Chapitre 13

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Au début, le bruit fut si faible que seul Chifer réagit en s’approchant de la porte. Faith d'abord cru qu’il voulait sortir. Mais en ouvrant la porte, elle se retrouva nez à nez avec le torse du visiteur.

Dans sa main, une boîte dont une odeur délicieuse en échappait. Chifer aussi l’avait sentie et tournait en rond en dessous comme un requin en bas d’un appas. Faith leva les yeux pour regarder l'importun.

C’était Tobias, et il avait l’air mal à l’aise. Penaud, il avait les yeux baissés et un regard de chiot.

Faith aurait pu lui avouer qu’elle ne lui en voulait plus, mais elle craignait qu’en étant trop laxiste il se mette à lui ordonner d’autres choses. Jusqu’à maintenant, ce qu’elle avait apprécié chez lui c’était justement le fait qu’il ne la jugeait pas.

Il tendit la boîte en avant. Elle l’attrapa et l’ouvrit. Deux pâtisseries aux couleurs pastels décorées de fruits exotiques trônaient au fond du carton. Surprise de cette offrande très généreuse, elle releva les yeux vers lui.


Il prit une grande inspiration et annonça d’une traite:

— Je suis désolé pour ce qui s’est passé cet après-midi. Je n’aurais pas dû dire cela.

Il attendit une réflexion, mais rien ne vint. Elle se contentait de le fixer. Alors il continua :

Je sais que je peux agir comme un idiot parfois, mais c’est que je m’inquiète pour toi.

Elle fronça les sourcils.

Pas que tu ne saches pas te défendre, c’est juste que… bah je m’inquiète, continua Tobias en cherchant ses mots. Elle sourit doucement.

Je sais, je n’y peux rien, je suis comme ça. Cela doit être dans ma nature. Le côté protecteur et crétin. Enfin bref, tu t’habilles comme tu veux, tu fais ce que tu veux. Mais sache que quoi que tu fasses, je serais là pour toi.

Même si on te prend pour une prostituée dans cette tenue, murmura-t-il.

Elle lui fit un regard noir.

Je rigole. OK. Je suis désolé pour tout. Et je souhaite vraiment que tu me pardonnes. J’aime pas quand on n’est fâché.

Faith le regarda puis s'éloigna de la porte pour revenir dans son salon. Tobias baissa la tête.

— Bah, alors tu entres ! Les gâteaux ne vont pas se manger tout seuls.

Un sourire se dessina sur sa bouche, et il rejoint la jeune femme.



Assis par terre avec la couette comme tapis et des oreillers à foison comme pour former un nid douillet. Tobias et Faith étaient en train de jouer un étrange jeu de société avec des pions multicolores sur un plateau à trois étages. Alors que Tobias réfléchissait à son prochain coup, Faith lisait tranquillement un livre. Autour d’eux, il y avait une multitude de paquets d’apéritifs plus ou moins vide et quelques assiettes souvenirs d’un repas déjà engouffré. Même Chifer les avait rejoints. En boule, il ronronnait de plaisir contre sa maîtresse.

Soudain, Tobias releva la tête et déclara :

— D’accord. Ça, c’est pour moi une soirée idéale. C’est douillet et il y a de la bouffe à s’en faire péter le bide. Oh attends. Il y a aussi celle où je fracasse des crânes toute la nuit d’idiots qui me cherche. Ils sont suicidaires, c’est tellement amusant. On dirait qu’ils n’ont aucun instinct de survie.

Elle sourit et détacha son regard de l’ouvrage.

— D'intéressante bataille en ce moment ?

— Oh rien de spécial. Plutôt des bagarres. Les gangs se tiennent tranquilles depuis quelque temps. Peut-être que quelque chose se prépare ? En tout cas, en attendant, les gens des quartiers ont la paix. En faîtes, tu savais que Toad s’est fait virer de son boulot ?

— Vraiment ? répondit-elle d’une voix faussement innocente.

— Tu le savais, c’est ça ?

Elle hocha de la tête. Et continua :

— Mais il y en a retrouvé un autre, je crois.

— Il en retrouve toujours un autre, il y a une chance du Diable.

— Tu sais qu’hier j’ai mis un Minotaure à terre.

— Sérieux. Bien joué ! s’exclama-t-il enthousiaste. C’est incroyable, ces trucs sont des montagnes de muscles.C’est une horreur à assommer.

— C’était plutôt facile en faîtes. Eho l’avait déjà bien entamé et tous les hommes ont la même faiblesse donc il suffit de frapper.

Il émit un “outch” sonore d’empathie.

— De toute façon, Eho est un monstre.

Il regretta un instant ce terme si connoté négativement. Les créatures sealie et unsealie étaient malheureusement souvent qualifiés de “monstres” par les humains. Et même entre créatures, il arrivait que ce terme soit employé. Ce mot était empli de la différence, de la peur et de la haine. Il détestait dire cette insulte. Tobias entreprit de se rectifier :

Je n’ai jamais vu une humaine aussi dangereuse.

— Elle t'effraye ? s’étonna Faith de la part de son ami bagarreur.

— Oui, répondit-il honnêtement.

Ils se regardèrent un instant avant d’être interrompus par le téléphone de Faith qui se mit à rugir.

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