Chapitre 10

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Seyvanna



Assise par terre, dans un coin humide de cette cellule qui sert de douche des tortures, j’ai laissé quelques indices. J’ai appris à laisser des traces de chacun de mes passages si un jour on venait à m’enlever. C’est comme ça pour tous les membres de ma famille. Tel que coller un cheveu arraché sur le mur et faire un « p » avec. Si un jour la mafia fait une descente ici et fouille les lieux, ils sauront que Jonas m’a enlevée. C’est pourquoi j’ai collé un de mes cheveux sur le marbre humide et froid en forme de « P » pour Pavlenski. Sinon, on peut aussi utiliser notre sang pour faire la lettre.

J’avoue que là en ce moment, je reste tranquille, car ça fait des heures que je suis enfermée ici et que j’ai froid. Je suis entièrement nue, impossible de fuir, la porte de la cellule est blindée ou comporte plusieurs loquets à l’extérieur. Même avec tous les trucs qu’on m’a donnés, sortir de cette pièce est impossible. Le seul moyen d’y parvenir, c’est de faire croire à Jonas que j’accepte son marché, que j’accepte de l’aider. Le but n’étant pas de rester dans ces lieux, d’être malmenée, battue et affaiblie. Je dois récupérer, prendre des forces et me barrer d’ici. Alors je vais manipuler Jonas pour arriver à mes fins.

Il ne manque vraiment pas de culot ce mec à croire qu’il peut s’assoir sur le trône de mon père afin de diriger le plus gros réseau criminel de la Russie. Être l’auteur d’un massacre tel que l’assassinat d’un gang de rue, pour ensuite faire éliminer les motards et la mafia. Il est complètement taré ! Le pire dans tout ça, c’est qu’il croit que je vais accepter de regarder mon frère mourir et de trahir ma famille ?! J’ai appris à être loyale envers la mafia au moment où je suis venue au monde. Je ne vis que pour la famille. Je ne connais rien d’autre ! Sans la mafia, sans Mikhaïl, je vais faire quoi ? Il parle de liberté, mais je n’ai pas d’avenir sans mon frère.

Je suis prête à tout pour que Jonas ne lui fasse aucun mal, alors je vais jouer le jeu…

À ce moment, la porte s’ouvre. Les pentures corrodées laissent un horrible écho grinçant de métal. Jonas et son bras droit, Dom, passent le cadre.

Le gars qui me garde captive ne retire son masque qu’une fois dans la pièce et après que son acolyte ait verrouillé derrière lui. Quelqu’un lui a fracassé le nez. Non seulement l’os semble dévier un peu, mais il reste du sang séché sur son visage et son veston. Il ne semble pas souffrir pour autant.

Il se rapproche et plie les genoux pour m’examiner de plus près. Sous mes yeux, j’observe les tatouages de son cou, ses mains et ses doigts. Sur sa main gauche il y a le symbole anarchiste, mais sur sa main droite, il y a la mâchoire d’un squelette. Le genre de tatouage qui donne l’illusion que le bas de son visage est un squelette s’il place sa paume sur sa bouche. On dirait qu’il a une fascination pour la mort, les crânes, ce n’est pas trop clair… Cependant, ses autres tatouages sont un mystère pour moi. En Russie, autant pour les prisonniers que pour les gangs, ou la mafia, chaque tatouage représente des marques de la vie de celui qui les porte. Ici, dans les réseaux, plus un homme est tatoué, plus il est respecté du fait de son vécu, généralement violent, qui démontre qu’il a tué, qu’il a honoré, qu’il a sacrifié des vies pour son gang.

Il brandit une main vers ma joue, pour écarter une mèche de cheveux encore mouillée. Il fait tellement froid dans la pièce, qu’il n’y a aucun moyen de sécher.

—Je viens de voir ton frère, souffle-t-il.

—Oh il t’aime bien on dirait, lui envoyé-je en faisant allusion à son nez fracassé.

—Il ne sait pas que tu es ici. Il te cherche et comme je l’avais prédit, il a mis à feu et à sang le gang de rue. Mon plan fonctionne. Chacun de mes pions avance. Alors, t’as réfléchi à l’opportunité que je t’offre ? Sois-tu fais ce que je te dis et tu gagnes ta liberté, soit tu meurs… à toi de voir. Mais je veux entendre ta réponse maintenant.

En relevant les yeux sur lui quelque chose se produit : ma respiration s’accélère et je me sens toute molle. Jonas continue de me fixer, sans ciller, sans bouger, tel un prédateur qui foudroie sa proie attendant d’attaquer. Un frisson parcoure la surface de ma peau, faisant durcir mes tétons au passage. Heureusement, mes jambes repliées contre moi, lui cache la vue de mes seins.

Putain… pourquoi j’ai l’impression de me liquéfier devant lui ?! Ce n’est pas uniquement avec son physique qu’il réussit à m’avoir, une étincelle se produit chaque fois qu’on se dévisage. Je crois que je suis excitée de défier un ennemi.

À présent je n’ai plus froid Mon cœur bat si vite qu’il réchauffe le sang dans tout mon corps. Même si je sens cette agréable humidité mouillée mon sexe, je décide de rester concentrée sur mon devoir. Mon devoir en tant de Pavlenski.

—J’accepte.

Fière d’avoir menti à l’ennemi, ma joie redescend vite lorsque Dominik et Jonas attrapent mes bras brutalement et me plaquent dos contre la table !

—Non ! crié-je, non ! J’ai dit que j’acceptais, merde ! Pas le jet d’eau !

Mon corps tremble au moment où je comprends que ce sera une autre forme de torture qui m’attend. Pendant que Dominik m’écrase de tout son poids, de même qu’un genou contre mon bras droit, il offre mon poignet gauche à Jonas et le maintien avec force. Jonas sort une petite bouteille de sa poche !

Je me débats, mais comme ils m’ont affaiblie avec la température basse toute la journée, je ne sens plus trop mes mains et mes jambes. La chaleur qui occupait mon corps à vite disparu en voyant que je vais encore morfler.

La seconde suivante, je vois Jonas verser se liquide si brûlant qui me charcute la chair, je la vois littéralement fondre comme de la cire ! J’ai beau retenir mon souffle et ravaler mes larmes le plus longtemps possible, lorsqu’il verse à nouveau ce produit toxique sur ma plaie, un cri de souffrance sort automatiquement de ma bouche. J’ai appris à ne pas pleurer ni crier, mais là, c’est atroce !

—La liberté a un prix, ma jolie. Là, je te retire ton tatouage d’appartenance à la mafia avec un peu d’acide. Un jour, tu me remercieras…

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