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Un cours avait sauté et nous décidâmes d’aller boire un verre, dans notre bar habituel. Nous avancions, nous serrant en chahutant et riant de je ne sais plus quoi.

Soudain, il m’écarta violemment. Continuant à jouer, je le rattrapai, je le fis pivoter et j’esquissai un baiser sur sa bouche, en gaminerie. Il me repoussa avec brutalité, me déséquilibrant. J’entendis alors :

— Bonjour, Hugo ! Quelle surprise de te croiser ici ! Ah, mais c’est vrai, tu fais tes études ici ! Salue tes parents de ma part.

— Je n’y manquerai pas, madame Duperrail, bonne journée à vous !

Je sentis un mépris incommensurable me salir quand les yeux de cette femme passèrent sur moi. Je suis revenu vers lui, inquiet de sa mine défaite.

— C’est qui, cette vioque ignoble ?

— Une amie de mes parents ! Ils vont savoir ! Elle va tout leur raconter !

— Mais nous ne faisions rien de mal ! Deux amis qui s’amusent ensemble dans la rue, se donnant des bourrades et des accolades…

— Jo ! Tu ne te rends pas compte…

— Excuse-moi ! Oui, je sais tout de ta famille, je sais ce que tu crains, ce qui risque d’arriver ! Hugo, ce n’est pas encore arrivé, ce n’est pas inéluctable… On ne faisait rien de mal.

Il était effondré. Je croyais tout savoir de sa famille, de son père. Au pire, il se ferait engueuler. Cela ne méritait pas ce désespoir. Mes paroles restaient sans effet.

Je le pris par la main, nous sommes allés au fond d’un petit square dont nous connaissons la tranquillité et qui a abrité beaucoup de nos longues discussions. Hugo restait tétanisé, rongé par ce futur hostile. Pour lui faire oublier, je lui ai ouvert les bras. Nous étions seuls. Il s’est jeté dedans, s’abandonnant dans un relâchement trompeur. J’ai pensé qu’un contact plus physique, une première ouverture lui ferait oublier l’incident. Quand ma main tenta de se glisser sous son vêtement, il me repoussa. Je vis alors son visage défait, couvert de larmes.

WwC’est trop tard, Joachim, c’est fini !

Des bruits nous ramenèrent à la réalité. Nous nous sommes éloignés sans prononcer un mot.

Nous sommes rentrés. J’ai senti ses frissons.

— Il ne fait pas chaud !

Je redoutais la vraie cause. À peine une poignée de main avant de nous quitter. Le weekend débutait le lendemain, nous séparant inutilement.

Clément, je ne comprends pas. Qu’ai-je fait ? Que s’est-il passé ? Ce n’est pas cette vioque la vraie raison. Comment ai-je pu le blesser ainsi ? Je ne veux pas que ce soit « fini » ! J’ai besoin de lui, comme j’ai besoin de toi.

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