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Le lendemain, je ne me sentais pas trop dans mon assiette. Je ne mangeai rien au petit déjeuner et cela inquiéta ma mère.

— Tu es brûlante de fièvre ! s'exclama-t-elle en posant une main sur mon front.

— Non, ça va, je t'assure… J'ai dû attraper un rhume ou quelque chose du genre.

— Un rhume au mois d'août ? En même temps, ça ne m'étonne plus venant de toi ! Je ne sais pas où tu es encore allée traîner hier soir mais aujourd'hui tu vas sagement rester à la maison.

— Mais je dois aller travailler, protestai-je faiblement.

— Un jour de congé ne te fera pas de mal.

— Tu n'as pas peur que je vous contamine tous ?

— Pas le moins du monde, sourit ma mère. Allez, bois ton thé maintenaient.

Je passai la matinée à regarder la télévision dans le salon. Le journal m'apprit que la sécurité du musée recherchait l'individu qui avait profité de la soirée d'hier pour s'introduire dans une salle et taguer quelques vitrines. Je me doutais bien que c'était une histoire inventée de toutes pièces. Mais l'image qui avait été capturée par les caméras de surveillance était tellement floue qu'on y reconnaissait à peine une silhouette humaine. J'en fus soulagée.

Ma mère partit faire les courses en début d'après-midi, et me laissa seule à la maison. J'en profitai pour attraper mon sac et me rendre tant bien que mal à la galerie.

— Toi, tu as touché à quelque chose qu'il ne fallait pas, me dit Jake lorsqu'il me vit arriver.

Je posai l'étui sur le comptoir avant de m'affaler à la table. Jake revint avec un verre d'eau et deux cachets.

— Ne t'inquiète pas, ce n'est que passager. Ce n'est pas un objet ordinaire que tu as ramené là : son unique but est de prélever un maximum d'énergie vitale et il est donc assez dangereux de se trouver longtemps à son contact. J'aurais dû te prévenir.

Je regardai ma paume. De fines lignes bleuâtres étaient apparues sur la partie de ma peau qui avait touché le manche de la lame. Elles remontaient le long de mon avant-bras et s'estompaient peu à peu. Je redoutais le moment où je devrais rentrer chez moi m'occuper de l'autre exemplaire. Jake soupira avant de ranger l'étui dans une boîte métallique. Je me sentis tout de suite plus alerte mais ce n'était peut-être que le médicament qui commençait à faire son effet.

— C'était bizarre, dis-je.

— De quoi parles-tu ?

— Quand j'étais au musée, j'ai cru pendant un instant que… Ce truc, dis-je en indiquant mon pendentif, s'est mis à me brûler quand je me suis approchée de la caisse. Puis, j'ai dit deux mots au poignard et j'ai pu le prendre en main sans qu'il ne se passe rien.

Jake me regarda. Il semblait réfléchir, comme ce jour-là dans le cabinet du médecin.

— Quand ces bijoux chauffent, c'est pour prévenir d'un danger, dit-il finalement. Mais rien ne t'empêche de ne pas tenir compte de l'avertissement et de faire comme bon te semble. Toutefois, je pense que tu ferais mieux d'éviter cela à l'avenir. Tu as le don de réveiller certains objets au pouvoir puissant…

— Comme le livre ?

— Oui. Ce n'est pas courant et ça peut devenir un problème si tu ne sais pas t'en protéger correctement.

— Iris m'a montré comment faire, dis-je.

— Iris ? Tu connais la fille d'Ananda ?

Je hochai la tête. Il me lança un regard accusateur.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ?

— Presque rien ! Ça n'intéresse personne cette histoire de toute façon…

— Oh, si tu savais ! Certains membres de la Confrérie seraient prêts à tuer pour prouver que cette légende n'en est pas une. On raconte que la source de toute magie provient de ce monde. Et le goût du pouvoir pousse à commettre des actes irréparables. C'est ce qu'a fait Hopper.

— C'est paradoxal, dis-je. Lor est censé être un monde de paix et d'harmonie mais il est nécessaire de tuer pour pouvoir s'y rendre…

Jake parut étonné. Puis il se reprit et me sourit.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-il.

Une vie pour une vie. C'est ce que j'ai lu dans le livre.

— Je pense que tu as mal compris le texte. Pour avoir le droit de passer de l'autre côté, il faut prouver que plus rien ne te retient à ce monde-ci. Accepter d'abandonner ton ancienne vie pour en commencer une nouvelle, c'est la seule façon d'ouvrir le portail. Parce qu'une fois là-bas, il n'y a pas de retour en arrière possible.

— Hopper est bien revenu pourtant, dis-je.

— Pour lui, c'était différent. Il avait demandé à son apprenti de rouvrir un portail à partir de la Terre quelques années après son départ.

Je n'étais pas convaincue par tout cela mais j'acquiesçai quand même. Je savais déjà que Jake me cachait des choses, ce n'était pas maintenant que j'allais me mettre à le croire sur parole. Je mènerais mes propres recherches si c'était la seule façon de découvrir la vérité.

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