Chapitre 3 Confrontation

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NDA : Pour la facilité de la lecture et dû au point de vue différent des deux personnages principaux je ferai selon le besoin des sauts entre les points de vue de Pierre (moi) et Amina

Jour 2 (soir)

### Pierre ###

Je ne pouvais pas résister j’écartais son foulard de ses épaules et je plantais un baiser sensuel sur son épaule nue…

Qu’est ce qui m’a pris ? Quelle connerie ! Suis-je à ce point envoûté déjà que je l’embrasse dans ce taxi ?

- Pardon Amina, je m’excuse, je n’aurais pas dû faire cela. C’est impardonnable, oublie ce geste, après ce quasi-accident j’ai perdu la tête !

- Ce n’est pas grave, c’était gentil ! Je ne t’en veux pas Pierre, viens sortons que je te présente à ma maman qui est déjà sur le seuil de la maison avec Joseph.

- D’accord.

Nous sortons, Amina n’a pas l’air choqué par ma pulsion déplacée, mais je ne peux voir ces yeux dans la pénombre. En traversant la courette je vois une grande et belle dame dans un superbe boubou bleu foncé avec de jolies broderies qui regarde dans notre direction. Amina me précède et embrasse tendrement sa maman qui l’enlace quelques instants.

Je n’avais pas prévu de rencontrer sa maman maintenant et nous n’avions rien convenu pour expliquer ma présence. Encore un peu troublé par ce contact sensuel je fus tout surpris d’entendre Amina !

- Mbote maman, je te présente Monsieur Pierre, consultant de l’entreprise, il est pour quelque temps à Kin et cherchait un taxi pour ses déplacements privés. Je lui ai présenté Joseph et ils ont convenu d’un « contrat ». En remerciement il a tenu à me ramener en sécurité à la maison. Monsieur Pierre je vous présente ma maman Lysa Traoré.

- Bonsoir Monsieur, oh je suis vraiment contente de revoir ma fille. La ville n’est vraiment pas sûre le soir et je m’inquiétais car Amina ne m’avait pas prévenue mais je pensais qu’elle était avec son amie Marguerite à courir dans les bars après le travail. Je n’aime pas mais bon elle est jeune et on ne peut quand pas l’enfermer, elle doit vivre sa jeunesse.

Je pensais : bravo Amina, c’est bien tourné ! Vaut mieux raconter une quasi-vérité qu’un gros mensonge.

- Bonsoir Madame Traoré, je suis désolé que mon action vous ait causé des inquiétudes mais je viens souvent à Kin pour des missions assez longues et j’ai l’habitude de contracter un taxi pour mes déplacements privés en semaine et le week-end. Et c’est votre fille qui était en réunion avec son service et moi qui m’a si gentiment proposé Joseph dans ce but.

- Vous êtes tout excusé Monsieur, Joseph est un bon chauffeur et fiable, je l’utilise aussi parfois quand je dois livrer des commandes ou chercher des tissus. C’est beaucoup simple et plus sûr que de prendre les « bus peut-être »

Je souriais à l’expression que je n’avais plus entendue depuis des années, car à Kin les transports urbains étaient devenus anémiques surtout pendant et après la pluie.

- Madame je suis désolé d’écourter cette visite mais je dois encore retourner en ville et demain Amina et moi devons encore participer à de nombreuses réunions difficiles. Mais on se reverra certainement puisque Amina est d’accord de me guider dans Kin et les environs dans le cadre de ma mission ce week-end. Comme vous avez certainement la société gère de nombreuses plantations et je pensais ce week-end déjà voir celles qui sont à proximité. Je devrais aussi aller dans le Bas Congo et dans la province Équateur mais ces visites-là se feront vraisemblablement en semaine et ne sont pas encore programmées.

- Au revoir Mademoiselle Amina, grand merci pour votre brillante participation cette après-midi et aussi pour m’avoir mis en rapport avec Joseph. L’opinion de votre maman à son sujet me conforte dans mon choix. À demain matin, car nous avons encore une journée de discussions importantes avec votre service !

Je lui serrais la main très formellement en la regardant dans les yeux, espérant une réaction privée mais rien ! Son regard n’était pas inamical mais la pétillance que j’avais décelée durant ces deux jours était éteinte.

Je remontais dans le taxi de Joseph qui mit la radio et donc m’évitait de devoir converser. J’étais toujours troublé par mon baiser sur son épaule mais je ne voyais pas très bien comment me sortir de cette connerie.

Sur le trajet du retour j’envoyais un texte :

De Pierre à Amina : « merci pour tout on se parlera demain »

Message sibyllin j’en conviens mais je ne voulais pas laisser des traces.

Le trajet retour se fit sans problème, la circulation encore dense était raisonnable. À l’arrivée je saluais Joseph qui me fit un superbe sourire « À demain soir patron ! » je rigolais en retour avec une poignée de main ferme et amicale.

En arrivant à ma chambre j’entendis la vibration de mon téléphone annonçant l’arrivée d’un massage.

De Amina à Pierre : « Je suis encore avec maman, je te parlerai demain dès que possible – pour le programme de guide ! »

Mon cœur se décontractait, elle me tutoyait et m’envoyait un accord implicite pour le week-end car je lui avais quand même forcé la main car rien n’était convenu, mais elle marquait implicitement son accord.

### Amina ###

Après le départ de Pierre, maman me regardait avec un air soucieux, le baiser de Pierre m’avait chamboulé contrairement à ce que je lui avais répondu. Mais aux yeux de maman mon trouble devait se lire sur ma figure comment un phare !

- Il est charmant Monsieur Pierre, mais qu’est ce qui ne va pas ?

- Rien maman, la journée avait été longue et les discussions harassantes. Le consultant est très pointilleux, il veut tout savoir dans le détail ; heureusement que j’avais bien préparé mon dossier car Madame Coulibaly n’avait pas toujours les bonnes réponses à ses questions.

- Ah c’est pour cela qu’il t’a remercié si gentiment pour « ta brillante participation » !

- Oui, à la fin de la réunion on a bu un verre, il voulait connaître les détails de mon CV et puis il m’a demandé pour Joseph, voilà.

- Je suis fière de toi ma grande, même si tu n’as pu achever tes études de droit, je suis sûre que tu réussiras ! Viens dans mes bras.

Ah j’adore quand maman m’encourage ainsi, elle semble remonter un peu la pente. Il y a quelques jours je l’entendais encore pleurer doucement le soir dans sa chambre. Heureusement l’atelier de couture marche bien et cela lui occupe bien l’esprit, toutes ces commandes de ses clientes riches, lui donnent un coup de fouet à son moral.

- Le blanc-là qu’est-ce qu’il vient faire ?

- Il a été envoyé par les actionnaires de Paris pour réorganiser l’entreprise. Ils trouvent que depuis la crise au Congo, l’entreprise ne fait pas assez de bénéfices et ils veulent qu’on réduise le personnel.

- Ton emploi est-il menacé ?

- Non, je ne pense pas il a besoin du service juridique pour démêler toutes les arcanes des lois congolaises et je ne remercierais pas assez papa qui m’a forcé à étudier le droit congolais en détail ; rappelle-toi il disait souvent que même à Paris en étudiant les lois françaises que je ne devais pas oublier la législation congolaise « car tu es congolaise avant tout ».

- Oui, me répondit maman en soupirant et les yeux humides. Fais très attention, ma fille, méfie-toi de ce blanc, tu es une belle fille et les blancs sont tous attirés par de jolies Congolaises comme toi. Tu l’as expérimenté à Paris et moi ici j’ai vu durant toutes ces années que les blancs même mariés n’hésitaient pas de mettre leur secrétaire ou leur servante dans leur lit et de les « enceinter ».

- Mais il n’est pas marié maman !

- Ah tu sais ça déjà ? alors que l’as vu qu’une demi-journée

Oups, je n’allais pas dire quand même que je l’avais rencontré en boîte lundi soir.

- Oui son CV était dans la farde de documents de Madame Coulibaly et il traînait sur table devant elle, mentis-je, il y était inscrit que le choix des actionnaires avait été motivé pour ses compétences et « parce qu’il n’avait aucune attache de famille » ce qui lui conférait une plus grande souplesse dans l’attribution des missions. Comme ce document traînait négligemment j’ai lu discrètement les informations : il est bardé de diplômes et travaille depuis une dizaine d’années pour le groupe international qui l’utilise comme consultant régulier. Il connaît bien le Congo et nos coutumes et comprend et parle un peu le lingala !

- Ah ! tu sais cela aussi ?

- Oui maman, c’était marqué dans son CV et lorsque je discutais avec Joseph j’ai vu qu’il comprenait certaines phrases. Voilà, tu sais tout maintenant maman ! disais-je en blaguant.

- Tu veux manger quelque chose ?

- Non ma chère maman, il y avait encore des tonnes de sandwiches dans la salle de réunion et j’en ai mangé comme les autres participants, car ils étaient quand même perdus. Demain il y en aura d’autres.

- Allez alors, dors bien mon ange pour être en forme demain ; demain matin je dois aller en ville tu pourras venir avec Joseph et moi. Ah, j’oubliais presque, j’ai mis un nouveau boubou très sage sur ton lit. Il me restait une grande chute d’une commande boubous et de chapeaux pour un mariage, il y avait quarante boubous en tout ! Tout l’atelier a bossé pour tenir le délai.

- Oh merci ma petite maman, quelle couleur ?

- Des nuances vertes, c’est très joli et j’en ai coupé un pour toi il est bien pour travailler au bureau, ceux du mariage avaient des épaules et des décolletés affolants ; impossible pour toi d’aller avec ça au bureau ! Dors bien, je t’aime mon enfant !

Sur ce je montais dans ma chambre, oui j’ai une chambre individuelle ; papa avait construit la maison de son vivant, papa était directeur à l’AFD bureau de Kinshasa comme il était sénégalais il était payé comme expatrié, ce qui n’était pas négligeable et nous protégeait des fluctuations du franc congolais.

La robe était magnifique, Madame Coulibaly sera jalouse, pensais-je en me couchant. Mais en m’endormant je repensais au baiser de Pierre dans le taxi. Non, maman avait raison, Pierre n’était pas mieux que tous ces jeunes blancs de Paris !

En y repensant je me souviens de Marc, étudiant en droit comme moi, qui venait souvent discuter avec moi entre les cours. Il me regardait toujours avec une lueur spéciale dans les yeux, tout en m’expliquant son point de vue sur la loi de l’adoption qui d’après lui était une injustice car elle lèse les enfants du couple par rapport aux enfants adoptés. Je lui avais répliqué qu’en Afrique les enfants légitimes et les naturels étaient souvent ensemble car le mari pouvait avoir sa « légitime » et un ou plusieurs « deuxième bureau ». Marc était apparemment d’une famille riche et il avait un studio où on se réunissait avec un petit groupe d’amis. Un soir restera toujours gravé dans ma mémoire : ce soir-là j’étais la seule fille avec trois garçons blancs, Marc, Guy et Jean et les discussions allaient bon train et ils buvaient des mélanges de jus de fruit alcoolisés. À un moment donné, j’avais l’impression que mon jus d’orange n’avait plus tout à fait le même goût, mais c’était trop tard, j’avais bu de grandes gorgées pour étancher ma soif et je me sentais un peu euphorique. Marc, assis près de moi fit glisser les fines bretelles de ma robe dévoilant mes épaules au grand plaisir de Guy qui fit tout haut la remarque que je ne portais pas de soutien-gorge ! Marc qui avait bu plus que sa dose poussa ma petite robe et mit mes seins à nu, provoquant des cris de joie des autres garçons et mon désarroi. Ils avaient tous des yeux comme des soucoupes et admiraient mes seins et mes aréoles[vv1] très foncées. Marc approcha sa bouche de mon sein et mordit légèrement mon téton qui durcit immédiatement provoquant de terribles frisons de mon corps. Je criais qu’il ne pouvait pas faire cela et j’essayais de me dégager de son étreinte mais Marc insistait et sans l’intervention brutale de Jean j’aurais certainement terminé nue sur le divan. Jean qui était encore plus ou moins lucide, poussa Marc en arrière et me releva en remettant ma robe en place. Il criait à Marc et Guy qu’ils étaient malades et sortit avec moi pour me ramener à ma chambre d’étudiante. Il me laissa devant ma porte en s’excusant du comportement inqualifiable de ses amis.

À part de cette fameuse soirée, je ne retournais plus jamais chez Marc et j’évitais Marc et Guy lors des cours.

Quelques jours plus tard j’étais attablée avec Gisèle qui logeait dans mon internat et qui avait l’accent fleuri du Midi. Elle connaissait Marc et je lui révélai l’incident. Elle fut grandement choquée, me confiant qu’un jour elle avait entendu Marc parler de ma couleur de peau et qui fantasmait sur mon corps. Elle avait pris cela à la blague à l’époque mais à la lumière des faits récents me fit la réflexion que les garçons étaient très attirés par les seins des filles et que mes seins d’ébène ne lui étaient pas indifférent. Les garçons en général me regardaient souvent et Gisèle me confia que j’étais une jolie fille et que j’avais un type spécial. « Tu es grande, ton visage est harmonieux ton nez et tes lèvres sont minces, ton popotin est moins gros que le mien et tu as des seins magnifiques, souvent je vois que tu ne portes pas de soutien ; alors oui tu es une superbe africaine » Je me rappelle avoir rougi à ce discours et j’avais répliqué que j’avais hérité cela de mon père sénégalais que je trouvais extrêmement beau quoique maman katangaise n’avait pas le type bantou et sa famille devait provenir de bergers swahilis émigrés. Maman adorait les robes kitenge qui faisaient le succès de son atelier. Du coup Gisèle comprenait mieux mes robes et boubous et nous sommes restées des amies soudées même après mon retour en Afrique. Elle serait bien venue quelque temps me consoler mais sa famille modeste se sacrifiait déjà assez pour lui payer ses études. Je m’endormis sur ces pensées heureuses et sans repenser à Marc.

Pierre se pencha sur moi embrassant mes épaules et goulûment sa bouche descendait sur mes seins, je sentais mon corps vibrer sous ses caresses sensuelles. Sa bouche descendait sur mon ventre en le parcourant de baisers et plongea dans mon intimité avec sa langue.

Je criais… et me réveillais en sueur et tremblais de tout mon corps, maman rentrait dans ma chambre sans doute réveillée par mes cris.

- Oh mon chéri, tu faisais un cauchemar ! elle se couchât dans mon lit et me serra dans ses bras. Rassurée, je m’endormis heureuse jusqu’au matin.

À suivre… J’espère que vous aimez !

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