71. Nouvelle jouissive

10 minutes de lecture

Albane

Je dépose ma pile de documents sur le bureau en soufflant. Foutu soleil, j’ai l’impression d’avoir couru un cent mètres au beau milieu du désert alors que je n’ai fait que changer de bâtiment. Les enfants sont quasiment tous dehors et j’ai réussi à échapper de peu au verre d’eau qui était destiné à Zakaria, l’ainé d’Asma. Honnêtement, je n’aurais pas dit non à un petit rafraîchissement, mais ma paperasse, elle, n’aurait pas trop apprécié.

Démarrer l’ordinateur me prend une éternité, foutue technologie bien trop vite dépassée, et j’observe tout ce petit monde à travers la fenêtre du bureau. Pour la première fois depuis mon arrivée, l’idée de partir trois semaines en vacances me peine moins que d’habitude. Sans doute est-ce parce que je vais passer quinze jours avec Gabin et Sophie, et une semaine de plus avec la famille au complet. J’ai envie de leur faire découvrir le coin et, par-dessus tout, même si je n’en ai pas parlé au principal intéressé, j’ai envie de les emmener rencontrer ma famille. Envie de passer à la vitesse supérieure.

Avec le retour de Jonathan, il n’y a qu’une chose que je n’ai pas remise en question : ma relation avec Julien. Evidemment, j’ai pensé à repartir, à me cacher ailleurs. Mais l’idée de quitter à nouveau mes proches, et la famille Perret, m’a rapidement dissuadée de prendre mes jambes à mon cou. Pourtant, j’ai peur pour chacun d’entre eux. Jonathan est bien plus dingue que je ne le pensais. Et quand je vois les menaces que Julien a pu lui faire, je ne peux qu’appréhender une nouvelle rencontre.

Trois nuits que je dors chez Nicolas. Les flics n’ont pas encore réussi à mettre la main sur lui. Une éternité pour moi. Cravate déteste vivre chez mon chef et ne s’entend pas très bien avec son Labrador, si mignon soit-il. Et moi, tout ce que je voudrais, c’est être chez moi, avec Julien et les enfants. Si Julien l’a proposé, j’ai bien vu son hésitation et je la comprends totalement, puisque moi-même j’y ai pensé. Les enfants ont suffisamment galéré pour ne pas prendre ce genre de risques.

Je souris en regardant Sophie arroser Zakaria. Quelque chose me dit qu’elle en pince pour l’adolescent, et il se pourrait bien que ce soit réciproque. Allez-y mollo quand même les loulous, je vous surveille ! Voilà que je deviens une mère poule avec les enfants du CHRS… Enfin, surtout avec Gabin et Sophie ? Oui, je l’avoue...

Je ris toute seule face à ce constat et consulte ma boîte mail. Beaucoup de non-lus, pour changer, mais la pile de documents à mes côtés n’est pas moins importante. Je prends le temps de les lire malgré tout et remets en non-lus ceux auxquels je ne réponds pas immédiatement, quand je tombe sur un mail qui fait vriller mon coeur. Joie et tristesse se télescopent brutalement et je me précipite à la fenêtre pour vérifier si Julien n’est pas dans la cour. Vu l’heure, il est là-haut, et je me dépêche de fermer le bureau à clé et de gravir les deux étages qui me séparent de cet homme qui a débarqué dans ma vie brutalement pour bien s’y installer.

Je frappe à la porte, plus fort que d’habitude, et à plusieurs reprises puisqu’il ne daigne pas m’ouvrir. Peut-être qu’il finit plus tard que prévu ce soir, finalement ? Je m’apprête à faire demi-tour quand la porte s’ouvre brusquement, sur un Papa Ours en petite tenue, en train d’enfiler un tee-shirt sur son torse encore humide, par-dessus un boxer gris qui, je ne vous fais pas de dessin, lui sied à merveille.

- Eh bien, tu étais si pressée de me voir aujourd’hui ? Entre !

- Je le suis toujours, ris-je une fois à l’intérieur, mais particulièrement aujourd’hui !

- Pourquoi particulièrement aujourd’hui ? Parce que je sors de ma douche et que tu t’es décidée à venir m’y rejoindre ?

- Je ne dirais pas non à une douche, vu la chaleur, et ça ne serait même pas pour tes beaux yeux, le nargué-je avant de reprendre mon sérieux… J’ai eu un mail de l’agence immobilière…

- L’agence t’a enfin répondu ? Et alors ? C’est bon ou pas ?

- Je rêve, soupiré-je théâtralement, j’ai même pas droit à un bisou du coup, y en a que pour ta maison !

- Tu as raison, je m’en fous de la maison. Je vais me faire pardonner !

Il se penche alors vers moi et passe sa main sur ma nuque pour m’embrasser passionnément, ses lèvres venant prendre possession des miennes. J’ai l’impression qu’il va me faire l’amour, là tout de suite.

- Tu ne peux pas te foutre de ta maison, dis-je d’une voix un peu plus rauque lorsqu’il me libère enfin. C’est important quand même.

- Pas autant que de savoir comment tu vas ? Ton dernier SMS était un peu court, je trouve.

- Désolée, j’ai un boulot de dingue pour me mettre à jour avant de partir en vacances… Donc, tu t’en fous, de TA maison ?

- En fait, si tu débarques ici comme ça, et que tu me laisses autant sur ma faim, c’est qu’ils ont dû m’attribuer la maison. Sans ça, tu serais déjà nue dans mon lit ! dit-il en éclatant de rire.

Je fais la moue et lui tourne le dos pour aller regarder par la fenêtre. Il n’a pas tort, mais il ne réagit pas vraiment à cette bonne nouvelle. Parce qu’elle est bonne, soyons clairs ! Même si une partie de lui comme de moi a conscience qu’on se verra moins.

- Je peux faire deux choses à la fois, tu sais, c’est une qualité qu’ont les femmes, Perret, tu devrais en prendre de la graine, dis-je en passant ma robe par-dessus ma tête avant de me retourner vers lui.

- Je vois ça. Et pourquoi n’es-tu pas encore en train de me retirer ce boxer pour fêter la bonne nouvelle ? me répond-il, taquin.

- Eh bien, parce que ta porte n’est pas verrouillée… Et que tu m’as dit que c’est nue dans ton lit que je devrais être, ris-je en me laissant tomber sur son lit.

Julien ferme la porte derrière lui et, d’un geste, se débarrasse de ses quelques vêtements en s’approchant de moi. Je vois son érection fièrement dressée, et je me lèche les lèvres sensuellement à l’idée que je vais bientôt à nouveau le recevoir en moi. Le sourire qu’il me décroche me fait fondre littéralement et humidifie mon intimité en un instant. Il a l’air si innocent et si avide que je me sens femme comme je ne l’ai jamais été. Dans ses bras, je me sens belle, je me sens désirée, je suis choyée. Et je l’accueille avec une véritable envie, un désir sans cesse renouvelé. J’écarte les jambes et il vient y poser ses lèvres. Je sens sa barbe qui me chatouille légèrement avant que sa langue et ses doigts ne viennent me procurer des sensations très agréables. Il est doué, Papa Ours. On dirait que je suis son pot de miel et j’adore ça.

Il ne reste pas longtemps car j’ai tellement envie de lui que je le fais remonter sur moi pour l’embrasser fougueusement, goûtant à ma cyprine sur ses lèvres.

- Je veux te sentir en moi, je t’en prie, soupiré-je en empoignant son sexe bandé entre nous pour lui prouver mes dires.

- Tes désirs sont des ordres, ma Princesse.

Il se positionne entre mes jambes et s’enfonce d’un puissant coup de rein, m’apportant un premier orgasme léger. Cet homme me rend folle. J’adore quand il me baise comme ça. Sauvagement. Bestialement, comme si rien n’importait d’autre que nos corps l’un dans l’autre, que notre jouissance commune. Mes gémissements se joignent rapidement à ses râles. Je glisse mes mains sur ses jolies fesses musclées et les presse pour l’attirer au plus profond de moi.

- Mmmm Julien. Jouis en moi, je t’en prie. J’en meurs d’envie !

Il m’attrape par les hanches et vient me téter un sein en accélérant le rythme. Il est encore plus vigoureux que d’habitude, plus excité, plus désirable aussi. Et quand il jouit au fond de moi, que je sens son sperme me remplir, je ne peux retenir mon orgasme et j’étouffe mes cris en enfouissant ma tête dans son épaule.

Julien me serre contre lui en s’allongeant à mes côtés et, comme toujours après ce genre de moments, passe de l’Ours sauvage à l’Ourson câlin.

- Alors, tu es content d’avoir la maison ? finis-je par demander alors qu’il a niché son nez dans mon cou et que sa main se promène sur mon fessier.

- Je crois, oui. Je vais pouvoir m’installer vraiment ici, près de toi. D’ailleurs, qui sait ? Un jour, ce sera peut-être notre maison ? Une fois que tous les soucis avec Jonathan seront terminés, ça me plairait bien que tu viennes vivre avec moi…

- Je crois que moi aussi, ça me plairait bien… Mais… Pas de pression, d’accord ? Je crois qu’il faut qu’on prenne notre temps, pour nous, mais aussi pour les enfants…

- Tu trouves qu’on va trop vite ? Moi, si tu me dis oui, demain, tu peux emménager avec nous ! rétorque-t-il toujours aussi fougueux.

- Non… Je ne sais pas. La dernière fois que je me suis précipitée, j’ai déménagé à l’autre bout de la France, épousé un dingue…

- Mince, je suis dingue aussi. Mais au moins, c’est à quinze minutes de chez toi !

Je ris et l’embrasse tendrement, soulagée qu’il ne prenne pas la mouche à ma remarque. Sept mois d’une relation cachée, plutôt épisodique, du moins pas classique, c’est assez peu commun pour se poser des questions, non ?

- Outre ma trouille incontrôlable, je ne veux pas bousculer les enfants, tu comprends ? Leur imposer ma présence chez vous, c’est quelque chose qu’ils doivent accepter… Enfin, je crois qu’avant d’envisager la chose, faut déjà que vous soyez installés, posés, et qu’on en discute avec eux, tu penses pas ?

- Je pense que les enfants t’adorent et que ce ne sera pas un problème pour eux. Surtout que dans la maison, ils auront chacun leur chambre à l’étage. Et nous, on pourra avoir la notre en bas… Pourquoi veux-tu que ça les dérange ? Ils n’entendront aucun bruit ! pouffe-t-il en m’embrassant à nouveau.

- Tu es incorrigible, Julien Perret, ris-je. Mais tu vas devoir me partager avec Cravate, je te signale. Je ne vais nulle part sans elle.

- C’est toi qui va devoir me partager avec elle ! Deux chattes juste pour moi, quelle chance ! rit-il de plus belle.

Il est d’une belle humeur et rien ne semble pouvoir porter ombrage à son bonheur. J’adore le voir comme ça, souriant, gai, loin du Papa Ours grognon et renfrogné des débuts.

- Heu… Va falloir nous partager avec tes enfants, quand même, et ça, ce n’est pas rien !

- Oui, je suis content qu’ils t’aient acceptée aussi facilement. D’ailleurs, il faut qu’on aille leur dire la bonne nouvelle. Et puis, ton absence risque de se faire remarquer si on continue nos papouilles…

- Tu as raison, soupiré-je en quittant ses bras pour me lever.

Je me rhabille rapidement alors que Julien fait de même, enfilant malgré tout plus de vêtements que tout à l’heure. Je passe rapidement par la salle de bain pour me rafraîchir avant de le rejoindre, et nous descendons tous les deux au rez-de-chaussée après un dernier baiser ravageur.

- Papa ! l’accueille Gabin lorsque nous sortons du bâtiment. T’as été long à la douche, moi je fais plus vite pour me laver.

- Oui, Poussin, c’est parce qu’Albane est venue me voir. Elle est où ta soeur ? Dis-lui de venir nous rejoindre. J’ai un truc à voir avec vous deux.

- On n’a pas fait de bêtises ! Promis ! Albane, si elle a dit le contraire, c’est qu’on lui a menti !

- Allez, va chercher ta sœur, personne n’a fait de bêtise, rajoute-t-il en me faisant un clin d'œil.

Personne ou presque oui. Je dois rougir, assurément, et détourne les yeux en souriant, alors que Gabin n’écoute qu’à moitié son père et reste à nos côtés en hurlant le prénom de Sophie. Je crois que nous la dérangeons, car elle est dans un coin avec Zakaria, et souffle en se levant pour nous rejoindre.

- Quoi ? bougonne-t-elle en se plantant devant son père.

- Désolé de te déranger pendant que tu dragues, mais j’ai une grande nouvelle à vous annoncer.

- Tu as des nouvelles de maman ? demande Gabin, perturbant légèrement Julien.

- Non, Poussin, rien de ce côté-là. Mais par contre, Albane vient de me confirmer qu’on allait bientôt pouvoir déménager ! On va avoir notre maison !

L’enthousiasme de leur papa est communicatif et les deux enfants sautent dans ses bras et l’étreignent dans une embrassade de laquelle je me sens un peu exclue. Papa Ours n’a que deux bras et ils sont déjà occupés par ses enfants. Alors que je m’apprête à faire demi-tour afin de les laisser fêter ça en famille, Gabin se détache de son père et vient prendre ma main, provoquant au fond de moi une bouffée de tendresse encore intensifiée quand il ajoute de sa petite voix douce :

- Viens pour le câlin, Albane. Tu nous as sauvés et Papa, il a de grands bras, on peut tous tenir !

Je ris et me joins à eux, toute heureuse de ne pas avoir été exclue de ce moment de bonheur. Au fond de moi, je rêve que ce sera le cas désormais, pour tous leurs petits moments de joie. Au fond de moi, je sais que je n’ai qu’une envie : prendre la place de Maman Ours et leur offrir tout l’amour que j’ai en stock.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0