avoir mal vécu. Des tuiles sont éparpillés dans les jardins et le trottoir. Les roses de maman sont chez les voisins et leur chat dans le mien. Comme il semble sec, je pense que, comme moi, le chat vient constater les dégâts. "Miaouw". Tu as raison, Minou, Mère Nature doit se sentir soulagée maintenant.

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