Jeudi 4 juillet / 4

4 minutes de lecture

Julie

— J'en ai envie, Manu... terriblement. Te dire non me demande une force incroyable.

— Ne me repousse pas, soupire-t-il en me tenant dans ses bras, sa bouche dans mes cheveux.

— Cela ne ferait qu'ajouter une donnée compliquée au problème.

— La raison t'oblige à me tenir éloigné, mais...

— Non, pas seulement, Manu. J'ai besoin de me retrouver avant de me perdre dans les bras d'un homme. Et le fait que tu ne sois pas libre n'est pas vraiment un argument que j'aimerais voir apparaître dans mon équation.

— Donc ?

— Amis, Manu. Amis... toi et ta femme... les enfants. Je ne peux pas embrasser le mari de mon amie, et encore moins faire l'amour avec lui.

— Et si...

— Chut ! dis-je en me redressant et en posant un doigt sur ses lèvres. N'insiste pas, s'il te plaît.

Au même moment, on entend une voiture se garer devant la maison et je quitte à regret ses bras. Il prend une respiration profonde, avant qu'il ne me tourne le dos et qu'il attrape les assiettes et ne s'occupe de mettre la table.

Retrouver le contrôle de mes émotions, cesser de rougir, de trembler, de le dévorer des yeux. Je me sermonne lorsque la porte s'ouvre sur mes garçons. Ma belle-mère réclame ma présence et je crains son regard. Je m'essuie les mains sur le torchon près de l'évier et la rejoins dans l'entrée. Tiphaine et Marion descendent au même moment et ma fille embrasse rapidement sa grand-mère qui lui fait ses dernières recommandations pour les vacances. Je lève les yeux au ciel. Elle ne part pas seule, mais bien avec ses parents. Nous n'avons pas besoin que chaque année, avant chaque départ en vacances, elle nous ressorte le même refrain. Et pour la première fois, je me sens la force de la contrer.

— Oui, nous ferons attention sur la route et surtout sur les aires de repos. Et Tim te préviendra de notre arrivée.

— Tu le lui rappelleras, parce qu'il risque d'oublier. Tu sais ce genre de chose n'est pas primordial pour un homme.

Tout comme de rester fidèle à sa femme, apparemment.

J'incline la tête, puis je souris de voir la voiture de Charlotte remonter l'allée. L'excuse idéale pour renvoyer ma belle-mère.

— Je n'ai pas vu la voiture de Tim. Il n'est pas encore rentré ?

— Non. Il a un rendez-vous tard. Nous ne l'attendrons pas pour manger. Je lui dirai que tu es passée, Cécile.

Je la vois plisser le front, réfléchir à mes paroles, ou analyser la situation, puis déposer une bise sur mes joues avant de s'éloigner.

Charlotte

J'ai cherché toute la soirée un indice, un regard, un sourire, une caresse, mais rien. Julie comme Manu n'ont rien montré. Amis, oui. Amants, non ! Pourtant s'ils se sont déjà embrassés... Je comprends pas.

J'ai bien tenté de lancer la conversation lorsque les enfants se sont éloignés, mais Manu a été très ferme dans son regard et son grognement. Si je voulais m'amuser en rentrant, valait mieux que j'oublie mon petit interrogatoire. Ou mes propositions.

La soirée est sympa. Sans son mari, Julie semble s'épanouir, prendre plus d'initiatives.

Et étonnament lorsque Tim nous rejoint, ce n'est pas elle qui modifie son comportement, mais plutôt lui qui reste en retrait. Julie nous propose un dernier café sur la terrasse. J'allais refuser, mais j'entends mon mari accepter. Tim se lève pour les préparer et Julie s'éclipse aux toilettes.

— Si on part maintenant, il va mal le prendre, Charlotte. On ne peut pas prendre parti, Julie ne le souhaite pas non plus.

— Ouais, mais j'avais déjà pas grand-chose à lui dire avant... alors maintenant...

Manu me fait taire d'un baiser et Julie nous remercie à mi-voix d'être restés.

— C'est difficile la cohabitation ? demandé-je.

Elle pouffe.

— Pas plus qu'avant. Mais il croit que tout le monde lui fait la tête et que j'ai monté nos amis contre lui. Ainsi vous lui prouvez que ce n'est pas le cas. Au moins avec vous. Et vous alors ? L'Italie ? Vous vous réjouissez ?

Manu lui montre les photos du lotissement et la plage à proximité, détaillant les nombreuses activités que nous avons prévu de faire, avec et sans les enfants, puis répète pour Tim. On essaie de faire des efforts, mais tout semble moins spontané et c'est finalement Manu qui prétexte une fatigue soudaine.

Une fois près des autos, il m'embrasse tendrement les lèvres en disant qu'il me suit. C'est l'inconvénient d'être venu à deux voitures.

En revanche, si le trajet retour a été d'une sagesse exemplaire, l'arrivée dans la maison pourrait faire rougir n'importe qui. Ma clé dans la serrure, une main sur la poignée, Manu derrière moi, ses mains sous ma robe, je me tortille. Entre impatience et gêne, oui même moi, je sais qu'il y a des endroits où c'est mieux de ne pas se montrer en public. Et l'allée de notre maison, n'est ni à l'abri des regards ni suffisamment sombre pour éviter qu'un voisin n'assiste aux caresses que Manu m'offre.

Ses doigts me fouillent et je peine à tourner la clé. Une lueur traverse mon esprit. Il est sacrément gourmand quand il quitte Julie. Gourmand et impatient. Cela ne me gêne pas, mais j'espère qu'il n'en souffre pas. J'ai envie de lui poser la question, mais je crois que ce n'est pas le moment. Un éclair me transperce, un gémissement m'échappe, la serrure cède et nous voilà projetés à l'intérieur de la maison. La porte claque, ma culotte se retrouve en lambeaux à mes chevilles et mon cul est immédiatement investi par ses doigts curieux alors que ma chatte enserre sa queue. Bordel, j'aime son impatience.

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