Mardi 4 juin / 7

4 minutes de lecture

Julie

Comme je m’y attendais, la voiture de Manu est garée devant notre maison et j’ai oublié de vérifier s’il nous restait de la bière.

— Oh, m'man, tu crois que Marion est là ? demande ma fille.

— Non, je ne pense pas. Elle est à la piscine le mardi avec sa maman et son frère.

— Ah oui, c’est juste.

— Emmanuel a seulement raccompagné papa. Sa voiture est encore au garage. Elle ne sera prête que demain.

Théo pousse la porte d’entrée et annonce notre arrivée. Il embrasse son père, suivi immédiatement des deux autres. Je pose les courses sur le plan de travail, avant de rejoindre tout le monde sur la terrasse. Notre invité se retourne et nous échangeons un regard complice rempli de douceur. Il ne semble plus aussi sûr de lui en ma présence. Je m’approche de Tim et l’embrasse chastement sur les lèvres, comme nous en avons l’habitude puis me tourne vers Manu et le salue amicalement.

— Maman, je dois encore réviser mon vocabulaire pour demain.

— File à la douche, pendant que je prépare le repas, ensuite je te ferai répéter Tristan.

Avant la fin de ma phrase, Manu sort son téléphone et lit un message.

— Ta petite femme s’inquiète de ne pas te voir revenir ? le taquine mon mari.

— Non… elle me dit de ne pas les attendre pour manger, ils s’arrêtent au fastfood !

— Tu veux rester avec nous ? propose Tim.

— Non, c’est gentil, j’ai des pâtes…

— Ne discute pas. Qu’elle fasse pour cinq ou six, ça ne change pas grand-chose, n’est-ce pas Lili ?

— Oui… oui, acquiescé-je sans oser le regarder.

Je préférerais qu’il s’en aille et il l’a bien compris. Mais face à Tim nous avons du mal à rester naturels. C’est trop tôt pour se retrouver tous ensemble. Notre étreinte de ce matin me revient comme un boomerang. Je ressens ses lèvres, sa force, ses bras autour de mon corps, sa peau sous mes doigts, sous mes ongles… j’espère que je ne l’ai pas griffé. Je ne me reconnaissais plus… ce baiser n’était pas chaste… ni tendre… enfin si un peu, mais il a surtout été intense. Nos mains passaient dans nos cheveux, les miennes s’agrippaient à sa nuque, alors que ses doigts me tenaient la taille, les hanches et qu’il me plaquait contre lui… contre son torse… contre son entrejambe…

Je ferme les yeux, un frisson me parcourt. Soit il avait envie de moi soit…

Je secoue la tête, il faut que je passe à autre chose. Et vite.

Mais jusqu’où aurions-nous pu aller sans l’interruption de la clochette de l’entrée ? Sans l’arrivée de cette grand-maman à la recherche d'un album de coloriage ?

— Je vais plutôt vous laisser en famille.

— Ne sois pas bête. Tu as dit toi-même qu’elle cuisinait bien. Lili… qu’est-ce que tu nous fais de bon ce soir ?

— Émincé de bœuf, riz et légumes poêlés… tout simple.

— Parfait ! Tu nous apportes encore à boire, s’il te plaît.

— J’y vais, annonce Manu en se levant immédiatement.

Je comprends qu’il veut s’assurer que je gère la situation, mais je refuse de me retrouver déstabilisée chez moi et le devance :

— Reste assis. Cela ne me gêne pas.

Je coupe la viande en émincé, tout en faisant répéter les devoirs à Tristan et en envoyant Tiphaine à la douche. Elle rechigne un peu, mais pas longtemps. Elle sait que lorsque j’ai travaillé toute la journée, je suis généralement moins patiente. En plus ce soir, avec cet invité surprise…

Moi qui rêvais de me balader en tenue d'intérieur toute simple, je reste en jupe et chemisier qui me serre la poitrine. Si dans d’autres circonstances j’aime beaucoup ce vêtement, en ce moment, j’ai l’impression qu’il m’étouffe.

Tristan termine de réécrire quelques mots faux, lorsque notre fille descend, les cheveux humides et qu’elle allume la radio. Immédiatement, le tube de l’été dernier inonde les enceintes et elle s’approche de moi en dansant.

Elle n’a aucune idée du sexy de sa tenue. C’est bien la preuve qu’elle est encore très jeune dans sa tête. Heureusement que Manu a aussi une fille du même âge. Mais son short ultra court qui montre le début des fesses et son débardeur au décolleté plongeant n’est pas très sage. On voit bien qu’il date de l’année dernière et qu’elle a grandi.

Et vas-y qu’elle se déhanche, qu’elle se penche puis qu’elle trémousse son popotin. Je l’observe avant d’échanger un regard avec Manu. Il doit avoir une pensée identique et tous les deux nous éclatons de rire.

— Arrêtez de vous moquer de moi ! tique l’adolescente.

— Non… ma puce. Absolument pas, dis-je de manière décontractée.

— J’ai la même à la maison, sourit Manu. Je connais.

— Tiphaine, tonne Tim. C’est quoi ce short ? Tu n’es pas allée à l’école comme ça ?

— Mais non… p'pa ! soupire-t-elle. Je le mets qu’ici.

Je me concentre sur les casseroles, sors la vaisselle pour six personnes que j’entrepose sur la table, avant d’appeler les garçons. Puis une chanson que j’apprécie particulièrement se fait entendre. Tiphaine augmente le volume et toutes les deux, on danse comme si personne ne nous regardait, nous dandinant et chantant, souriant, s’amusant comme deux gamines. J’aime ces moments de complicité.

----------------------

On me demande de préciser le titre de la chanson... Je vous mets celle que j'écoute souvent en ce moment et qui me donne envie de bouger, même lorsque je cuisine. Mais au moment de l'écriture de ce passage c'était sans doute une autre.

JERUSALEMA - Master KG

Annotations

Vous aimez lire Méline Darsck ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0