Chapitre 30: Meurtriers.

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" Le crime se reflète toujours sur les esprits des témoins et des proches. Il faut les considérer comme des miroirs ; le meurtrier se cache dans un des angles morts."

- Jean-Christophe Grangé.

"Tue James Bown" disait la lettre. Louis avait tout d'abord refusé. C'était son ami, jamais il n'allait faire ça. Néanmoins, après la scène dont il avait assisté, il avait rapidement changé d'avis. James se tenait dans une cellule qui était infesté de microbes et d'autres saletés du genre. Il était allongé au sol et gémissait. Du sang s'échappait de son corps. Il poussa un râle profond et cracha encore du liquide métallique. Il marmonna, confus.

— Je te promets que je n'ai absolument rien fais.

Louis l'ignora. Il aiguisait une longue hache en sifflotant un air sinistre. Son ami vit l'arme et blancha davantage. Il balbutia.

— Ne fais pas ça. Maëlys ne te le pardonnera jamais.

— J'ai changé tu sais, murmura l'empereur en l'ignorant royalement. Avant, j'étais un jeune homme meurtri. Mon passé revenait sans cesse me hanter. Puis, j'ai rencontré Maëlys. Elle m'a redonné goût à la vie jusqu'au jour où j'ai cru que Lillian allait mourir. Je suis devenu fou. Je ne me contrôlais plus. Je tuais encore et encore.

Louis reposa son arme puis se tourna vers James, les traits de son visage étaient durcis par la colère. Il poursuivit son monologue.

— Vois-tu, aujourd'hui, j'avais pris conscience de mes actes. Je les ai profondément regrettés. Lorsque je t'ai vu avec elle, je me suis dis que j'allais à nouveau sombrer dans la folie. Or, cette fois-ci, j'en ai totalement conscience. Comprends-tu ce que cela signifie, James ?

Ce dernier sentait la peur prendre de plus en plus contrôle de son corps. Cela signifiait une chose: Louis allait choisir volontairement de le tuer. Pas sous l'influence de sa colère mais par envie. Avant, on pouvait avoir pitié de lui. Désormais, on devait le haïr. James porta la main jusqu'à son annuaire et fit tourner sa bague de mariage, le coeur lourd. Jeanne était une personne adorable dont il avait appris à l'aimer. Par ailleurs, il y a peu longtemps, elle venait lui annoncer une merveilleuse nouvelle: elle attendait la vie ! Dans 8 mois, elle allait donner naissance à un petit garçon ou une petite fille. Malheureusement, James n'aurait pas la chance de voir son enfant. Des larmes coulèrent sur son visage, ce que remarqua Louis. Celui-ci se moqua.

— Tu pleures. J'espère qu'il s'agit de larmes de culpabilité.

— En effet car jamais je ne pourrai élever mon enfant, contrairement à toi, un meurtrier ! cracha James avec véhémence.

L'empereur eut un léger sourire, comme amusé par sa remarque. Il s'avança, ouvrit la porte de la cellule et sortit James de là. Celui-ci gigota jusqu'à provoquer l'agacement de son ravisseur. Ce dernier le jeta au centre de leur pièce. L'ami de Maëlys en profita, poussé par l'adrénaline, pour se relever. Il chancela mais sa motivation le pousser à tenir bon. Louis ricana et posa sa main sur la manche de la hache. Il la tira jusqu'à lui et murmura sadiquement.

— Que ton sang coule...

— Laisse le tranquille ! cria une voix aïgue.

L'époux de la princesse d'Astramo observa la nouvelle arrivante. Il reconnut vaguement les cheveux bouclés de la jeune femme. Il ne connaissait que très peu de chevelure rousse pour dire vrai. Il lui dit, amusé par sa volonté de protéger James.

— Es-tu Jeanne Bown ?

— C'est cela, acquiesça-t-elle. Maëlys m'a prévenu de tes agissements et j'ai tout de suite accouru. Tu n'as pas intérêt à le tuer.

Louis admira son audace et se demanda si son épouse aurait été capable de tels agissements. "Probablement pas" pensa-t-il amèrement. "Elle t'a trompé avec James". L'empereur observa Jeanne aider son époux à te dire débout et celui-ci sembla essayer de la rassurer. Son coeur se serra à cette vision et il se rappela qu'à une époque, c'était lui et Maëlys à leur place. Aaron était leur ennemi. "Aujourd'hui, c'est moi le tyran" remarqua-t-il avec aigreur. La vie pouvait réserver des surprises. Louis décida de passer à l'action, las de regarder le couple marié. Il leur dit.

— Jurez allégeance à Louis ou mourez.

— Je préfère mourir que de me soumettre à quelqu'un afin de garder la vie sauve ! s'écria Jeanne.

— A la bonne heure, ironisa l'empereur en prenant sa hache.

La jeune femme vit l'arme et s'inquiéta. Ses pouvoirs, peu puissants en temps normal, commençaient à disparaître. James était trop blessé pour se battre. Elle ne voulait pas vraiment mourir, elle portait un enfant bon sang ! Néanmoins, si elle avait accepté l'autre option, elle était comme morte. L'absence de liberté avoisinait le sens de la mort après tout. Jeanne serra les poings, fermemant convaincue de mourir avec dignité. Elle vit une épée contre le mur et s'y jeta dessus. Elle la brandit avec férocité puis s'élança sur Louis en criant. Ce dernier esquiva le coup avec aisance et leva sa hache. James sentit son sang se glacer et avec désespoir, il se mit entre son ancien ami et sa femme. L'arme s'abatta et trancha son corps en deux, recouvrant les deux autres individus de liquide métallique. Jeanne recula, porta sa main sur sa bouche, retenant des nausées. Elle voyait le corps de son mari au sol, coupé en deux parties. Des organes sortaient de son corps et rendaient le spectacle terriblement macabre. Les larmes lui montèrent et elle tomba à genoux, dévastée. Elle leva la tête et murmura à Louis qui ne semblait pas perturbé par ce qu'il venait de se passer.

— Tu es un monstre...

— J'aime ça, répondit-il seulement avec un sourire sadique sur les lèvres.

L'empereur, tenant l'arme fermement entre ses mains, lui demanda.

— Tu as encore une chance de vivre. Jure allégeance à Louis et tu vivras. Jure allégeance à Louis et ton fils vivra.

— Je me refuse de vivre sans James, balbutia-t-elle.

Il hocha la tête, leva la hache. Il observa la jeune femme qui fixait la lame, prête à mourir. Elle ferma les yeux en voyant la lame s'abaisser jusqu'à elle. Son esprit quitta son corps au moment où l'arme entra en contact avec sa chair. Louis s'éloigna des cadavres. Il décida de rentrer chez lui comme si de rien n'était.

***

Elle était morte d'inquiétude. Aussitôt qu'elle avait vu Louis kidnapper James, elle avait averti Jeanne. Elle l'avait aidé à les rejoindre. Malheureusement, elle n'avait pas pu l'accompagner, son état l'empêcher de faire de mouvements trop brusques. Oh diable, pourquoi son époux était-il arrivé à ce moment ? Elle n'avait rien fais ! Elle aimait trop Louis pour cela ! En revanche, si celui-ci avait tué son ami, elle ne lui pardonnerait jamais. Elle ne pourrait plus lui pardonner. Elle attendit la porte de la salle de bain s'ouvrir et elle sursauta en voyant son mari en sortir. Elle balbutia.

— Que fais-tu ici ?

— Je suis parti me laver, s'étonna-t-il. Tu ne m'as pas vu entrer ?

— A croire que non, souffla-t-elle. Où sont James et Jeanne ?

— Je les ai fais fuir, lui répondit-il en prenant une chemise dans l'armoire. Aaron voulait leur mort. Je me suis refusais de les tuer, après tout, James est mon ami. Je n'allais pas faire ça, ajouta-t-il en fixant Maëlys qui semblait spectique.

La princesse semblait confuse et son mari le comprit bien. Il lui mentait effrontément. Malheureusement, il ne voulait pas qu'elle découvre la vérité. Elle serait capable de se venger. Il pensait d'abord à sa vie et puis, surtout, il ne voulait pas la perdre. Les évènements lui firent comprendre à quel point il était attaché à elle et que celle-ci lui permettait de garder un peu d'humanité. Il s'approcha d'elle, se mit à genoux et lui murmura.

— Je suis désolé de mettre emporter. J'ai fais de terribles erreurs et j'en ai conscience. Je ne voulais pas te faire souffrir, ni Lillian, ni le bébé. Je vais tout faire pour me racheter.

Maëlys hocha la tête, un petit sourire sur les lèvres. Elle mit sa main sur la chevelure de Louis et le caressa tendrement. Il posa sa tête sur le ventre gonflé de sa femme et ferma les yeux, un sourire sur les lèvres. James n'allait jamais connaître ça et il en était plus que satisfait. La jeune femme interrompit ses pensées.

— Mon père souhaite nous voir le plus tôt possible. Il doit nous parler.

— Pourquoi ne me l'as-tu pas dis plus tôt ? s'étonna-t-il.

— Tu étais absent, lui rappela-t-elle avec un sourire crispé. Avant qu'on y aille, sache que je ne t'ai pas encore pardonné, précisa-t-elle d'un ton sérieux. Je t'accorde seulement une dernière chance.

— Bien entendu, mon amour, approuva-t-il en embrassant ses mains.

Le couple se leva et sortit de leur chambre. Ils se rendirent jusqu'à celle de Max d'Astramo. Les serviteurs observèrent les jeunes gens avec admiration. Ils aimaient dire qu'il s'agissait d'un exemple d'un mariage parfait. Une fois arrivée sur les yeux, Maëlys toqua à la porte et entra lorsqu'elle entendit son père lui autorisait. Elle alla l'éteindre et s'assit en face de lui. Louis lui serra la main et alla rejoindre sa femme. Max les observa, l'air sérieux. Il s'installa confortablement sur son fauteuil et leur expliqua leur présence ici.

— Si je vous ai réuni ici, c'est par rapport à l'enquête que je menais. J'ai enfin trouvé l'identité du tueur de ton père, Louis.

— Qui est-ce ? s'exclama le jeune homme en se redressant.

— Je préfère d'abord tout expliquer, lui répondit-il avec un sourire compatissant. Il y a des années de cela, avant qu'Alan rencontre Diane, il fréquentait une jeune femme. Oh, ce n'était pas du sérieux, c'était juste pour passer du bon temps. Il avait prévu de la quitter lorsqu'il était tombé amoureux de ta mère, Louis. Or, il se trouve que la personne avec qui il bécotait venait de lui annoncer qu'elle était enceinte. Alan a préféré fuir ses responsabilités. Or, elle ne voulait pas avorter et elle a choisi de garder l'enfant, malgré le fait que ton père n'assumait pas son rôle. Elle a accouché d'un petit garçon : Gabriel Carlie.

— C'est lui qui a tué mon père ? s'emporta Louis en se levant. Où est-il ?

— Enfermé dans une cellule. Son procès aura bientôt lieu, lui expliqua Max.

Maëlys se leva à son tour dès qu'elle sentit un liquide s'échappait de son corps. Elle regarda le sol puis son mari. Elle vacilla et son père la rattrapa aussitôt. Elle murmura, les yeux mi-clos.

— Je crois que je vais accoucher.

Louis la prit dans ses bras et ils se regardèrent droit dans les yeux. Le moment qu'ils attendaient avec impatience allait arriver. Charles allait bientôt naître et la famille Turin allait s'agrandir davantage.

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