Chapitre 9 partie 1

6 minutes de lecture

Quand j’avais vu le “gnome” si énervé prêt à exploser comme une marmite, je m’attendais à quelque chose de plus… de plus…. de plus que ces deux-là. Deux femmes ! Comme si cela pouvait être une source de gêne pour lui. Quoi que... En tout cas mon boulot allait être simple. Peut-être que je n’aurais même pas besoin de les tabasser comme l'avait ordonné le “gnome”, les intimider suffirait. Elles seraient tellement flippées.

Contractant les muscles, prenant une posture de gorille, il se dirigea vers elles pour les intercepter.

Passant la porte il fit signe à deux livreurs baraqués dans la cour de le rejoindre et de les encercler.

Faith soupira encore une fois, elle pensa un instant qu’en continuant ainsi de souffler elle finirait par créer un nouveau langage. Ce soupir-ci signifiait "Bon sang je savais que ça allait arriver." Faith se retourna vers la brute derrière elle avec son visage carré et sa cicatrice sur la joue ressemblant à un hameçon. Elle sourit stupidement.

— Vous, vous allez regretter ce que vous avez fait.

— Vraiment ? Pour le moment j’en suis assez satisfaite.

L’une était peut-être grande, mais pas bien épaisse. Quant à l’autre, même pas besoin de s'inquiéter c’était un chihuahua. Tremblotante, minuscule et grande gueule, mais surtout complètement ridicule. Et puis il y avait ce “crapaud”.

Il relâcha son torse bombé, sans crainte. Comment une minuscule grande-gueule et une autre femme avaient pu énervé à ce point le patron d’habitude si calme.

— Bon si vous avez fini de jouer les pasteurs sur nos terribles regrets et notre promesse d’enfer. On peut y aller.

Amusé par ce chihuahua qui se prenait pour un doberman, il la menaça d'une voix sévère.

— Eh, l’asiat’ tu vas apprendre le respect.

Un nouveau soupir souffla pour signifier à elle-même : “j’aurais préféré ne pas en arriver là”. Tellement prévisible cependant cela pourrait être divertissant. Elle toucha ses côtes encore douloureuses de son dernier tabac.

Péniblement, elle se mit en position de défense, sortant de sa poche sa matraque rétractable. L’un se mit à rigoler.

— Elle se prend pour un ninja, elle pense nous mettre au sol avec des prises.

Puis dans un ton des plus déplacé, il se mit à faire une imitation ridicule et hautement insultante.

— Ohlala le racisme ordinaire, c’est toujours un plaisir de voir comment vous arrivez à être original. Désolée mon grand, mais moi, je n’ai jamais fait d’art martial. Par contre elle, je ne peux rien vous assurer.

Prenant cela comme un signal, Eho frappa du tranchant de la main la nuque de l’imposante bête, sans effet il ne réagit même pas préférant sans prendre au petit roquet.

De son côté, Faith se protégeait du choc du premier coup avec sa matraque. La force du molosse était colossale. Le choc avait fait perdre à sa poigne serrée autour de l’arme toute sa force. Tremblante, endolorie, elle secoua sa main et répliqua comme elle put à coup de matraque dans le visage. Le minotaure l'arrêta sans difficulté et répliqua d’un coup du plat de sa main qui projeta la détective contre le mur.

Voilà pourquoi je déteste les minotaures. Les trucs basiques ne marchent pas avec eux. On est obligé de se montrer intelligent. Décidément, il n'y a plus d’époques, pensa-t-elle en reprenant son souffle.

Le garde du corps étendit son bras deux fois plus épais qu’une cuisse de Eho afin de pousser celle-ci contre un tas de caisse. Aussi balèze que soit l’associée de la détective, la force brute venant d’un hybride mi-homme mi-taureau suffirait largement à l’envoyer valdinguer contre un mur.

Mais la poitrine de la femme n’était plus là pour encaisser le choc. Elle s’était écartée de sa trajectoire au dernier moment avec souplesse, avait saisi le poignet du minotaure à deux mains, et l’avait tordu vers le bas. Déséquilibré, l’homme de main de Lomberon avait trébuché en avant. Eho, tenant toujours l’énorme main, avait alors poursuivi son mouvement tournant avec celle-ci. Dos à dos avec le minotaure, elle tordit avec précision le bras de la créature contre son épaule. Repositionnant ses mains et elle continua son mouvement de torsion jusqu’à qu’un écoeurant craquement se fit entendre. Le son qu’émit l’os en se brisant résonna aussi fortement qu’un coup de feu dans la cour de l’usine. La femme relâcha le bras cassé du minotaure.

Après un demi-tour, Eho cogna du bas de sa paume droite sous le menton de son adversaire. Les dents de l’hybride s’entrechoquèrent avec un claquement. Ses yeux se révulsèrent et il s'effondra au sol.

Un des deux livreurs bondit en avant, hurlant sa colère devant le sort de leur chef. Le deuxième, le plus petit, les yeux écarquillés par la surprise et la peur se retira du combat. L’autre atteignit la femme au même moment tel un mur de muscle se ruant à l’assaut. Pire encore, Toad remarqua le reflet de l’acier dans le poing massif de la brute. S’ils avaient eu des armes à feu, ils ne seraient jamais précipités sur elle. Eho disparut sous la montagne. “c’est terminé” pensa toad caché derrière une caisse.

L’homme hurla, en proie à un quelconque supplice. Émettant un cri de soprano au son si particulier que les cuisses de Toad se serrèrent de sympathie inconsciente. “ Ne m’oublie pas ! “ hurla Faith qui était apparue derrière lui pour le frapper où il fallait.

Dans un éclair de lumière, un truc tomba avec fracas sur le sol devant les pieds de Toad : le couteau du livreur.

Eho s’était relevée et d’un coup de pied bien placé l’avait désarmé et maintenant toisait son adversaire calmement. Malgré la douleur, il lâcha son entrejambe pour balancer brutalement ses deux poings en direction de la tête de la femme. En vain, Eho esquiva en se baissant au sol tel une panthère, laissant ainsi l’élan du coup l’emporter. Puis rapidement, elle lui envoya son propre poing direct dans les reins exposés par la manoeuvre. L’homme arqua le dos avec un beuglement.

Eho fit un pas et balaya les jambes du gros bras d’un coup de pied. Il s’écroula à la renverse. Tandis que l’homme chutait, elle ajouta son propre poids à celui du corps massif, le précipitant au sol. La première partie du livreur à heurter le sol fut l’arrière de son crâne. Avec un craquement sec et sonore, le gros bras eut une unique convulsion, puis resta immobile.

Hors de danger, Toad sortit de sa cachette. Le kappa, les bras levés au ciel, n’en revenait pas, et d’un ton paniqué s’exclama :

— Putain les filles !

— Désolée, c'est vrai qu’on avait promis d’être sage. Mais bon, ici c’est de la légitime défense, s’excusa sournoisement Faith, en ne pensant pas un mot de ce qu’elle venait de dire.

— Je savais qu’en te voyant c’était fini, c’était bien ma veine, avoua-t-il un peu agacé envers lui-même. Et puis même si je n’aimais pas ce job, maintenant j’ai plus rien. Je suis dans la merde.

Penaud il commença à marmonner “Qu’est-ce que je vais dire à ma mère”. Au comble du malheur, il glissa et se retrouva nez contre terre. Le visage dans une flaque. En essayant de se relever, il posa sa main sur un journal, qui malheureusement était terriblement collant à cause d’une matière dont elle ne voulais pas connaître l’origine.

Il se mit décoller la page et là, il s’arrêta médusé.

Sa main s’était collée sur les petites annonces. Une entreprise cherchait ardemment un nouvel employé bi-aquatique pour un travail très bien rémunéré.

Faith, intriguée par la pause de son allié, s'était penchée pour lire la page. Elle sourit :

— Eh bien ! Tu n’as plus qu’à postuler.

Il la regarda les yeux brillant de joie.

— Bon, je vais y aller, annonça-t-il en se relevant avec hâte.

Le regardant partir en sautillant, la jeune femme murmura pour elle-même :

— J’espère qu’il pensera à se changer avant. Puis se tourna vers son amie, et lui expliqua, et c’est pour cela que je ne m’inquiète jamais pour lui et les ennuis que je pourrais lui causer.

Eho se contenta de l'observer avec un regard qui lui disait clairement “Ce n’est pas une excuse pour faire cela”. Faith haussa les épaules peu réceptives aux sermons de son amie.

Elle sortit de sa poche son pire ennemi, son téléphone. Elle envoya le nom des revendeurs/dealers à des connaissances pour qu’ils vérifient leurs clients par rapport à la liste des victimes présumées.

Mais alors qu’elle parcourait pour la comparer à celle des victimes, elle s’arrêta sur un nom.

Pendant quelques instants ce nom ne lui évoqua rien. Puis tout lui revint. “Merde” se contenta-t-elle de dire. Elle lâcha le soupir de “Ce n’est pas une bonne nouvelle”, et congédia Eho en la remerciant. Faith avait quelque chose à faire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Le Corgi Littéraire ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0