Mardi 7 mai /3

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Charlotte

Pour me faire pardonner, je mets un peu de glaçage sur deux madeleines dessinant deux visages rigolos et les apporte à mes enfants ronchons.

— Il fait quoi papa ? Il rentre tard ce soir, s’étonne Maxime.

— Je lui ai demandé de faire une course. Il devrait bientôt arriver. Vous voulez bien me dire si c’est bon ? questionné-je en tendant les biscuits.

Je croise le regard surpris de Marion, mais Maxime ne se fait pas prier. Des miettes tombent sur son t-shirt alors qu’il promet de ne rien dire à son père. Même si Manu ne les gronderait pas plus que moi, le fait de partager ce petit secret rend la gourmandise encore plus délicieuse. J’ai réussi à retrouver l’étincelle dans le regard de mon loulou.

Je fais de l’ordre dans la cuisine pour qu’on puisse préparer le repas dès l’arrivée de mon mari. Je remplis un récipient de glaçage que je place à côté du reste de chocolat fondu. Ce soir, j’ai envie de m’amuser et surtout faire plaisir à Manu. Il est friand de ce genre de préliminaire. Il ne pourra pas refuser que je dépose un peu de liquide blanc sur le bout de son sexe, que je le laisse couler le long de son membre tendu, que je décore son gland de petites touches de chocolat, je pourrai même y ajouter du cacao et de la chantilly.

Je me lèche les lèvres, ferme les yeux, pose une main sur mon ventre, mes doigts s’impatientent. Ils veulent descendre, soulever ma jupe, se glisser sous l’élastique de ma culotte, frotter mon clito, s’enfoncer profondément…

L’image inonde mon esprit, mes jambes s’écartent, mon bassin ondule alors que je pose mes doigts sur le plan de travail. Je m’agrippe à cette planche, pinçant mes lèvres. « Calme-toi, Charlotte… ce soir, cette nuit… Pas maintenant. Les enfants… » j’entends ces mots, je les comprends, mais l’envie devient trop forte. Je combats, hésitant entre assouvir cette envie pour enfin passer à autre chose ou…

— Maman ?

Comme un ballon de baudruche, j’expulse l’air que je gardais emprisonné et réponds posément à ma fille qui cherche son devoir de maths.

Julie

Qu’est-ce qui m’a pris ? Mais je suis folle, ma parole ! Je ne le connais même pas et je l’embrasse… comme n’importe quelle fille facile. Que va-t-il penser de moi ? Une traînée ? Godiche et salo***. Je secoue la tête, comme pour chasser cette image de mon esprit, puis ouvre la bouche paniquée, il pose son index sur mes lèvres pour éviter que je ne parle. Il a peur que je le gronde ? Que je hurle ? Que je me fâche ?

Et les passants ? Est-ce qu’on nous voyait depuis le trottoir ? Je tourne vivement la tête et vérifie, mais personne n’a le visage collé à la vitrine et nous étions à moitié cachés derrière une étagère. Je sens mes joues s’empourprer, mes mains trembler, mon ventre valdinguer dans tous les sens. Oh lala… Je me sens mal.

Je suis mariée, des enfants merveilleux emplissent ma vie, pourquoi j’ai… succombé à cette pulsion. De quel droit s’est-il permis de…

Mais son doigt encore sur mes lèvres… c’est si sensuel… Son sourire n’est pas moqueur, simplement… Et son satisfait regard semble presque protecteur.

Là tout de suite, j’aurais envie qu’il m’enveloppe dans ses bras.

Non ! Stop ! Faut que je me reprenne ! Que je recule… Pourquoi mes jambes ne m’obéissent-elles pas ? Je suis comme clouée sur place, immobile comme une gourde, l’observant pantoise alors que mon esprit tente en vain de me faire réagir.

Le téléphone de la boutique résonne, mais même ce bruit strident n’arrive pas à me redonner une contenance immédiatement. Il faut quatre sonneries pour qu’enfin je trouve l’énergie de m’éloigner de son aura. Le répondeur est plus rapide. Je me mets derrière le comptoir et demande d’une voix que j’espère calme et assurée :

— C’est donc pour un cadeau ?

— Euh… oui ! répond-il surpris.

— Je vous emballe quel livre ?

— Aucun… Ma fille choisira.

— Vous prenez les deux ? m’étonné-je.

— Oui.

J’enregistre la commande et sans relever la tête, murmure le montant. Il me tend un billet de 50CHF et lorsque je lui rends la monnaie, nos doigts restent quelques secondes en contact. Je frissonne, bloque mon souffle et ferme les yeux. Sa main emprisonne mes pulpes.

Lâchez-moi ! crié-je mentalement. Je me mords les lèvres, tente de me libérer sans y parvenir. Je chuchote :

— S’il vous plaît.

— Regarde-moi !

Je secoue la tête, il pose son index sous mon menton et oblige mon visage à se redresser. Je garde les paupières fermées lorsqu’il m’ordonne plus fortement :

— Ouvre les yeux et regarde-moi !

Surprise par l’émotion ressentie, par la chaleur de sa paume, et le frisson qui me parcourt en entendant sa voix rauque, je tressaille et obéis.

L’instant ne dure qu’une seconde, peut-être deux. Il finit par me lâcher. Enfin !

Il prend ses achats et quitte la librairie.

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