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Le couteau brillait d'une aura sombre. Les gouttes de sang ne finissaient pas de tomber au sol. Tout autour de moi était flou comme dans un rêve. J'avais l'impression qu'il suffisait d'un rien pour me réveiller alors je restais là sans bouger, le corps étendu à mes pieds. Car je savais que ce n'était pas un cauchemar, et que je venais de sceller mon destin.

Soudain, le manche me parut brûlant. Je souhaitais plus que tout lancer cet objet maudit loin de moi, oublier la légende de Lor et reprendre une vie normale, aux côtés de mes parents, comme avant. Mais une main m'en empêcha.

Arthur me regardait avec inquiétude. Je voyais bien qu'il ne savait pas quoi dire pour m'apaiser. Je lui rendis son regard. Je n'avais pas besoin de sa compassion, nous avions fait ce qu'il fallait. Une vie pour une vie… La mort était le prix à payer pour pouvoir passer de l'autre côté du portail. Un homme était mort aujourd'hui. Un homme que je ne connaissais presque pas. Et il faudrait vivre avec désormais.

Un ange passa. Je savais que la lune disparaîtrait avant la fin de la nuit. Il fallait prendre une décision et vite !

— Je n'attendrai pas cinq ans de plus, dis-je tout bas.

Tellement bas que je crus d'abord qu'il ne m'avait pas entendue. J'essuyai le couteau sur la chemise gorgée de sang de l'homme mort, celui qui n'aurait pas hésité à me tuer si je lui en avais laissé l'occasion. Je rangeai l’artefact dans mon sac et me relevai, animée d'une nouvelle détermination. Arthur ne dit pas un mot et nous sortîmes dans la nuit. La Confrérie ne tarderait pas à apprendre ce qu'il s'était passé dans cette boutique. Et nous devions être loin à ce moment-là.

— Et maintenant, que comptes-tu faire ? me demanda mon complice.

— Finir la quête, répondis-je. Partir à Lor.

Et, cette fois, je le pensais vraiment.

— Alors il ne nous reste plus beaucoup de temps, me dit-il.

Nous montâmes dans la voiture et il démarra lentement avant de prendre la route du retour. Je regardai les maisons défiler.

— Nous ? Tu n'as rien à voir dans toute cette histoire que je sache…

— Après ce soir, si.

Je n'avais pas demandé son aide, j'aurais pu me débrouiller seule. Lor était mon but, tout ce sur quoi avaient porté mes recherches ces dernières années. Mais Arthur m'avait aidée à retrouver les carnets de Jake. Et il avait aussi combattu deux hommes cette nuit, je ne devais pas l'oublier. Bon, il n'avait pas planté de couteau mais, techniquement, nous avions la possibilité de faire passer trois personnes grâce à lui. Il avait donc sa place s'il le voulait. Cependant…

— Pourquoi ? demandai-je. Qu'est-ce qui t'a poussé à m'aider aujourd'hui ? Je ne te connais que depuis quelques heures…

— Et tu ne m'apprécies pas pour autant, fit-il avec un clin d’œil.

Voilà qu'il se mettait à faire de l'humour maintenant ! Arthur ne ressemblait en rien à ce que Jake m'avait raconté des membres de la Fondation. J'avais de plus en plus de mal à savoir pourquoi j'avais évité leur monastère autant de temps. Si je m'y étais prise plus tôt, j'aurais eu accès aux informations dont j'avais besoin il y a de cela trois ans. Et j'aurais été donc à Lor depuis, voyons, plus de sept ans !

— Tu sais, je pensais que les histoires de Hopper n'étaient qu'un conte pour enfants. Mais je crois que tous les petits sorciers rêvent secrètement de faire un tour dans ce monde fabuleux. Maintenant que j'en ai l'occasion, je ne compte pas la laisser passer.

J'attendis un peu avant de répondre.

— Ce sera un voyage sans retour. Tu le sais, n'est-ce pas ? Je n'ai pas envie que tu t'embarques là-dedans en pensant revenir un jour sur Terre. J'ai fait mon choix il y a bien longtemps mais tu ne connais la vérité que depuis quelques heures.

— Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien changer ? Vois-tu, je ne suis pas du genre à laisser une jeune fille partir seule à l'aventure avec un gamin d'à peine huit ans. Qui sait ce que ce nouveau monde peut réserver en réalité…

— Attends, fis-je. Tu as l'intention de venir avec moi juste… pour me protéger ? Je n'ai pas besoin de ton aide, je sais ce que j'ai à faire et je peux le faire seule.

— Et puis, Hopper est bien revenu, lui.

— Hopper, c'était différent ! Il avait demandé à son apprenti de rouvrir un portail, nous ne pouvons pas compter sur ce genre d'aide vu que nous prendrons toutes les informations avec nous. Il a fallu plus de quinze ans à Jacob et Jake pour tout rassembler dans l'ordre ! Et en plus, je l'ai aidé sur la fin… Une fois la lune couchée, si nous sommes à Lor, nous y resterons ! Es-tu prêt à tout quitter comme ça, en une nuit ?

— Viens, on va préparer les sacs.

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