Chapitre 1

16 minutes de lecture

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Pour un public averti ( 18 ans et + )

MONSTER n’a rien de magnifique, les pages abondent de violence gratuite, de manipulation, de scènes gore. Laisse tes convictions sur le paillasson avant de t’immerger dans les abysses du mal, car : nécrophilie, gang bang, viol, torture, inceste, trafic humain et d’autres abominations se trouvent à travers ces pages.

Vous l’avez réclamé, alors pour les fans de ce personnage, voici enfin l’histoire non censurée, qui relate la vraie nature de Jonas Somber Jann : celle d’un monstre.

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« La folie, comme tu dois le savoir, c’est comme la gravité : ça ne réclame qu’une petite poussée ! »

-The Dark Knight, The Joker

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Seyvanna

—Sers m’en un autre, lancé-je à la barmaid.

Elle s’active à m’offrir un nouveau shoot de vodka que je vide d’un trait. C’est mon sixième et je sens ma vision se brouiller et mes sens défaillir peu à peu. Il y a un immense miroir sur le mur, face à moi. Les lueurs des faibles lumières rouges font ressortir les nombreuses bouteilles d’alcool. J’aperçois brièvement mon reflet. Mon masque vénitien noir sur mon visage et mes longs cheveux charbonneux se fondent dans la pénombre de ce club. Mais ils contrastent avec mes yeux, couleur émeraude. J’en ai marre d’attendre ici, toute seule. C’est pourquoi je demande une vodka double dans un verre, cette fois. Dès que je l’ai, je pivote sur mon tabouret ; en me relevant, mon corps chancelle. La musique est bruyante, mais entrainante. Un énorme Monster est écrit en néons rouges sur un mur de briques noires. La place a un aspect très gore. Avec ses filles nues dans des cages suspendues et cet étrange sol en marbre rouge sang. La boîte de nuit le « Monster » ne ressemble en rien aux autres clubs que j’ai fréquentés. D’abord, le port d’un masque est obligatoire, pour dissimuler l’identité de tout le monde. Une règle très stricte. Chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression de me retrouver dans les films « American Nightmare ». Les gens sont défoncés et portent tous des masques effroyables et différents. On dirait que l’heure de la purge a sonné. Le Monster est ouvert tous les week-ends pour une clientèle privée seulement, il faut être membre et porter la marque sur le poignet. Cependant, il est ouvert à tous exceptionnellement, mais qu’une fois par mois. Le patron de la boîte veut attirer surtout une clientèle féminine, alors il offre l’alcool à volonté et toutes sortes de stupéfiants gratuitement. Comment je le sais ? Parce que je suis Seyvanna Pavlenski, la fille de Barron Pavlenski : le parrain de la mafia russe. Ma famille possède le réseau de drogue qui fournit tous les secteurs y compris les bars, etc. Avec un large commerce illégal d’armes, les Pavlenski manipulent des milliards. Ma famille excelle dans le blanchiment, avec ses compagnies offshores et les nombreuses banques qu’elle possède. Si je viens au Monster une fois par mois, c’est pour accompagner Mikhaïl, mon frère, qui vient chercher le fric que le patron d’ici doit à ma famille. Le propriétaire de cet endroit a une réputation de malade. Personne ne connaît son identité et personne ne peut l’approcher -excepté la mafia qui fait affaire avec lui, mais ils n’ont pas plus vu son visage-. Apparemment, ce fou qui possède le club Monster, fait environ un million par mois avec son business, et la mafia russe vient chercher sa part. Un bénéfice de 60%. C’est pourquoi mon frère vient ici tous les mois. Après tout, ce club est sur notre territoire, il doit allonger les billets. Si le patron du club refuse de payer les Pavlenski, la mafia va faire sauter son bel immeuble luxueux dissimulé au cœur de Moscou. Même s’il est protégé par de nombreux gardes armés, ma famille est beaucoup plus puissante que ce type. C’est une question de pouvoir. Mais il a toujours payé. Il faut dire que Mikhaïl se fait respecter, comme il remplace le parrain de la mafia officiellement, d’ici un an ou deux, en étant le successeur, ça fait de lui un homme très puissant. Il n’a que vingt-neuf ans et il a tout à ses pieds : les femmes, l’argent, une famille qui le vénère, une protection accrue, alors que moi c’est tout le contraire. Je n’ai que dix-huit ans, ma famille ne me considère pas autant importante à ses yeux que mon frère. Et qui plus est, Mikhaïl passe son temps à me frapper et à me donner des ordres. Je n’ai pas le droit de me mêler du trafic, de faire partie de la gestion. Je suis mise à l’écart. J’ai surtout le droit de fermer ma gueule. Cela dit, je dois toujours être irréprochable. Les gènes des Pavlenski doivent être impeccables et ne jamais démontrer aucune faiblesse, et dégagent la beauté ultime. C’est pourquoi très jeune, j’ai appris à me battre, à savoir comment me libérer si on me kidnappe, à tuer un homme et à encaisser les blessures physiques et mentales. Telle est ma vie. Je suis désormais une femme et dont les hommes n’osent pas approcher, à cause de ma famille. De toute manière, je peux tuer qui je veux. Excepté un membre de ma famille. Même si j’avoue avoir déjà pensé tuer mon frère à l’âge de 14 ans, quand Mikhaïl avait picolé avec nos cousins et qu’il m’a violée en pleine nuit après s’être faufilé dans mon lit... Il avait vingt-cinq ans au moment des faits. Je n’ai en aucun cas le droit de regarder un autre homme, d’avoir des sentiments pour quelqu’un ou des rapports sexuels avec qui que ce soit, Mikhaïl est beaucoup trop jaloux possessif. Je n’ai aucune liberté et je lui appartiens ; mon père n’en a rien à foutre de ce que Mikhaïl me fait. Il m’a déjà dit « Seyvanna, estime-toi chanceuse que Mikhaïl te surprotège et te désire, car dans le cas contraire, tu serais en danger et probablement déjà morte, éliminée par nos ennemis, s’il ne veillait pas sur toi. Ton frère dégage le danger, le pouvoir, personne n’osera te toucher grâce à lui et sa protection. N’oublie jamais que le corps n’est qu’une enveloppe. Apprends chaque jour à encaisser les coups, la douleur, l’important c’est que ton âme se forge et devienne imperturbable, que quoi qu’on te fasse subir, jamais tu ne seras démolie » J’ai acquiescé poliment pour ne pas être punie et j’ai regagné ma chambre sans broncher cette nuit-là où mon propre frère venait de me prendre ma virginité. Je respecte mon père, ma famille. C’est sacré. J’ai pratiquement vécu toutes les formes de torture et aujourd’hui j’en suis un peu plus immunisée. À vrai dire, les coups, je m’en fiche, c’est une normalité, tout comme la violence qui décore ma vie depuis mon plus jeune âge. J’ai vu des meurtres, du sang et des gars démembrés dès l’âge de quatre ans. L’âge où j’arrive à m’en souvenir. C’est vrai que malgré tout ce que j’ai vu et vécu, mon frère reste mon pire cauchemar. Il est comme ça avec moi, car il adore exercer son pouvoir sur tout le monde. Donc je n’y échappe pas. Ironiquement, il a toujours voulu prendre soin de sa petite sœur, mais c’en est devenu une obsession pour lui, à un tel point que je suis devenue sa propriété et qu’il a développé un goût particulier à me faire du mal lui-même. Les gens qui ne comprennent pas ma famille ou leur mentalité me diraient de fuir. Mais je ne connais rien d’autre. Pour moi, c’est la normalité. Comment je peux savoir comment les autres vivent si je ne connais que la violence, la soumission et les crimes ? Les familles, dites parfaites, que je vois dans les films me paraissent si loin de la réalité. Des pays où les armes sont interdites, où il faut suivre des lois et un gouvernement. Je ne connais pas ça, moi. Je suis dans un autre mode de vie. Et même si je voulais fuir pour vivre autre chose, je me ferais tuer, car on ne sort de la mafia que par la mort.

Mon père donne plus de responsabilités à mon frère pour qu’il participe à des assassinats et toutes sortes d’horreurs, pour que la famille reste au pouvoir. Il le prépare à être le futur parrain. Je dois l’écouter au doigt et à l’œil. Ce soir, il m’a obligée à l’accompagner comme à chaque fois, et je n’ai pas le droit d’aller aux toilettes, je dois rester à la vue des caméras dans le club, car selon lui, c’est un endroit idéal pour qu’on m’enlève. Il m’a déjà dit que les gangs ennemis, cherchent souvent à atteindre les sœurs, les femmes ou enfants des mafieux en guise de vengeance ou de représailles. Je suis une cible constamment. Ma famille tue tellement de gens que les représailles, c’est quotidien. Honnêtement, ça ne me stresse pas du tout. Un ennemi de la famille me traitera toujours mieux que mon propre frère. Et puis, je sais me défendre, quiconque me touche, je le tuerai.

Je me laisse aller et danse au rythme de la musique tout en prenant des gorgées de mon verre. Sous ma robe rouge satinée, je ne porte pas de soutien-gorge. Même si on remarque mes tétons à travers le tissu, je suis la nana la plus vêtue de la place. L’immeuble comprend plusieurs paliers. Le premier étant consacré au club, puis les trois ascenseurs au fond où des gardes armés et cagoulés limitent l’accès, sont réservés aux autres étages. À mon avis, le gars qui gère le Monster est un proxénète et comme chaque étage ressemble à un hôtel, forcément il y a des filles qui se prostituent dans des chambres. C’est comme une sorte de boîte de nuit tordue et à la fois un bordel privé qui cache de nombreux mystères. Les filles qui bossent ici, le font contre leur gré et appartiennent au réseau du Monster, même la barmaid aux seins nus avec ses cache-mamelons en or.

La musique de club russe change et émet un style totalement différent, c’est Alpha Omega de Machine Gun Kelly qui se diffuse. À ce moment précis, un peu plus loin dans la section loge et privée avec des banquettes, je repère un homme. Il marche vers son fauteuil de cuir noir capitonné tout en faisant tourner une étrange canne noire avec une tête de mort, dans sa main. Posture droite, vêtement impeccable, costard couleur charbon et masque en crâne noir sur le visage, il m’intrigue au plus haut point. Le contour de sa tête est rasé, excepté le dessus, où jaillit une tignasse blonde, voire polaire, qui tombe sur le côté de son visage. On dirait un de ces personnages de DC avec son look et son attitude énigmatique. Il est escorté par pas moins de quatre hommes cagoulés et armés de AK-47. Je continue de danser tout en l’observant furtivement. Je vide mon verre et sent un peu plus les effets m’envahir. Je me déhanche et laisse la douce ébriété couler dans mes veines et m’offrir un peu de sérénité intérieure. Le mec au masque de crâne noir s’assied sur son fauteuil qui donne une vue d’ensemble sur le club, tel un prince des ténèbres qui garde un œil sur son empire. Il arbore des tatouages sur les mains, les doigts et le cou. Son attitude me fait drôlement penser au Joker : psychopathe qui règne sur Gotham. Celui-ci est sans aucun doute celui qui règne sur Monster… C’est la première fois que je le vois. Il reste dans l’ombre, mais tout de même, si c’est lui, il n’est normalement pas du genre à se montrer. Ça veut aussi dire que mon frère en a terminé avec lui. Il a son argent, je vais pouvoir partir bientôt. Mais je reste hypnotisée par cet homme. Une fumée de cigarette jaillit de l’ouverture du masque près de sa bouche. Il se fait verser un verre de Jack Daniel’s par une serveuse entièrement nue et il arrive à le boire sans mal, malgré ce masque.

Je continue de danser au son de la musique qui envahit la place. J’ai terriblement chaud. Ma peau est moite, ma tête tourne, mes gestes sont de moins en moins cohérents.

Soudain, alors que je perds de plus en plus le contrôle de ma vision, mon ouïe et mes gestes, je pivote et regarde tous les masques autour de moi qui s’agitent. Ces gens qui dansent, complètement défoncés qui ne se soucient pas de moi. La puissance de la musique fait vibrer mon corps et le sol tremble sous mes talons. Les lumières et les masques d’horreur qui m’entourent vont sous peu me faire halluciner.

En détournant les yeux, la seule chose que j’arrive à voir clairement, c’est ce type toujours assis sur son fauteuil à fumer et à boire. Je constate une chose : que son masque semble démontrer qu’il a les yeux rivés sur moi. Il passe une main très lentement dans ses magnifiques cheveux blonds. Je crois savoir pourquoi il ouvre son club au public une fois par mois : si c’est un proxénète et que j’ai vu juste, il appâte les filles ainsi. Ce genre de soirée l’aide à repérer de la chair fraîche… J’espère que le fait qu’il semble me contempler ne veut pas dire qu’il me voit comme une proie… Il ne sait pas qui je suis ? Même si je ne vois pas tout à fait ses yeux dans cette pénombre, j’ai le sentiment de sentir son regard me brûler la peau. Ce sentiment de me sentir complètement nue et vulnérable. Ça me déstabilise. Un délicieux, et à la fois, terrifiant frisson, parcourt mon corps tout entier.

Le type fait un signe de la main à un de ses gardes pour lui dire un truc. Laissant écouler quelques secondes à écouter les ordres de son chef, le garde finit par se redresser et… la seconde suivante, il vient vers moi ! Oh merde… J’ai un couteau dissimulé dans ma jarretière en cuir et je n’hésiterai pas à l’utiliser, cela dit, je ne suis pas en pleine possession de mes moyens, pourquoi j’ai bu autant ? Or, sa démarche ne semble pas menaçante, au contraire, il s’arrête à distance, me fait signe de sortir de la foulée et d’aller avec lui près du bar. Je m’exécute en restant le plus possible à l’affut d’un piège, j’essaie aussi de ne pas laisser paraître que je suis bourrée, même si je suis certaine que je tangue à l’occasion. Debout près du bar, à distance des autres, le garde me tend une carte rouge avec un crâne noir comme logo. Il se penche ensuite vers moi pour me dire à l’oreille :

—Il t’offre le pass pour l’accès à l’ascenseur jusqu’à son penthouse, au dernier étage.

Je tourne la tête pour contempler ses yeux à travers la cagoule. Ses mains gantées tiennent l’arme imposante. Je déglutis lentement. C’est bien la première fois qu’un homme -en dehors de Mikhaïl- daigne me regarder sans craindre la mort. J’ai le cœur qui bat à cent-mille à l’heure. J’angoisse. Ce n’est pas bon. Pas bon du tout. Clairement il ne sait pas que je suis la fille de Barron Pavlenski, autrement, il ne jouerait pas avec le feu.

—Euh… Non. Merci, mais non. Je suis désolée, soufflé-je soudainement embarrassée.

—Je me dois d’insister, fait-il en glissant le pass sur la surface du bar dans ma direction. Tout a un prix dans la vie.

D’accord, génial. Il croit que je vais me laisser acheter ? On me doit plus de respect, surtout venant du propriétaire du club qui fait affaire avec ma famille, c’est insultant.

—Comment tu t’appelles ?

—Dominik, mademoiselle.

—Alors que les choses soit bien claires, Dominik, dis-lui que je suis la sœur de Mikhaïl Pavlenski. Il n’a pas le droit de m’approcher ou de me manquer de respect. Il vaudrait mieux qu’il ne pose plus jamais les yeux sur moi.

Alors que je pose un coude sur le coin du bar pour ne pas perdre pied, le garde reprend sa carte, retourne voir le propriétaire de Monster et lui transmet mon refus -ou ma menace-, tout dépend comment il intercepte mon message. Je vois le type avec le masque de crâne noir se relever très lentement, passer une main dans ses cheveux et il semble me fusiller, comme si ma réponse lui déplaisait. Il dégage quelque chose d’effroyable. Néanmoins, je garde mon sang froid et ne me laisse pas intimidé par lui. Je lui fais une sorte de révérence avec un sourire narquois, pour l’envoyer cordialement se faire foutre. Bien que je ne voie pas son visage, je suis pourtant instinctivement convaincue que ce mec est sexy comme le Diable en personne. Il n’y a qu’à voir son allure, sa tignasse, ses tatouages et sa prestance qui glace le sang pour ressentir qu’à même cette distance, il produit un effet sur moi. Sans toutefois savoir ce que c’est exactement. Je n’ai jamais eu ce genre de frissons. J’aimerais bien voir son visage, à ce connard qui a essayé de m’acheter comme un vulgaire jouet. Je n’ai jamais été courtisée et je n’ai jamais couché avec un autre homme que mon frère. L’idée même de penser que ce type aimerait m’approcher, m’angoisse telle une pucelle apeurée face à l’inconnu. Mais ça ne m’empêche pas de lui envoyer un sourire salace voyant qu’il me lorgne toujours.

Soudain, quelqu’un derrière moi saisit brutalement mon poignet, me faisant tourner sur mes talons et je reçois un coup brutal au visage ! Déboussolée, j’essaie de voir ce qui se passe, mais on me tire à travers la mêlée ! J’arrive à détecter que la main qui m’agrippe, est celle de Mikhaïl. Il m’a cogné le nez cet abruti ! Et devant tous ces regards ! La musique est trop bruyante pour que je puisse lui parler. On longe un long couloir jusqu’à ce qu’il pousse une porte menant à une sortie vers la ruelle où notre 4x4 noir nous attend. Mes cousins sont dans le véhicule. En sortant, je glisse sur une plaque de glace. Mikhaïl me rattrape, évitant que je ne m’affale et me ridiculise. Il attrape mon verre, le fracasse contre le mur, pour ensuite saisir violemment ma mâchoire et plaquer mon dos contre le mur de briques gelé !

—À quoi est-ce que tu joues, putain ?! s’énerve-t-il.

—Rien !

—Tu fais du charme à ce type ?!

D’une main, il arrache mon masque pour inspecter au mieux mes yeux.

—Et t’es saoule, Seyvanna ?!

—Je… j’ai bu un verre ou deux. Je trouvais le temps long, habituellement tu en as pour quinze minutes, tu prends l’argent et on dégage et là… ! Je te ferais remarquer que ça fait deux heures que je poirote ! Je voulais juste passer le temps et puis…

Je cesse de parler lorsqu’il souffle comme un taureau enragé contre mon visage. Ses iris sombres me foudroient. Sa tignasse noire lui tombe sous les yeux. Il est tellement grand que j’ai l’air d’une gamine face à lui. On est au mois de novembre et le froid extérieur laisse une buée s’échapper de nos lèvres. La cicatrice sur le visage de mon frère me donne toujours une chair de poule. Marqué par une lame de couteau du front jusqu’à la mâchoire, passant par-dessus sa paupière gauche. Il a failli y perdre un œil. Cette marque qui défigure la moitié de son visage a été faite la nuit où ma mère a été assassinée par un gang de rue. Mon frère, alors âgé de douze ans, a presque perdu aussi la vie, car un membre de ce gang l’a mutilé au couteau, non seulement il a tronqué son visage, mais il a été poignardé deux fois dans le flanc avant que le gang trouve la mort sous une pluie de balles de la mafia. Mikhaïl a survécu. Mais cette marque horrible me rappelle que je n’ai pas pu connaître ma mère, car je n’avais que deux ans et je serai toujours redevable envers mon frère : cette nuit-là, il a eu le réflexe en voyant ce gang pénétrer dans notre maison, de me cacher dans la penderie pour que je ne sois pas assassinée.

Mikhaïl entoure ses longs doigts très puissants autour de ma gorge, sous les yeux de mes cousins qui ne lèveraient pas le petit doigt si un jour il voulait me tuer. Sa bouche se rapproche de mon oreille ; alors qu’il comprime ma gorge, je sens la menace venir…

—Tu n’avais qu’une chose à faire, c’était de m’attendre sagement au bar. Non seulement tu picoles sans modération, ce qui te rend vulnérable, mais en sortant de l’ascenseur, je t’ai vue… comme une petite pute, tu t’es déhanchée devant le propriétaire du club et ensuite tu lui offre des sourires et tente de le séduire ! Je suis en affaire avec ce type, c’est un pote, si tu oses flirter, il deviendra mon ennemi et ça, ce n’est pas bon pour les affaires. Ne viens pas foutre la merde !

Alors qu’il relâche sa prise, je peux enfin retrouver mon air. Je soupire bruyamment, mais ne montre jamais ma douleur.

—T’exagères, tu as mal vu, Mikhaïl.

Sans l’avoir vue venir, une gifle percute ma joue si violemment que mon premier réflexe est de lâcher un cri de surprise et de porter une main contre ma blessure !

Il brandit son index sous mes yeux et m’injurie :

—Ne t’avise plus jamais de le séduire !

Il attrape mon menton pour que je relève la tête.

—C’est on ne peut plus clair ! J’ai compris ! Lâche-moi !

J’écarte mon visage pour me défaire de sa prise. Énervé, il replace abruptement son veston et sa cravate, comme s’il les avait froissés et crache :

—Monte dans la bagnole.

Mikhaïl m’ouvre la portière du côté passager, je me glisse sous le siège en cuir chauffant qui est aussitôt agréable contre ma peau. Comme à l’habitude, sous la supervision de mes cousins à l’arrière, se trouve un sac avec les six-cent-mille billets que le type de Monster a donnés à la mafia.

Mon frère prend place derrière le volant et démarre en trombe.

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