Épisode 55

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Nidorina

Depuis que j'ai découvert la bonbonne d'essence dans les ruines de la guilde, Qulbutoké agit bizarrement avec moi. Comme s'il essayait de me cacher quelque chose. Aujourd'hui, nous avons reçu l'ordre transporter un chargement de bois à Poképolis et pour cette raison, je conduis le camion alors qu'il me tient compagnie. D'ailleurs, la patronne a décidé de lancer du jour au lendemain une déclaration de guerre contre les pyromanes qu'elle soupçonne être des membres du Culte d'Yveltal.

— Pffft... t'y crois à son histoire, à la patronne ? je demande à Qulbutoké.

— Qulbutoké...

— Ouais, moi non plus. J'avoue qu'elle est en train de devenir zinzin avec tous les drames qui se sont produits chez nous. Elle doit sombrer dans la folie à force d'avoir perdu autant de nos proches aux flammes. Perso, j'crois que la théorie de la fuite de gaz dans le réfectoire serait plus plausible que ce qu'on a trouvé, d'autres concierges et moi.

— Qulbutoké ?

— Ouais... des bidons d'essence ont été retrouvés à deux endroits différents, durant ces dernières semaines. Sous les décombres de la guilde et sous ceux de près de la cuisine de Magirêve... enfin, ce qui en reste. Mais tu veux savoir le pire dans tout ça ?

— Qulbutoké... ?

— Bah Arcanin aurait finalement trouvé quelque chose d'intéressant. Il a fouillé dans tous les immeubles possibles pour des trucs suspects et il a découvert un graffiti du culte à l'intérieur de l'usine abandonnée.

— Qulbutoké...

Mon collègue de travail semble nerveux. On dirait qu'il a quelque chose à me dire, mais refuse de le faire. Voilà des jours que je le surveille de près. S'il a quelque chose à me dire, c'est le moment, hein ? On est seuls dans un gros camion et on monte une pente assez haute qui redescend en direction de Poképolis.

C'est alors qu'il me fonce dessus et tourne la roue en direction du gouffre qui pourrait nous faire tomber. Surprise, je suis paralysée pour quelques secondes.

— Q ! Mais que fais-tu !?

Qulbutoké me plante son poing dans ma figure alors que j'enlève la patte du gaz et retire la clé du camion. Aussitôt, il sort du camion de son côté et court en direction de la falaise. Mais qu'est-ce qu'il fout !? Je sors du véhicule moi aussi et je cours dans sa direction. Il s'apprête à sauter quand je l'attrape par la manche de son uniforme. Celle-ci se déchire, dévoilant l'épaule de Qulbutoké que je n'ai jamais vu avant.

Un détail me choque, alors je frotte mon visage endolori.

— Q... cette marque sur ton épaule...

— Qulbutoké... me répond mon partenaire, en larmes de rage.

— Alors c'est vrai ? C'était toi le mec qui a fait sauter la guilde !? J'aurais dû m'en douter. Le placard à balai était bien trop près du réfectoire pour que ce soit si difficile à trouver le coupable. Comment as-tu pu faire une chose pareille à l'organisation qui t'a logé et nourri depuis des années !? Pourquoi as-tu fait ça !?

Pour toute réponse, il sort de sa ceinture une arme à feu qu'il vise dans ma direction. Il recule quelques pas, près du garde-fou qui nous protège du ravin.

— Qulbutoké ! me hurle-t-il, les yeux rouges de colère. Qulbutoké, qulbutoké !

— Pardon !? J'étais au courant que vous étiez plusieurs... mais à ce point ?!

— Qulbutoké...

Il s'avance d'un pas vers moi, l'arme pointée vers ma poitrine.

— Non... Ne me dis pas que c'est toi qui...

Un coup de feu ! Par réflexe, j'ai reculé. Mais je n'ai rien ressenti. Je baisse les yeux, il a tiré près de mes pieds, dans la terre.

— Tu es en train de me dire que tu as fait porter le chapeau à mon fils pendant toutes ces années !? Comment as-tu pu trahir Dracolosse !?

— QULBUTOKÉ ! hurle celui-ci avant de remonter l'arme à mon visage.

Je me tasse et sa balle me frôle l'épaule. Je grince des dents, en douleur. Du sang coule à travers mon uniforme. Cette fois, il ne m'aura pas. Je lance Dard-Venin à mon adversaire qui n'a pas le temps de riposter. Tant pis pour mon uniforme, j'en trouverais un neuf à mon retour. Par contre, j'ai éclaté un œil à Qulbutoké qui, déstabilisé, se couvre le visage d'une main et perd le contrôle de son arme. J'en profite pour lui foncer dessus et le fusil lui échappe des mains. Nous échangeons coups après coup, jusqu'à ce qu'il active Riposte et me repousse. Les dégâts provoqués par sa capacité ne m'empêchent pas de lui lancer mon attaque Toxik. Il vomit aussitôt le liquide venimeux absorbé par sa peau. Il tente de me pousser et de ramasser son arme, mais je donne un coup de pied dans le flingue qui est aussitôt chassé dans le gouffre sans fond de la falaise.

— Que t'est-il arrivé pour que tu nous trahisses tous, Q !? On a fait la guerre ensemble ! On a ri, on a pleuré, on a échangé des bières, toi et moi et on a joué aux cartes tellement de fois. Toute cette relation n'était qu'un mensonge, à tes yeux !?

— Qulbutoké...

— Oh que si, je vais te juger ! Tu t'es foutu de ma gueule pendant vingt ans, à me faire croire que Dracolosse a été tué par mon fils, alors que c'était toi qui lui as planté le badge dans son cœur ! Tu es un monstre, Q !

— QULBUTOKÉ !

Il s'élance dans ma direction avec l'intention de nous faire tomber tous deux en bas de la falaise. J'esquive son attaque et il s'arrête de justesse près du garde-fou. J'en ai marre. Je m'approche de lui et je lui fous un coup de pied dans le cul. Qulbutoké tombe alors par-dessus bord. Je me penche pour l'observer tomber, pendant qu'il hurle mon nom. Enfin, il s'écrase contre un grand roc pointure où la pierre lui fracasse le corps et le déchire en deux. Il n'a eu que ce qu'il mérite.

Je renifle un bon coup lorsque j'applique une patte sur la blessure de mon épaule gauche. Je bous de rage, mais je crains la réaction de Milobellus quand elle va voir que j'arrive chez nous sans ce fils de pute. Je n'ai pas tout compris ce qu'il disait à propos du culte. Mais sa femme et ses enfants ne semblent pas impliqués. Pour une société secrète, le Culte d'Yveltal a sûrement dû se réunir pendant que tout le monde dormait.

Mais là, je réalise une chose trop tard, parce que je suis conne. Je n'ai pas la preuve que Qulbutoké était le trou de cul qui nous a trahi. Putain... fais chier. Va falloir que je descende pour aller lui trancher le bras et le ramener à Milobellus. Oui, mais bon, je n'ai pas de corde. Par contre, j'ai un smartphone.

Je suis dégoûtée. Tout ce temps-là, on avait ce criminel sous les yeux et il nous a tous dupé. Comment je vais annoncer ça à Madame Qulbutoké et leurs enfants ? À leurs yeux, je vais être la vieille garce qui a tué leur mari et leur père. Mais bon, lui il a fait pire. Il a incendié tout un bâtiment avec ses acolytes et il a une quarantaine de meurtres à son actif. Il a même confessé que c'était lui, le type qui a buté les Florizarre... Quel monstre...

Je m'approche donc du camion et remercie Arceus que personne ne vienne sur cette route, sauf les ouvriers, en cette période de l'année. Je compose un numéro et j'attends. On me répond enfin. C'est l'assistante de Milobellus qui répond.

Ne quittez pas, s'il vous plaît, dit-elle.

Un instant plus tard, la grande patronne me répond :

— Qui a-t-il Nidorina ? J'étais en train de faire mes courses.

— Boss ? Tu ne devineras jamais ce qui vient de se passer sur la falaise...

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