Jeudi 4 juillet / 3

4 minutes de lecture

Julie

J'assaisonne la sauce à salade, Manu clôture son appel dans mon dos, lorsque Tiphaine descend en courant.

— Maman... maman... tu peux me laver encore cette robe ? Il faut absolument que je la prenne avec.

— Mets-la vers la porte de la cave, j'irai à la buanderie après. Mais c'est la dernière machine que je fais.

Je sors diverses salades du réfrigérateur, assaisonne la viande et prépare la vaisselle pour l'emmener sur la terrasse. Je sens la présence de Manu derrière moi. La proximité des enfants l'empêche de s'approcher, mais son regard me brûle.

— Merci pour l'idée du cadeau. Je me réjouis déjà, dis-je pour reprendre une contenance.

— Tu as deviné ou il te l'a avoué ?

— Deviné. En général, je me l'achète toute seule, mon cadeau. Alors pour une fois qu'il a fait l'effort et qu'en plus, il soit tombé pile sur ce qu'il fallait...

— J'ai entendu ce que tu as dit à Tiphaine.

— Tout ?

— Je crois oui. Tu as protégé son image de père.

— Ça ne la regarde pas. Que sa vie change oui, les raisons pour lesquelles elles changent, je trouve que ce n'était pas indispensable. Pas tout de suite, du moins.

— Il a de la chance.

— Non ! Il avait de la chance !

— Tu ne changeras pas d'avis ?

— Je ne pense pas. Je ne vois même pas comment je pourrais lui refaire confiance.

— Il rentre à quelle heure ?

Je tourne la tête, le fixe intensément, hausse les épaules puis lui précise qu'il ne sera pas là pour le repas.

— Et les garçons ?

Je jette un œil à l'horloge avant de répondre :

— D'ici une heure. Ma belle-mère a été les chercher à l'école. Elle voulait les voir encore un peu avant les vacances.

— Une heure, répète-t-il songeur.

À quoi pense-t-il ? Pourquoi garde-t-il le silence ? Et pire,... son attention n'est plus vraiment portée sur moi, mais plutôt sur le fond de sa bouteille de limonade. Qu'est-ce que cela signifie ? Je fixe ses mains, me souvenant de leurs caresses, de leur chaleur, puis j'admire ses épaules et l'ensemble de son torse en espérant un jour retrouver le plaisir de me lover contre un tel corps. Peut-être même contre lui ? Non ! Je ne dois pas.

Je ne dois pas repenser à sa bouche sur mes lèvres, sa langue se frottant contre la mienne, son souffle dans mon cou et ses regards langoureux. Je ferme les yeux.

Je n'en ai pas le droit. Il faut que nous restions amis, j'en ai besoin. Tout s'effondre autour de moi, je ne peux pas me permettre de perdre également leur amitié que ce soit celle de Charlotte ou la sienne.

Je dois me reprendre et arrêter de penser à Manu comme à un éventuel amant. J'ai rêvé d'une étreinte, qu'il me faisait l'amour. Et même s'il a réveillé mon désir et que je me sens belle dans son regard, il doit bien y avoir d'autres hommes comme lui. Plus attentif que Tim, cela ne doit pas être si exceptionnel.

— Il y en a eu un autre ? demande-t-il soudain.

J'ouvre les yeux, surprise d'entendre sa question puis secoue la tête.

— Pourquoi ?

— Une chose après l'autre. Pas envie de tout mélanger.

— Mais tu viens de dire que tu ne lui pardonnerais pas. Et tes besoins ?

— J'ai fait sans pendant longtemps. Ça reviendra. Lorsqu'une occasion se présentera, j'hésiterai moins.

— Je rêve... d'un peu plus qu'un simple baiser, murmure-t-il si bas que je dois tendre l'oreille.

J'ai envie de lui répondre : moi aussi. Mais je ne peux pas. Pas avec lui. Je sens le danger à chaque instant, à chaque regard. Et pourtant, lorsqu'il s'approche les yeux braqués sur moi, que ses mains frôlent mes épaules dénudées, que son souffle caresse mon visage, que ses lèvres s'écartent l'une de l'autre et que son visage se penche je n'arrive pas à me soustraire de son emprise.

Charlotte

Les souvenirs se mélangent à mes fantasmes, le corps de mon homme entre mes cuisses, ses doigts sur ma fente, frottant ma rondelle, son sexe me pilonnant avec force, un jouet qu'il enfonce entre mes lèvres puis dans mon cul et son ardeur à satisfaire une autre femme. Je crois que c'est la première fois que j'aimerais être voyeuse. L'observer sans forcément me cacher, qu'il touche un autre corps, qu'il embrasse un autre téton que je puisse assister aux gestes que je connais, mais que je ne regarde jamais, que je ne fais que sentir.

Et vu l'humidité entre mes cuisses, l'impatience de mon clito et les pulsations que je ressens partout dans mon corps, je crois que j'adorerais ça.

D'un geste brusque, je soulève le bas de ma robe et tire sur mon string. La seconde suivante, je décapuchonne mon bouton qui s'affole. Je pose un pied sur l'assise d'une chaise à proximité, j'appuie mon dos contre la paroi de la cave et je me masturbe fortement, fermant les yeux et cumulant les images érotiques. Qu'elles concernent Manu et Julie ou nous deux, elles se chevauchent et m'emportent rapidement dans un plaisir intense. Je termine deux doigts dans ma chatte, pliée en deux et soupirant silencieusement mon orgasme libérateur.

Il me faut quelques secondes pour retrouver mon calme. C'est rarement aussi fort toute seule. Sans un de mes amants ou un jouet. Juste moi et mes gestes... debout... sans autres stimulations que mes fantasmes.

Maxime me sort de mes réflexions en m'appelant depuis le salon. Je crois qu'il a raison. Il est temps de partir.

La bouteille entre les mains, je remonte les escaliers, sentant quelques courbatures le long de mes cuisses. Je souris au plaisir que j'aurai à partager ce souvenir avec Manu. Et lui ? Aura-t-il aussi une anecdote à me raconter ?

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