~Paix~

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Dans l'indifférence des combats, cette petite herbe noire devint liane et de ses yeux d'enfant, elle ne vit que la plus rouge des noirceurs de ce monde: la mort. De sa vie, elle n'avait jamais vu la terre, ni l'eau.

Ses petites racines, plantées dans de la chair décomposée, ne lui ramenaient que du sang. Un sang aux mille visages, brûlant mais calme, dont les mille lèvres ne murmuraient qu'un mot : tuer.

Les générations se succédèrent les raisons de la guerre s'oublièrent.

Les perfides généraux, toujours soucieux de faire plus de victimes et trop souvent dépassés eux-mêmes par la complexité de leurs propres plans, revinrent -d'un commun accord- aux simples batailles d'avant l'Empire.

Les forces en tout genre se jetèrent dans la gueule de cet immense abattoir, et ce fut une guerre de tous les jours pour la petite liane, que de survivre à ce molosse aveugle.

L'Homme était à bout de force, vieux et boiteux, il avait les yeux aveuglés de larmes, il avait perdu ce don immense qui le différenciait jadis des animaux. Mais machinalement, il avançait, effrayé par son ombre, il ne pouvait et ne devait pas se retourner.

Ce fut dans cet ossuaire infernal, que des bourgeons apparurent sur la petite liane noire, suivis de fleurs semblables à des lotus rouges, gorgés de vies volées. Ses pétales avaient un battement de cœur humain, et dégageaient une aura meurtrière qui enflamma le ciel.

Pour répondre à cette provocation, les cieux se fâchèrent de nuages violets sombres et firent neiger des cendres. Dans ce cauchemar irréel, la petite fleur rallia tous les hommes à sa cause.

Il n'y eut alors plus d'armées, ni de soldats, seulement des morts et des morts qui vivaient encore.

L'Homme avait trébuché, sa route s'achevait ici, bien qu'il s'acharnait maintenant à retourner d'où il était parti. Quelques membres y réussirent hauts dignitaires ou chanceux paysans, ils s'enfouirent dans les montagnes, les forêts ou les souterrains. Ils commencèrent à noyer le traumatisme de la guerre dans la reconstruction de la civilisation.

Dans la plaine, qui fut celle de la dernière grande bataille, il ne restait plus qu'un immense lotus rougeoyant, porté par un tronc de lianes entremêlées, et des statues noires de cendres qui portaient encore les armes et la volonté de tuer.

Ainsi, les plantes eurent leur vengeance.

Ce fut sur cette triste conclusion que Sereine referma cette dernière page, qui grinça mélancoliquement.

Cette lecture lui laissa un arrière-goût amer, elle décida de s'endormir pour digérer les mots. Mal l'en pris, une heure après s'être escrimée à trouver le sommeil contre ce roulis infernal, elle due rendre les armes devant son estomac qui lui montait à la gorge... [Aucune description].

Dans un coin, suspendu au plafond, elle vit Arsène suspendu dans son hamac qui l'immunisait à tout roulis. Une fois n'est pas coutume, elle s'était laissé emporter par son orgueil sans réfléchir, et en payait maintenant le prix fort.

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