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Je posai la main sur le manuscrit avant que Jake ne puisse m'en empêcher. Iris m'avait en effet montré comment me protéger des retours de sorts. C'était nécessaire pour pouvoir accomplir mon travail sans danger. Je paniquai un peu en sentant ma tête tourner mais je savais que je ne laisserais pas le livre reprendre le dessus. Je fis comme je l'avais appris et repoussai l'énergie de toutes mes forces. Mon esprit s'éclaira alors et je pus distinguer les détails du texte devant moi. Il était question des cycles de la lune et d'une configuration d'étoiles et de planètes qui permettaient, selon l'auteur, le bon fonctionnement d'un rituel. Je tournai lentement la page pour découvrir la suite et retombai sur le sceau qui m'avait tant obsédé il y a quelques mois. Mais quelque chose me perturba. Les détails du dessin n'étaient pas tout à fait les mêmes que dans mon souvenir. Je ne savais pas si ma mémoire faisait défaut ou si le livre avait un problème. Je me promis de comparer cette illustration avec le dessin que j'avais à la maison.

— Ah ça ! s'étonna Jacob. Si j'avais su que tu avais à ce point avancé dans sa formation…

— Je ne lui ai pas appris ça, soupira le guérisseur en refermant le livre.

Je me sentais étrange, comme vidée de toute énergie. Je m'assis sur la première chaise venue. Si quelques secondes au contact de l'objet avaient suffi pour avoir cet effet, je me demandai comment d'autres que moi pouvaient passer des heures à étudier ces pages. Il devait y avoir un secret, une technique quelconque qui me permettrait de ne pas puiser autant dans mes réserves. Et, si comme je le supposais, le poignard dont il était question devait avoir le même effet négatif, il fallait que je trouve la solution avant de devoir poser la main dessus.

— Tout va bien ? me demanda Jake.

J'acquiesçai distraitement, les yeux fixés sur les plans étalés devant moi. Je connaissais le musée pour y avoir travaillé durant tous mes congés lors de ces dernières années. Je profitais souvent de mes pauses pour partir à l'aventure dans les couloirs et les salles désertées le soir par les visiteurs, et n'avais donc pas besoin d'une carte pour m'y repérer. Cependant, je n'avais encore jamais mis les pieds dans la pièce entourée en rouge devant moi.

Je pris plusieurs pages que j'assemblai pour former un ensemble cohérent. Ces plans ne pouvaient pas être exacts : j'avais déjà fait le tour de cette aile du musée et j'étais à peu près certaine qu'il n'y avait rien à l'endroit indiqué. Pourtant, tout le reste semblait correspondre à la réalité.

Je suivis le chemin du doigt, du grand hall de l'entrée à l'escalier. Il fallait monter deux étages, passer les classes destinées aux travaux pratiques des étudiants avant d'arriver devant une paroi vitrée. Elle délimitait les salles d'exposition accessibles aux visiteurs. Ce n'était pas bien difficile et j'étais déjà montée jusque-là lors de mes promenades nocturnes. Je savais que, tant que le musée n'était pas vide et fermé pour la nuit, aucune alarme ne viendrait perturber le silence. Il restait toutefois les caméras de sécurité à éviter…

Je levai la tête. Jacob hocha la tête, satisfait. Jake soupira à nouveau. Il semblait avoir mis ses réticences de côté.

— Comment vas-tu faire pour entrer ? me demanda-t-il. Je ne suis pas certain que nous pourrons trouver une invitation à temps.

— C'est la partie amusante, dis-je. Je n'ai pas besoin d'invitation : l'agence d'intérim a rappelé beaucoup d'étudiants récemment. Ils ont besoin de monde pour assurer le service lors la réception dans quelques jours.

— Ça tombe très bien ! s'exclama Jacob. Décidément, tu es pleine de ressources. Je ne comprends pas trop pourquoi Jake te tient autant à l'écart.

— Ça ne me plaît quand même pas, dit ce-dernier pensivement. L'endroit sera bourré de membres de la Fondation et il y a peu de chances que l'un d'entre nous passe inaperçu parmi eux.

— Pas si j'y vais seule. Ils ne m'ont jamais vue et n'auront aucune raison de se méfier de moi.

— Il en est hors de question ! Je ne te laisserai pas y aller sans protection. Tu ne sais pas de quoi ces gens sont capables et je n'ai pas trop envie de devoir expliquer à tes parents où a disparu leur fille.

Je soupirai et le regardai dans les yeux.

— J'ai vécu pendant vingt ans en tant que simple humaine, je crois que je peux bien y arriver une soirée de plus. Alors laissez ma famille en-dehors de toute cette histoire. C'est déjà assez compliqué comme ça de vivre entre deux mondes. Je n'ai pas besoin d'une difficulté en plus !

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