Rêves aériens — 2 (V2)

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 La masse des autres l'emporta vers le haut, vers l'escalier. Extirpés des cales, ils se retrouvèrent plongés dans un soleil trop clair pour leurs yeux. Au-dessus du pont, les crêtes rocheuses défilaient lentement. Aucun Aers pour les encadrer mais à nouveau ces soldats blancs, aux fronts marqués du sceau des prieurs, qui semblaient sortir tout droit du Ciel. En dehors de toute prérogative de caste, ils osaient les malmener. Pour qui se prenaient ils ?

 Juste des Ter, vérifia Bane, fixant leurs fronts. Et une poignée d´Artes, conclut-il, en voyant les quelques aérins opérer sur la voile. La présence des premiers faisait remonter les souvenirs du calvaire dont il refusait de se rappeler – ces gens ne pouvaient pas être les prêtres qui arpentaient les ponts pour aller de temple en temple, ces gens doux, touchés par les dieux ne faisaient pas ça... Et puis, les seconds, des soi-disant membres de sa caste, lui faisaient honte. Ce n'était que des traîtres, offrant à ces Ter de pacotille le moyen de fuir la Cité.

 Laquelle s'éloignait lentement. Son nacre se teintait de l'orange du jour naissant. Leur voile venait d'en dépasser l'extrémité, Bane voyait la distance se creuser inexorablement entre eux et les dernières grappes de bordure.

— Silence ! cria quelqu'un, de façon à percer la rumeur chuchotante. Temps ouvre son œil. Regardez !

 Bane se tourna en direction de la voix. Derrière Ulri, la petite femme qui venait de parler circulait entre les transpassants rangés, les inspectant de la tête aux pieds.

— Il verra, brûlera les intrus, continua-t-elle, en avançant drapée dans une toge d'ivoire que des épaulettes et un plastron en bambou venaient trancher.

 Son regard vert passa sur lui. Elle ferma l'œil gauche, l'examina. Puis continua sa prospection. Bane la reconnaissait, elle était déjà avec eux, dans les chambres sigillaires.

— Ils ne s'enflamment pas, commenta un autre Ter que Bane peinait à voir derrière le rassemblement.

 La petite femme parut contrariée, mais poursuivit son examen. Elle semblait s'attendre à ce que quelque-chose se passe. Que pourrait-il arriver, nous sommes pures, depuis toujours ! Ces mots résonnèrent en Bane comme s'ils venaient d'ailleurs.

— Ne sois pas pressé, fit-elle en inspectant un autre transpassant de la même manière. Temps est sage, il retarde son jugement. Laissons-les ici, sous son œil. Les impurs finiront par tomber.

 Ils les firent assoir. Bane scruta alentour, espérant retrouver des visages connus. Mais il ne trouva personne, sinon Ulri. La petite femme s'en alla rejoindre la proue, vers la cabine sans doute, secondée de ce qui devait être des genres de gradés dans leur hiérarchie. Les soldats restants se placèrent devant eux. Ils avaient l'air aussi incertains que les adolescents qu'ils encadraient.

 Puis plus rien, l'immobilité, la sidération. Un silence malsain que seul le bruit des roches ruisselantes et les sons lointains de la Cité venaient ponctuer.

 C'est donc à cela qu'allait ressembler sa première montée en voile, comprit Bane, en tirant sur ses gants, comme si cela allait empêcher ses larmes de monter. De cette façon, vraiment ? Perdu parmi des inconnus, menacé par des prêtres de tous évidences déchus. Ce serait vraiment ça ?

 Lui qui avait toujours rêvé de monter sur l'un de ces vaisseaux, qui s'émerveillait à chacun de leur passage dans la Cité, si paisibles, si majestueux, avec leurs magnifiques toiles colorées. Des œuvres d'Art qui permettaient aux gens du peuple – tous, sans distinction de caste – de voyager d’un point à l’autre de La Suspendue et même à l’extérieur. D´authentiques filles du Vent et de Messagère.

 Bane s'était juré d'y monter une fois sa transpasse accomplie. Ce devait être son premier acte de citoyen.

 Voilà qui était fait...

 Il retint un sanglot. Evita de penser à sa famille. Ravala sa peine.

 Observer, voilà ce qu'il devait faire. Détailler, chercher à comprendre.

 La voile mesurait environ une portée, calcula-t-il, à l'œil. Son pont accueillait sans difficulté tout leur attroupement et offrait encore de l'espace entre eux et le bastingage : un couloir pour les gardes. Il y avait, évidemment, la cabine du capitaine à l'avant. Puis, prolongeant la corne de la coque, montait le mat d'accroche. Il se perdit quelques instants dans les rouages et courroies tournoyants au-dessus de sa tête, tout le système de cordages et de double-cycles permettant à la voile de glisser et maintenir sa vitesse. Un trésor d'ingénierie. Cette structure surtenait l'ensemble du vaisseau, tout en lui permettant de glisser sur les rails et traverser les pylônes jalonnant sa route. Et puis, en dessous, par-delà le bastingage, s'étendait l'immense voile de tissu qui lui prêtait son nom. On pouvait l'entendre claquer au Vent. Elle domptait son souffle pour voguer au-dessus du Ciel.

 Dire qu'après transpasse, il était censé découvrir le monde. Il devait visiter avec les siens les merveilles de la Cité, chaque temple, chaque statue, même la Forge, jusqu'aux palais astraux où, disait-on, les Artes avaient carte blanche et pouvaient créer ce qu'ils voulaient.

 Cela n'aurait jamais lieu. Les larmes arrivèrent, en silence, discrètement.

 Autour de lui, les chuchotements reprenaient, réveillés par le Vent. Les questions, les pleurs, les doutes fusaient. Sur sa gauche, une fille appelait sa mère, derrière, quelqu'un invoquait les dieux. Toi aussi tu devrais prier, songea-t-il, en regardant le plafond s'étendre par-delà le bord. Puis, une voix plus grave s'ajouta, comme un éclat parmi les chuchotis « Je vais tous les tuer » murmurait-elle en boucle. Une autre lui répondait d'attendre, de calmer l'Art en lui. Bane se tourna discrètement, mais les deux qui parlaient le remarquèrent, et s'abimèrent à nouveau dans le silence. Il reconnût ceux qui se trouvaient devant lui dans l'allée de l'essor. Ils l'avaient intrigué, il se demandait à quelle caste ils appartenaient.

 Il aurait aimé avoir Ister à ses côtés, ne fusse que pour profiter de son sourire, même triste. Il se serait même accommodé d'Aris, malgré ses offenses aux dieux. Il avait beau manquer de piété, il n'était en aucun cas la cause de ce qu'il se passait. La seule cause était ces vidés soldats blancs, débarqués du Ciel. Ces êtres pâles, remontés des profondeurs. Leurs visages, Bane les voyait défiler. Pas des Ter, des fautifs, offensant les dieux. Leurs regards n'avaient rien de pieux, ils fixaient, comme là-bas, jugeaient. Ils nous humilient. Par traits d’images entremêlées, leurs expressions, leurs tenues, même leurs voix réveillaient de sombres souvenirs. Ils le saisirent à vif, le ramenèrent en arrière, au fond de la salle. Tu ne l’as jamais quittée, murmuraient leurs bouches. Ce coin sans aucune ouverture à la lumière du jour ; sans meubles, hormis le tabouret bancal sur lequel ils l'avaient tenu. Il sentait encore leurs mains presser ses épaules. L'accusant, l'insultant, ces hommes en blanc allaient, venaient, fantômes interchangeables, le privant de repos.

 Leurs questions dansaient : « Comment était-il ? A quoi ressemblait-il ? Femme ou homme ? Sa caste ? T’a-t-il parlé ? Sa voix ? Peux-tu le décrire ? L’as-tu senti approcher ? Comment étaient ses bras ? Ses mains ? Tenaient-elles quelque-chose ? Pesait-il sur la planche ? Décris-le à nouveau ! Encore ! Recommence ! ».

 Tout s'emmêlait, se mélangeait, répondait-il à la première question, la deuxième ? Oui, non ? Plus moyen de savoir, de penser. Le sourire de l’homme-inversé glissait entre ses souvenirs emmêlés. Quand son visage réapparaissait, brutal, tiré des profondeurs, il se déguisait d'ombres. Les impies ne l'avaient pas vu, là derrière. Il les avait nargués.

 Sa peur, l'effroi qui l'avait fait vibrer lorsqu'ils avaient voulu lui retirer ses gants les avaient-ils découragé ? ou était-ce parce qu'ils n'avaient pas su tirer ce qu'ils voulaient de lui ?

 Sans un mot, ils l’avaient renvoyé parmi les autres transpassants, parmi les entassés...

 Quelqu'un cria, Bane sursauta, retrouvant le pont, la voile. Les évènements, comme des cauchemars, se tenaient au bord de ses pensées, prêts à le noyer à nouveau. Avait-il vraiment vécu toutes ces choses ? Cela ne semblait pas réel, complétement disproportionné.

 Le cri venait de son rêve, tout demeurait calme. Le plafond poursuivait son lent défilement. Bane se demanda comment regarder avec amour cette roche abrupte dont dépendaient leur vies, comme le faisaient si facilement les prêtres.

Pourquoi, dieux ? Quel crime avons nous commis ? N'avons nous pas toujours été juste et droit ? Alors, pourquoi vous acharnez-vous ? Ou est-ce juste la folie de ces gens ?

 Des crêtes descendantes frôlèrent les ancrages, le pylône dépassé fit tomber des poussières ocres.

Je n'ai pas transpassé... Dieux... Est-ce une raison pour m'oublier ? m'empêcher d'aller vers ma propre caste… Suis-je devenu un abject, pour vous ? un sans-caste ?

 Il saisit son crâne entre ses doigts gantés, se demandant s'il allait lui aussi exploser.

 Une main se posa sur son dos – comme… il le faisait... comme dans son enfance – puis se mit à monter et descendre en une caresse. Il s'agissait d'Ulri, penché vers lui. Bane se rappela qu'il l'avait déjà fait lors de la cérémonie. Exactement de la même façon. Cette manière, ce mouvement. C'était comme s'il savait...

 La voile rebondit légèrement. Chaque passage sous un nouveau pylône provoquait de petits à-coups, tels des bercements. Elle pivotait doucement sous les rails, dépassant plusieurs constructions blanches éclairées par les rayons matinaux – des silos.

 La lumière, le souffle léger du Vent, cette main chaude estompaient ses souvenirs, Bane les laissa s’en aller. A l'opposée, se tenait une idée simple et salutaire, prête à être saisie. Je suis en vie.

 Bane considéra Ulri, s'accrocha à lui. Cet inconnu s'était montré aussi présent qu'un vieil ami. Durant la cérémonie, ils n’avaient pas eu d'occasion de parler – le genre de contact qui donnait le sentiment de vraiment rencontrer quelqu’un : ses expressions, son regard, ses mouvements –, se faire une idée du personnage. Il ne le connaissait pas, et pourtant...

 Fin, élancé, il affichait la même allure altière qu'un Aers. Il semblait supérieur, au-dessus de la mêlée. L'intelligence brillait dans son regard, comme une acuité à déceler les choses invisibles et les appréhender. Aussi, avait-il l’air plus âgé, plus mature que ses camarades. A contempler le soleil naissant, il ne semblait nullement inquiet de leur avenir, comme s’il savait que de toute façon, tout irait bien ; qu’il n'avait qu'à se laisser porter.

 Bane se sentit plus calme en le regardant. Son silence dégageait une force tranquille et sécurisante.

 Il semblait briller, loin des autres adolescents. Lesquels faisaient peine à voir, éteints, privés de forces, cassés. Leurs visages, blanchis par l’épreuve, portaient des cernes profonds, marques de leur manque de sommeil. Leurs mines pâles semblaient encore refléter les flammes ténues de la salle où ils avaient été entassés, comme s'ils n'en étaient jamais vraiment sortis et que ce pont baigné de lumière n'était qu'un rêve, taillé par Ironie pour les pousser à survivre.

 Tout sembla glisser. Bane perdit Ulri, et retrouva le calvaire qui habitait leurs regards. La trop petite salle. Pas de place pour s’allonger. Tous empaquetés, empilés. Assis sur les genoux, sur les pieds des uns et des autres, ils s'étaient soutenus, en silence, attendant une libération toujours à venir. Ils s'étaient serrés dos à dos, côte à côte, n'avaient laissé aucun interstice entre eux. Ils avaient fait corps et, à part ce peu de chaleur et de réconfort, le reste n'avait été que sueur, larmes et puanteur.

 La petite femme, celle qui les avait placés sous l'œil solaire, était venue. Elle avait donné l'ordre de les sortir « En silence, pour ne pas éveiller la nuit ». Elle leur avait dit qu'ils étaient bannis, qu'ils ne seraient jamais citoyens car ils avaient été jugés inaptes par les dieux. Nul ne s'était défendu, nul n'avait hurlé. L’abattement avait pris l’ascendant. Ils avaient été tirés dans la nuit, à peine encadrés par deux flammes ténues et par les gardes blafards qui se confondaient avec les ombres. Les filles du Vide les avaient survolés, harcelés, sans pour autant les atteindre, comme s'ils étaient répugnants. La voile était apparue au fond des ténèbres, elle avait émergé du Vide et les avait accueillis dans ses entrailles. Personne sur le chemin de nuit, aucun garde, aucun dieu vengeur. Aucune famille. Rien. La nuit, les ponts glissent !

 Pourquoi les traitaient-ils comme cela ? Où se trouvaient les Aers ? Et comment ces Ter étaient-ils parvenus à orchestrer tout cela en cachette des dirigeants de la Cité ?

 C'était absurde. Cette femme avait décrété leur bannissement, comme cela, hors de tout. Ils auraient dû être jugés aux Colonnes, comme tout citoyen – même en tant que mineurs. Déclarés coupables, on les aurait jetés au Ciel ou conduits, aux yeux de tous, vers les confins pour devenir arpenteurs. Les confins. Était-ce l'endroit où on les emmenait ? Ce lieu sans plateformes, sans accroches ? Qu’est-ce que des jeunes, prêts pour la vie citoyenne, allaient pouvoir y faire ? À part y mourir…

 Son mal de tête le reprit, il recommença à se masser les tempes pour l’évacuer. Ulri le regardait faire.

— Pourquoi ces gants, l'ami ? demanda-t-il.

Bane cessa son geste, se tourna vers lui. Il ne s'attendait pas à une telle question et dû réfléchir quelques instants avant de répondre.

— J'ai... une maladie. Une maladie rare. Ma peau réagit mal au contact de... Enfin surtout mes mains...

 Il s'arrêta, hésitant a expliquer la suite. La honte, le malaise, l'impression d'être un abject, méprisé des dieux, voilà ce qu'on lui avait toujours fait ressentir. Mais Ulri était différent.

—... Mon carnat rejette la corne, laissa-t-il échapper en un souffle, soucieux de ne pas être entendu par les autres. Je dois éviter son contact, disent les mèdes. Je dois en porter, fit–il en montrant ses gants usés, depuis ma naissance.

 Ulri le regarda avec intensité, sa main quitta son dos. Voilà, lui aussi. Il le trouvait ridicule. Un Artes incapable de manier la matière première de la Cité. Ridicule. Et ça ne servirait à rien – ça ne servait jamais à rien – d'expliquer que son talent consistait en sa capacité à concevoir, dessiner, prévoir. Que ce n'était pas de ses doigts que devait dépendre son avenir, mais de ses yeux, en imaginant et décrivant avec précision ce que d'autres allaient construire.

 Là, occupé à s'éloigner du monde, il n'avait plus envie de se justifier, de se défendre contre le rejet. Cependant la réponse ne fut ni condamnatrice, ni tendre.

— Un malheur est toujours un bienfait, dit Ulri, pensif. Tu devrais les enlever.

— J'aimerais bien, dit Bane en les resserrant. Mais je risque une crise.

 Ulri n'insista pas. Il se tourna vers l'horizon, des nuages mangeaient l'œil solaire.

— L’ami, pendant que tu dormais, qu’as-tu donc rêvé ?

 Bane resta quelques instants suspendu, même sa douleur aux tempes s'arrêta le temps de l'étonnement. D'où venait cette question ? Qu'avait-elle à voir ? Ulri n'avait-il pas d'autre préoccupations ? N’était-il pas, comme lui, dégouté, effrayé – affamé, assoiffé, crâne battant ? Ne ressentait-il pas la fatigue terrible, l'inquiétude pour son avenir ; n'était-il pas blessé par les horreurs qu'ils avaient tous subi ? Comment pouvait-il s’intéresser maintenant à ce genre de détail ?

 Bane ne répondit d’abord pas. Cela n’avait aucun sens. Il s'agissait d'une question ridicule et hors-propos. Pourtant l'attitude d’Ulri avait ce quelque-chose de sereinement insistant, ce poids dans le regard qui parvenait à faire plier. Il se surprit à lui répondre avec franchise.

— Je… Je tombais dans le Ciel. Longtemps. On dirait pendant des siècles. J’allais mourir… de faim, de soif, en dévalant pour toujours. J'ai traversé un immense nuage et…

 Il hésita à poursuivre, mais Ulri l’écoutait avec une telle bienveillance – qui tranchait étonnamment avec la désinvolture qu'il affichait juste avant – qu’il continua.

— Il y avait un autre monde. Une autre Terre en bas du Ciel, et j’allais l'atteindre… m'y écraser... Puis... Je me suis réveillé.

 Ulri ne disait rien. Il fixait les confins, l’air pensif. En l’ayant raconté à voix haute, Bane se rendit compte de la bizarrerie de ce rêve. La Messagère emmêlait les images, les idées. Il lui semblait qu’elle avait fait du monde l'équivalent de la salle du transpassage : deux terraumes qui se regardent, tels des jumeaux imparfaits. Ulri devait le croire fou, en plus d'être pathétique.

 Une main se posa à nouveau sur son épaule. Encore… Comme lui… Pas besoin de mots. Il ne le trouvait pas ridicule. Ulri ne devait jamais trouver personne ridicule. Il était au-delà de ça. Oui, il était bien comme son grand-père. Ce personnage, étrangement grand, lui aussi, l'avait toujours impressionné. Son silence encapsulait ses mystères. Il n’avait jamais rien évoqué de sa vie, il n’avait jamais parlé des allées difformes de la Forge. Le seul et unique perinsident de la famille n’avait jamais dit plus de mots que nécessaires.

 En regardant Ulri, Bane se rappelait du vieil homme : son visage creusé de lourds sillons, son regard réduit à de fins filets noirs, sa présence intense malgré son apparente extinction. Il trônait dans un éternel vieux fauteuil tressé posé près de la fenêtre. Sa peau tavelée glissait sous ses doigts découverts. Des questions tournoyaient « Comment as-tu créé ces objets et ces formes ? Comment parlais-tu à la Forge ? Est-elle vivante ? ». Le perinsident restait invariablement silencieux. Présent – formidablement présent – mais absent du langage commun, comme un prêtre du Vent. Les fois où il s’exprimait, c’était avec une grande économie de mots, réduisant le message à l’essentiel.

 Bane se rappelait. Quand il tombait dans ses sempiternelles hésitations, le vieil homme l’installait dans le siège à ses côtés et ils restaient assis, en silence. Sa main passait dans son dos, montant descendant, comme un pendule, régulier, jusqu’à ce que la paix revienne. Il savait qu’il ne fallait aucun mot à ces moments-là, ils l’auraient encore plus tourmenté. Il fallait une présence, solide, sereine, silencieuse, qui comprenait sans chercher. Au-delà des mots.

 Ulri était là. Calme, présent. Solide, comme lui.

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