Prologue: Comme un rêve

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Une ruelle, à peine éclairée, je ne reconnais rien… Ils ont eu Maman, j’ai dû la laisser, gisant dans une flaque rouge vermillon. Il pleut, je cours, mes baskets trempées deviennet lourdes, mon jean, collant… Je les entends, des pas, des bruits métalliques, comme des boîtes de conserve qui s’entrechoquent, sans fin, des cris, incompréhensibles, ils se rapprochent… Dans ce dédale de ruelles, à la lueur de chandelles, je me perds, je suis déjà passée par cet endroit, Maman est toujours là, étendue, immobile. Comment faire ? Comment leur échapper, ils se rapprochent. Vite, à gauche ! Non ! Ils sont là, au bout de la rue, des hommes en armure, casques brillants et ruisselants, piques acérées, épées affûtées, que me veulent-ils ? Une impasse, je suis perdue, la troupe fond sur moi, je suis piégée. Une épée est sortie de son fourreau, tandis que les piques me menacent et me coupent toute possibilité de fuite… Le garde à l’épée lève le bras, arme son coup, il va frapper, le geste part ! Il est bloqué ! Une silhouette, immense, sauvage, brutale, les gardes volent tels des quilles renversées par une boule de bowling. Le monstre de terre glaise empale trois gardes d’un coup sur une pique, écrase de son pied l’armure d’un infortuné salopard, attrape le dernier et l’envoie comme une pierre qui vient s’encastrer dans le mur d’en face. Le monstre me regarde, se redresse, hurle dans la nuit. Je cache mon visage comme pour échapper au destin tragique qu’il me réserve à coup sûr.

Plus rien, plus un bruit, la pluie a cessé. J’ouvre les yeux, je vois la maison, devant moi, je suis à côté du saule que j’avais planté, petite, avec Maman. Maman, où es-tu ? Maman, que fais-tu là, devant moi, flottant dans l’air, en robe blanche, si belle, si paisible, on dirait un ange. Tu me souris, tu t’éloignes imperceptiblement. Non, Maman, ne pars pas, ne me laisse pas.

— Tu n’es pas seule, il te protégera.

— Ne me laisse pas avec lui, il est cruel, violent.

— Tu apprendras à le connaître. J’ai confiance en lui.

— Il n’a même pas réussi à te sauver…

— Tu prendras ma place dans son cœur. Il ne t’abandonnera pas.

— Maman !…

— Avec lui, je veillerai sur toi. Sois en paix, ma fille.

Ce bruit strident, répétitif, c’est le réveil… La fin d’un cauchemar ? Ou le début ?

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