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Après cela, tout s'accéléra. Le mois de juillet s'évapora dans une brume magique. Je passais mes journées et même parfois mes nuits à lutter contre le sort qui protégeait le journal du Sorcier noir. Je fus rassurée de découvrir que le sceau vu dans mon esprit était bien celui qui permettait l'ouverture du portail.

Lys et ses amis se firent plus distants, ce qui m’arrangeait assez bien au final. Seule Kaylee continuait parfois à rôder autour de moi. Je la laissais faire, vu qu’elle ne me dérangeait pas particulièrement. Et puis, je trouvais agréable d’avoir quelqu’un pour échanger sur le sujet.

Nous apprîmes ainsi d’autres faits intéressants sur la vie des Lorans et les caractéristiques de ce monde. Une en particulier attira mon attention : le temps ne s'écoulait pas de la même façon à Lor que sur Terre. Douze mois ici équivalaient à presque trois ans là-bas ! Je fis un rapide calcul : alors que j'avais passé ces dernières années à désespérer sur ma situation, Jake avait certainement déjà réussi à se construire une nouvelle vie à Lor. C'était tout simplement injuste !

Quand j'étais trop épuisée pour continuer ma lecture, je laissais la jeune apprentie jeter un coup d’œil au livre et partais aider le bibliothécaire avec son rangement. Il commença à m'apprécier car je remettais toujours à la bonne place ce que les autres abandonnaient un peu partout entre les rayons. Et le vieil homme me fut aussi d'une très grande aide pour comprendre certains textes à l’écriture alambiquée.

Le mois d’août arriva, et apporta des orages d'une violence inouïe. Mais, barricadée comme je l'étais dans la bibliothèque, ce fut à peine si je le remarquai. Au fur et à mesure que l'échéance approchait, je me sentais de plus en plus fébrile. J'étais certaine d'avoir tous les éléments en main pour ouvrir le portail cet été. J'avais de plus trouvé beaucoup de renseignements utiles dans le livre de Hopper. Mais le rituel nécessaire pour réussir restait obstinément hors de ma portée.

— Pourquoi tout le monde s’acharne tant à mettre la main sur ce livre alors ? s’étonna un jour Kaylee.

Je venais de tourner les dernières pages moisies du manuscrit, frustrée de ne pas y avoir découvert cette information capitale. En effet, tout ce travail se retrouvait réduit à néant sans le rituel correspondant. Si seulement Jake avait pris la peine de m’en parler ! Il avait bien réussi à quitter la Terre après tout.

— Je n’en ai pas la moindre idée, murmurai-je, déçue. Peut-être croient-ils que le livre détient la clé ? Ou alors cette fable leur est montée à la tête, je ne sais pas.

— Et toi ? Que comptes-tu faire à présent ?

J’éludai froidement la question. La petite rousse au regard curieux était bien trop jeune pour être entraînée ainsi dans cette histoire.

— Ce récit n’apporte que la mort, Kaylee. Tu as une maison ici, alors oublie tout ça.

Je me levai et m’éloignai sans un mot de plus. Je n’avais pas à m’attacher à qui que ce soit, étant donné que je ne les reverrais jamais.

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