34. Les jeux sont faits ?

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Julien

Je rentre du boulot et je trouve dans ma boite à lettres un petit mot d’Albane qui m’indique que je suis convoqué pour un entretien avec Nicolas et Jordan demain à quinze heures. Je pense qu’ils auront parlé de moi en réunion d’équipe. Ça promet. Surtout avec l’autre abruti. Je me demande bien pourquoi il est là, lui. C’est peut-être le référent des autres qui étaient présents à notre soirée poker ? Et dire que je n’ai même pas gagné un rond en plus ! Je suis sûr qu’ils ont triché, et qu’ils m’ont volé. Pas possible autrement. Il faudra que je prenne ma revanche la prochaine fois… Ah non ! Il n’y aura pas de prochaine fois... Il faut vraiment que j’arrête mes conneries ! En plus, j’ai promis à Albane de faire attention. Et, je ne sais pas pourquoi, mais d’avoir son image en tête, ça me fait oublier toutes les cartes. C’est elle qui est devenue ma dame de cœur, mon atout contre tous les mauvais jeux qui peuvent me tomber dessus. Je vais y arriver. Il faut que j’y arrive...

Quand l’heure fatidique arrive, je suis prêt. J’ai posé ma demi-journée afin de pouvoir être présent à l’entretien où mon avenir se joue. Je me demande s’ils ont déjà tout décidé ou bien si j’ai une chance qu’ils soient compréhensifs. J’ai essayé de croiser Albane ce matin avant de partir au travail, mais elle m’a habilement esquivé. Ce n’est pas bon signe… S’ils me mettent dehors, j’espère qu’ils me laisseront quelques jours pour me retourner. Maintenant que je suis passé à plein temps, je devrais pouvoir me trouver une chambre ou un truc pas trop grand en location parce que, s’il y a bien une chose que je ne veux plus, c’est que mes enfants dorment dans ma voiture !

Quand je frappe à la porte du bureau de Nicolas, j’ai l’impression d’être un petit gamin convoqué dans le bureau du principal. Que ce système est infantilisant ! Comme s' ils avaient besoin de théâtraliser autant ma sanction. Ils auraient pu tout simplement envoyer Albane me dire leur décision, et puis basta ! Mais non, je dois passer au tribunal d’abord. Je sens que je vais avoir un avocat à charge en la personne de Jordan, qui risque de vouloir me mettre toute la soirée sur le dos. Comme si c’est moi qui avais appris aux deux autres hurluberlus à jouer aux cartes ! J’espère par contre qu’Albane prendra ma défense devant Monsieur le Juge, Nicolas. J’ai presque un sourire qui me vient aux lèvres en l’imaginant avec une perruque blanche sur la tête et je dois me ressaisir pour ne pas entrer dans son bureau, l’air heureux d’aller me faire condamner ! Je m’installe sans un mot, sur la chaise qui se trouve en face du bureau du chef. Albane et Jordan l’encadrent, l’air grave, même si je devine un léger sourire d’encouragement de la part de ma référente qui a l’air aussi mal à l’aise que moi devant ce simulacre de justice.

- Bonjour Monsieur Perret, me dit Nicolas d’une voix sombre, comme s’il essayait lui aussi de rentrer dans son rôle. Vous savez pourquoi vous êtes là, je suppose ?

Bon, l’heure est grave. Il me vouvoie et me prend pour un con. C’est pire que ce à quoi je m’attendais. Je prends une grande respiration et réponds :

- Je crois que tu voulais me proposer une partie de belote, Nicolas. On est quatre, ça tombe bien, mais je te préviens, je ne fais pas équipe avec Jordan ! Ça serait au-dessus de mes forces !

Je craque là. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris mais je n’ai pas pu résister à l’envie de le provoquer un peu. Je vois d’ailleurs que ma réponse a amusé Albane qui n’a pu retenir un sourire. Il faut que je fasse gaffe car les deux autres font la tronche. Je vais essayer d’arrêter de faire le clown devant ma référente, sinon, je ne vais pas ressortir entier de cet entretien. Mais en même temps, quand je vois la tête que tire l’autre abruti, j’ai presque envie de continuer tout l’entretien sur le même ton. C’est tellement jouissif de le voir autant en colère ! Et quitte à perdre ma place, autant que je parte dans un feu d’artifices !

- Julien, tu te rends compte de la gravité de la situation ? Ce n’est pas le moment de faire des blagues, s’indigne Nicolas qui doit quand même être moins énervé car il est repassé au tutoiement.

- Désolé, Nicolas. J’essayais de détendre un peu l’atmosphère. J’ai un peu l’impression d’arriver au tribunal et d’avoir déjà été jugé. Si c’est pour perdre ma place, autant arrêter de jouer (aux cartes pensé-je intérieurement) et me le dire tout de suite. Ça me laissera plus de temps pour me trouver quelque chose (et me remettre de mon capot, ne puis-je m’empêcher de penser)…

- Monsieur Perret, intervient Albane, peut-être que vous pourriez nous laisser en placer une à un moment ? Ne repartez pas dans vos travers avec vos théories du complot… On est là pour discuter avant tout.

Je soupire. Je vois dans son regard qu’elle a vraiment envie de m’aider et je me dis qu’il faut que j’arrête de tout ramener aux jeux de cartes dans ma tête. Cet entretien n’est pas une partie de cartes, mais bien un entretien où il va falloir que j’arrive à dialoguer avec eux, si je veux sauver ma place. Avant que je puisse concéder ce point, c’est l’imbécile de service qui vient mettre son grain de sel :

- Je vous l’avais dit qu’il n’allait rien écouter et que cet entretien ne servait à rien. Franchement, on a mieux que ça à faire, Nicolas.

Je sens mon énervement remonter immédiatement. Ce gars n’a d’éducateur que le titre, je me demande même où il a pu acheter son diplôme. Je l’apostrophe directement :

- Quand je suis là, Jordan, vous pouvez me parler en face et pas parler de moi à la troisième personne comme si je n’existais pas ! Je vais faire un effort pour arrêter mes provocations, faites un effort pour faire votre boulot correctement et me respecter ! Je ne suis pas un gamin qu’on punit ou un enfant qu’il faut disputer ! Dites-moi ce que vous avez à me dire et ce que vous avez décidé, et ça ira comme ça.

- Bon, on va repartir sur de bonnes bases, Julien. J’ai besoin de comprendre pourquoi tu as ainsi désobéi au règlement. Et toi, Jordan, laisse-moi gérer les choses, s’il te plaît.

Je ne sais pas quoi répondre. Si Nicolas croit que j’ai pensé au règlement quand je suis allé rejoindre les deux autres pour jouer aux cartes, c’est qu’il me connaît vraiment mal. Je reste sans répondre, de peur de sortir une nouvelle bêtise.

- Monsieur Perret, finit par m'interpeller Albane d’une voix douce. Le fait que vous m’ayez parlé de cette soirée de vous-même, hier matin, quand je suis venue vous faire signer le papier de demande de logement, montre que vous avez conscience que c’était une erreur. C’est déjà un premier pas, et pas des moindres.

Alors là, je n’en reviens pas ! J’essaie de ne pas ouvrir grand la bouche pour me transformer en poisson rouge, mais s’il y a bien quelque chose que je n’ai pas dit de moi-même, c’est cette histoire qu’elle m’a forcé à lui raconter ! Elle joue à quoi, Albane ? Elle ment devant son chef ? Elle est folle ou quoi ?

- Il faut pas avoir fait des grandes études pour savoir que c’était une erreur, oui. Je ne suis pas un imbécile, même si des fois j’agis comme un idiot…

Je baisse la tête, l’air contrit. J’espère que je n’en fais pas trop. Difficile de trouver le juste milieu entre la rébellion ouverte et le jeu du clown qui n’en a rien à faire du juge. En tous cas, je suis reconnaissant à ma référente de me tendre une perche pour que je puisse essayer d’éviter le pire.

- Donc, vous savez que vous avez enfreint le règlement si vous n’êtes pas bête. A notre place, vous décideriez quoi, me demande un Nicolas qui s’efforce au maximum de rester dans son rôle.

- Je ne suis pas un imbécile, mais je ne suis pas non plus chef, moi. Je n’ai jamais été à ta place et je n’ai pas envie d’y être ! Alors, si tu me demandes ce que je mérite, je dirais que vous ne pouvez pas laisser passer ça. Donc il faut sanctionner. Après je ne mérite pas non plus une exclusion, on n’a rien fait de mal…

Je vois que Nicolas n’est pas satisfait du déroulé de l’entretien. En rentrant directement dans la provocation, je n’ai pas joué le rôle du parfait résident repenti. Je pense d’ailleurs que sans l’intervention d’Albane, je serais encore en plus mauvaise posture. Mais je n’aime pas m’abaisser ainsi devant les autres… Et j’aime encore moins me faire humilier devant Albane, si je veux être honnête avec moi-même. J’ai trop envie qu’elle ait une bonne image de moi, alors je préfère faire le rigolo plutôt que de faire profil bas et les laisser m’expliquer ce qu’ils ont décidé à mon sujet. C’est pas très mature comme comportement. Je vois en tous cas que mon ancien camarade de classe prend sur lui et me répond le plus calmement possible :

- Vous avez raison, Monsieur Perret. Nous allons devoir sanctionner. Si nous laissons passer ce genre d’événements, cela peut vite déraper. Les jeux d’argent sont interdits au CHRS. La consommation d’alcool également. Albane, tu m’as bien dit qu’il n’avait pas bu, c’est ça ?

- En effet, Monsieur Perret m’a assuré ne pas avoir bu d’alcool, et je le crois sincère.

- C’est déjà un bon point pour vous. Il reste donc le problème des jeux d’argent. Et des nuisances au voisinage.

- Oui, beaucoup se sont plaints du bruit, intervient Jordan, toujours là pour faire ressortir le meilleur chez les autres.

- Ce n’est quand même pas ma faute s’ils ont la victoire bruyante ! Vous pensez bien que j’aurais préféré gagner !

Je n’arrive pas à m’empêcher d’essayer de détendre l’atmosphère avec mes pauvres vannes à dix sous. C’est pas comme ça que je vais m’en sortir. Je jette un regard suppliant à Albane, espérant qu’elle va, une fois encore, intervenir.

- Monsieur Perret voit une psychologue depuis plusieurs semaines, notamment en rapport avec les jeux d’argent. Une addiction ne se soigne pas en quelques semaines, et il en a conscience. N’est-ce pas, Julien ?

- N’importe quoi ! Il ne voit pas de psychologue ! Tu nous en aurais parlé en réunion !

Oh là, je vais me faire plaisir à lui rabattre son caquet au Jordan. J’en jubile d’avance. Un peu comme si j’avais une suite royale dans les mains et que le gars est heureux d’annoncer une double paire.

- Eh bien si, je vois quelqu’un. J’ai d’ailleurs été orienté par ma référente à qui j’ai demandé de ne pas trahir le secret médical. Elle a juste fait son travail. Et moi, j’essaie de ne plus tomber là-dedans, mais c’est compliqué. Je pense d’ailleurs que Nicolas est au courant de tout ça, car j’ai autorisé Albane à lui en parler.

Allez, un coup de bluff, ça ne fait pas de mal. Quand on n’a pas de jeu, il faut bien utiliser un peu la psychologie humaine. Je compte sur l’amitié qui me lie à Nicolas, et le fait qu’il ne veuille pas laisser penser qu’il n’est pas au courant de tout, pour qu’il ne dise pas le contraire de ce que je viens d’affirmer.

- Euh… En effet, Albane a évoqué… Mais ça n’a pas l’air d’être très efficace, Monsieur Perret, si vous cédez à la moindre tentation ! Alors, revenons à vous, s’il vous plaît. Comme vous l’avez compris, nous ne sommes pas contents de ce qu’il s’est passé. Personnellement, après ce que vous avez vécu avant d’arriver ici et ce à quoi cela vous a amené, j’aurais pensé que vous en aviez pris de la graine. Apparemment, non. Bref, en réunion, nous avons évoqué la situation.

- Quand je disais que le jugement était déjà tombé ! bougonné-je en me redressant sur ma chaise.

- Julien, bon sang ! s’agace Albane avant de se reprendre et de terminer plus calmement. Faites profil bas et soyez coopératif deux minutes, vous voulez ? Il y a un temps pour tout...

- Désolé… J’ai horreur de me retrouver dans de telles situations. Je ne sais pas comment les aborder. Ne faites pas attention à mes bêtises. Si je réagis comme ça, c’est que je ne sais pas ce que je dois faire. Et j’ai vraiment peur de perdre ma place alors que tout commence à s’arranger pour les enfants et moi…

Quel effet elle a cette femme. En quelques mots, elle a réussi à me calmer et à me faire comprendre à quel point je ne suis pas dans le bon positionnement. J’ai vraiment honte de moi, de ce que j’ai fait. De n’avoir pas su résister à la tentation. Mais ça, je ne l’avouerai jamais devant eux. Surtout pas devant Jordan, qui me regarde m’enfoncer en arborant un air de satisfaction malsaine sur son visage.

- Monsieur Perret, nous ne sommes pas des monstres, ici, vous savez. En réunion, votre référente a présenté tous ces éléments et nous les avons pris en compte. Nous avons donc décidé de vous laisser une nouvelle chance. Une chance qu’il vous appartient de saisir. Nous savons que ce n’est pas facile de se battre au quotidien contre soi. Mais cela n’excuse en rien votre comportement même si ça l’explique un peu.

- Ça veut dire quoi tout ça ?

- Que tu ne perds pas ta place ! Pour quelqu’un qui se disait pas idiot il y a quelques instants, tu es un peu lent à comprendre !

Je jette un regard noir à Jordan, mais avant que je ne réagisse, Albane intervient, visiblement énervée elle aussi :

- Bon sang mais, tu ne veux pas te taire, sérieusement ? Vu le temps que tu mets pour comprendre la notion de respect, je crois que tu es plutôt mal placé pour parler…

- Jordan, encore une remarque comme ça et je te demanderai de sortir. Merci de t’excuser auprès de Monsieur Perret, qui est visiblement perturbé par ce qu’il s’est passé, ce qui n’est pas ton cas et ne justifie en aucune façon tes propos.

Je hausse les sourcils. Ils sont en train de se disputer devant moi, là ? En tous cas, je vois que Jordan prend très mal la remarque de son chef, qui a l’air d’avoir apprécié autant que moi la réplique cinglante de la jeune femme à ses côtés. En un instant, elle lui a rabattu son caquet. Belote, rebelote et dix de der ! Il est au tapis et le sait. Il me regarde et me dit alors, d’un ton que je trouve faux au possible :

- Excusez-moi. Mes mots ont dépassé mes pensées…

Alors là, le jour est à marquer d’une pierre blanche ! J’étais venu avec la peur de me faire virer, mais non seulement ça ne va pas être le cas, et en plus, grâce à Albane, j’ai devant moi un Jordan qui fait son mea culpa. J’ai l’impression que Dieu existe ! Et s’il n’existe pas, c’est que ma référente est une déesse, pas seulement du sexe, mais aussi du travail social ! Je jette un œil à Nicolas qui ne sait vraiment plus comment gérer cet entretien qui part dans tous les sens. Je suis sûr qu’il fera tout à l’avenir pour éviter de se retrouver avec ses deux éducateurs ensemble, au risque de devoir faire un petit entretien de recadrage. Y en a un qui en aurait bien besoin, c’est clair.

- Pas de souci. Ça arrive à tout le monde de dire des bêtises… Mais je n’ai toujours pas compris quelle sanction vous allez prononcer contre moi ?

- Eh bien, se reprend Nicolas, sur une excellente idée d’Albane, nous avons décidé de te laisser décider de la sanction par toi-même.

Je note avec plaisir qu’il est revenu au tutoiement avant de comprendre qu’il va me falloir décider de ce que je vais accepter de faire comme sanction. Je dis, sans vraiment réfléchir, la première chose qui me passe par la tête :

- Continuer à voir la psychologue ?

- C’est trop facile, ça, Monsieur Perret, m’apostrophe Albane. C’est quelque chose déjà mis en place et qui fonctionne bien. Il est logique de continuer. Quoi d’autre ? Réfléchissez, vous êtes doué dans plein de domaines, qu’est-ce qui pourrait profiter aux résidents et vous permettre de vous racheter une conduite ?

Là, je dois avouer que la déesse est revenue sur terre et est descendue de son piédestal. Avec l’avantage pris sur Jordan, je pensais m’en tirer facilement, mais non. Elle reste professionnelle, sur ce plan là au moins, et me demande de réfléchir. J’essaie de le faire sous le regard amusé de Nicolas, qui a l’air d'apprécier les interventions de son éducatrice beaucoup plus que le regard peu amène de l’autre abruti. Pas facile de se concentrer dans ces conditions-là… Qu’est ce que je pourrais proposer pour qu’ils jugent que ce soit suffisant ? Aller faire les courses pour Léopold que nous avons vraiment dérangé ? Non, il n’a pas besoin de moi pour ça. Faire le ménage dans le bâtiment matin, midi et soir pendant quinze jours ? Je ne suis pas une bonniche non plus… Pfff… Quelle idée elle a eu, là, Miss Albane ! J’aurais presque préféré qu’ils me mettent dehors ! Ça aurait été plus simple !

- Allons, Julien, un petit effort ! Quels atouts sont cachés dans votre manche ? Que pouvez-vous nous offrir ?

Dans ma manche ? Un bras. Ça ne m’aide pas, ton truc, Albane. En même temps, penser au bras m’amène vers la peinture. Je me vois en train de peindre la silhouette de ma référente en contre-jour, le pinceau à la main. Et si je proposais un atelier ? Non, personne ne serait intéressé ! Et puis, personne ne sait que j’aime ça… Ce serait trop me découvrir. Les gens pourraient se moquer. Mais n’est-ce pas aussi le but de la proposition d’Albane ? Me découvrir ? Me mettre à nu pour trouver la force en moi de me dépasser ? Il faut que j’arrête de réfléchir, je deviens philosophe. Mais l’envie est née. Elle est là et je ne peux résister à la tentation de leur proposer la folie qui m’est venue en tête :

- Si vous voulez, je peux animer un atelier peinture. Aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Comme ça, on pourra décorer le CHRS, qui est quand même bien tristounet. Si j’avais gagné des mille et des cent en jouant, je vous l’aurais payé, mais comme il paraît que c’est un peu interdit ici, je vais devoir me contenter de le faire moi-même avec les participants à l’atelier. Vous en pensez quoi ?

J’ai pas pu m’empêcher de glisser une pointe d’humour sur le jeu tellement je suis stressé à l’idée qu’ils se moquent de moi. Mais, à ma grande surprise, même Jordan ne réagit pas, se contentant de regarder Nicolas qui, je le vois bien, est surpris de ma proposition et l’étudie en même temps.

- Je suis totalement pour. Je trouve que c’est une excellente idée, sourit Albane en me faisant un clin d'œil.

- Le CHRS est tristounet ? Tu trouves vraiment, Julien ? Et tu serais capable d’animer un atelier ?

- Oui, les murs blancs et gris, ça va un moment, mais c’est pas folichon. On n’a déjà pas le moral quand on vit ici, si en plus on a l’impression de vivre dans un hôpital, ça ne nous aide pas à aller mieux ! Et oui, je suis capable. Demande à Albane, j’ai déjà animé l’atelier français.

- Oui, le français, je sais. Mais là, on parle de peinture. Tu t’y connais un peu ?

- Oui, un peu.

- Je confirme, il est doué, sourit Albane. Et puis, on parle d’un atelier, pas d’un cours visant à faire des Picasso en herbe, non ?

- Bon, c’est décidé ! On fait comme ça ! Julien, tu t’organises avec Albane pour mettre en place au moins cinq ateliers ! Mais je vous préviens, je valide les œuvres qui seront accrochées ! Pas envie de me retrouver avec une scène de tripot sur le mur vu qu’elle ne peut pas avoir lieu dans les chambres ! conclut Nicolas dans un grand sourire.

- Bien, chef ! Merci de votre compréhension en tous cas. Je vous promets d’essayer de ne plus succomber à la tentation. Je n’ai plus d’atout dans ma manche et je sais que je dois filer droit pour ne pas me retrouver sur le carreau !

Encore une fois, les émotions prennent le dessus et je ne peux m’empêcher d’essayer d’éviter de me mettre trop à nu en recourant à l’humour. Je sors après les avoir salués et me dépêche pour avoir le temps de faire la surprise à Gabin d’aller le récupérer à l’école. Je me dis que j’ai de la chance car non seulement, ma place n’a pas été remise en question, mais je vais pouvoir faire profiter les autres de ma passion pour la peinture. Je ne peux m’empêcher de penser qu’Albane n’y est pas pour rien dans ce petit miracle. Il faudra vraiment que je trouve un moyen de la remercier. C’est tellement bon d’avoir un ange-gardien dans sa vie.

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