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Le soir du gala arriva enfin. Les orages étaient terminés et une fraîcheur bienvenue s'était installée. Je m'étais discrètement éclipsée de chez moi pour retrouver Jake et son ami dans les ombres du parc situé en face de l'entrée.

Cachée derrière le tronc d'un arbre, je pouvais voir les invités qui arrivaient un à un dans de superbes voitures étincelantes. Leurs habits étaient tout aussi raffinés. J'admirai surtout les magnifiques robes des participantes à la soirée. Et dire que, dans quelques minutes, je pourrais côtoyer tous ces gens !

— Ce sont tous des sorciers ? demandai-je.

— Non, répondit Jacob. Mais ils font tous partie de la Fondation. Une fois là-dedans, tu ne pourras faire confiance à personne.

— Allez, assez observé. Finissons-en au plus vite, dit Jake.

Il s'approcha pour remettre mon pendentif sous le col de mon t-shirt.

— Fais attention à ce que personne ne voie ça, me dit-il. Prête ?

Je hochai la tête. En réalité, je mourrais de trouille !

— Souhaitez-moi bonne chance…

Je quittai notre cachette sans me retourner. Je pus encore entendre Jake pester contre Jacob et je souris. Je me rassurai en me disant que ce n'était qu'une soirée, que j'avais déjà travaillé en tant que serveuse pour de tels événements, bien qu'ils aient été moins somptueux. Je pouvais passer inaperçue, tout irait bien.

Comme je n'étais pas invitée, je ne pouvais pas entrer par la porte principale. Je me dirigeai donc vers l'arrière du bâtiment où attendait un vigile tout vêtu de noir.

— Je suis une étudiante de l'agence d'intérim, dis-je maladroitement.

L’homme examina le passe que j'avais reçu par la poste sous tous les angles. Il me demanda ensuite d’écarter les bras pour passer son scanner sur mon corps. Satisfait, il employa sa carte magnétique pour déverrouiller la porte.

— Pour les cuisines, c'est au fond à gauche, jugea-t-il utile de me préciser.

Je le remerciai avant de poursuivre mon chemin, soulagée. J'avais réussi à entrer, il ne me restait plus qu'à parvenir aux étages supérieurs. Jacob m'avait assuré qu'il pouvait désactiver les caméras pendant un certain temps. Mais les agents chargés de la sécurité finiraient vite par s'apercevoir que les images tournaient en boucle. Je ne devais donc pas m'éterniser dans le bâtiment.

J'avisai un escalier sur ma droite. Je commençai à me diriger dans cette direction quand une voix me fit sursauter.

— Viens par ici ! C'est l'agence qui t'envoie ? Mais c'est quoi cette tenue ?

— Désolée… Je ne savais pas qu'il fallait des habits particuliers.

— Ce n'est pas grave, soupira la femme. Nous avons plein d'uniformes de rechange dans la cuisine. Dépêche-toi de te changer parce que c'est la galère dans la salle…

— Pourquoi ?

— Comme d'habitude : beaucoup d'invités et pas assez de serveurs. Allez, assez discuté, au boulot ! Hop, hop !

Une fois équipée d'un plateau de petits fours, je fus envoyée dans le grand hall. L'endroit était illuminé comme en plein jour ! Des tables avaient été disposées ci et là et les invités se pressaient et discutaient avec animation.

Je slalomais habilement entre les costumes et les longues robes de soie et de velours tout en essayant de ne croiser le regard de personne. Très vite, mon plateau fut vide. Un autre serveur le remplaça par un plein et je repris ma danse, sans renverser les coupes de champagne que je transportais.

Je commençais à avoir un peu trop chaud quand je remarquai un homme grisonnant qui essayait d'attirer l'attention de la foule en tapotant sur un micro. Tous les regards se posèrent rapidement sur lui et je pus m'appuyer contre un mur pour souffler un peu.

— Mesdames et Messieurs, commença-t-il.

Le silence se fit peu à peu dans la salle. Tout le monde avait cessé de bouger.

— Chers membres de la Fondation, je suis ravi d'animer une nouvelle fois ce rassemblement annuel. Comme vous le savez, cette année est particulière. Nous accueillons dans nos rangs les nouveaux diplômés du monastère d'Aidan ainsi que ceux de San Francisco.

Il indiqua une vingtaine de jeunes de mon âge qui semblaient être gênés par toute cette attention. Je baissai vite le regard et fis quelques pas de côté. L'homme poursuivit son discours.

— Après dix années d'études intensives, nos apprentis sont devenus des sorciers à part entière, prêts à combattre ce fléau qu'est la Confrérie. En ces temps troubles, nous ne pouvons pas nous permettre la moindre faiblesse face à ces rebelles. Notre ennemi est partout, redoutable et malin. Mais nous sommes et resterons inflexibles face à ceux qui tentent de pervertir l'enseignement de la magie par leurs pratiques archaïques.

Quelques applaudissements ponctuèrent ces phrases. J'étais arrivée près de la sortie de secours. Je poussai lentement mon dos contre la barre de la porte.

— Il y a deux siècles, continua l'orateur, notre monde se trouva bouleversé par…

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