Chapitre 19: Des sauveteurs. 

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"L'amitié n'a de sens que si elle prêtre à se prouver par un sacrifice."

- Sully Prudhomme.

Maëlys était entrain de plier ses vêtements dans sa valise. Une mèche de cheveux tomba devant son visage légèrement brillant de sueur et à l'aide de sa main, elle la mit derrière son oreille. Elle se redressa et s'étira, ses muscles furent engourdis par l'inactivité. La princesse se retourna, prit le dernier accessoire et boucla enfin l'énorme sac à roulette. Elle pianota sur la surface rugueuse, perdue dans ses pensées. Elle ressentait ce besoin de partir et de se vider l'esprit. Il y a environ deux semaines, Louis avait voulu l'attaquer. Il n'avait pas su se contrôler. Oh, elle l'aurait pu lui pardonner si elle n'était pas enceinte de son enfant. Maëlys avait du mal avec le fait qu'il avait voulu tuer son propre bébé. C'était tout bonnement abject !

Elle prit sa valise et tendit son bras en l'air. Ses lèvres se plissèrent et un sifflement aigu retentit dans la pièce. Des battements d'ailes parvinrent à l'oreille de la princesse d'Astramo, marquant l'arrivé de Steve. Le pigeon s'installa sur le bras puis sautilla jusqu'à son épaule pour y nicher. Il pencha la tête sur le côté et cligna plusieurs fois des yeux tout en roucoulant. Maëlys caressa sa tête puis sortit de la pièce sans y jeter un regard. L'impératrice de la Magie parcourut le couloir rapidement sous les chuchotements des serviteurs qu'elle ignorait royalement. Elle sortit dans la cour du palais et héla un domestique. Ce dernier retira sa casquette, la rejoignit et s'inclina. Il marmonna d'une voix bourrue.

— Que puis-je faire pour son altesse ?

— Pourriez-vous préparer une diligence s'il vous plait ?, lui demanda Maëlys en posant la valise à ses côtés. Je me dois de me rendre au palais de mon père. Savez-vous où il se trouve ?

— Bien sûr, lui répondit l'homme en riant. C'est notre roi. Attendez ici je vous prie, elle sera prête dans quelques instants. Devons-nous entendre monsieur l'empereur ?

— Je ne sais pas, murmura Maëlys qui sembla tout à coup gênée et soucieuse.

Le serviteur hocha la tête puis se rendit aux écuries où il transmit l'ordre de l'impératrice de la Magie. Celle-ci s'assit sur sa propre valise, fit apparaître un morceau de pain et le tendit à son animal qui s'empressa aussitôt de le manger. L'appétit de l'oiseau entraîna le rire de Maëlys qui était fortement amusée par son comportement. Tout à coup, il battit des ailes et tournoya autour de la jeune femme qui se tourna, comprenant qu'il l'avertissait d'un danger. Elle vit Louis qui s'avançait vers elle, les mains dans les poches, la mine désolée. La princesse se crispa et se retourna vers l'écurie. Cela faisait deux semaines qu'elle lui en voulait. Il venait tout le temps la voir et lui dire ô combien il était désolé, qu'il regrettait amèrement et toutes ce genre de paroles. Ce comportement ne faisait pas flancher Maëlys qui continuait à l'ignorer. Son mari fit apparaître ses affaires contenues dans un sac et s'assit dessus également, sous les regards moqueurs des écuyers qui s'affairaient à préparer leur voiture. La déesse du feu se tenait fièrement et ne daignait aucun regard envers son époux qui restait silencieux, le dos voûté.

Le domestique revint avec la diligence et chargea leurs affaires pendant que le couple impérieux grimpait à l'intérieur du moyen de locomotion. Maëlys s'y installa et mit un tas de couverture pour Steve. Ce dernier s'installa puis s'endormit en roucoulant. Louis frictionna ses mains et osa enfin prendre la parole.

— Je suis vraiment désolé.

— Ca ne m'intéresse pas, lui répondit-elle d'un ton sec. Tu as osé attaquer moi et ton enfant !

— Je te promets que ce n'est pas ma faute ! J'ai été comme posséder ! Je ne maîtrisais plus mon corps ! Pourquoi aurais-je voulu tuer toi et le bébé ? Dois-je te rappeler que j'ai grandi sans ma mère? Je ne vais pas en plus vivre sans ma femme et mon héritier !

Maëlys redressa la tête et fixa son époux qui la regardait avec des yeux humides. La déesse inspira et débita les paroles d'un ton qui se voulait neutre.

— Qui aurait pu faire ça ? Et dans quel but ?

— Nous avons pleins d'ennemis dont un qui aurait eu un double bénéfice: Aaron, rétorqua Louis avec fureur.

— Aaron me souhaite comme femme, pas comme cadavre pourtant.

— Tu dis que je voulais te tuer. Mais qui dis que mon "moi" souhaitais seulement éliminer le bébé et te faire du mal ?, demanda Louis, songeur. Avoue que c'est une possibilité.

— C'est vrai que ce cas est possible, approuva-t-elle avec hésitation. Qui est cet homme qui s'est interposé ? Je n'ai pas pu savoir son identité puisque je me suis évanouie après son arrivé.

— C'est une longue histoire... Je pense que j'ai le temps de te la raconter durant notre trajet. D'ailleurs, pourquoi as-tu choisi la diligence ? On aurait pu transplaner.

— J'avais envie de prendre mon temps, de me vider l'esprit, répondit-elle, ses joues devinrent subitement rouge.

Louis lui fit un pâle sourire et se décida à expliquer ce qui s'était réellement passé ce jour-ci.

***

Flashback.

Louis parcourait le sol, le paysage défilait à toute vitesse. Il était rempli de rage. Toute sa vie avait été un mensonge. Sa mère, Diane, était une Onyx. Elle avait été assassiné pour avoir trahi sa famille. L'empereur n'arrivait pas à accepter ses véritables origines. Pour lui, elle n'était qu'une déesse du feu mineure, pas la fille du chef de ce groupe.

L'homme se rendit jusqu'au lac où il s'arrêta, sentant l'odeur de plusieurs personnes arrivées. Ses poils s'hérissèrent et il se tourna vers les intrus. Il ne les reconnaissait pas. Il prépara son saut puis bondit, toutes griffes dehors. Il allait refermer ses crocs sur le cou de sa victime quand il se sentit projeté contre un arbre. Sa tête percuta violement le tronc et il gronda de douleur. Il se redressa difficilement sur ses pattes puis redevint un humain, n'ayant plus assez de magie pour pouvoir maintenir sa transformation. Il frictionna sa tête et fixa la personne qui s'était interposée. Il se figea en le voyant. Ses yeux... Il les avait déjà vu quelque part. L'étranger prit la parole.

— Assez Louis, cesse de te comporter en enfant !

— Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?, lui demanda Louis d'un ton se voulant agressif.

— Je viens de sauver ta femme et ton enfant alors il vaudrait mieux pour toi que tu te calmes, rétorqua l'inconnu assez sèchement. Pour ton information, je suis ton grand-père Hunter, Hunter Shadow.

— Vous ?, s'écria l'empereur. Partez avant que je décide de venger ma mère !

— Malheureusement, elle savait qu'en choisissant Alan, elle risquait de mourir. Je ne pouvais pas ne pas respecter cette règle par prétexte qu'il s'agissait de ma propre fille. Ecoute, Louis. Je suis intervenu car je refusais de te voir blesser grièvement ta femme ainsi que ton enfant. Je vais repartir. Néanmoins, je te mets en garde: il va falloir que tu apprennes à contrôler tes pulsions, les ennemis de Maëlys peuvent s'en servir à leur avantage. Comme toute à l'heure.

— Vous êtes entrain de me dire qu'une personne venait de prendre possession de mon corps ?, s'étonna Louis oubliant sa rancœur à l'égard d'Hunter.

— En effet, acquiesça ce dernier. J'ignore qui est-il mais je vais demander à mes conseillers de mener l'enquête. Je te donnerai son identité dès que je l'obtiendrai. Veille bien sur ta famille, mon petit-fils.

Le chef des Onyx s'éloigna de son descendant, un vague sourire étirait son visage. Il avait réussi l'espace de quelques secondes à dompter Louis. Celui-ci s'était élancé jusqu'à sa femme, la mine inquiète.

— Qu'ai-je bien pu te faire, se répétait sans cesse l'empereur.

Fin du Flashback.

Maëlys observait le paysage à travers la vitre de la diligence. Elle semblait réfléchir à ce que venait de lui raconter son époux. Ainsi elle était toujours en vie grâce à Hunter. Ce dernier pensait même que son mari n'était pas responsable de son comportement. Lui mentait-il ?

L'impératrice dirigea son regard vers Louis et sembla l'analyser. Elle secoua distraitement la tête. Non, il avait l'air vraiment malheureux. Cela ne pouvait pas donc être réellement lui. Néanmoins, qui était cette personne qui avait osé l'attaquer ? Cela l'avait grandement perturbé: ainsi, elle n'était jamais en sécurité.

Elle posa sa main sur son ventre et le caressa, la mine soucieuse. Elle s'approchait de ses 19ans et pourtant, elle semblait avoir au minimum le double. Elle poussa un long soupir et murmura, lasse.

— J'ai vraiment hâte de donner naissance à ce petit bout de chou.

— Veux-tu connaître le sexe du bébé ?, lui demanda Louis avec un léger sourire. Hunter me l'a informé avant de disparaître. Ne me demande pas comment il l'a su, je n'en ai aucune idée.

— Pourquoi pas , lui répondit Maëlys avec un brin d'hésitation.

Louis se tourna vers ses affaires, farfouilla un peu puis sortir un pyjama pour bébé. Maëlys sourit en voyant la couleur du vêtement: bleu royal. Elle prit le tissu et regarda l'inscription qui y figurait: Elu meilleur prince de l'année. La princesse d'Astramo rit et caressa les lettres blanches. Une larme coula sur sa joue. Elle était heureuse et son époux semblait de même.

Malheureusement, leur bonheur fut de courte durée. La diligence semblait prendre de la vitesse. Louis passa sa tête à travers la fenêtre et demanda au cocher.

— Que se passe-t-il ? Pourquoi accélérez-vous ?

— Nous sommes poursuivis, s'écria le serviteur. Regardez derrière vous !

L'empereur fit ce que lui avait recommandé le serviteur et son sang se glaça. Un groupe d'hommes et de femmes masqués se dirigeaient vers eux. Leur intention était claire: ils souhaitaient attaquer le couple royal. Ce dernier retourna à l'intérieur et dit à sa femme, la voix tremblante.

— Nous sommes attaqués. Il faut que nous transplanions.

— Je n'y arrive plus, avoua honteusement Maëlys. Mon état de femme enceinte doit probablement m'en empêcher.

— Bon sang ! jura Louis.

L'empereur ignorait ce qu'il devait faire, sa peur prenait possession de lui. Son regard tomba sous le tas de couverture. Il fronça des sourcils et marmonna.

— Où est passé ce pigeon ?

Maëlys regarda elle aussi et sa peau pâlit plus qu'elle ne l'était déjà. Steve avait disparu. Tout à coup, un cri déchira le silence. Le couple royal sortir leur tête par la fenêtre et ils semblèrent effarer. Steve était parti attaquer les ennemis. Sa taille avait triplée de volume. Tout son corps était parcouru d'électricité et il électrisait chaque personne du groupe. Ce dernier ne se défendait même pas, ce qui intriguait Louis. Pourquoi n'utilisaient-ils pas leur pouvoir magique ? Maëlys commenta la situation, songeuse.

— On dirait qu'ils sont dépourvus de pouvoir... Mais qui sont-ils ?

— Ce qui m'intrigue également est Steve. Depuis quand est-il un être magique ?, rétorqua-t-il.

Maëlys hocha la tête et vit le groupe partir dans l'autre sens. Steve revint vers la diligence et s'installa de nouveau sur son tas de couverture, sa taille étant redevenue normale. Louis fixa l'animal. Celui-ci redressa sa tête et semblait moqueur. La princesse d'Astramo murmura.

— J'espère que mon père aura la réponse à nos questions...

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