2.
C'est la seconde fois que la marée emporte mon tonneau, mais cette fois.. je n'ai pas réussi à le ramener jusqu'au rivage. Un fort courant nous a éloigné de celui-ci, et je dérive au gré des vagues. Je pourrais l'abandonner, mais quelque chose me dit que ce n'est pas prudent. Je connais le phénomène des baïnes. L'océan n'est pas un ami, c'est un milieu hostile, trompeur et sournois, piégeant l'inconscient qui s'enhardit pour nager au large. Lorsque celui-ci est suffisamment loin, la créature déploie sa force pour capturer sa proie, l'affaiblissant pour finalement l'absorber.
Dans mon tonneau, j'avais emporté dix choses, j'ai rajouté quelques bricoles trouvées sur la plage ainsi qu'à la lisière de la végétation luxuriante qui formait une sorte de barrière menaçante.
De nombreux cris et bruits inconnus m'avaient empêché de dormir.
Je me retrouve en mer dans mon tonneau, à l'abri.
Le bruit des vagues sur mon tonneau me berce d'une langueur monotone..* pas de sanglots long, juste une étrange sensation. A la faveur de l'automne.. la chanson emplie mon esprit.. Reviens cette douce mélancolie..
Combien de temps, combien de temps, une autre chanson je regarde par le trou de mon tonneau, la terre a disparu.. du moins je l'imagine. Ce trou ne me permet pas d'avoir une vision à 360°. Je pourrais me lever, mais il me semble avoir accepté cette fatalité de ma dérive.
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