Anaclysme — 4 (V2)

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 Durant la nuit, la peur céda la place à l’inconfort. Aris aurait juré que tous les muscles de son corps faisaient mal en même temps, comme s’ils voulaient lui faire payer le fait de s’être coincé dans un endroit aussi dur, froid et humide. Sans compter le désagrément d’être empaquetés les uns sur les autres, à se puer d’inquiétude en cherchant sans cesse un petit bout de place pour se reposer.

 Il ne dormit qu’à peine tant la tempête faisait rage au-dehors comme dans son corps et sa tête. Eriber n’arrêtait pas de se lever, l’extirper du groupe en hurlant pour le précipiter en plein Ciel. À chaque fois Aris tombait, boulotté par les cumulus. Il l’avait fait toute la nuit.

 Il veilla, à cause des horreurs que lui promettait le sommeil, jusqu’à ce qu’enfin une pâleur germe sous l’horizon. Un matin hésitant, tâtonnant. Un matin comme quand quelqu’un venait de tomber.

 Quelques grondements légers dans le lointain laissaient deviner les éclairs qui perçaient encore, eux aussi fatigués de leur nuit. De timides rais de lumière parvenaient à percer les nuages puis se faisaient ravaler au cœur des profondeurs. Par morceaux, par tranches découpées, la Cité réapparaissait sous les masses grisâtres.

Quel drôle de monde, quelle vie absurde. Parfois Aris peinait à croire que ce fut vrai. Ce paysage clairsemé, ces poches à peine visibles noyées dans un Ciel trop gros évoquaient plutôt une sorte de rêve grossier, même une vaste farce d’Ironie. Quel sens y avait-il à vivre au-dessus d’un gouffre, dans une Cité si fragile ?

 Un jour, sa mère lui avait dit que dans la mémoire du sang résidait le souvenir du monde d’avant. C’était pour cette raison que voir le monde inversé continuait de paraître étrange et contre nature, malgré les siècles qu’ils y avaient passé. Pourquoi s’était-il renversé, ce monde ? La question lui revenait parfois, il ne savait trop pourquoi. Il avait la réponse pourtant, les prêtres y répondaient sans cesse et à qui mieux mieux. La raison claquait, simple, l’évidence même : le crime ancien de l’humanité avait provoqué la catastrophe. La lente et implacable dévoration de la Mère par ses enfants avait fini par la retourner, pour enfin se protéger de leurs attaques et les rejeter.

 Aris se souvenait de sa propre mère. Cette femme toujours calme, toujours patiente. Jamais il n’aurait pu l’offenser, il n’aurait jamais osé. Pas comme l’énergumène qui lui servait de mari. Ce va-t’en guerre, aussi stupide que les rois anciens. Les mêmes idiots qui n’avaient jamais compris la leçon du retournement du monde !

 Si, au-dehors, Vent commençait à se calmer, Aris ne décolérait pas. Il ne parvenait pas à se retirer de la tête l’impression que tout ce qu’il se passait était de la faute de son père. Sans lui, il ne serait pas allé se consoler chez Pali ; sans ses conneries de révolutionnaire, il n’aurait pas dépassé les limites avec elle. Cet imbécile, ce beau-parleur, avait réussi à lui susplanter dans le crâne que les règles ne valaient rien, et voilà qu’il se retrouvait pourchassé, presque foudroyé, pour les avoir enfreintes ! Sans son Vidé de père, il serait resté respectable. Oui, tout ça, c’était de sa faute ! Non, mais non ! Ce sont les castes dirigeantes, Aris. Les Aers et les Ter, fils ! Tout est de leur faute. Voilà que sa foutue voix de pris-d’Art résonnait contre les murs glacés, à présent ! Et parvenait encore à le faire douter. Il secoua la tête et leva les yeux au sol comme il faisait toujours quand son vieux lui pourrissait la vie. On conjure les dieux mauvais comme on peut. Ça ne marcha qu’à moitié, il continuait de sentir la culpabilité gronder en lui, orage lointain. Il revoyait Pali, il revoyait Eriber, vengeur, dans l’encadrement de la porte, comme si le cauchemar continuait. La faute. Ma faute…

 L’ambiance chez les réfugiés se réveillant peu à peu faisait écho à ses ruminations. La faute originelle, Aris avait l’impression d’y baigner, en sentir encore les relents, tandis qu’autour de lui les corps serrés charriaient des vagues de plaintes matinales. Les dieux leur en voulaient, ils avaient commis une offense en pénétrant la Terre. Aris ne comprenait pas trop en quoi, vu qu’ils avaient été invités à entrer, mais ils n’en démordaient pas pour la plupart. Ils cherchaient à situer où commençait et terminait leur culpabilité.

 Comme lui, au fond. Ils se trouvaient tous dans le même grand panier, à ruminer leur faute. À la différence que lui avait son principal juge à quelques pas, à peine.

On s’en fout de la faute… avait dit Eriber — le vrai, pas le mirage qui l’avait persécuté toute la nuit ; les deux restaient d’ailleurs difficiles à distinguer, mais c’est au premier qu’Aris s’accrochait. Ces mots ne le quittaient plus. On s’en fout de la faute. Était-ce un pardon ? Difficile à dire, le gars, peu bavard, ne faisait pas étalage de sa vie, contrairement à ceux qui les entouraient. Il s’isolait, plutôt, au cœur du groupe de réfugiés, tandis que de son côté Aris s’ensevelissait sous les tissus. La présence du père de Pali irradiait dans son dos, trop lourde. Le gars avait eu une nuit entière pour lui faire tout ce qu’il lui passait par la tête. Tant d’occasions où il n’avait rien dit, n’avait pas crié au viol de sa fille, n’avait pas promis devant l’assemblée et le Ciel furieux qu’il le traduirait en procès aux colonnes. Lui, Aris, l’infâme prend-carna qui avait offensé sa fille, se trouvait toujours là. Le message n’était-il pas suffisamment clair ? On s’en fout de la faute !

 Rester ainsi, sans se parler, semblait de plus en plus absurde, même ridicule. Ils se tenaient tous deux sur la même voile : à la recherche d’Ister. Il n’y avait plus que ça qui comptait. Les événements avec Pali étaient derrière eux, non ? Des choses bien plus graves, qu’Aris avait encore du mal à formuler, se passaient : il y avait eu la colère divine, la tempête, et peut-être un conflit d’entre-caste, même une révolution, des choses encore imprécises… En tout cas un méchant déséquilibre, la fameuse instabilité que tout le monde redoutait et qui risquait de faire valser la Cité entière. Bref, plus personne n’allait s’inquiéter de l’amour innocent de deux adolescents.

— Bon…

 Il se redressa, solennel et tremblant. À présent, il devait prendre son courage à deux mains, se tourner vers son beau-père et présenter ses plus plates excuses. Il se prendrait probablement une ou deux grosses taloches puis on en parlerait plus. Ils iraient ensuite, ensemble, chercher l’ami et le fils perdu. Ister devait bien être quelque part, ils finiraient bien par le trouver. Il serra les poings, tendit les jambes pour les empêcher de flageoler. Sous l’horizon, le sourire de Pali revenait avec le soleil. Allez, courage, Aris. Il suffit de se tourner, se caler un gros sourire gêné sur la gueule et balbutier mille pardons. C’est un peu comme sauter le gouffre.

 Volte-face. Dans la pénombre devant lui, un tapis de désespérés au milieu duquel se tenait le père de sa bien-aimée, à demi somnolent, les genoux repliés sur la poitrine. Allez, courage. Aris aligna les pas, bouscula trop de gens, se fit engueuler, on essaya de le ramener au sol, on lui disait que pour pisser c’était au bord et pas au fond qu’il fallait aller. Il ne s’en occupa pas, s’il ployait, il allait laisser tomber.

 Arrivé à quelques pas d’Eriber, il trébucha dans des genoux — ou des pieds, ou des mains — et plongea en avant, sur les guibolles de quelqu’un. On le railla, on le frappa, essayant de le repousser. Au cœur des membres, ça puait la vieille transpiration et des choses auquel Aris ne voulait même pas penser. Des mains le poussèrent en arrière. Il se retrouva sur le cul, parmi les étalés furieux. Tu parles d’une entrée en matière.

— Qu’est-ce tu fous, pris-d’Art ? cracha quelqu’un.

— T’as perdu la tête ? Allez casse-toi, tu vois pas que tu gênes tout le monde.

 Quelqu’un lui tira les cheveux, une autre le pinça. On lui tira l’oreille violemment.

— Barre-toi, y a pas la place !

— Foutez-lui la paix !

 Des paluches le halèrent sans ménagement et l’installèrent dans un petit emplacement où ne traînaient pas trop de jambes. Il fut redressé à coup de grosses tapes sur les épaules. Le cœur d’Aris sauta un battement en se rendant compte de celui qu’il avait en face de lui. Un sourire tiré des profondeurs naquit sur les lèvres d’Eriber.

— Drôle d’idée de se pointer ici, gamin, fit-il en lui redonnant une bourrade. Tu voulais me voir, ou quoi ?

 Entendant son rire, le cœur d’Aris recommença à battre, mais à une vitesse déconcertante, comme s’il escaladait le bord de la Terre pour y trouver l’Envers.

— Pa… pardon… balbutia-t-il, sans savoir quoi dire d’autre. Pardon, pardon. Pardon. Pardon.

— Ça va, c’est rien, t’as pas tué quelqu’un, garçon…

— Pardon pardon pardon…

 Les larmes envahissaient ses yeux.

— Allons, allons…

— C’est ça excuse-toi seulement, aboya une femme juste à côté.

— Laisse-le, rétorqua Eriber, et sa voix était si douce qu’Aris voulut plonger dans ses bras. C’est fini. Il n’y a pas faute, petit.

 Enfin, le pardon. La faute, réparée. C’était ça ! On s’en foutait de la faute ! Pali se rapprochait. Son tendre sourire, il allait le revoir. Son contact, sa peau, ses mains, sa bouche, rien n’était perdu.

— Merci, merci, j’avais si peur.

 Les grandes mains d’Eriber pressèrent ses épaules grelotantes. Aris avait l’impression de sentir sa colonne vertébrale se remettre en place. Un peu douloureux, mais tellement apaisant.

— Si nous sommes là, toi et moi — et nous tous ! — c’est parce que les dieux nous laissent une chance. Réjouis-toi, bientôt les secours viendront, et nous pourrons reprendre nos vies, chercher nos enfants, nos sœurs et frères, nos amis. C’est pour ça que tu es ici, non ? Tu cherches quelque-un.

 Aris aurait voulu lui crier qu’il l’avait trouvé, ce quelqu’un. Que tout s’arrangeait enfin, qu’il avait juste été impulsif comme le Venteux. Mais il n’en dit rien, mieux valait ne pas répondre cela, éviter de remuer le conflit passé. Il garda son idée, son intention de départ.

— Ister… Je cherche Ister.

 Il y eut un silence. Le visage d’Eriber s’illuminait dans la pénombre. Sa voix trembla lorsqu’il répondit.

— Ister ? Tu… tu connais mon fils ?

 L’œil solaire perçait la tempête mourante, il dévoilait ceux qui se tenaient terrés dans le renfoncement. Eriber plissa des yeux, essayant de mieux y voir à contre-jour.

— On… on se connait ?

 Sa voix descendait, tombait dans les graves. Elle émanait des profondeurs.

— On se connait.

 Sur les épaules d’Aris les mains d’Eriber commençaient à se resserrer. Qu’est-ce qu’il lui prenait ?

— Tourne toi, un peu, que je puisse voir ta tronche.

 Il n’y avait plus rien de doux dans sa voix. Elle grondait méchamment, comme remplie de tempête. Ses yeux plissés tentaient des déshabiller l’ombre sur ses traits.

— Je suis… Bane ! mentit Aris, se disant qu’avec son côté renfrogné son ami n’avait jamais dû se pointer à son domicile. Un… un ami d’enfance d’Ister. Je crois, on ne s’est… Jamais… Rencontré.

— Bane, hein ? Fais un peu voir ta bobine, Bane. Je dois vérifier quelque chose. Si tu es Bane, tu es déjà venu chez moi, on s’est même rencontré. Tu te souviens ?

— Ah, c’est possible ! continua Aris, en essayant de garder son calme, d’éviter d’avoir la voix qui flanche. Je ne me souviens plus trop…

— Bane ? s’écria quelqu’un d’une voix suraiguë. Il y avait une Artes qui cherchait cet enfant parmi nous ! Je me souviens !

 Aris s’enfonça dans son col et rabattit le tissu sur son crâne. Tout en fixant le père de Pali, il esquissa un mouvement de recul.

— C’est vrai, ça ! s’exclama Eriber, avec un sourire étrange, presque carnassier. Tu serais un des enfants disparus, alors ? C’est un miracle. Vous n’êtes donc pas tous séquestrés. Allons, parle vite ! Tu sais où est Ister ? Il est là, avec toi ?

 Aris suffoquait. Son attitude, son sourire n’avaient rien de rassurant. En plus les gens autour commençaient à réagir, on lui tenait le bras, les jambes. On l’implorait d’en dire plus. Il se retrouva coincé, calé entre des adultes insistants, avec le père de Pali, juge terrible, en face de lui.

— Citoyens, cessez de vous agiter. Ce garçon n’est pas un de nos enfants, trancha Eriber, soulevant d’un coup la capuche improvisée qui masquait le front d’Aris. Regardez, il a un sceau de transpassé tout frais, encore bien rouge. Il n’est pas des disparus, celui-là. C’est l’un des deux qui a réchappé à la catastrophe. Et j’ai justement un compte à régler avec lui.

 Son regard. Le même que dans la chambre. Aris avait l’impression de se faire ravaler en arrière dans le Temps. Le cauchemar qui l’avait assailli toute la nuit allait devenir vrai. Il venait de tout faire pour le provoquer ! Il se leva, affolé, et s’extirpa des poignes qui tentaient de le maintenir. Il devait se sortir de là, s’enfuir !

— Où comptes-tu aller ? le railla le père de Pali, s’avançant au cœur l’agitation.

 Aris n’écoutait plus, il ne cherchait plus qu’à s’arracher à tous ces gens. Le jour déchirait entièrement l’antre, grignotant les parois pour jeter sa lumière sur les visages des réfugiés. Des gueules avides et paniquées. « Un de nos enfants ? », « Où est ma fille, réponds ! », « D’où viens-tu, où sont les autres ? ». Ils criaient, le tiraient en arrière, le déshabillaient presque. « Reviens, réponds-nous », « Attrapez-le, qu’il réponde ! ».

— Laissez-le, ce garçon est à moi, gronda Eriber en repoussant les gens avec ses grosses paluches.

 Aris faisait tout ce qu’il pouvait pour s’échapper, allant jusqu’à frapper, griffer et mordre, il devait mettre le plus de distance possible entre lui et ce pris-d’Art ! Il se dirigea tant bien que mal vers l’extrémité de la cavité, à l’endroit où il y avait une passerelle avant. Il espérait qu’il en resterait peut-être un morceau. Avec son habilité, il trouverait surement un moyen où l’autre de s’enfuir. Plus il s’en approchait, moins les mains essayaient de l’atteindre, en revanche on lui braillait dessus. Parmi les réclamations, au cri s’éleva, plus fort que les autres.

— Bane ?

 Une voix de femme. Il reconnaissait le timbre particulier de la mère de son ami. Aris lui répéta qu’il n’était pas des disparus, qu’il était désolé, toujours plus désolé ; ni elle, ni personne ne l’écoutait. La pauvre continuait de scander le nom de son fils, pensant qu’il ne la reconnaissait pas. Foutue impulsivité ! Il avait fait naître un fol espoir chez cette maman qu’il avait toujours respecté, qui était presque comme une seconde mère. Mais il ne pouvait pas assumer d’avoir menti maintenant, il devait fuir. Plus tard, il irait s’excuser chez elle, également. Dire toute sa bêtise. Mais là, il devait échapper à Eriber, et vite !

 Arrivé à la vire, ses poursuivants s’arrêtèrent. À partir d’ici, on finissait au Vide au moindre faux pas. La chaleur du matin réchauffait l’air, cependant Vent léchait encore méchamment les parois de roche. Ciel, en contrebas, digéraient patiemment de larges nimbes orageux.

— Hé, là ! Toi ! tonna une voix nasillarde au cœur des nuages.

 Un court instant, Aris crut que le Céleste s’adressait à lui avec une affreuse voix de vieux Vox castré. Lui qui l’avait toujours imaginée plus caverneuse que les enterrains s’en trouva presque déçu. Quand les écharpes brumeuses se dissipèrent, il aperçut un groupe de gens lui faisant signe d’une plateforme située bien plus bas. Des sauveteurs !

— Bane !

— Laissez-moi passer, m’Artes. Ce garçon n’est pas votre fils.

 Repoussant la mère de Bane, Eriber s’avança à son tour sur le rebord. Il se mit à progresser lentement le long de la vire, sans quitter Aris des yeux.

— J’ai rien fais de mal, Inter ! glapit celui-ci. Laissez-moi, s’il vous plaît !

 Ça ne servait à rien. Il pourrait dire ce qu’il voulait, le vieux allait continuer à avancer pour le choper et lui faire bouffer le soleil. Pendant que les citoyens en contrebas les appelaient, les implorant de ne pas se mettre inutilement en danger, Aris continuait de progresser en biais le long de la paroi sur la vire qui allait en s’amaigrissant.

 Peut-être qu’il pourrait atteindre le petit bout de passerelle qu’il voyait se profiler après l’angle de roche. Il y avait là les restes d’un montage en bambou à demi effondré qui pourrait le ramener vers une sorte d’escalier bancal. Une volée de gravats se détachèrent sous ses pieds, s’abîmant dans le Vide. Il tint bon, les doigts plantés dans la roche. Fuir était risqué, mortel d’au moins vingt façons, mais avait-il le choix ?

— Viens ici, espèce de fils de violée ! gronda Eriber, l’air de plus en plus cinglé. Tu m’échappera plus !

 Aris s’interrompit pour mieux jauger la distance et observer les prises. Atteindre cette structure était-il vraiment envisageable ? La vire se réduisait à presque rien. Pour continuer, il devrait se servir des anfractuosités dans la roche. Et le Vent n’aidait pas, décochant régulièrement des rafales déstabilisantes. Il n’allait pas y arriver. Eriber allait l’attraper. À moins que…

— Je t’aurai, violeur ! Tu entends ?

— Vous êtes fous, arrêtez !

— Bane !

À moins que… Aris jaugea la distance qui le séparait de la plateforme en contrebas. Était-ce possible ? Comment évaluer ce saut ? A vue d’œil, il semblait… Ah, merde, il avait toujours eu du mal à évaluer ce gens de chose. A vue d’œil, je peux y arriver, je crois.

 Ses doigts fatiguaient, le Vent ne faisait que le tourmenter. Eriber grondait derrière. Allez, ce n’est pas si loin.

— Qu’est-ce qu’il fait ? Arrêtez !

— T’avises pas de me refaire cette blague-là, gamin !

 On disait de lui qu’il était Le rescapé, après tout. Le moment se présentait de vérifier si les dieux se plaçaient de son côté. Il jeta un dernier coup d’œil vers la plateforme où s’agitaient déjà ceux qui chercheraient à le rattraper. Ils ouvraient déjà les bras, malgré qu’ils lui criaient de ne pas sauter. Le père de Pali aussi lui criait de ne pas sauter. Au moment où il se lança, il entendit la mère de Bane crier « Non ! C’est trop court ! ».

 En décollant de la roche, il se rendit compte qu’elle avait raison. En tombant, cela lui sauta aux yeux : ses mains se tendaient vers un lieu qu’il n’atteindrait pas. La susplace était bien trop éloignée.

 Il dévala en plein Ciel.

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