Réponse à "Hanté"

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Je me retrouve balloté dans une voiture inconnue, dans une direction inconnue, accompagné par des inconnus. L’homme derrière le volant est plutôt concentré. Tournant le volant en fonction des virages, activant les clignotants au dernier moment, il a le pied collé à la pédale d’accélération. Jamais son pied ne s’est déplacé sur la pédale de frein, cette homme est effrayant. Je ne sais pas à quoi il pense, sûrement que rien ne peut l’atteindre.

La voiture prend encore quelques virages avant d’entrer dans un lotissement. Les maisons ont l’air d’avoir une dizaine d’année. Une dizaine d’année, ces quelques mots restent dans mon esprit. Je ne sais même pas quel jour nous sommes. Je fouille immédiatement dans mes poches pour trouver mon téléphone. Rien dans les poches de pantalon, ni dans les poches de mon sweat ou encore dans mon manteau. Je n’ai pas mon téléphone. Mes poches sont totalement vides. Pas de téléphone, pas de clés, pas même de paquet de mouchoirs. Un sentiment étrange m’envahit. Serait-ce un kidnapping ?

Le conducteur gare le véhicule sur un trottoir du lotissement, face à ce qui me semble être la plus simple de toutes ces maisons. La femme, qui était assise sur le siège passager, ouvre la portière et descend de la voiture. Silencieuse pendant tout le trajet, elle toque à la fenêtre de ma portière et me demande calmement de sortir. Mon ressentit est toujours assez particulier sur cette situation. Ne voulant pas déplaire à mes « kidnappeurs », je m’exécute. Je suis maintenant face à cette maison inconnue, avec cette femme et cet homme inconnus à mes côtés.

J’ai beau les observer, les contempler, aucune connexion ne fait dans mon cerveau. La forme de leur visage, la couleur de leur peau, leur teint, leurs yeux, leur façon de se tenir ou de se déplacer, rien. Je ne les connais pas, je suis catégorique. Alors, qui sont-ils ? Que me veulent-ils ? Pourquoi suis-je ici, avec eux ? Quel est le but de tout cela ?

J’entre dans une crise d’angoisse. Mes muscles tremblent, mes poings et ma mâchoire se serrent. Je sens mon cœur battre de plus en plus vite.

- Qui êtes-vous ? Hurlais-je à pleins poumons.

- David, calme-toi.

Pardon, mais qui est David ? La femme qui me dit cela, me regarde droit dans les yeux. C’est la première fois depuis que je l’ai rencontré. Elle me tient au niveau des épaules, comme si elle ne voulait pas me laisser fuir. Son contact est franc, son regard est si doux.

C’est moi David ? C’est tout ce que je comprend à ce moment. Je me nomme David. Je suppose.

- Tu ne te rappelles pas de ça non plus ? Soupire la femme, laissant tomber ses bras le longs du corps.

- Il va se rappeler, dis l’homme.

Me rappeler de quoi ? Finalement, je ne comprends rien. Je suppose des choses, émet des hypothèses. Je pense être David, que ces gens sont de ma famille. Pourquoi la femme aurait-elle été aussi proche et sincère dans son regard sinon ? Je pense qu’ils vont me montrer des choses, pour que je me souvienne. D’ailleurs, il est vrai que j’ai peu de souvenir à mon propre sujet. Je sais que j’ai des parents, mais je ne me souviens pas d’eux.

L’homme me regarde un instant et m’invite à entrer. C’est à ce moment que je comprends. Il parle, me fais visiter la maison, me montre des photos, des vidéos. Il m’explique tout, absolument tout ce que j’ai oublié. J’ai conscience d’avoir tout oublier. A mon plus grand regret, je ne me rappelle de rien.

- Tu as fais une tentative de suicide. L’hôpital nous a appelé quand tu t’es réveillé ce matin pour qu’on vienne te chercher, explique la femme.

- Pourquoi j’aurais voulu cela ?

- Tu n’as rien dit, tu n’as rien écris. Tu as sûrement voulu partir anonymement, pour qu’on t’oublies, pleure la femme. Jamais je ne pourrais t’oublier mon fils.

« Mon fils », c’est qu’elle a dit. Elle est ma mère. Je ne la connais pas. Je suis en colère contre ma conscience, mon inconscient, ma mémoire. Contre moi-même. Comment peut-on oublier sa mère ?

- Tiens, dit l’homme qui est en réalité mon père. Ton téléphone était resté dans ta chambre, dit-il en soupirant. Nous n’avons rien regarder, il est chargé.

- Heu, merci, hum papa.

L’homme sourit suite à mes paroles. Des étoiles et des larmes emplissent les yeux de mes parents. Contradictoire, cette émotion qu’ils ressentent.

J’appui calmement sur le bouton de démarrage. L’écran affiche la marque du téléphone avant de me demander les codes que je tape machinalement. Je m’en souviens. C’est perturbant de se souvenir de codes et pas des personnes qui nous entoure.

Une marée de notification envahit l’appareil qui bip pendant 10 min sans discontinuer. Quand le silence revient, j’ouvre les messages un par un.

Un seul me marque, celui de Maëlle. Maëlle. Je me souviens pas de toi, ni de ce qu’on a vécu. Je crois, d’après ce que je lis, que je t’ai fais mal. Vraiment mal. Tu souffres. Chaque message est une lame de couteau dans mon cœur.

Les photos de ton compte Instagram disent que nous étions proches. Très proche même. Qu’ai-je fais pour te faire souffrir ?

La suite des messages est différente, Maëlle change. Elle s’excuse, pense que c’est de sa faute si j’ai voulu en finir. Elle est effrayée. Oui, je le ressens dans les messages.

On sonne à la porte. Je lève la tête et aperçoit la Maëlle des photos, devant moi.

- Maëlle ? demandais-je.

- Oh David, dit-elle de sa voix douce. Tes parents m’ont dit que tu avais perdu la mémoire, mais tu te souviens de moi. Je suis tellement heureuse, sourit-elle en me prenant dans ses bras.

Je ne suis pas l’aise. Cette situation est angoissante pour moi. J’ai fais du mal à cette fille, elle se rend responsable de ma tentative de suicide. Sûrement parce que j’ai dis des choses horribles. Ce n’est encore qu’une hypothèse, mais mieux vaut la préservée.

- Je suis désolé, je ne me souviens pas de toi, ai-je menti.

- Mais tu te souviens de mon prénom.

- Je viens de le voir sur Instagram.

Choquée, bouche bée, elle semble frustrée, triste. Encore une fois, je la fais souffrir. Mais cette fois, j’espère, que c’est pour son bien. Pour son bien, elle doit m’oublier comme je l’ai oublié.

Plusieurs jours passent, Maëlle prend de mes nouvelles tous les jours. Elle tente toutes sortes de choses pour que je souvienne d’elle, de nous. Rien ne revient, je suis honnête cette fois. Pour continuer à être honnête, je lui dis de m’oublier. Elle refuse, mais j’incite. Pour son bien, elle doit m’oublier. La souffrance est minime comparé à celle que je lui infliger avant ma tentative. Elle peut le supporter. Il le faut. Elle se relèvera. Elle a l’air d’une fille forte, pleine de ressource.

« Ferme les yeux Maëlle et dis toi que je n’existe plus, s’il te plaît. Pour toi. Fais-le. Efface-moi de ta vie, c’est moins douloureux que ce que tu crois. Vis ta vie sans moi et prend ton envol. David. »

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En réponse au défi

Hanté

Lancé par PM

Bonjour à tous et aux autres,

Pour répondre à ce défi, vous devrez me raconter l'histoire d'un personnage hanté... Hanté au sens large, ce peut être par un souvenir, un fantôme ou ce que vous voulez, d'ailleurs ce n'est pas forcément votre personnage qui est hanté, ce peut être sa maison ou un objet !

Pas de contrainte de genre ou de longueur.

Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à me la poser en commentaires.

À vos plumes !

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