Chapitre 41. – Les dernières négociations.

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Jour 34 (semaine 5 – samedi) le matin.

### Amina ###

Alors que le samedi matin à Kinshasa c’était l’occasion de faire la grasse matinée, en brousse les unités restaient actives ! La gérante nous avait avertis que la réunion avec les syndicats et les cadres ne commencerait que vers 11 heures mais elle voulait voir Pierre et moi entre quatre yeux directement après le petit-déjeuner.

Conclusion pas de câlineries ce matin, ce qui m’arrangeait assez bien car ainsi ce soir mon intimité serait à nouveau fraîche et je ne devrais plus être gênée vis-à-vis de Pierre. J’avais revêtu un top et un pantalon de la série « vêtements de travail » achetés par Pierre. En m’habillant ainsi, je me rappelais les ruses que j’avais employées pour que Pierre remarque mon corps comme laisser entrouvert le rideau de la cabine d’essayage et les diverses empoignades de son sexe. Aujourd’hui, cela me paraissait tellement puéril ! N’empêche que mon corps réclamait ses caresses, je brûlais de désir !

Madame Togba nous rejoignit au guest house pendant le petit-déjeuner et demanda au personnel de quitter la salle pour qu’on puisse discuter entre nous.

– Vous allez bien ? demanda-t-elle.

– Oui répondis-je.

– Je vous le demande car vous avez une petite mine !

– Oui, répondis-je, mais ce n’est pas en rapport avec le travail, c’est juste un problème passager de santé, ne vous inquiétez pas !

Elle semblait comprendre et n’insista pas.

– En fait Monsieur, je voulais cet aparté pour connaître la marge de manœuvre de la direction générale concernant les salaires.

– C’est très simple répondit Pierre, il n’y a pas de marge ! Le DG a été clair à ce sujet : il est d’accord de prolonger la vie de cette unité mais il n’est pas question d’augmenter le coût global de fonctionnement de la plantation.

– Vous avez bien dit le coût « global » de fonctionnement ?

– Oui Madame Togba répliqua-t-il, vous êtes très fine ; il est vrai qu’en tant qu’ancienne déléguée syndicale vous avez été drillée pour négocier avec la direction ; mais je vous rappelle que maintenant vous êtes de l’autre côté de la table et donc vous devrez être inflexible quant à l’augmentation des frais de fonctionnement.

– Oui, Monsieur je comprends fort bien, mais dans l’éventualité qu’on parvienne à réduire ces coûts globaux, pourriez-vous envisager de défendre une augmentation des frais de salaire dans la mesure de l’économie réalisée ?

– Oui, Madame cela est défendable, mais il faut d’abord que cette économie soit réalisée et se maintienne avant d’augmenter la charge salariale !

– D’accord ! dit-elle. Alors je ferai des propositions d’économies à réaliser sans nuire à la productivité. J’ai travaillé assez longtemps dans la plantation pour savoir qu’il y a d’énormes gaspillages qui, si on les supprime, on pourrait créer de sérieuses économies.

Rappelez-vous Mademoiselle Traoré, dit-elle en se tournant vers moi, les sanitaires sont dans un état déplorable et leur réfection continuelle par le passé n’a été qu’un emplâtre sur une jambe de bois, parce que le personnel ne respecte pas les règles essentielles de santé. Je vais proposer la création d’une équipe de volontaires bénévoles qui veilleront à l’entretien des sanitaires et à la conscientisation du personnel. Le respect des mesures essentielles supprimera de longs et coûteux travaux de réfection en continu comme c’est le cas présentement. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres ; comme la perte de carburant pour les groupes électrogènes et les véhicules à moteur. Une des syndicalistes mentionnait que certains véhicules avaient une moyenne de consommation aux cent kilomètres anormalement élevée et que la consommation horaire des groupes électrogènes était plus du double par rapport à la norme alors qu’on se plaignait qu’il manquait régulièrement du gasoil dans la citerne ! Je suis sûr qu’en creusant un peu on trouvera encore d’autres cas de ce genre.

– Eh bien Madame, vous avez du pain sur la planche ! Je vous promets de regarder avec un œil favorable vos propositions dans le futur !

– Bien Monsieur, je propose alors qu’on rejoigne les cadres et les syndicats pour la réunion.

Je jetais un coup d’œil à Pierre qui semblait très content des conclusions de cet entretien. En marchant vers la salle, il me prit discrètement par les épaules en me demandant si je n’étais pas trop fatiguée. Je lui répondis qu’il ne devait pas se soucier de moi, mais la gérante avait noté le geste avec un grand sourire.

***

### Pierre ###

J’étais content du déroulement de l’entretien avec la nouvelle gérante, sa nomination m’avait été suggérée par le DRH et Amina qui avaient bien jaugé les capacités de cette femme !

Elle était une excellente négociatrice lorsqu’elle fut syndicaliste d’après le DRH et maintenant ne devenait pas amnésique dans sa fonction de gérante !

Avant d’entrer en réunion je regardai brièvement vers Amina, qui me paraissait fatiguée ou soucieuse, je la pris affectueusement par les épaules pour lui demander si tout allait bien mais mon geste n’avait pas échappé à la gérante qui souriait gentiment.

Tant pis si elle interpréta ce geste pour de l’affection, travaillant avec une personne au long de la semaine, je ne m’alarmai pas pour cela vis-à-vis de nous.

La salle de réunion était pleine, il me sembla qu’il y avait plus de monde que les cadres et les délégués syndicaux, à mon avis les syndicats avaient réuni aussi des sympathisants. Cela ne me gênait pas si le bon ordre de la réunion n’était pas perturbé, mais c’était quand même un signal que cette assemblée serait plus électrique. Il y avait certainement des sympathisants de l’ancienne gérante dans la salle !

Dès l’ouverture de la réunion la nouvelle déléguée syndicale Madame Nzonzi, demanda la parole et amorça un long discours en lingala. Au bout de quelques phrases je levai la main et Madame Togba très attentive demanda à l’oratrice d’interrompre sa diatribe.

– Oui Monsieur, je suppose que vous désirez une traduction ?

– Oui Madame la gérante, j’aimerais que Madame la déléguée laisse l’opportunité à Mademoiselle Traoré de traduire le discours au fur et à mesure.

– Oui bien entendu !

Amina, prit donc la parole pour traduire le début du discours qu’en assistante précieuse elle avait commencé à noter.

– Monsieur le représentant de la direction générale, nous vous remercions de nous donner l’opportunité d’exprimer les nombreux points de nos doléances.

Le discours était une longue liste de points que les syndicats voulaient voir adapter ou ajoutés aux exigences syndicales habituelles. Amina fit un excellent travail d’interprète au fur et à mesure de l’énumération de la déléguée. Ce n’est qu’à la fin de cette longue liste que la déléguée sortit les revendications salariales de son chapeau pour reprendre une expression occidentale. Je pris note soigneusement des diverses doléances et exigences me disant qu’après ce discours fleuve je demanderai une interruption de séance pour conférer en aparté avec la gérante et mon assistante. Ce qui fut fait.

Nous nous retirâmes dans une pièce annexe où on nous servit des rafraîchissements. Nous comparâmes rapidement nos notes et fîmes le tri entre le réalisable à court terme, le réalisable à moyen ou long terme, les points à discuter lors d’une nouvelle entrevue et… les exigences salariales. Je proposai pour ce dernier point de m’en tenir au développement que j’avais tenu au matin avec l’accord des deux femmes.

Puis nous examinâmes les points de la première série, c’étaient des concessions sans coût notable pour le bon déroulement des activités et il fut agréé que la nouvelle gérante en accepterait les points.

Elle proposa aussi de répondre en lingala et qu’Amina me ferait la traduction à voix basse pour la forme.

Les points réalisables à moyen et à long terme seraient actés et discutés lors d’une réunion qu’on planifierait dans un délai raisonnable d’un ou deux mois.

Restait le point crucial, il fut convenu que j’exposerai les arguments traduits le plus fidèlement possible par Amina et que les propositions de réduction des gaspillages et limitations de vols seraient rassemblées par une commission et évaluées chaque trimestre en vue d’améliorer le niveau salarial dans la mesure des économies réalisées.

Nous étions bien d’accord sur les textes et retournâmes en réunion.

Je dois dire que cela se passait beaucoup mieux que je l’espérais bien que ma tactique avait déjà été expérimentée dans le passé à des réunions parfois très houleuses avec des violences et des prises d’otages.

C’est surtout le point des salaires qui fut discuté et expliqué par le mécanisme des vases communicants : toute économie réalisée serait convertie en augmentation de la masse salariale dans le trimestre suivant et ceci uniquement pour les employés, les cadres ne partageant pas cette manne. Lors des réunions trimestrielles ultérieures la pérennité des économies réalisées seraient examinée et les nouvelles propositions seraient adoptées.

Finalement la réunion prit fin sur ces résolutions et il fut convenu d’une nouvelle réunion dans trois mois. La nouvelle gérante nous invita à déjeuner, sa domesticité ayant déjà déménagé ses affaires privées dans le logement de fonction qui lui était attribuée.

Je pensais en moi-même que le changement de pouvoir et ses attributions avaient fonctionné rapidement.

Nous fîmes un passage par notre bungalow pour nous rafraîchir avant de nous rendre à l’invitation. Entre les murs de notre logement Amina se détendit dans mes bras et m’embrassa longuement.

– Pierre, je sens ta lance contre mon ventre, c’est mon baiser qui te donne cette vigueur ?

– Bien sûr Amina, mais aussi le soulagement de la bonne fin de cette mission. Allons déjeuner, nous reprendrons nos câlins après lors de la sieste !

– D’accord dit-elle en caressant légèrement mon bas-ventre. Mais avant cela, je te prie de me calmer, je suis tendue, caresse-moi, mes seins sont douloureux de désir !

Elle prit ma main et la glissa sous son top, le toucher de ses seins nus déclenchât dans nos corps des frissons puissants.

Elle me regardât les yeux suppliants,

– Pierre, donne-moi des caresses, cette séance de traduction m’a stressée, j’ai dû me retenir de prendre ta main et pire de glisser ma main entre tes cuisses !

Nous restions ainsi enlacés, pendant un long moment, mes mains glissèrent sur ses seins guidées par une main ferme d’Amina qui se calmât ainsi après de longues minutes. Ma verge était gonflée à bloc !

Après de longues minutes de tendresse, elle reprit ses esprits et secoua se belle chevelure :

– Viens Pierre, ne faisons pas attendre la gérante, je te baiserai plus tard.

Elle se changeât, mit son boubou pour être plus traditionnelle, ce qui me fit sourire car je soupçonnais qu’elle était totalement nue sous ce vêtement !

Le temps d’arriver à la maison de Madame Togba mon érection s’était réduite, heureusement car je ne voulais pas arriver chez elle avec une bosse dans mon pantalon.

La maison était totalement rafraîchie, me rappelant la vitesse de l’arrangement de ma villa, je vis que le service immobilier était très efficace.

– Oui, Monsieur me dit la gérante, heureusement que vous l’avez sanctionnée sur-le-champ ; l’ancienne gérante n’a pas eu l’occasion de voler ou de détruire quoi que ce soit dans son logement ! Je n’avais jamais eu l’occasion de pénétrer dans sa maison par le passé et je fus agréablement surprise en y pénétrant hier ! Je ne peux que vous remercier Monsieur et Mademoiselle de tout ce que vous avez fait durant votre visite.

– Madame, c’est surtout Amina que vous devez remercier, car sa clairvoyance et son analyse approfondie ont permis à la direction générale et moi-même de donner un sursis à cette unité qui était planifiée à être fermée.

La gérante se tourna vers Amina et mit son front contre le sien et lui parla en lingala ou quelque chose de rapprochant. Après cet hommage je vis quelques larmes perler dans les yeux d’Amina qui m’expliqua :

– Madame m’a rendu hommage en Kikongo qui est la langue du Bas Congo, elle m’a remercié et bénis mes enfants jusqu’à de nombreuses générations et me souhaite beaucoup de bonheur avec toi Pierre !

Comme l’étonnement devait se lire sur mon visage, Madame Togba se tournait vers moi :

– Monsieur, j’ai perçu que vous avez des sentiments mutuels et je vous remercie pour ce que vous avez fait et ferez encore pour notre communauté. Soyez rassuré cette unité va retrouver son lustre de d’antan. Cette communauté fut un centre de bien-être et de prospérité dans la région. La gestion déplorable de ma prédécesseure a ruiné l’avenir de cette région, mais nous allons tout mettre en œuvre pour rétablir l’équilibre économique !

Lorsque nous fûmes assis à table et après les prières, la gérante reprit la parole pour s’adresser à moi :

– Monsieur pardonnez ma franchise mais vous êtes le premier blanc que je rencontre qui maîtrise aussi bien l’art de la palabre que nos ancêtres pratiquaient à longueur d’année et qui évita beaucoup de conflits. Soyez en béni !

– Madame, je vous remercie, mais c’est en travaillant en Afrique depuis de nombreuses années que j’ai appris cette patience que beaucoup de mes compatriotes estiment une perte de temps et d’énergie ! Cet art de la palabre m’a permis dans le passé de résoudre pour l’entreprise beaucoup de situations difficiles. Mais je suis loin de me croire expert en la matière car Amina me résiste encore toujours ; je ne parviens pas à la convaincre de ne pas m’aimer !

En parlant je voyais que les deux femmes à table me regardaient avec un grand sourire :

– Monsieur, sachez une chose c’est qu’en Afrique c’est toujours la femme « qui porte la culotte » comme vous dites en Europe. Si Amina vous aime, il faudra vous soumettre ! Mais soyez rassuré cette conversation privée restera entre ces murs !

– Je vous remercie Madame, j’ai effectivement des sentiments pour ma collaboratrice mais je pense qu’il est prématuré de les rendre publics. Nous nous connaissons à peine depuis un peu plus d’un mois et quoique je sois libre, mon expérience privée m’a appris de me méfier des coups de foudre ! J’apprécie énormément Amina pour son intelligence et sa beauté mais je dois me modérer, j’ai encore beaucoup d’obstacles à franchir avant de répondre aux désirs de cette charmante jeune fille.

– Monsieur, ajouta-t-elle en riant, j’ai de talents de marieuse traditionnelle, que je mettrai à votre disposition lorsque vous irez négocier la dot !

Et nous éclatâmes tous d’un grand rire !

Après le repas nous retournâmes au bungalow pour profiter une bonne sieste.

NDA : Ce chapitre est un peu plus sérieux que d’habitude, c’est la mission de Pierre qui veut cela ! Encore 3 chapitres du tome 1 ; pas d’inquiétude le tome 2 est déjà en écriture.

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