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Au sommet de la colline, je m'attendais à tout sauf à découvrir une immense maison au confort moderne.

— Ouah ! C'est grand ! fis-je impressionnée.

— Ma mère est la vice-présidente de la Confrérie, dit-elle blasée. Tu as entendu parler de la Confrérie, non ?

J’acquiesçai.

— Mais je pensais que ses membres ne voulaient se soumettre à aucune autorité…

— Officiellement non. Cependant, comme pour toute grande organisation digne de ce nom, il est nécessaire d'avoir un dirigeant pour éviter les dérives.

Il commençait à faire bon à l'extérieur et nous étions assises dans un grand jardin aux pelouses bien entretenues.

— On a aussi une super bibliothèque, continua-t-elle. Ma mère adore collectionner les ouvrages rares, c'est un de ceux-là que j'étais venue chercher à la librairie.

Je pensai tout de suite au livre de Hopper. Mais Jake avait dit qu'il en avait besoin pour ses recherches. Je ne croyais pas qu'il l'ait vendu.

Iris poursuivit son monologue. J'appris ainsi que sa mère s'appelait Ananda et qu'elle partait souvent pour de longs déplacements, laissant sa fille libre de faire ce qu'elle voulait.

— Tu comprends, la Confrérie compte des membres partout dans le monde et c'est à ma mère de régler tous les problèmes sérieux qui se présentent. C'est cool, non ? Viens, je veux te montrer un endroit exceptionnel !

J'avais l'impression qu'Iris était ravie de ma présence. Je supposai qu'elle devait se sentir souvent seule. Dans mon esprit, je l'associai à la couleur jaune. Elle était tellement différente des autres filles que je connaissais, tellement plus vivante. Et elle était de plus une sorcière accomplie. Je me sentis vite noyée sous son flot de paroles.

Nous entrâmes dans une grande pièce aux stores baissés. Une douce pénombre y régnait. Deux tables couvertes de fioles et d'instruments étranges occupaient la partie centrale du plancher. Tout autour, gravé dans le bois du parquet, je reconnus un sceau, quoique moins complexe que celui de Hopper. Des étagères pleines de bocaux de diverses tailles, de pierres et de plantes séchées s'alignaient le long des murs.

— Bienvenue dans mon antre, dit Iris. C'est ici que j'expérimente mes nouveaux sorts.

Elle indiqua quelques récipients contenant des poudres colorées.

— Qu'est-ce que tu fais dans ce laboratoire ?

— Principalement des sorts que j'attache ensuite à des poudres. On déteste utiliser des formules dans la Confrérie, alors j'ai dû m'adapter. Il suffit de frotter un peu de poudre entre ses mains pour activer le sort.

— Tout ça par toi-même ? demandai-je impressionnée.

— Ma mère m'a appris les bases mais j'ai dû travailler seule pendant six ans pour parvenir à ce niveau ! Maintenant, je suis assez connue dans le domaine et mes sorts se vendent comme des petits pains. Tiens, viens voir…

Iris posa un cube en verre sur le coin de la table. Elle prit ensuite un sachet au contenu bleu foncé.

— Tu veux essayer ? me demanda-t-elle en me tendant le sachet.

Je suivis ses instructions et pris une pincée de poudre que je frottai entre mes mains. J'étais curieuse de voir ce qui allait se passer.

— Bien, maintenant plonge ta main dans la boîte.

Je frôlai le verre de mes doigts et ma main traversa la paroi comme si elle était faite de brume.

— C'est génial ! m'exclamai-je. Et ça marche pour tout ?

— Non, seulement pour le verre. Mais peu importe l'épaisseur, tu peux le traverser. Même le verre blindé. Je ne sais par contre pas à quoi cela peut bien servir mais c'est l'un des plus populaires du catalogue alors j'en fabrique toutes les semaines. Je te montrerai tout à l'heure si tu veux.

Je voyais plein d'utilisations possibles à ce sort. Les voleurs devaient être tout particulièrement ravis. Nous continuâmes à discuter de tout et de rien. Cela faisait des mois que je n'avais pas autant parlé ! Iris me fit visiter la bibliothèque, impressionnante comme elle l'avait affirmé. Elle me montra ensuite sa chambre. Je fus surprise de constater que, malgré la fortune de sa famille, elle était somme toute assez simple : un lit, une armoire, un bureau en désordre et encore des étagères pleines d'étrangetés le long des murs.

Alors qu'elle continuait à parler, je feuilletai distraitement un livre qui traînait sur le bureau. C'était un des livres intéressants, un volume rouge.

— Tu comprends ce que tu lis ? me demanda soudainement Iris.

— Pas tout, avouai-je. Ça parle de plantes et de leur utilisation. Je comprends le sens général mais je ne connais pas encore tous les mots…

— Tu n'aurais pas assez d'une vie pour ça !

Elle dut voir mon regard dépité. J'aurais donc beau lire autant de livres que je voudrais, tout ce que j'y gagnerais ce serait une tête de zombie…

— Mais comment est-ce que je peux faire pour lire ces ouvrages alors ?

— C'est assez particulier, me dit-elle. En fait, tu sais déjà que la langue dans laquelle ils sont écrits est très ancienne. En ces temps reculés, les sorciers ne possédaient pas encore suffisamment de mots pour nommer tous les nouveaux concepts qu'ils découvraient. Ils ont donc dû ruser.

— Comment ça ?

— Très simplement, ils ont associé plusieurs mots connus ensemble. Le nouveau terme ainsi formé acquérait une signification propre, indépendante de ses composants.

— Et en quoi est-ce que cela peut m'aider ? demandai-je.

— Tu vas voir… Vu que tu as déjà de bonnes bases, prenons un exemple. Choisis un mot que tu ne sais pas lire et note le sur cette feuille.

Je rouvris le livre et cherchai un mot qui pourrait correspondre. Cependant… Il y en avait un dont je souhaitais vraiment découvrir la signification. J'écrivis les symboles.

— Il ne vient pas de mon livre, celui-là… dit pensivement Iris. Mais bon, cela devrait fonctionner aussi. Donc, tu ne sais pas ce que ce mot veut dire. Et maintenant ?

Elle cacha la dernière partie avec sa main.

Tuer, dis-je.

— Oui, c'est ça.

Elle fit ensuite pareil avec le début du mot.

Rituel. Tuer et rituel ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ça signifie « sacrifice », dit-elle doucement. Tu verras, bientôt, ton meilleur ami sera le dictionnaire des synonymes !

Sacrifice ? Ce mot revenait souvent dans les carnets de Jake… C'est donc cela qui lui manquait pour pouvoir ouvrir le portail. Un frisson me parcourut. Je n'étais pas préparée à entendre cela.

— Tout va bien ? Allez viens, tu as de la chance : aujourd'hui ma mère dînera avec nous. Tu vas voir, elle a hâte de te connaître !

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