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J'appelai l'agence à la première heure le lendemain. Comme je l'espérais, personne ne me demanda si j'étais encore étudiante ni pourquoi je répondais à l'offre aussi tard. Ils devaient vraiment manquer de personnel au musée… Il me restait donc un peu moins d'une semaine pour me préparer au mieux.

Une autre bonne nouvelle m'avait également réjoui : Iris était enfin rentrée du Japon, épuisée mais heureuse de pouvoir reprendre son petit business. J'étais quant à moi contente de ne plus devoir répondre aux commandes incessantes du nombre sans cesse croissant de nouveaux clients. Je n'étais peut-être pas aussi douée que mon amie mais mon travail et ma ponctualité avaient payé : j'étais parvenue à ajouter de nombreux noms à la liste qu'Iris m'avait fournie. Et nous avions décidé d'un commun accord de nous partager les bénéfices. Ajoutés à ce que me payait Jake, je dépassais ainsi le salaire minimum, ce qui étonna mes parents. Je leur expliquai que j'avais trouvé un emploi stable et que je verrai bien si je reprendrais ou non des études. Et, même s'ils avaient semblé déçus par ma décision, ils avaient finalement cessé de protester en voyant que je prenais tout cela au sérieux. Ils ne savaient pas à quel point…

Les jours suivants passèrent comme dans un rêve. Le temps n'obéissait plus à aucune loi rationnelle. Quelquefois, les heures s'écoulaient en un battement de cils mais à d'autres moments, les secondes semblaient suspendues. Les livres dans lesquels j'étais plongée en permanence ne parvenaient pas à diminuer mon excitation. Et plus le moment de passer à l'action approchait, plus je me sentais fébrile. Quand je n'en pouvais plus de rester assise à ne rien faire, je me glissais discrètement dans la réserve pour consulter les notes de Jake. Il me laissait faire sans commentaires.

J'appris ainsi que le sort de Hopper ne pouvait fonctionner qu'à certains moments précis, soit tous les cinq ans et ce pendant une durée de cinq étés. Jake se chargea de m'expliquer pourquoi.

— Vois-tu, me dit-il, on ne sait pas vraiment d'où Hopper a tiré les informations nécessaires pour construire son portail. Ce qui est certain, c'est que le sort nécessaire à l'ouverture requiert une grande quantité d'énergie. Le dessin a été réalisé de façon à correspondre à une certaine configuration spatiale, que ce soit au niveau de la Terre, de la Lune ou des autres planètes qui nous entourent. Durant l'été, la Terre se trouve à son point le plus éloigné par rapport au Soleil. Ce sont ensuite les phases de la Lune qui déterminent le bon moment pour exécuter le sort.

— Et si quelqu'un tentait de ne pas respecter les règles ?

— L'ouverture du portail épuiserait toute son énergie. Je suppose que c'est ainsi que certains des chercheurs qui enquêtaient sur Hopper ont perdu la vie.

— Mais c'est valable pour n'importe quel élément du sort ? demandai-je.

— Je pense que oui. Mais je ne vois pas où tu veux en venir.

Je sortis la page où j'avais dessiné le sceau de Hopper il y a quelques mois. J'avais fini par réussir à comparer les deux dessins et les différences m'avaient sauté aux yeux. Et vu ce que Jake venait de me dire, je supposai que c'était une bonne chose que je partage mes doutes avec lui.

Son front se plissa alors qu'il examinait l'image. Il consulta le livre pour en arriver à la même conclusion que moi.

— Tu es sûre de toi ?

J'acquiesçai.

— Ce truc m'a poursuivi pendant des mois. Je suis certaine que l'erreur vient du livre.

— C'est bien possible, dit Jake pensivement. Comme je te l'ai dit, ceci n'est pas l'original de Hopper. Et ce n'est peut-être pas une erreur que tu as trouvée. Quelqu'un a très bien pu saboter délibérément le travail de l'auteur.

— Mais pourquoi ? C'est cruel de vouloir piéger ainsi celui qui essayerait !

— Qui sait… Peut-être quelqu'un voulait se débarrasser d'un rival. Ou peut-être même que certains ne souhaitaient pas que Lor soit découvert un jour. Dans tous les cas, cela pose un problème.

— Vous me croyez alors ?

— Tu as partagé un lien puissant avec cet objet. Le livre n'a pas réagi de la même façon avec moi. Je suppose donc que tu as pu voir certaines choses qui m'ont échappé. Ce dessin pourrait être celui du véritable portail, mais nous ne pouvons pas en être certains.

— Qu'allez-vous faire alors ?

— Y réfléchir encore un peu, me rassura-t-il. Nous n'en sommes qu'au deuxième été, il reste assez de temps.

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