Chapitre 2

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 - Vous ne pouvez pas me faire ça !

 Ehlys était passée par la peur, l’incompréhension et la colère. Ses parents avaient décidé, en plein mois d’Octobre, de l’envoyer dans un pensionnat à l’autre bout du monde. Sa vie lui convenait, même si Ben l’avait humilié, se relever n’était pas non plus du domaine de l’impossible.

 - Ehlys chérie, on fait ça pour ton bien, tu verras que tu t’épanouiras là-bas, Westover n’est pas une ville pour toi. Et elle ne le sera jamais.

 Ehlys distinguait de la tristesse dans la voix de sa mère Helen. Son père, lui, avait été dans l’armée avant de devenir chef de la police. Alors il savait cacher ses émotions sur demande.

 - Cette maison n’a jamais été faite pour toi, il faut que tu partes là-bas. Tes valises sont déjà prêtes.

 - Mais papa...

 - Ne discute pas notre décision Ehlys, nous avons fait notre choix.

 - J’aurai au moins l’occasion de revenir pour mon anniversaire ? Je vais avoir 17 ans papa... Je veux le fêter avec ma famille et mes amis, ici...

 L’inconnu se manifesta en prenant la parole.

 - Il faut bien que tu comprennes que c’est pour ton bien.

 - Quel bien ? Et puis d’abord qui êtes-vous ?

 Ehlys laissa échapper sa colère, la décision de ses parents était incohérente. Quelques jours avant, tous les trois parlaient de l’organisation de son anniversaire. Les cartons d’invitations avaient été envoyés, le gâteau commandé et sa robe pendait dans son dressing.

 Mais pendant qu’elle parlait, ses parents avaient reculé d’un pas et affichait un visage de peur. Ehlys ne s’en aperçut pas, sa colère était dirigée vers l’inconnu.

 - Waouh, elle est impressionnante. Etes-vous sur de vous ?

 - Oui James, nous sommes certains.

 Ehlys pensa d’abord que James était de son côté, un léger soulageant la gagna. Mais quand il reposa ses yeux bleu océan, elle y lu de l’admiration.

 - Incroyable…

 Ses yeux étaient toujours rivés sur Ehlys. Mais sentant son malaise, le jeune homme arrêta de la fixer. Elle se mit alors à l’observer. Les cheveux noirs en bataille lui donnaient un côté un peu Bad boy, mais sa chemise parfaitement adaptée à son corps contrastait. Ses yeux légèrement en amande amplifiait le sentiment de sincérité que dégageait son visage.

 Après quelques instants à le dévisager, Ehlys remarque que James rougissait. Peut-être l’avait-elle regardé trop longtemps ?

 Le jeune homme se racla la gorge.

 - Bon et bien, je vais t’attendre dans la voiture. Ta valise est déjà dans le coffre, mais tu peux prendre un sac avec d’autres affaires dedans. Il faut que l’on parte dans 15 minutes.

 Ehlys attendit que James passât le pas de la porte pour supplier ses parents.

 - Maman s’il te plait, résonne papa. Attendez un an… L’année prochaine j’irai, je vous le promets, laissez-moi…

 - Ehlys, écoute-moi, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre… Tu ne peux pas. Il faut que tu saches que nous redoutions ce jour. Mais ton père et moi t’avons toujours aimé. Tu es notre princesse.

 Elle vit pourtant son père lui tourner le dos et aller dans son bureau, sans même se retourner. Comment pouvait-il prétendre l’aimer alors que sa présence la réconforterait.

 - Si c’est une question de divorce, je peux l’encaisser maman

 - Non, non ma chérie. Nous nous aimons toujours autant. Mais il faut que tu t’en ailles, pour le bien de tous. Tu recevras de l’argent de poche chaque semaine, et nous t’appellerons tous les deux jours. Ta vie va beaucoup changer, mais ne nous oublie jamais. Sur ce, vas chercher le reste de tes affaires, je vais voir si James a tout ce qu’il vous faut pour le trajet.

 Ehlys monta dans sa chambre aussi furieuse que désespérée. Son père lui avait tourné le dos et sa mère disait que c’était pour son bien. Lui avait-on seulement poser la question ?

 Ehlys passa la porte de sa chambre. C’était comme si une tempête avait balayé sa vie. Son armoire était vide, sa commode nettoyée et sa bibliothèque dépouillé. Il ne restait que son lit comme preuve de son existence dans cette maison.

 Elle prit un sac posé par terre près de son lit, et le remplit avec chargeur, bonbons, bloc-notes, stylos, tout ce qui pourrait lui permettre de s’évader de cette future prison.

 Il fallait donc dire adieu à cette chambre qui l’avait vu grandir. Peut-être y retournerait-elle un jour. Pour l’instant sa colère dominait sur tous les autres sentiments.

 Sans réfléchir, Ehlys sauta par sa fenêtre qui donnait sur son jardin. Le petit chemin derrière la cour lui permettrait de s’enfuir sans que personne ne puisse la remarquer. Betty n’habitait qu’à quelques pâtés de maison. Sa meilleure amie l’accueillerait le temps que ses parents réfléchiraient. Cette décision paraissait tellement irréelle.

 En atterrissant sur ses pieds, Ehlys vérifia mentalement si elle n’avait pas mal quelque part. Sauter du première étage n’était pas vraiment douloureux, mais courir avec une cheville foulée l’était bien plus. Après ce check-up mental, elle se redressa et commença à courir en regardant derrière elle.

 - Tu pensais t’échapper où comme ça ?

 Ehlys s’arrêta net et regarda devant. James, l’inconnu était planté en face d’elle, comme s’il avait deviné qu’une fugue serait une leçon à donner à ses parents.

 - Ehlys s’il te plait, je ne veux pas me battre contre toi, suis-moi.

 - Pourquoi personne ne se soucie de mon avis ? Je n’ai pas envie d’aller là-bas et j’ai encore moins envie de te suivre.

 Ehlys était déterminée à partir d’ici sans lui.

 - Ecoute, toi et moi, on va passer un contrat.

Il arriva tout de même à piquer sa curiosité.

 - Je te mets au défi de me suivre dans les cinq minutes à venir, essayer de réellement t’adapter à ta nouvelle école et si ça ne fonctionne pas, je te ramènerai moi-même en te faisant mes plus plates excuses pour t’avoir forcé à quitter tes... habitudes.

 La provocation de James fonctionnait parfaitement.

 - Combien de temps ?

 - Hm… partons pour deux mois.

 - Un. Je ne resterais pas plus d’un mois là-bas.

 James esquissa un sourire.

 - Tu es dur en affaire mais partons pour un mois. Tu veux dire au revoir à tes parents ?

 - Je reviens dans un mois, pas besoin. Dépêchons avant que je ne change d’avis.

Il se dirigèrent vers la voiture de James qui devait être une location. Ehlys ne savait pas pourquoi mais cette idée lui paraissait la plus logique.

 Tout en se demandant comment allait se passer ce mois, elle ne se rendit pas compte que sa mère était à la fenêtre et pleurait. Ces adieux lui avaient déchiré le cœur, et sa fille n’avait pas pris la peine de lui dire au revoir.

 Après une heure de route, le silence dans la voiture devenait invivable. Comme si James lisait dans ses pensées, il alluma la radio.

 - Tu aimes la musique ?

 - Pas plus que ça.

 Se confier à lui était inenvisageable, alors mentir paraissait la meilleure solution.

 - Alors si je mets mon groupe préféré, tu ne m’en voudras pas ?

 - C’est ta voiture après tout.

 - Pas du tout, c’est une voiture de location.

 - Ah oui ?

 Ehlys esquissa un sourire, son sens de déduction était parfaitement affuté, comme d’habitude, et James le remarqua.

 - Oui, mais pourquoi ça te fait sourire ? tu le savais déjà n’est-ce pas ?

 - Ah euh… non, elle hésita à lui dire, je trouve juste que c’est une jolie voiture.

 - Bien sûr.

 Finalement, il valait mieux pour elle de ne rien dire. Alors Ehlys s’isola avec ses écouteurs, il fallait qu’elle prévienne Betty. Il faudrait certes mentir, mais son retour était déjà prévu, autant dire qu’un voyage familial était prévu.

Voyage familiale prévu en dernière minute. Tu peux prendre mes cours stp ? Je reviens dans un mois, les profs sont au courant. XXX

 Dans ses oreilles, son chanteur du moment fredonnait des mots qui soulageait sa douleur. Lewis Capaldi avait le don retranscrire sa douleur dans ses paroles. Comme si les mélodies n’était écrient que pour elle. Ehlys laissait son esprit vagabonder en dehors de cette voiture et s’endormit quelques temps.

 James savait qu’elle serait de mauvaise humeur s’il la réveillait. Mais l’aéroport était à dix minutes et Ehlys lui passerait sûrement un savon pour ne pas l’avoir réveillée. Il lui enleva délicatement un écouteur.

 - Ehlys, chuchota-t-il, Ehlys réveille-toi, nous sommes bientôt arrivés.

 - Oui, oui… Encore une petite heure s’il te plait.

 - Dans une petite heure, nous serons déjà dans l’avion.

 Ehlys sursauta. Il était 23 heures 45 et voler dans les airs l’excitait autant que ça la terrifiait.

 - Quoi ? L’avion ? Qui a dit qu’il fallait prendre l’avion ?

 - Du calme, nous serons en première classe, la directrice souhaitait notre confort pour sept heures de vol.

 - Sept heures ? Arrête la voiture immédiatement. 

 Elle se mis à hurler.

 - Je ne vais pas prendre l’avion pour la première fois pendant sept heures ! C’est impossible.

 - Tu préfères peut-être y aller en bateau ? Tu sais tout comme moi que tu as le mal de mer. Puis passer huit jours en mer à sentir le poisson n’est pas non plus très glamour. Mais soit, si tu préfères…

 - Non, non, non… L’avion c’est très bien… Finalement je vais voir les nuages de très près ha haha…

 - Ne prends pas la mouche comme ça, angoisser ne sert à rien. Tu verras, tu vas adorer ce que tu vas y voir.

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