Le café

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Vendredi 11 octobre 2019

Cette année, un bouleversement monumental a eu lieu dans mon université. Je pense qu'on mesure mal l'impact sans précédent qu'a eu cet événement sur la vie de centaines d'étudiants...

Cette année, toutes les machines à café ont été remplacées.

Je me souviens, par le passé, avoir été rendue à faire la manche pour dix centimes, parce que je n'avais plus en ma possession que des pièces roses : mitraille qu'évidemment tout distributeur refuse. Il n'y avait à l'époque qu'une seule machine dans toute la faculté qui acceptait la carte bleue et elle se trouvait au sous-sol du bâtiment le plus labyrinthesque. Il me faudra sans doute revenir un jour sur l'architecture des universités françaises, mais reportons ce propos à plus tard et revenons à nos moutons – nuages de mousse sur un cappuccino.

Un jour, j'ai audacieusement entrepris de suivre un camarade jusqu'à ladite machine pour m'offrir ma dose de caféine sans avoir à piocher dans ma bourse sonnante, trébuchante et ridiculement maigre – J'ai coutume de glisser un bouton métallique dans mon porte-feuilles pour me donner l'illusion d'avoir quelque monnaie qui tinte... – Et mon audace, cette fois, me valut d'arriver en retard en cours.

Quelle ne fut pas ma joie cette année en découvrant que nos vieilles gobeuses de pièces avaient été supplantées par des percolateurs high-tech qui tous acceptent la carte de paiement !

Me serais-je réjouie trop vite ?

Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est l'augmentation du prix des cafés. Il fallait bien se douter que de nouveaux automates ultra-perfectionnés et un choix beaucoup plus large de boissons, ça se ressentirait dans nos économies.

Fait troublant : l'ancienne machine à carte bleue – la seule à avoir échappé à la rafle des engins obsolètes – qui est sensiblement la même que les nouveaux modèles, propose des cafés dont le coût est en moyenne dix centimes moins cher.

Si ce n'était que ça !

L'autre soir, en traversant le bâtiment voisin du mien, je me suis retrouvée plongée en pleine apocalypse cybernétique. Toutes les machines que je croisais étaient en panne, des flaques marrons répandues sur le sol alentour, tandis que les étudiants affolés se pressaient en tous sens, à la recherche d'un gisement qui fournirait encore le breuvage tant convoité.

J'ai été rassurée de constater que mon bâtiment semblait échapper au Jugement Dernier des cafetières. Puis, ce matin, le drame est advenu.

Profitant d'une pause au milieu du cours le plus assommant de la semaine – cours qui bien entendu commence aux aurores – je me lance en quête d'un peu de réconfort, sous forme de boisson énergisante.

Après une attente qui me paraît interminable, je sélectionne un basique americano de 13cl et me tiens prête à saisir le gobelet bouillant. Mais l'attente perdure. « Votre boisson est en cours de préparation », m'indique l'écran de la machine. Les secondes passent, puis les minutes. Je me figure qu'en ce moment-même, de petits lutins cafetiers importent des grains d'Amérique rien que pour moi ; ce qui expliquerait que ma patience soit soumise à une telle épreuve.

Enfin une sonnerie stridente retentit pour m’avertir que ma boisson est prête. Manifestement, je suis déjà en retard. Je me crame les doigts sur le gobelet en carton, tout en me disant que le jeu en vaut la chandelle. Je regagne ma classe et slalome dangereusement jusqu'à ma place, entre les étudiants assoupis et les PC ouverts dont les claviers apprécient nettement moins la caféine que moi. Je m'assieds et porte le café à ma bouche pour finalement goûter le fruit de tant d'efforts...

Le constat est sans appel : c'est de la flotte.

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