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Le lundi suivant, je passai une matinée ennuyeuse à recopier divers passages du manuscrit dans un sens comme dans l'autre pour tenter de comprendre. Mais j'en étais toujours au point mort lorsque Jacob me surprit.

— Tu ferais mieux de ne pas les utiliser comme ça, dit-il. Ça ne fera que te donner un bon mal de crâne !

Je sursautai.

— Comment ça ?

— Ces symboles ont été prévus pour former des mots, pas pour être utilisés comme lettres. Il n'y a que les débutants qui font ça, et je crois que tu as passé ce stade depuis longtemps.

Je jetai un nouveau coup d’œil au texte qui s'étalait sur mes pages. Je cachai tout un mot, pour ne laisser que le premier glyphe apparaître. Oui, des lettres !

— Merci ! m'exclamai-je.

— Ravi d'avoir pu t'aider, même si je ne vois pas en quoi.

Je repris chacun des passages et commençai le dur labeur de tout retranscrire en alphabet latin. Des mots anglais compréhensibles firent leur apparition sur ma page.

Le journal racontait l'histoire d'un homme dans les années cinquante. Il avait fui la justice pour une sombre affaire d'espionnage. Afin d’échapper à la prison, il avait trouvé refuge dans un lieu tenu secret. J'appris ainsi que la Fondation ressemblait beaucoup à la Confrérie. Ils accueillaient dans leurs rangs beaucoup de personnes qui ne possédaient pas le Don mais cherchaient simplement un endroit où se cacher.

Le propriétaire du manuscrit racontait en détail sa vie dans une étrange demeure située quelque part aux États-Unis. Il s'émerveillait des choses incroyables que ses habitants pouvaient réaliser et décrivait un mode de vie bien différent du nôtre. Peu à peu, le texte changea et se focalisa sur un nouveau sujet : l'homme avait découvert lui aussi l'histoire de Hopper…

Vers midi, j'en arrivai enfin au passage qui m'intéressait. L'auteur expliquait sa découverte d'anciennes archives. Selon lui, le poignard, ou plutôt les poignards car il y en avait plusieurs, servaient de clé pour exécuter un sort qui demandait énormément d'énergie. Je supposai qu'il voulait parler de l'ouverture du portail.

Mais le plus intéressant était que, comme je l'avais pressenti, chacun des couteaux était différent. Certains pouvaient être inactifs, d'autres donnaient de l'énergie à leur détenteur. D'autres, enfin, servaient à prendre cette même énergie à partir de tout être vivant pour la stocker ensuite dans la gemme incrustée dans le manche. La pierre changeait alors de couleur ou d'aspect.

Malheureusement, le texte s'arrêtait là en ce qui concernait le sujet. Je frissonnai. Ces nouvelles informations venaient s'ajouter à ce que je savais déjà, et ne firent que confirmer mes soupçons. Je pris cependant la décision de garder mes doutes pour moi et continuai ma lecture.

Un peu plus tard, j'en eus assez de m'user le regard sur le texte du journal. Je décidai de faire quelque chose d'un peu plus passionnant et me remis à travailler sur le sort que j'avais commencé à créer de toutes pièces quelques jours plus tôt. J'avais eu l’idée de fabriquer quelque chose de semblable à ce qu'utilisait Iris pour traverser le verre. Mais mon intention était de l’appliquer sur d'autres matières.

Je finis mon mélange avant d'y mettre le feu sur la table même où je travaillais. Le bois fut percé d'un côté à l'autre en seulement une seconde.

— Génial ! Ça fonctionne ! m'exclamai-je.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de génial là-dedans, répliqua Jake. Je dirais plutôt que tu l'as encore laissé t'échapper : il y a un gros trou dans la table au cas où tu ne l’aurais pas remarqué !

— Mais c'est le but justement !

— Quoi ? De faire fondre le mobilier ?

— Non, pas que ça, souris-je. Les murs aussi.

— Je n'ai pas trop envie de te voir essayer ça ici alors !

Le bois continua à grésiller sur les bords du trou qui s'élargit sensiblement. Quelques fioles s'écrasèrent à terre. Je jetai un regard désolé à Jake.

— Euh… Je ne sais pas comment l'arrêter.

— Ça ne m'étonne pas de toi, soupira-t-il. Tu agis trop souvent sans réfléchir. Si tu ne fais pas un peu plus attention, ça va se retourner contre toi un jour. Quoique, ça pourrait arriver plus tôt que prévu…

Il indiqua mes gants en caoutchouc qui commençaient à fumer. Je m'empressai de les retirer avant qu'ils ne fondent eux aussi. Ils rejoignirent la bouillie d'objets au sol.

— Tu as intérêt à trouver une solution avant de te faire mal. Et j'aimerais si possible garder la boutique en état !

Je réfléchis en silence. Le trou avait presque atteint le bord de la table. Un verre d'eau qui traînait là se retrouva en équilibre instable avant de tomber aussi au sol. Là où le liquide s'était renversé, la réaction s'arrêta net. Je courus chercher plus d'eau pour éteindre le reste du sort.

— Ça va nous être très utile pour demain, fit remarquer Jake.

— Pourquoi ? Il y a quoi demain ?

— C'est une surprise, me sourit-il. Viens plus tôt, d'accord ?

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