C'est au cours d'une nuit limpide et particulièrement étoilée que naquit Ursula, fille de Taloris et d'Astesia.

Ce couple de guérisseurs renommés dans tout le royaume d'Atlantica attendait la venue de leur enfant depuis si longtemps que sa naissance leur apparut comme un petit miracle.

Ursula fut un bébé heureux et choyé, bercé par l'amour inconditionnel de ses parents.

À peine sut-elle nager qu'elle fut dotée de grâce et de beauté.

Sa queue se mouvait avec délicatesse, ses yeux couleur améthyste hypnôtisaient quiconque osait y plonger son regard et ses longs cheveux bruns ondulaient au rythme de la houle autour de son visage fin.

Elle possédait une intelligence rare et une curiosité remarquable qui lui promettaient un avenir radieux au sein de la communauté des guérisseurs d'Atlantica.

Hélas, la mort prématurée de sa mère, emportée par une maladie qu'aucun des sortilèges de son père n'avait pu soigner, imprégna son destin de mélancolie.

À l'âge de sept ans, Ursula dut brutalement laisser sa candeur de côté pour aider son père à surmonter le chagrin et le seconder dans la préparation de potions pour le royaume.

Elle fut de plus en plus isolée des autres sirènes de son âge, d'autant que son intelligence supérieure rendait les conversations avec ces dernières rapidement sans intérêt. Seules la magie et les potions de son père la fascinaient. Elle pouvait passer des nuits entières à apprendre et répéter des sortilèges, jusqu'à les maîtriser.

Revigorer des algues défraîchies, faire repousser la nageoire d'un poisson, souder la carapace d'un crabe, changer la couleur des coraux... cela devint un jeu d'enfant pour la jeune apprentie.

Par ailleurs, sa solitude et son statut d'orpheline la conduisirent à porter une affection particulière pour les animaux rejetés. Elle apprivoisait des murènes, des poissons-lunes, des anguilles et des cochons des mers qui devinrent ses fidèles compagnons, sous le regard amusé de Taloris.

Lorsque sa fille eut treize ans, celui-ci fut si fier de ses accomplissements qu'il décida de lui léguer le pendentif d'Astesia, sa mère.

D'apparence très simple, ce pendentif en forme de coquillage recelait des pouvoirs inimaginables.

Ursula ne comprenait pas toute la complexité de cet objet mais elle devinait qu'il était puissant : son père distillait ses enseignements quant à son utilisation. D'habitude, il lui apprenait comment donner de son énergie pour transformer, réparer ou guérir un être vivant. Le coquillage, lui, semblait produire l'effet inverse : il capturait les énergies.

Les mauvaises énergies, certes, mais aussi les bonnes.

Plus Ursula grandissait, plus sa beauté rayonnait. L'intérêt des garçons croissait ainsi au fil du temps, de même que la jalousie des jeunes filles.

Cela n'intéressait nullement l'apprentie guérisseuse, toujours le nez dans ses livres et ses potions, du moins jusqu'au jour où une rencontre fit doucement vaciller son coeur de petite sirène.

Celle du Prince Triton.