Elimination

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Théophile était au centre des regards. C’était à lui désormais qu’incombait la tâche d’effacer François. Plus les sept avançaient dans leur quête de la clé, plus ils se mettaient à douter de la possibilité d’une éventuelle réussite. Ceux qui avaient déjà essayé de mettre fin aux jours du banquier considéraient que cette suppression était virtuellement impossible. Pour cette raison, Théophile semblait bien moins confiant que d’habitude.

- Pourquoi moi ?

- Pourquoi pas vous ?

- Ne dit-on pas « les femmes d’abords » ?

- Vous oubliez que c’est « les femmes et les enfants d’abords ». Vous êtes donc tout à fait désigné pour ce travail.

« Ah, elle fanfaronne, Simone. C’est la dernière… On verra, on verra qui fera le fier quand j’aurai empoché le pognon.

- Et vous comptez vous y mettre quand ?

- Cette après-midi.

- Alors qu’est ce que vous attendez ? Décampez, vous avez du boulot !

* * *

- Que voulez vous me demander ?

« Ils m’agacent à tous me faire venir chez eux !

- Dites-le, et dites-le vite !

- Vous avez l’air nerveux.

- Qu’est ce qui vous fait dire ça ?

François était visiblement agacé. Il tapotait le bras de son fauteuil à grande vitesse et avait un ton assez irrité. Il avait aussi de larges cernes sous ses yeux. Il était fatigué.

- Avez-vous bien dormi, cette nuit ?

- Est-ce-que je vous demande votre numéro de carte bancaire ?

- Non, mais vous le connaissez déjà, de toutes façon…

- Ce n’est pas exactement la réponse que j’attendais !

Passage des doigts sur les yeux.

- Enfin ! Comprenez que je m’inquiète pour vous. Après tout, vous êtes notre banquier. Il ne faudrait pas que vous…

Pause.

- Mourriez… Ce serait bête…

- Très bête, en effet. Et cette affaire qui m’amène ?

- C’est au niveau d’une assurance.

« Quelle barbe ! J’ai toujours détesté les paperasseries liées aux assurances.

- Faites voir…

- Je vais chercher les papiers. En attendant, vous prendrez bien une tasse de thé ?

Grognement.

Théophile quitta le salon tandis qu’Auguste arrivait dans le salon en portant une théière blanche ornée de fleurs bleues. Le reste du service attendait déjà sur le buffet ; les tasses n’attendirent plus, elles furent remplies rapidement, puis l’une d’elle eut l’honneur d’être tendue vers François.

- Vous au moins, vous savez que je prends mon thé nature.

Sourire chaleureux d’Auguste.

François renifla le thé plusieurs fois, s’arrêtant, reprenant, et quand il s’apprêtait à boire, il reposait la tasse sur la soucoupe.

« J’en ai un peu mare, de leur thé. Je vais finir par devoir aller aux toilettes toutes les cinq minutes, comme ma pauvre grand-mère. Je ne comprends pas pourquoi ils en boivent autant.

Finalement, ce fut la plante verte qui profita du breuvage empoisonnée renversé d’un revers de la main.

« Ras le bol de leur jus de chaussette !

Attente de quelques minutes.

Arrivée de Francis dans le salon.

- Vous n’aviez pas des documents à me montrer ?

- Heu…si mais, je les ai… oh, rien. Je vais les chercher…

« Mon dieu, ils sont tous fous. Ce doit être leur thé.

- Vous avez bu votre thé ?

- Allez chercher vos papiers, et vite !

Départ de Francis.

Arrivée d’Auguste.

- Désirez-vous plus de thé, monsieur ?

- Non merci. Par contre, auriez-vous quelque chose contre les maux d’estomac ?

- Seriez-vous souffrants ?

- Oui. Depuis hier soir, j’ai terriblement mal au ventre. Je ne sais pas d’où ça vient…

« Je crois savoir.

- Mais ça m’empêche de dormir. Du coup, je suis de mauvaise humeur.

- Je vais voir si je peux faire quelque chose. En attendant, voudriez-vous du café ?

- Je ne dis pas non.

Sortie d’Auguste.

François attendit seul dans le salon pendant quelques minutes. Ses douleurs stomacales s’étant un peu calmées depuis la veille, il décida de faire une petite pause. Il s’endormit donc sans un bruit. Une dizaine de secondes plus tard arrivait Francis dans le salon.

« Il… il est mort ? Pourquoi le poison a-t-il mit tant de temps à agir ?

Théophile regarda le corps de François, un peu hébété, pendant une ou deux minutes, jusqu’à ce qu’Auguste fasse son entrée dans le salon avec une tasse de café. A la vue de son majordome, Théophile se mit en retrait dans la salle à manger. Auguste déposa la tasse de café sans aucun bruit sur le plateau de thé, puis se décala vars le mur.

« Qu’est ce qu’il fait ? Je n’ai jamais demandé de café.

Repérant le silence causé par la pose de la tasse, François se réveilla. D’un signe de tête, il remercia Auguste, puis bu le café rapidement sous le regard ahuri de Théophile.

- Ca me change du thé. Merci encore !

- De rien, monsieur.

Vision de Théophile par François.

- Et vos papiers ?

Regard ahuri de Théophile.

- Mes… quoi ?

- Vos papiers, vos assurances ! Ils sont où ?

- Heu, mes papiers… Je ne les ai pas trouvés, ils sont… je ne sais pas…

Regard meurtrier vers Théophile.

- Vous m’avez fait venir pour quelque chose d’autre ?

- Heu… non…

- Donc, si je comprends bien, vous m’avez fait venir pour rien.

- Hé bien… en fait…

- Répondez par oui ou non !

- C’est que, c’est plus compliqué que ça en à l’air, et…

- Ne répondez pas, ce n’est pas nécessaire.

François se leva de son fauteuil en fureur, s’empara de son manteau dans le hall, et sans un mot ni un regard pour Théophile, sortit de la maison. La voiture s’engouffra dans l’allée, et tandis qu’il quittait la propriété, François songea.

« Je commence à comprendre pourquoi ils se font des trous dans les haies…

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