Chapitre 2: Une fille, un père, un fiancé.

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"Je vous répéterai encore que la vérité est la fille du temps, et que son père doit la laisser aller à la fin dans le monde"

- Voltaire.

Le soleil était levé depuis quelques heures déjà. Les oiseaux chantaient, les fleurs bougèrent au rythme de la douce brise que produisait le vent. Le temps était sublime. Néanmoins, cela paraissait faux. "Le calme avant la tempête", disait-on.

Maëlys était installée dans le jardin. Elle était assise contre un saule pleureur, les genoux remontés contre sa poitrine. Tout son corps était empli d'angoisse. Elle tenait dans ses mains son petit carnet sur lequel elle griffonnait frénétiquement. Un, deux, trois... Son père allait arriver. Quatre, cinq, six... Dans moins de cinq minutes, il sera là. Sept, huit, neuf... Elle entendit du bruit. Dix... La sonnette retentit, rompant son rituel pour se calmer. Max d'Astramo venait d'arriver.

La princesse prit une profonde inspiration. Tout allait bien se passer. Elle avait discuté avec sa mère la veille et elles s'étaient mises d'accord.

***

Flashback.

Maëlys se rendit en vitesse dans la cuisine où elle trouva sa mère entrain de faire la vaisselle. Elle s'assit sur un tabouret et disait à toute vitesse, les joues rougies.

— Tu risques la prison, non ?

— Bien pire que ça, lui répondit Laure en prenant une assiette et en la rageant dans un placard. Néanmoins, peut-être que ton père sera clément et je pourrai me contenter de quelques années en prison.

— Peut-être pas, dit-elle d'un ton où on pouvait y relever de l'amusement. Ecoute mon idée.

Maëlys expliqua son plan avec de grands gestes. Sa mère l'écouta attentivement et hocha la tête par moment. Après son discours, Laure approuva.

— Je t'en remercie...

Puis elle ajouta, la mine soucieuse.

— Ce que tu comptes faire... Tu ne devrais pas te forcer pour moi.

— Je me force pas, lui assura Maëlys. Tu sais bien que non, au contraire.

Toutes deux restèrent silencieuses, la mine grave.

Fin du flashback.

***

Maëlys se leva, la mine encore plus pâle que d'habitude. La jeune femme se rendit jusqu'à dans son salon et s'arrêta net en voyant un homme de l'âge de sa mère. Assez grand de taille, un visage saillant garni de cheveux noirs ébènes, les traits durs, la mâchoire carrée et des yeux d'un bleu foudroyant. Il fixa intensément la demoiselle et parla d'une voix grave.

— Alors c'est elle. Elle que tu as caché pendant dix huit longues années il me semble.

— Max.. Je peux t'expliquer.

— Non, s'agaça le dénommé Max. Es-tu Maëlys Black ?

La jeune fille hocha la tête. Elle observa discrètement son père. En effet, il fallait être aveugle pour ignorer une aussi forte ressemblance. Elle lui demanda.

— Que faîtes-vous ici ?

— Je viens te chercher. Te faire reprendre ta place de princesse.

— Pardon ?, s'étonna faussement Maëlys. Mais, reprit-elle d'une voix se voulant étonnée, où est votre royaume ?

— A Astramo. Un pays fantastique situé entre la Corse et la Sicile. Un endroit invisible pour les humains.

Maëlys ne manifesta aucune trace de surprise. Sa mère avait toujours était franche avec elle. Elle savait tout du monde surnaturel. Son copain aussi d'ailleurs. Pourtant, elle resta sceptique. Cet homme était un inconnu pour elle. Il se présenta en tant que roi et son géniteur. Où était le vice ? Maëlys décida d'appliquer son plan. Elle se tourna furieusement vers sa mère et s'écria.

— Pourquoi ne m'as-tu rien dis ? Pourquoi m'as-tu enlevé à mon père et à mon trône ?

Etonnament, cela se révélait plus facile qu'elle ne l'aurait pensé. Il y avait une part de sincérité à ce qu'elle disait et sa mère le comprit bien. Celle-ci se leva et s'approcha de sa fille.

— C'était pour ton propre bien. Je ne peux pas te dire pour quelle raison exactement mais crois moi...

— Je ne te crois plus, désormais, cracha la princesse avec animosité.

Maëlys se retourna en direction de son père. Ce dernier se tenait droit et semblait heureux de la situation. Elle lui sourit furtivement et demanda d'une voix mielleuse.

— Si vous êtes ici, c'est pour une raison. Que voulez-vous de moi ?

— Tu es plus intelligente que je le pensais, mi hija, rit-il franchement.

Il se leva de son siège et s'avança vers la fenêtre tout en expliquant.

— Je commence à me faire vieux même si je n'ai pas encore la quarantaine. J'ai qu'une fille qui prendra la relève de ce royaume. Il me faut donc m'assurer qu'elle n'épouse pas n'importe qui.

— Vous êtes donc venu ici pour faire un mariage arrangé, comprit sa fille.

— C'est exact. J'apprécie ton intelligence, Maëlys.

La princesse fixa le dos de l'homme et se crispa. Elle était d'un naturel docile mais de là à accepter aussi facilement un mariage... Puis son rêve était de se marier avec James, son petit-ami. Elle rétorqua.

— Merci. Mais je refuse ce que vous aviez prévu. J'ai déjà un copain, c'est du sérieux et...

— C'est un sombre idiot, coupa son père. James Bown, c'est cela ? Il est déjà promis à une femme d'une haute caste sociale. Il ne te l'a pas dis ?

Le roi d'Astramo se tourna vers Maëlys et sembla compatir à la tristesse qui envahit soudainement tout son corps. Depuis hier, elle semblait se méfier du comportement de James. Il se trouvait qu'elle se méfiait avec raison, finalement. Elle ne savait comment réagir et se contenta d'observer Max qui resta neutre. La mère de la princesse s'interposa finalement.

— Max. Tu n'as aucun droit sur notre fille !

— Voyons Laure, de nous deux c'est toi qui a en tord je le crains. Qui est partie après avoir mis au monde notre bébé pour s'enfuir dans le monde des humains ? Qui a volé l'héritier ? N'est-ce pas toi?, hurla de rage Max.

— Arrêtez !, s'interposa Maëlys.

La princesse se tourna vers Laure. Elle voulait tellement lui dire qu'elle ne pensait pas vraiment tout ce qu'elle disait. Elle pencha la tête sur le côté et lui rétorqua sèchement.

— Ne m'adresse pas la parole !

— Chérie, n'accepte pas par vengeance..., murmura Laure, les yeux larmoyants.

— Maman, je sais que c'est contraire à mes principes. Mais la tromperie et le mensonge sont des choses que je n'apprécie pas.

Elle serra les poings. Elle ne savait pas à qui elle pensait réellement à ce moment là.

— Je n'aimerai pas cet homme. Je ferai ma vie à côté car j'exigerai dans le contrat d'avoir une vie libre.

Maëlys regarda sa mère. Celle-ci comprit. C'était le moment.

— Père, que comptes-tu faire de ma chère mère ? La prison serait pas mal, non ?

C'était un coup de bluff. Elle espérait que son père pensait qu'elle fut réellement en colère contre sa mère. Ainsi, peut-être, jugerait-il que cela serait suffisant comme punition. A son plus grand bonheur, cela marcha. Max éclata de rire.

— Non, pas la peine. Ta colère lui fera regretter son acte. Allez, va te préparer, mi hija. Ton futur mari ne va pas tarder à arriver. Je ne veux pas que tu me fasses honte.

Maëlys alla dans sa chambre et commença à se préparer, son père l'ayant averti que le jeune homme à qui elle était promis allait bientôt venir. Elle enfila une chemise bleue royale et un jeans noir taille haute. Elle mit une paire de chaussure blanche et rassembla ses cheveux noirs en une queue de cheval plutôt stricte. Elle nettoya sa peau aussi pâle que la neige et se contempla dans un miroir. Elle murmura.

— Pourquoi est-ce à moi qu'arrive tout ceci ? Heureusement que je me doutais qu'un jour cela arriverait...

Elle entendit des éclats de voix et retourna dans le salon. Elle s'arrêta sur le pas de la porte et ouvrit légèrement la bouche, ses joues devinrent subitement rouges vives. Elle pensa qu'elle avait bien de la chance d'être condamnée à se marier avec un homme aussi beau. Il devait penser la même chose car il sourit en voyant sa promise. Il s'avança vers elle et lui fait un baise-main, lui rajoutant un peu plus de couleur. Il ouvrit la bouche et se présenta.

— Je suis Louis Turin, prince de ce royaume magique, pour vous servir.

— Vous surjouez, prince Louis, lui répondit-elle bravement.

— C'est exact, rit-il. Mais que voulez-vous, je dois vous séduire à l'ancienne d'après mon père et le vôtre.

— Ne les écoutez pas, soyez naturel, je vous en prie.

— Alors cessons de nous vouvoyez. Tu ne sembles pas attrister par ce mariage, Maëlys.

— Toi non plus, tu sembles indifférent, lui répondit Maëlys du tac au tac.

— J'ai toujours grandi en sachant que je n'aurai aucun mot à dire sur ma future femme. Toi non en revanche. La plupart des filles auraient hurlé. Jusqu'à ce qu'elles me voient, ajouta-t-il avec modestie.

— Je faisais des rêves sur ce jour-ci depuis qu'une vieille femme m'a appris à me servir de mes dons. Elle m'a aidé à savoir tout ceci. J'étais furieuse le jour où je l'ai appris, je l'avoue. Mais je me suis fais à la raison, murmura piteusement Maëlys.

Louis posa sa main sur son épaule et se contenta de lui sourire. Il lui chuchota au creux de l'oreille.

— Je reviendrai demain pour t'aider à t'installer à Astramo. Alors à plus tard, Maëlys Black.

— A plus tard, Louis Turin, lui répondit-elle, légèrement charmée.

Max n'avait pas dis un mot. Il observa sa fille, un sourire satisfait apparut.

— Parfait. Je suis ravi d'avoir pu faire ta connaissance, Maëlys.

Celle-ci ne répondit pas. Elle aurait espéré que son père fut plus proche d'elle... Elle devait probablement se contenter de cela. Le roi d'Astramo s'en alla sans rien dire de plus.

Maëlys se tourna vers sa mère qui avait les larmes aux yeux. Elles se firent un câlin et Laure la remercia de son geste car grâce à sa fille, elle évitait la prison pour avoir kidnapper la fille du roi d'Astramo. Elle pouvait espérer vivre libre même si pour cela, sa fille avait accepté de partir d'ici et de se marier avec un parfait inconnu. Un jour, Maëlys comprendrait pourquoi elle avait été obligé de s'enfuir avec elle alors qu'elle n'était qu'un petit bébé. C'était tout simplement une question de survie.

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