Épisode 24

6 minutes de lecture

Marisson


Le pingouin m'a si gentiment nourri que je ne pouvais pas repartir pour Poképolis, sans lui donner un peu d'aide en retour. C'est pour cela que j'ai décidé de suivre son groupe dans le donjon mystérieux, dans les bois. Je n'ai pas mon équipement de secourisme avec moi, mais il a accepté de me passer quelques bricoles et quelques baies, au cas où j'en aurais besoin. Vraiment, il n'avait pas besoin de le faire, mais ça va beaucoup m'aider.

Je crois qu'il n'a pas apprécié que je parle d'une guilde rivale à la sienne, un peu plus tôt. De toute façon, je ne suis pas devenu secouriste pour me faire des ennemis. Mes oncles et mes tantes sont pour la plupart des secouristes et mes parents ont aussi des contacts dans ce métier. Puisque notre monde a beaucoup de donjons mystérieux de ce genre, je me suis dit : pourquoi pas ? Alors, le jour de mes dix-sept bougies, j'ai décidé de m'inscrire dans la guilde de Madame Écrémeuh, aussi connu sous l'alias de Madame Meuh Meuh. Mes parents étaient déjà partis aux études, donc j'ai cohabité sous le toit de cette Pokémon qui vit avec sa copine, ma tante lesbienne soit dit en passant. Elles s'aiment à la folie et je suis content pour elles. Ça me chagrine qu'elles doivent vendre la ferme et déménager un peu plus à l'est, parce qu'il n'y a plus tellement de Pokémon civilisés qui passent par la campagne, sauf les espèces qui vivent à l'état sauvage.

Je dois vous avouer un truc. J'ai décidé de ne pas partir, car le pingouin m'intéresse. Je crois même que j'ai ressenti un petit truc entre nous. Je ne vous le cacherai pas, j'aime mieux les mâles que les femelles et c'est le premier Pokémon que je croise qui me fait cet effet depuis des mois. Bien sûr, ses copains sont tout aussi mignons... mais lui… Il a un je-ne-sais-quoi… Je le trouve adorable.

Je sais ce que vous allez me dire : ne sois pas un prédateur, Marisson. Mais pour qui me prenez-vous ? J'ai une tête sur les épaules, mouâ !

— Alors... ça fait combien de temps que tu sais que tu aimes les mecs ? je demande à Tiplouf, pendant que nous marchons derrière les autres.

— Euh... comment as-tu deviné ? couine celui-ci, qui s'arrête net, derrière moi.

— J'ai un détecteur à gays dans ma tête, hi hi… Nan, en vrai, j'ai remarqué comment tu mates Pikachu depuis tantôt. Il te plaît, pas vrai ?

— C'est si évident que ça... ? soupire-t-il.

— Le cœur a ses raisons qu'on ne connait pas, je répond en prenant un air faussement hautain. Nan, mais, qui a inventé une phrase aussi débile et qui crache de vérité, en même temps ?

Tiplouf pouffe de rire et me sourit. Je décide d'ouvrir une bouteille d'eau parce que je commence à avoir soif. Alors qu'on se promène le long de l'étage, je remarque qu'il n'y a pas beaucoup de Pokémon sauvages parmi nous. Soit, ils dorment, soit ils sont bien cachés quelque part et attendent de nous sauter dessus.

J'en profite pour échanger un peu avec Tiplouf sur sa vie familiale et la mienne. J'apprends qu'il a fait sa sortie du placard, que très récemment. Sa priorité pour le moment est de prendre soin de son ami amnésique, Pikachu. C'est noble de sa part, mais j'ai l'impression qu'il s'attend à ce que son ami partage aussi les mêmes sentiments que lui.

— Moi, j'ai commencé à sortir avec les types vers l'âge de quatorze ans. Rien de sérieux, on s'entend. Mais l'an dernier, j'ai rencontré quelqu'un... il n'est pas resté longtemps au Ranch Meuh Meuh. Il devait retourner vivre dans son pays.

— Ah, c'est triste… Tu l'aimais ?

— Je ne sais pas… Je n'ai jamais eu le temps de lui dire comment je me sentais. Je ne savais pas si c'était réciproque, mais il avait un joli accent anglophone…

Soudain, on s'arrête près d'un passage menant à une autre section de l'étage. Flamiaou et Pikachu nous font signe de baisser le ton. Nous nous approchons donc furtivement de leur position. Ils ont repéré un nid de Pokémon sauvages.

— Faisons demi-tour, suggéra Tiplouf, tout bas. Ils sont trop nombreux.

— On a l'avantage de l'effet de surprise, formule Flamiaou. Ils sont au moins neuf. Nous sommes quatre… Avec les bonnes capacités, on pourrait s'en sortir assez bien.

— L'un d'entre nous pourrait faire diversion, non ?

Une diversion, hein ? Ça me donne une idée. Je fouille alors dans mon sac et j'examine ce que j'ai reçu comme équipement et outils d'exploration. J'esquisse un sourire.

— J'ai une petite idée, mais vous allez devoir me faire confiance, dis-je tout bas.

— C'est bon, essaie de ne pas te faire repérer tout de suite, réplique Pikachu.

Je hoche la tête et me tourne en direction de l'arbre le plus près pour courir dans sa direction et le grimper. Ensuite, je bondis de branches, en branches, jusqu'au repère des Pokémon sauvages. La plupart d'entre eux sont endormis, les autres picorent des vers de terre ou bien des insectes dans la terre. Des Roucool et des Rattata, plus qu'autre chose. Je vais m'occuper des Pokémon qui dorment. Ils sont au moins cinq. Je sors alors quatre Explograine que je lance dans leur direction et cela a pour effet de les assommer.

Aussitôt, Pikachu, Flamiaou et Tiplouf sortent de leur cachette et coordonnent leurs capacités de sorte qu'ils puissent se débarrasser des quatre Pokémon restants. De ma position, je peux voir l'escalier qui mène à l'étage supérieur, soit le deuxième. Flamiaou aussi, mais celui-ci ne remarque pas le piège dans lequel il est en train de marcher.

— Atten— commencé-je.

Trop tard. Il se met la patte dans une liane qui soulève un filet relié à un arbre. Flamiaou se retrouve alors suspendu dans les airs, pendant que Pikachu et Tiplouf sont pris par surprise par cinq Roucool et un Roucoups qui viennent de sortir d'un buisson, accompagné d'un Rattata. Nous nous sommes faits avoir comme des débutants !

— Donnez-nous tout ce que vous avez et nous vous laisserons la vie sauve ! hurle le Roucoups. Les gars ! Emparez-vous d'eux !

— Mais lâchez-nous ! couine Tiplouf. Eh ! Touche pas à mon sac, toi !

Tiplouf envoie une capacité qui ressemble à un vent glacial, dans la tronche du Rattata. Pendant ce temps, Flamiaou essaie de mordre les liens de la corde qui l'entoure. Pikachu, quant à lui, lance l'attaque Éclair sur trois des Roucool qui s'étaient approchés de lui. Il les met aussitôt hors d'état de nuire. Je fouille alors dans mon sac, il me reste au moins un orbe qui pourrait nous servir. Un Foliorbe. Ça permet de rendre confus nos adversaires, quand on l'éclate près d'eux. Comme un flash de lumière ou un ultrason. Je m'élance donc, orbe en main et je cours en direction de mes camarades.

— Les gars ! Couvrez-vous les yeux !

Ils ont entendu mon appel et je lance enfin l'objet en direction du Roucoups. Comme je l'avais prédit, mon orbe éclate, mais je recouvre mon visage juste à temps pour éviter de subir l'effet désiré. Aussitôt, les Roucool et le Rattata sont étourdis et commencent à s'attaquer l'un envers l'autre. Pikachu profite de cette distraction pour électrocuter la plupart de nos adversaires, puis Tiplouf lance Écras'Face sur le petit rat mauve. Enfin, Flamiaou détruit son piège et tombe sur ses pattes.

Je soupire de soulagement. Notre plan, bien qu'il ait connu une embuscade, a quand même fonctionné. Madame Meuh Meuh et Tantine seraient fières de moi.

Tiplouf, quant à lui, ne peut s'empêcher de me regarder avec un drôle d'air. Je crois que j'ai réussi à l'impressionner. Est-ce bon signe ?

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