Mardi 7 octobre / 2

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Julie

Le jean lui va bien, décidément. J'aime le voir de manière décontractée. Sa chemise noire fait ressortir encore davantage sa peau mate et ses yeux sombres, il a retroussé les manches et laisse apparaître ses avant-bras musclés. Je ne peux pas rester comme ça, juste à le regarder sans aller le saluer. Mais mes pieds sont comme cloués. Heureusement, il bouge et cela suffit à me réveiller. Nous nous retrouvons proches l'un de l'autre et j'embrasse ses joues. L'envie de me blottir dans ses bras est bien réelle, mais si je craque maintenant, nous ne ferons aucune avancée ce soir.

— Bonsoir, dis-je doucement. Tu as fait vite.

Il me sourit et me réclame une visite des lieux. Je commence par l'étage du haut, expliquant le choix de chacun, lui montrant sa maison depuis la fenêtre de Tiphaine et les propositions du jeune pour redonner un rafraichissement à la salle de bain. En redescendant, le grincement d'une marche me fait grimacer.

— Il faudra faire quelque chose pour ce bruit. Je demanderai à Kevin s'il connaît un truc.

— Je pense plutôt que c'est une bonne alarme, susurre-t-il dans mon dos.

Je ferme un instant les paupières, m'apercevant à quel point cette proximité m'a manqué. Je respire doucement, l'intensité dans la pièce vient de monter en flèche. Je me retourne lentement et happe son attention. Son regard est incroyable, son sourire enjôleur. Je peine à rester calme. Je cligne des yeux puis m'éloigne pour garder un semblant d'emprise sur mon corps. Je lui présente encore la cuisine, le salon et ma future chambre.

— Tu as du scotch de carrossier ?

— Oui, dix rouleaux dans le coffre de ma voiture.

— Je vais les chercher. On bosse une petite heure puis on grignote, ça te convient ?

Une heure ? J'ai faim moi. Mais oui, une heure, c'est plus que raisonnable.

On reprend nos regards aguicheurs, s'approchant l'un l'autre sans se toucher, ni même se frôler. Il s'occupe du haut des cadres de porte et des fenêtres pendant que je m'agenouille pour protéger le bas.

Nous terminons le couloir lorsqu'il me propose de faire une pause. Il me précède dans l'escalier, avance lentement, me laissant le rattraper. Je souris de ses attentions même minimes et pourtant pas inexistantes. Arrivé en bas des marches, il s'arrête, se retourne et je me retrouve à sa hauteur. Il embrassa tendrement mon lobe de l'oreille gauche. J'en frissonne. Sans s'éloigner, il recule simplement son visage pour échanger un regard. À mon tour, je dépose mes lèvres sur sa joue. Il m'imite, puis je m'avance doucement près de sa bouche, offrant un baiser à la commissure. Il esquisse un sourire en chuchotant :

— C'est incroyable ça ! rit-il.

— Qu'est-ce qui est...

Je suis interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Je regarde ma montre et explique :

— Ce sont les enfants. Ils m'appellent tous les soirs pour me dire bonne nuit.

Manu s'écarte pour me laisser répondre. Sa présence me manque dès qu'il n'est pas près de moi.

Tiphaine me demande quand elle peut me rejoindre, elle refuse catégoriquement de rester une nuit de plus chez ma belle-mère. Je souris, lui proposant de me retrouver jeudi matin.

— Et pourquoi pas ce soir ?

— Demain, je travaille.

— Demain soir alors ?

— Je n'ai pas de place pour toi dans mon lit chez Tante Sophie.

Manu soulève ses sourcils et me demande s'il y a en une pour lui, dans mon lit. Je lui tire la langue avant de me retourner. Ma voix change de tonalité et ma fille s'en aperçoit.

— Tu te moques de moi ?

— Non. Pas du tout. Ta journée s'est bien passée ?

— La loose. J'ai rien le droit de faire, ici.

Quand elle dit qu'elle n'a rien le droit de faire, c'est surtout que ses grands-parents préfèrent qu'elle sorte se promener plutôt qu'elle reste cloîtrer entre quatre murs à tchater avec ses amis.

Emmanuel

Il vaut mieux que je m'éloigne. Elle reste maman avant tout et je me retrouve dans un sacré état près d'elle. Ces petits échanges, ces bisous d'une douceur incroyable, pleins de promesses m'ont complètement retourné. Mais elle peine à se lâcher totalement. Je l'entends parler à sa fille, puis aux garçons et lorsqu'elle raccroche, je lui lance :

— Tu n'as même pas une table ou une chaise et tu invites déjà tes amis à manger ? Va falloir t'améliorer.

— Promis, prochaine invitation officielle, tu auras au moins un escabeau pour poser tes fesses !

— C'est demain, ça ! Gaffe à tes promesses. Allez, viens on continuera après.

— Je n'ai pas de meubles, mais j'ai une couverture dans le coffre et des coussins, ça ne sera pas un cinq étoiles, mais c'est mieux que le sol dur, froid et humide !

Après m'avoir remercié pour l'aide, mais aussi pour le repas et le vin, elle répète sa question :

— Qu'est-ce qui était incroyable ?

— Pardon ?

— Avant l'appel téléphonique, tu as dit : « c'est incroyable ça ! »

— Même quand ma porte est grande ouverte et que tu as promis de faire le dernier pas, c'est encore à moi de venir te chercher !

En entendant mes mots, je remarque l'intensité de son regard changer. Elle se pince les lèvres, me dévore des yeux, pose son verre à côté d'elle et plonge dans mes bras, me renversant sur le sol. Surpris par son geste, je me laisse aller, l'accueillant sur moi, partageant ce premier baiser, d'une douceur incroyable alors que je brûle littéralement d'envie. Quel contraste avec mon impatience.

J'entoure son corps, la serre fortement contre moi et déguste cette étreinte. Mes mains d'abord sagement au milieu de son dos se font rapidement plus curieuses. Tirant sur le t-shirt que j'oblige à quitter son jeans, pour me permettre de toucher sa peau.

Elle frissonne et je poursuis mes gestes.

Enfin... Julie ! J'ai tellement attendu, espéré. Alors que mes doigts parcourent son échine, elle ne se fait pas curieuse, ne cherche pas à me caresser, me toucher. Il vaut mieux que je ralentisse.

— Pour notre première nuit, j'ai envie d'un endroit plus... confortable !

— Moi aussi, minaude-t-elle.

Elle pose ses lèvres sur les miennes, glisse le bout de sa langue quelques secondes près de la mienne puis se recule. Elle me prend le visage entre ses mains et me chuchote :

— Je veux bien essayer Manu. Je ne suis pas certaine de ne pas me perdre. Mais je ne veux plus te laisser loin de moi.

— Julie, susurré-je en l'embrassant tendrement.

— J'ai une première limite, poursuivit-elle.

— Laquelle ?

— Rien ne se passera chez toi !

— Rien de rien ?

— Rien. Des rencontres amicales, mais rien de plus.

— Je comprends. Promis. Je ne te toucherai pas chez moi. C'est tout ?

— Charlotte ne veut pas savoir quand on se voit. Elle aimerait juste te sentir bien... et imaginer que j'y suis pour quelque chose.

J'incline la tête. C'est peu et je ne sais pas encore très bien comment nous allons nous organiser, mais maintenant que je la tiens dans mes bras, je suis certain d'une chose : elle peut bien mettre toutes les limites qu'elle veut du moment qu'elle ne me repousse pas.

— C'est incroyable ce que tu m'as manqué, dis-je en resserrant mon étreinte.

Mon sexe se gonfle de désir.

— Ça va devenir difficile de résister, avec de tels arguments, susurre-t-elle en me mordillant l'oreille.

— Tu as une idée ?

— Pas vraiment non, sauf de rester sage jusqu'à la rentrée scolaire.

— Pourquoi si loin ? m'étonné-je.

— Je n'aurai mon lit que dimanche et la semaine prochaine mes enfants seront présents.

— C'est dans longtemps ! Trouve autre chose, dis-je en reprenant mes baisers dans son cou et en glissant mes mains sous son pull.

— Manu... arrête, j'ai vraiment... envie, mais...

— Dépêche-toi de me faire une proposition honorable, dis-je en la faisant rouler sous moi et lui écartant plus encore les jambes.

— Un hôtel ?

— Pour cette nuit ? Hum... je prends.

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