Chapitre 21

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Jonas

Putain ! Seyv a voulu coucher avec moi pour m’attendrir ? Mouais, petite malicieuse… je connais le game : elle fait ça pour me plaire et ensuite pour que j’épargne Mikhaïl. Car si je développe un tant soit peu d’affection à son égard, Seyv croit pouvoir obtenir des privilèges. Ça n’arrivera pas. Je suis loin d’être bête, elle joue avec moi. Je l’observe souvent via les caméras du penthouse quand je ne suis pas là. J’ai toujours un œil sur mon pion le plus précieux. Elle a lu mon dossier et cherche à connaître son ennemi. C’est la seule option qui lui reste pour me manipuler. Hier, c’étaient les pleurs, me suppliant d’épargner Mikhail. Elle a vu que je ne changerais pas d’idée, alors pas étonnant qu’en se réveillant dans mes bras, elle soit chaude comme la braise et soudainement elle me désire, me réclame et va même jusqu’à placer ma main contre sa gorge, me montrant qu’elle sait ce qui me ferait plaisir.

Toutefois, elle n’a pas pu simuler son orgasme… Il était ce qu’il y avait de plus réel. Alors une chose est sûre, même si c’est une délicieuse manipulatrice, au lit, elle a un côté bien sombre qui me rejoins. Et je crois qu’elle va pouvoir jouer avec ça… Ce qui ne me déplaît pas pour autant. Je rêve déjà de l’initier à mes jeux, juste pour voir à quel point elle aimerait ça. J’aimerais lui faire découvrir différentes paraphilies, savoir le ou lesquels la pousse à l’extase… Mais, je ne dois pas m’égarer de mon plan, la convertir pour qu’elle devienne l’ennemi de Mikhail. C’est tout ce qui compte. Même si je suis sensible à sa beauté, son corps de déesse, l’odeur de sa peau, sa hargne, son caractère, sa combativité, son sourire diabolique, et ses yeux pétillants qui reflètent son âme malicieuse compatible à la mienne, je ne dois en aucun cas tomber sous son charme... Il n’y a que de cette manière qu’une femme arrive à affaiblir un homme. Je n’ai qu’à me tourner vers mes frères pour en avoir la preuve : tous deux amoureux et plus rien autour n’a d’importance. Ils sont prêts à mourir pour leur douce moitié. J’ai du mal à comprendre ça.

J’admets que Seyvanna me plaît, mais c’est uniquement et purement physique et parce que son esprit est diabolique. Je pourrais passer la journée au lit avec elle et pas avec une autre. Dès que je me trouve dans la même pièce qu’elle, je suis en érection. Elle me procure des sensations inexpliquées. Elle arrive à me faire jouir sans que je n’aie à passer par tous mes jeux au sous-sol pour prendre mon pied. Mais depuis peu, quelque chose se manifeste chez moi, mon corps et ma tête deviennent possessifs à son égard. Par exemple : habituellement, j’adore regarder une femme se faire prendre par un ou plusieurs hommes. J’adore voir mes gardes se servir de mes femmes dans le club. En revanche, quand Dom a pris Seyv, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre le relais… Je ne voulais pas le rôle du voyeur. Seyv peut toucher tous les hommes qu’elle veut et elle peut se faire caresser par tous les hommes que je veux, je n’en ai rien à foutre, au contraire, ça m’allume, mais désormais, il y aura que moi qui pourrai éjaculer en elle. Pourquoi ? Je ne le sais pas et ça m’agace royalement. Parce que je ne suis pas con, je vois bien qu’une part de moi devient jaloux. Et… l’imaginer dans les bras de Mikhail prochainement… savoir qu’il la touchera à nouveau… qu’il la violera à nouveau, pour avoir le sentiment de reprendre possession d’elle, ça me donne des envies de meurtre. Seyv est mon pion et j’ai tendance à m’attacher aux choses qui me sont utile et qui comblent mes intérêts. Si on touche à mon pion, si on l’abime, c’est s’attaquer à moi indirectement.

Je donne deux ou trois gifles à Seyv pour qu’elle reprenne ses esprits. Elle rechigne un peu avec un hoquet, la conscience redémarre doucement, puis, ses yeux me trouvent. On se contemple longuement. Mon tee-shirt qu’elle porte est encore remonté au-dessus de ses seins. J’ai déjà envie de les caresser à nouveau et de les lécher, mais elle l’abaisse aussitôt qu’elle s’en rend compte.

Le corps tourné sur le côté, le coude remonté, la tête appuyée contre ma main, mes yeux ne lâchent pas les siens. Je me serais quand même attendu à ce qu’elle me frappe pour l’avoir étranglé si fort au point de perdre connaissance, et pourtant elle n’en fait rien. Si je ne maîtrisais pas bien ce geste, cela lui aurait été fatal. Elle a de la chance d’être aux mains d’un homme qui contrôle tout dans les moindres détails. Étonnamment, en ce moment, je ne décèle aucune crainte envers moi. Aucune fille ne s’abandonne à moi comme elle l’a fait, même pas mes soumises… Elles le font par obligation, et cette délicieuse créature est tout l’inverse : elle jouit quand je l’étrangle…

—J’ai été inconsciente combien de temps ?

—À peine cinq minute.

—Et je parie que ça t’a pas empêché de continuer à me baiser, lance-t-elle avec un demi-sourire dégouté.

—Ça va, il y a bien pire. T’avais le cerveau déconnecté, mais tu respirais encore. Où est le mal ?

Je sais qu’elle a lu mon dossier, donc je vois très bien la répartie en suspens au bord de ses lèvres, voulant me dire que j’aime prendre mon pied avec des cadavres et que comme je lui ai dit qu’elle respirait encore, c’était tout de même plus « acceptable » comme pratique. Mais sa riposte ne vient pas, comme si elle ne voulait pas aborder le sujet de la nécrophilie étant donné mon enfance, croyant sans doute que c’est un sujet délicat. Elle se soucis de mes sentiments là ? Elle évite de me blesser ?! Ça me fait marrer…

—Pourquoi tu ries ?! Et pourquoi tu me fixes comme ça ? souffle-t-elle en détournant le regard pour contempler la blessure à l’acide, à son poignet qui cicatrise petit à petit, là où il y avait autrefois le tatouage d’appartenance à la pègre.

—Parce que tu me fascine de jour en jour, mon petit cœur…

—Ah ouais ? Et dis-moi, c’est parce que je t’ai incité à m’étrangler, c’est ça ? Il n’y a pas d’explication à ça.

—Si, il y a une explication. Mais ce qui me fascine surtout, c’est ce que tu as dans la tête, tel un jeu d’énigme que j’adore analyser.

—Même si t’es malin, tu ne le sauras jamais assez pour lire en moi.

—Je suis méthodique, Seyv. Depuis que je suis jeune, j’analyse les esprits les plus torturés autour de moi. Pour déceler une nervosité ou un mensonge, tout rentre en compte, de la gestuelle aux expressions faciales. Je suis un radar aux fabulateurs. Rien ne m’échappe.

Elle se tourne vers moi et à ce moment, un frisson divin traverse ma peau. Elle arque un sourcil et m’offre un sourire en coin qui fait naître une fossette craquante.

—OK, Jonas Somber Jann, maître de la manipulation et esprit malin et si intelligent à qui rien n’échappe, décrypte et analyse moi…

—Tu cherches désespérément un moyen de me manipuler, mais à chaque fois, tu te fais prendre… Tu cherches à séduire Dom pour qu’il délaisse son arme, mais t’es trop occupé à prendre ton pied pour vouloir nous assassiner, alors que tu en avais la possibilité.

Je ris. Elle fronce les sourcils, ne se doutant pas que je l’avais vue venir avec son petit manège avec Dom.

—Ensuite, tu veux me charmer en me montrant que tu veux que je te fasse tout ce qui me plaît, comme la strangulation. Oh… mais encore là… tu… prends… ton… pieds… Ça, j’avoue, je ne m’y attendais pas. Normalement c’est moi qui jouis en étranglant et là, t’as été plus vite que moi. Bordel… je n’ai jamais vu une fille comme toi. Même si tu es unique et que tout me plaît chez toi, je veux que ce soit bien clair, tente aussi longtemps que tu veux de me charmer, tu n’obtiendras jamais de privilège de moi. Je n’épargnerai jamais ton frère…

Elle pince les lèvres, s’avouant vaincue, comme si elle s’imaginait que je n’avais rien vu de ses piètres tentatives.

—Ensuite, j’ai noté un nombre incalculable de fois où tu aurais pu me tuer et tu ne l’as pas fait. Pourquoi ? C’est tout simple, parce que tu veux délibérément que je tue ton frère, mais ton subconscient t’interdit de le souhaiter, car Mikhail t’a tellement fait de lavage de cerveau que tu lui es loyale, jusqu’à la mort. Même si tu le voulais, tu es conditionnée à ne pas le souhaiter. Mais ton cœur dit autre chose… tu t’abandonnes au seul homme capable d’anéantir Mikhail, moi, au point que ton corps jouit de chacune de mes présences, de chacun de mes toucher, baiser ou même violence faite sur toi. Pourquoi ? C’est purement psychologique, tu me vénères pour ce que je m’apprête à faire à ton frère, seulement comme j’ai dit, tu es programmée à ne jamais trahir ta famille sous peine de mort. Et pour le sexe, je sais que t’es une créature malicieuse et tordue comme moi, aucune horreur ou paraphilie ou torture sexuelle ne viendra à bout de toi, puisque la seule vraie horreur que tu connais et que tu ne veux plus ressentir, c’est de te faire violer par ton propre frère, et ce depuis que tu as quatorze ans. Chaque violence sexuelle que je pourrais te faire, te serais agréable en comparaison du dégout profond que tu as pour ton frangin. C’est pourquoi quand je t’ai étranglée, ton corps a joui, c’est psychologique, une libération, car il me fait confiance contrairement à Mikhail. Ce qui me pousse aussi à penser que t’as jamais eu confiance en personne dans ta vie avant moi.

Figée, son regard reste ancré dans le mien. Puis, elle finit par se retourner sur le dos et soupirer.

—Tôt ou tard, tu devras abandonner ton combat. En plus, tu résistes pour un homme qui ne t’aime pas. Quand vas-tu choisir le bon camp ?

—Tu trahirais tes frères, toi ?

Je pouffe.

—Seyvanna, je les ai trahis des milliers de fois. Ils n’ont jamais pu compter sur moi, ni jamais été capable de me faire confiance. Ils savent très bien que je pourrais leur faire un coup à l’envers. Mes intérêts passent toujours avant.

—Alors c’est ça qu’on ressent quand on est incapable d’aimer ? Aucun mal à blesser les gens autour de toi ? Tu pourrais tuer ta famille ?

—Sans aucune hésitation. Joshua est loyal à la famille, même s’il déteste ce que ses frères sont. Jaylen a le sentiment du devoir de prendre soin de ses frères cadet. Mais moi… je ne ressens rien de tel. Je ne leur dois rien. Je suis attaché à eux, certes, mais l’attachement n’est pas de l’amour et ce ne serait jamais assez fort pour m’empêcher de choisir la liberté, si j’étais dans le même dilemme que toi en ce moment. Il va vraiment falloir que tu arrêtes de t’accrocher à cette ordure au détriment de ta vie.

—Il ne mérite pas pour autant de mourir, Jonas.

—Tu dis ça parce que t’es éprise de ton bourreau.

—De toute manière, arrête de me parler de lui. Tu te fiches bien de ce qu’il m’a fait et de mon sort une fois que tu me renverras là-bas. Si tu es aussi intelligent et calculateur comme tu le dis, alors tu sais très bien comment est Mikhail et qu’à la seconde où tu me renverras auprès de lui, il me punira pour avoir été faible, pour avoir laissé des hommes me violer. Il ne m’accueillera pas les bras ouverts. Sa colère se déchaînera sur moi.

Je garde le silence un long moment, je sais très bien qu’elle va morfler une fois de retour dans la mafia, sauf que tout ce qui m’importe réellement, c’est la suite : tuer Mikhail.

Je me lève du lit, défroisse un peu mon veston avant de sortir de la pièce, mais juste avant, en refaisant le nœud de ma cravate, j’envoie une réponse tardive à Seyv, d’une voix froide :

—En effet, je n’en ai rien à foutre de ce que Mikhail va te faire subir. Tu encaisseras, comme tu l’as toujours si bien fait, pas vrai ? Tant que tu feras ce que je te dirai de faire une fois là-bas, il y a que comme ça que tu obtiendras ta liberté. Et prépare-toi vite mentalement, car tu y retournes bientôt. Et oui, tictac… Et si tu me la fais à l’envers, je tuerai non seulement Mikhail, mais je te retrouverai et je te tuerai aussi. Crois-moi, tu ne veux pas devenir mon ennemie et être dans ma mire comme prochaine cible. Je suis bien pire que ton frère, mais ça, tu le sais déjà. C’est pourquoi je sais que tu feras le bon choix…

***

Plus tard, dans la cuisine, j’ai préparé des steaks et des légumes sautés, j’ai eu le temps de manger. L’assiette de Seyv et son verre de vin sont restés sur la table durant tout ce temps. Elle n’est pas sortie de la chambre. Une de mes esclaves est venu tout nettoyer, pour la millième fois. Il y avait du verre brisé partout après le passage d’Edja après qu’elle a lancé des verres, une bouteille et d’autres trucs. Mes écrans à l’entrée que Seyvanna avait cassé en éclatant la tête de Katerina, ont eu aussi été remplacés.

Je ne peux pas rester au penthouse puisque je dois me présenter au bar le волков [1] Mikhaïl m’a envoyé un texto pour me demander de venir le rejoindre là-bas. Je vais y aller seul, Dom va surveiller Seyv pendant mon absence.

Dans l’entrée, cachée dans un pan de mur, j’ouvre, à l’aide de mon empreinte une armoire dont Seyv ignore jusqu’à l’existence. Je m’empare d’un pistolet et ajoute un dispositif sur le canon. Un suppresseur. Je fourre l’arme à l’intérieur de ma veste. J’ajuste ma cravate et passe une main dans mes cheveux pour qu’ils soient impeccables. Je relève le col de mon manteau au niveau de ma nuque et enfile mes gants de cuir pour la moto. Je saisis dans la penderie du hall mon casque de moto avec la visière fumée. Je n’ai pas besoin de mon masque de crâne là-bas. La mafia russe connaît mon identité.

Je fais gronder la moto quand j’arrive près du boulevard où se trouve le bar. J’arrête le moteur une fois devant le bâtiment qui est déjà bondé de voiture de luxe. Il y a des motards dehors, reliés à la mafia, des membres du gang qui vont bientôt sombrer.

La chaussée est lustrée et éclairés de seulement quelques réverbères. La nuit est tombée et il a plu. Pluie qui va geler au sol durant la nuit à cause des températures rudes. Il y a même quelques tas de neige un peu partout dans les coins obscurs des ruelles et sur les trottoirs.

En me dirigeant vers la porte noire du bar, je vois mon reflet dans la grande vitre devant le bâtiment. J’enlève mon casque, le met au creux de mon bras et passe une main dans ma tignasse jusqu’à que ce soit parfait. J’ai toujours été imbu de moi-même et ça me plaît. J’affiche une attitude décontractée et laisse un sourire en coin naître à la commissure de mes lèvres. Mon regard est ombrageux et menaçant. J’ai hâte de voir la tête du parrain de la pègre !

Le motard près de la porte me regarde de travers. Je passe devant lui, mais il tâte mes vêtements pour faire le bilan de mes armes avant d’entrer, puis il m’ouvre. Ma démarche démontre une assurance implacable. Tous les gens qui se trouvent dans le bar se retrouveront bientôt dans une mare de sang et avoir très bientôt la ville à mes pieds me donne satisfaction. J’ai tout ce que je veux, quand et où je le veux. Et je n’ai besoin de rien faire, ni de me battre, puisque mes plans s’enchaînent comme des engrenages qui vont faire pleuvoir le sang.

La musique est forte. Si bien que tous ces gangsters hurlent d’une voix remplie de testostérone, ricanent foncièrement, et s’amusent bruyamment. Je marche lentement et observe tout le monde. Je finis par repérer une banquette au fond, avec une dizaine de personnes, dont Mikhaïl qui fume un cigare et boit directement au goulot d’une grande bouteille. Mikhaïl Pavlenski est le sosie du rappeur, G-Eazy. Il lui ressemble en tout point. Même grandeur, même tête, même regard, mêmes fringues, même attitude.

Dès qu’il me voit, il me fait signe d’une main de m’assoir parmi eux. Je prends place sur une banquette de la section privé, juste en face de lui. Je dépose mon casque près de moi et il me fait sa poignée de main, sortie tout droit du ghetto et reprend une taffe de son cigare. D’ailleurs, l’endroit est bondé de fumée. Une musique se diffuse, étonnamment ce n’est pas russe comme d’habitude, c’est plutôt To the Moon de Brennan Savage. Je sais qu’il aime bien se marrer du fait que j’ai vécu aux États-Unis et que j’ai fait honte à mes gènes russes, alors je pense que si ce soir il fait tourner de la musique américaine c’est pour que je ne sois pas trop « dépaysé ». Il a du mal à me blairer parce que je ne suis pas un russe pure sang. Depuis mon retour je ne suis qu’un petit branleur américain à ses yeux. Et je n’en ai rien à foutre, parce que le petit américain bâtard russe va s’emparer de son trône et de sa ville.

Une nana en tenue sexy s’approche avec un plateau de bières.

—Hé ! Niki ! Offre un truc à boire à mon invité !

La nana se tourne vers moi. Mes yeux la détaillent. Elle n’est pas très jolie. Par contre, elle a une belle bouche de suceuse. Mais une horreur comme ça, physiquement, je l’envoie directe à la déchiqueteuse pour nourrir les chiens errants.

—Tu bois quoi, beau gosse ?

—Un verre de Jack.

—Tout de suite… chantonne-t-elle en posant sa main sur mon épaule de manière chaleureuse.

J’observe sa main qui me touche puis la meuf s’en va. J’ai horreur qu’on me touche comme ça, putain ! C’est comme ça depuis que je suis gosse, je déteste la sensation du contact affectueux sur moi. Ça me donne des frissons qui déclenche une irritabilité chez moi. Ça doit être dû au fait que je n’ai jamais connu l’affection, ni de ma mère, ni d’une petite amie. Par contre quand Seyv a fait glisser ses doigts sur mon torse, mes bras, ma nuque et mes cheveux ; les frissons qui m’ont dévoré étaient exquis, à m’en faire perdre le contrôle.

J’essaie de ne pas faire une obsession sur cette Niki, car l’envie de me lever et de lui péter les dents contre le bar pour ensuite lui défoncer le crâne avec un verre brisé se terre une place dans ma tête. Cette meuf m’a touché comme si je le lui avais permis et ça m’agace. C’est comme si elle m’avait diminué, comme si j’étais un client comme un autre. Elle sait qui je suis, cette pute ? Je décide de me changer les idées en commençant une discussion avant que mon expression aimable se détériore :

—Mes hommes et les tiens ont trouvé quelque chose ?

Je lui ai envoyé mes meilleurs gardes pour l’aider, même si les miens sont tenus au silence, sachant que c’est moi qui détiens sa sœur. Mikhaïl pince les lèvres, la colère monte en lui.

—Rien ! On ne sait pas où elle est, putain ! On cherche tous les jours ! Je ne dors plus, je me défonce la gueule vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

—Elle est quelque part et on va la trouver. Fais passer le mot dans le réseau, que j’offre cinq millions de roubles russes à la personne qui nous la ramènera saine et sauve.

Sous le choc, Mikhaïl semble ravi.

—T’es sérieux ?! Tu lances une chasse ? Cinq millions, putain, merci mon pote !

Il me fait à nouveau une poignée de main et semble vraiment ému que je contribue à la recherche. Alors que sa douce et délicieuse petite sœur dort dans mon lit et que je me la fais tous les jours…

La serveuse revient et dépose mon verre sur la table devant moi. Elle me fait un sourire, me laissant savoir qu’elle me trouve de son goût.

—On dirait que tu as tapé dans l’œil de pas mal de filles, Jonas…

Mikhaïl me pointe les alentours dans le bar et un groupe de nanas me sourit lorsque je me retourne.

Une rousse qui jouait aux fléchettes avec un motard s’approche de Mikhaïl et vient s’assoir sur ses jambes. Elle commence à l’embrasser puis repart jouer.

—Depuis que je n’ai plus ma sœur à mes côtés, les filles ne me lâchent plus. À croire qu’elles veulent toutes se taper le nouveau et jeune parrain, ou prendre sa place.

Il a vraiment mauvaise mine. Ses cernes mauves sont creusés, ses yeux rouges de fatigue, il n’est pas en forme je pourrais même croire que si ça continue, il va frôler la dépression ou la folie. C’est normal, tout homme de pouvoir réagirait ainsi après qu’on lui a pris quelque chose et il a la pression après la mort de son père. Il vient à peine de mettre à feu et à sang un de ses gangs, il perd de l’argent… il va craquer… pour mon plus grand bonheur.

Mes yeux repèrent immédiatement Edja Pavlenski qui sort de l’arrière du bar, cette pièce qui sert au troc illégal et à stocker de la meth dans des barils de vin.

Il ajuste son costume, dressant ses épaules robustes et abordant sa fière allure. Lui aussi j’ai toujours trouvé qu’il ressemblait à un acteur, Matthias Schoenaerts.

Edja croise mon regard, mais ne s’attarde pas. Il fait une poignée de main polie à son filleul et lui indique qu’il doit partir. Mikhaïl n’est évidemment pas au courant que son oncle le trahit.

—Pourquoi tu voulais me voir ?

Mikhaïl prend une gorgée de sa bouteille, tire sur son cigare. Ses acolytes autour de lui sont occupés à boire et à papoter.

—Samedi, je t’apporte la cargaison de drogues que tu vas devoir vendre pour moi. Un camion contenant plusieurs barils. À l’intérieur, il y a de la meth, de l’héroïne, de la cocaïne. Je vais te parler des prix, du procédé et du délai dans lequel je veux que tu vendes pour moi. Tu bosses pour moi maintenant.

La fumée de son cigare envahi son visage et lui pique les yeux. Il a du mal à me regarder en face. Son esprit est vraiment ailleurs.

—Samedi c’est parfait. Le club n’ouvrira ses portes que pour toi ce soir-là. Et, pourquoi ne pas emmener tous tes amis toute la grande famille. Je pourrais offrir une soirée personnalisée, avec des filles, de l’alcool à volonté, histoire de souligner et célébrer l’ascension du nouveau parrain de la mafia. Ça mérite d’être fêté.

Je flatte son égo et il est fier.

—J’accepte volontiers ! Épate-moi, Jonas ! Montre-moi ce que ton club a de mieux à offrir.

Je penche la tête sur le côté en examinant sa réaction et un sourire se dessine sur mon visage.

—Oh… j’y compte bien. Je vais t’en mettre plein la vue…

[1] Волков veut dire les loups, en Russe.

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