Chapitre 23

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Seyvanna


—Tu seras libre après. Je n’ai qu’une parole. Tu vas devoir me faire confiance sur ce point. Dois-je comprendre que tu as réfléchi et que tu es prête à trahir ton frère ?

—Je n’ai jamais imaginé une vie en dehors de la mafia. C’était inconcevable pour moi que ton plan fonctionne. C’était du suicide. Et j’ai longtemps été convaincue que je n’étais rien sans Mikhaïl. Maintenant que je ne sers plus les intérêts de mon frère en étant ici, j’arrive à visualiser cette liberté. Je me détache peu à peu de cette emprise.

—C’est normal, ici il ne peut pas te contrôler, manipuler ton esprit, posséder ton corps. Ici, avec moi, tu es Seyvanna Pavlenski. Avec lui, tu n’es qu’un objet de parure et de plaisir. Ça veut dire que t’es prête ?

—Promet-le moi.

—Quoi ?

—Jonas… promets-moi qu’une fois que tout sera terminé, que Edja sera le parrain, que toi tu gagneras ton territoire, promets-moi que je serai libre. Je ne suis pas bête, je commence à saisir le personnage que tu es… Tu trahi même ta propre famille. Je vois l’ampleur de ton désir de combler tes intérêts. Qui me dit que quand tout sera terminé, tu ne m’enverras pas dans ton sous-sol après m’avoir vendue.

—Quoi ?! Pourquoi tu dis une telle chose ?!

Il semble surpris que j’aie pu penser ça. Ou alors, il est nerveux que j’ai découvert un de ses plans. J’espère me tromper.

—Je suis Seyvanna Pavlenski, Jonas ! Tu connais mon statut et ma valeur ! Et maintenant que j’ai un aperçu plus poussé sur ton esprit tordu, je sais que tu pourrais trahir notre entente sans hésiter. Je suis certaine que tu as déjà planifié me vendre, sachant très bien combien je peux rapporter au Monster Club et combien d’hommes seraient prêt à débourser pour me violer et me tuer. Je ne veux pas finir dans ce sous-sol ! Jonas… je…

—Putain ! Arrête !

Il se lèvre brusquement l’air renfrogné, refusant de me regarder et se dirige vers la stéréo, évitant totalement le sujet et allume la radio qui émet une musique dans les barres de son un peu partout dans le penthouse. Un truc American.

—Who the Bossman – The Devil and the Duke, tu connais?

—Non. Jonas ! On peut revenir au moment où je te demande de me promettre…

Il me coupe en mettant son index contre ses lèvres et en faisant un :

—Chuuut. Écoute ce son, des années 1940 ou 1950. Musique dans la scène du film Final Girl de 2015 où Danny danse avec une hanche dans les mains et va même jusqu’à l’embrasser. Juste avant d’aller décapiter une magnifique jeune femme dans le bois avec ses potes.

Il se fout de ma gueule là ? J’arrivais enfin à discuter avec lui et le voilà revenir avec son attitude du mec qui n’écoute plus personne.

Je l’observe alors qu’il commence à danser.

Ok, il danse bien. Mais on s’en fiche !

Énervée qu’il m’ignore alors que la discussion était sérieuse, je me lève. Aussitôt, il s’empare de mon poignet et m’attire contre lui !

Il pose vivement une main au creux de mon dos pour que mon corps se plaque contre le sien. Son autre main trouve la mienne et il me fait danser. Il voit que je reste froide et souffle près de mon oreille tout en effleurant ma joue de ses doigts :

—Je promets que tu ne finiras pas dans mon sous-sol, Seyv… Tu n’es pas une de mes victimes, toi et moi on est en affaire, nous avons tous deux des intérêts à y gagner. Tu joues ton rôle et je te débarrasse de Mikhaïl et tu es libre. Jamais je ne te vendrais. Ne pense plus jamais le contraire.

Il plonge ses yeux dans les miens, collant presque son front contre le mien.

Puis, soudain, il utilise sa main pour me faire tourner sur moi-même au son de la musique et il ne se prive pas pour mater mes cuisses nues au passage car son sweat se relève au bord de mes fesses. Je tire sur le bas puisque je n’ai pas de culotte.

—T’es belle, putain…

—Avec le mot putain, je me demande si c’est un compliment.

—T’es belle, Miss Pavlenski.

Il remet une main dans mon dos pour que je me colle à lui. Mon cœur bat à cent mille à l’heure. J’ai son torse sous les yeux. Je n’ose pas relever le regard, sinon je crains que l’envie de l’embrasser à nouveau ne se fasse sentir. Je ne sais pas pourquoi j’ai envie de me blottir contre lui. Poser ma tête contre son torse et de sentir ses bras autour de moi. Je n’ai jamais eu envie à ce point d’être dans les bras d’un homme. Qui aurait pu prédire que ce serait dans dans ceux de Jonas ?! Néanmoins, il est trop tard, j’ai posé ma tête contre lui. J’entends son cœur se déchainer. Il frappe avec violence sous sa poitrine. Tout comme le mien. Il est le monstre qui me libèrera de mon frère… Donc mon héros… ou alors cette bête immonde me conduira à ma perte…

Une légère panique s’empare de moi alors que je suis submergée d’une forte émotion, blottie dans ses bras. Alors je vais pour m’écarter, pensant qu’à une chose, m’éloigner le plus possible de lui pour ne pas développer de réel sentiment. Mais dès que je sors de sa prise, Jonas attrape mes joues et plaque ses lèvres contre les miennes !

Tout mon corps succombe et se liquéfie. Son baiser est tendre, différent et provoque en moi une succession de sensation. Un sentiment bien plus fort que le désir sexuel. Je ressens un pincement dans le cœur, une chaleur dans la poitrine. Mon ventre se noue.

Je rompe ce baiser emplie de passion, nous laissant pantelant tous les deux. Seul nos fronts se touchent. Je garde les paupières fermées. Cependant, je sens très bien la douceur de ses doigts glisser contre me joue, provoquant une série de frissons agréables. Il veut que j’ouvre les yeux. Mon corps est fiévreux, j’ai presque les doigts qui tremblent. Mon cœur veut sortir de ma poitrine. Qu’est-ce qui m’arrive ?

—Seyv… souffle-t-il contre mon visage.

Alors qu’il tient ma mâchoire, son pouce caresse ma lèvre inférieure.

—Regarde-moi.

Je refuse de lui obéir. Si je le regarde, je redoute qu’il voie dans la lueur de mes yeux les sentiments qui se développent pour lui.

Je suis sauvée par des pas qui viennent vers nous. Je sais que c’est Dominik qui vient d’entrer.

Jonas s’écarte et maintenant, je peux ouvrir les paupières.

—On a un petit souci, commente Dom.

Il semble y avoir un malaise chez Jonas. Comme si Dominik l’avait pris au fait. Mais c’est ridicule puisque Jonas et moi, on ne faisait rien.

—J’arrive…

Jonas prend son veston noir pour l’enfiler. Il vérifie qu’il a toujours son revolver dans son dos, à sa ceinture, puis Dom lui donne son masque de crâne noir qu’il s’empresse de porter.

D’emblée, je me retrouve seule à nouveau dans le penthouse, avec cette musique qui me paraît si forte et tourne en boucle, laissant un écho jusque dans les autres pièces.

Je passe mes mains sur mon visage pour chasser l’état dans lequel Jonas m’a mise. J’éteins la musique sans plus attendre et, de manière hésitante, je m’approche des écrans qui ornent le mur de l’entrée. Avec la télécommande, je les ouvre pour jeter un œil aux étages. Mais aussi pour suivre Jonas et Dom. En essayant plusieurs boutons, j’en comprends rapidement le fonctionnement. Si je fais le 309, je tombe sur la chambre 309 de l’hôtel. Je peux voir dans chaque chambre des nanas avec des clients ou qui dorment. J’ai un autre écran qui donne une vue sur tous les ascenseurs et je vois que Jonas descend au sous-sol…

Je me demande si je peux voir cet endroit effroyable. C’est assurément filmé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je décide de tester le moins, par exemple 001. Soudain, sur une télé, une image d’une cellule du sous-sol vide s’affiche.

Bingo !

Ce n’est vraiment pas compliqué. Maintenant, plus qu’à voir ce que Jonas est parti faire.

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