Epilogue

Une minute de lecture

Alors que le silence absolu régnait dans le salon, quelques pleurs perçaient toujours depuis la cuisine. L’immobilité totale s’imprimait dans la pièce où sept corps dépourvus désormais de vie s’étaient ratatinés au fond de leurs fauteuils. Leurs teintes disparaissaient progressivement, laissant peu à peu le blanc recouvrir leurs faces convulsées.

Les sept venaient de faire leurs dernières victimes avant leurs retraites anticipées en enfer. Cet empoisonnement collectif couronnait leur carrière de ridicule. Peu craint autrefois et à présent fables du métier, ils avaient pratiqué pendant des décennies leur art peu recommandable. Cette fois, ils avaient tous été d’accords sans le savoir : ce thé était le dernier, à moins qu’on ne prenne le thé sur les rives du Styx, ce qui fut, était et est toujours peu probable.

Alors que rien n’avait esquissé la moindre velléité de tentative de mouvement, la porte d’entrée s’ouvrit à la volée, faisant trembler quelques peintures.

François, le costume couvert de taches de terre humide, le teint presque aussi pâle que les trépassés du salon, déboula dans le hall. Il était essoufflé d’avoir couru jusque chez lui.

- Si vous saviez d’où je sors… dit-il alors qu’il pénétrait en titubant dans la pièce.

Aucune réponse.

- Faites comme si je n’étais pas là, ajouta-t-il d’un ton acide.

Son ventre émit un gargouillis. Voyant la boite en fer blanc, il s’approcha de la table basse et saisit un biscuit. Il le mordit, le mâcha, puis s’attrapa la gorge, se colora curieusement et s’effondra sur le tapis jonché de débris de service à thé.

* * *

- Mon Dieu ! Quel désordre.

Damien contemplait la salle avec un mélange d’exaspération et d’agacement. Tout ce fourbi était à nettoyer à cause de ces sept nigauds. Il soupira de regret en remarquant le cadavre de son ex-patron revenu à la vie pour décéder à nouveau. Quel dommage !

- Damien. Seriez-vous assez aimable pour m’apporter un petit verre de cordial, gémit la dépouille du juriste/notaire/banquier/avocat en amorçant un geste fébrile. Et sans poison, s’il vous plait.

Damien sourit en se dirigeant vers la cave.

- Ah, monsieur François ! Vous nous enterrerez tous.

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