Prologue ~ Andrew 

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Quinze ans plus tôt...

Nous sommes tous les deux allongés, nus recouverts de sueur, dans le lit de Luka. Alors qu'il est installé contre moi, sa tête sur mon buste, je joue avec ses cheveux tout en réfléchissant à comment lui annoncer ma décision. Je ferme les yeux tout en continuant de tripoter sa belle tignasse brune, je prends une grande inspiration avant de me lancer.

— J'ai décidé d'en parler à mes parents, dis-je d'un coup à Luka.
— Tu es complètement malade, s'écrit-il en se levant sur les coudes. Je te rappelle que ta famille est plus que catholique et que tu es, pour eux, un pécheur et que tu iras directement en enfer.
— Je sais, je lui rétorque en soupirant. Mais, Luka je ne peux plus me cacher, je ne supporte plus de TE cacher. Je t'aime Lukamour et je veux pouvoir t'aimer comme tu le mérites.
— Je t'aime aussi Andy, mais je ne veux pas te créer de problèmes, me rétorque-t-il d'une voix enroué.

Je me lève et sors du lit pour m'habiller.

— Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il, surpris.
— Je vais voir mes parents et tout leur dire, ma décision est prise et je ne changerai pas d'avis, je réponds, sûr de moi, en me tournant face à lui.
— Ne fait pas ça... s'il te plaît ne leur dis pas. Je ne veux pas te perdre, me souffle Luka, les larmes aux yeux, en se levant à son tour.

Je me rapproche de lui et le prend dans mes bras. J'embrasse son front, ses yeux, ses joues, sa mâchoire et finis par ses belles et douces lèvres. Nous nous lançons dans un tendre baiser remplis d'émotions. Ses bras m'entoure la taille alors que mes mains sont autour de son coup.

— Moi non plus je ne veux pas te perdre, je t'aime trop pour ça. Mais je ne supporte plus de vivre caché, je lui réponds avant de déposer un chaste baiser sur sa bouche.

Je retourne finir de m'habiller et sors de sa chambre avec dans ma main celle de Luka qui ne veut pas me lâcher malgré le cauchemar que je m'apprête à vivre auprès de mes parents. Nous sortons de chez lui, et traversons la route pour entrer chez moi, nos maisons se ressemblent. Nous vivons dans un quartier résidentiel, où toutes les maisons sont identiques.

Nous entrons chez moi, toujours main dans la main, et arrivons dans le salon où mes parents sont assis sur le canapé en train de regarder un film. Luka me lâche la main en les voyant et s'arrête comme tétanisé, alors que moi, d'un pas décidé, je me mets devant entre eux et la télé, en prenant la plus grande inspiration de ma vie.

— Papa, maman, j'ai quelque chose à vous dire...
— Que se passe-t-il, mon fils ? dit mon père en fronçant les sourcils.
— Je suis tombé amoureux...
— Mais c'est génial, mon chéri, comment s'appelle-t-elle ? me coupe ma mère avant que je puisse terminer ma phrase.
— Pas elle... je murmure en baissant les yeux avant de les relever rapidement.

Je déglutis avant de reprendre.

— Je ne suis pas amoureux d'une fille, mais d'un garçon. Vous le connaissez déjà, c'est...c'est Luka, je leur dis en lançant un petit coup d'œil à mon homme en lui faisant un rapide sourire qu'il me rend. J-je suis gay ! je leur déclare en les regardant dans les yeux, tout en tremblant.
— Non ! Non, non, non... ce n'est pas possible, tu ne peux pas être ça. Mon chéri, tu es malade, il faut te faire soigner ! C'est contre-nature... me dit-elle en pleurant.

— Je ne suis pas malade, maman, je réplique en soupirant.

D'un coup, mon père se lève, son visage est fermé, et fonce vers Luka. Luka, lui, le regarde venir vers lui, tout tremblant. Il est vrai que mon père est impressionnant avec son mètre quatre-vingt-quinze.

Il lui agrippe le bras, et se met à lui crier dessus.

— Qu'as-tu fait à mon fils ? Espèce de démon, tu es une abomination.
— J-je..., bégaye-t-il, totalement apeuré.

Je m'avance vers eux afin de venir en aide à Luka.

— Laisse-le tranquille, si tu dois t'en prendre à quelqu'un c'est à moi pas à lui ! je m'écris en poussant mon père pour qu'il lâche Luka. Il se tourne vers moi, puis regarde ma mère d'un regard noir.

— Je t'avais bien dit qu'il traînait trop avec cette pédale. Va faire les valises, nous partons ce soir, lui ordonne-t-il en grognant de rage.

Elle hoche la tête et part faire ce qu'il lui a ordonné.

— Quoi ? Mais, non papa, tu ne peux pas faire ça, je rétorque, totalement surpris de l'ampleur que ça prend.
— Tu.N'as.Pas.Ton.Mot.À.Dire, me dit-il, les dents serrées et le regard de tueur, avant de me gifler.

J'entends Luka hoqueter de surprise et de peur, je le regarde autant étonné que lui, en mettant une main sur ma joue meurtrie. Mon père se tourne vers lui.

— Toi, grogne-t-il hargneusement en le pointant du doigt. Sors de chez moi !

Luka m'analyse, ne sachant que faire.

— Vas-y, je suis tellement désolé, Luka.
— Moi aussi, Andy, souffle-t-il en sanglotant, avec des larmes qui coulent sur ses joues rosies.

Il ancre ses yeux dans les miens quelques secondes, avant de faire demi-tour et sortir à toute vitesse en pleur. Je le regarde partir les larmes coulant le long de mes joues, car je sais que c'est la dernière fois que je le vois...

***

Durant le temps où ma mère prépare les valises, mon père me passe un savon mémorable. Il me dit que je suis malade, que Dieu n'accepte pas les personnes dans mon genre, qu'il faut que je me fasse soigner. Il me parle de ce centre qui va m'aider à aller mieux, mais moi, je ne veux pas y aller dans ce genre de centre, je sais ce qu'il passe. Je lui explique que c'est la première et la dernière fois, que je ne regarderai plus jamais les garçons. Alors, nous passons tous les deux un accord, j’accepte donc les suivre sans rien dire, de partir loin de Luka, si je ne vais pas dans un de ces centres.

Ma mère revient avec des valises à pleines mains, part les mettre dans la voiture. Mon père me pousse à la suivre. Nous montons tous les trois dans la voiture. Mon père démarre et commence à rouler lorsque j'entends les cris de Luka derrière la voiture.

— NON ! NON, JE NE VEUX PAS QUE TU PARTES ! ANDY... crie Luka en sortant de chez lui à tout-va, quand il nous voit partir.

Il nous court après, je me tourne pour le regarder, pour voir une toute dernière fois. J'ancre à jamais dans ma mémoire le visage de l'amour de ma vie... Je l'entends hurler qu'il m'aime et qu'il ne m'oubliera jamais. Je le vois s'arrêter, rattrapé par ses parents qui le prennent dans leurs bras pour le réconforter.

— Moi aussi je t'aime, Lukamour, je murmure faiblement afin d'être le seul à m'entendre parler, les larmes aux yeux. Je ne t'oublierai jamais non plus...

Je ne les lâche pas du regard jusqu'à ce que la voiture tourne pour quitter le quartier et que je ne puisse plus les voir. Je me retourne afin de m'asseoir correctement, cale ma tête contre la vitre, ferme les yeux et pleure silencieusement pour ne pas que mes parents m'entendent.

Je viens de perdre le garçon que j'aime, celui avec qui je me voyais passer ma vie, par ma faute...

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