Chapitre 13. La vérité

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Monsieur K reprit sa marche. Il avançait lentement, voulant savourer ce doux moment : le retour au pays natal, retrouver l’immeuble de son enfance et de son adolescence.

L’immeuble n’était pas immédiatement visible : il était en retrait par rapport à l’immeuble précédent.

Monsieur K fit quelques pas,et là, ce fut le choc frontal, brutal : l’immeuble avait disparu !

Ou plutôt, il avait été remplacé par une de de ces constructions anonymes et sans âme, qui portent le nom de rénovation !

Tremblant, suffoqué, Monsieur K eut du mal à retenir ses larmes.

Pourtant, pourtant, il aurait dû s’en douter, car son poème enchaînait sur la malédiction du Paris populaire : les promoteurs.

Les promoteurs

Qui ont du cœur

Qui se font du beurre

A paris

Et pas que le mardi

Les promoteurs disent

Et redisent

Qu’à Paris

Il y a des quartiers

Par milliers

Que c’est comme la campagne

Mais avec le supplément d’âme

De Paris ville lumière

Que la terre entière

Nous envie

Et oui

Alors ils vont

Promouvoir

Loin des villes dortoir

Et des pavillons

Ils vont promouvoir

Et faire valoir

Leurs cagibis

Sis à Paris

Hors de prix

Cela n est pas dit

Mais bon ça c’est Paris

Pardi

Monsieur K ne savait que faire, il décida d’appeler son fils. Etrangement la réponse fut immédiate :

« - Papa ?

- Gustave ?

- Papa, on dirait que tu pleures, cela ne va pas ?

- L’immeuble…

- Quel immeuble ?

- L’immeuble, il n’y en a qu’un, il a disparu !

- C’était prévisible, Papa !

- Je sais mais… «

Monsieur K n’acheva pas sa phrase : Gustave ne l’écoutait plus. Il avait déposé le téléphone et discutait avec une voix féminine, que Philippe reconnut immédiatement : c’était Anne -Sophie !

Soudain Monsieur K rougit violemment.

Il avait compris l’objet de la dispute : il avait dérangé le couple à un moment, disons, inopportun…

Gêné, il allait arrêter la communication, quand une voix de femme l’interpella :

« Philippe ?

- Anne- Sophie ?

- Bon, pour ton immeuble…

- Je suis désolé, balbutia monsieur K.

- Ce qui est fait est fait ! Signé Anne-Sophie.

- Oui, mais je voudrais savoir…

- Tu veux vraiment connaître la vérité ?

- Quelle vérité ? demanda monsieur K.

- Tu es un esclave. Tu es enfermé dans un monde qui n’a ni saveur, ni couleur, ni odeur. Tu es dans une prison.

- Une prison ?

- Oui une prison pour ton esprit «

La communication fut coupée. Monsieur K avala un petit bonbon rouge.

Soudain il crut voir passer dans le ciel une ombre volante, avec des lunettes et un grand manteau noir.

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