Épisode 16

6 minutes de lecture

Bulbizarre


Non, mais qu'est-ce qui m'a pris parler sur ce ton à mon grand-frère ?

L'Académie Pokémon est fermée aujourd'hui parce que Monsieur Roigada et d'autres Professeurs ont une réunion importante avec Madame Milobellus. Moi, pendant ce temps, je me trouve au parc et je suis assise à la balançoire, alors que je me remémore ma dispute avec Tiplouf. J'ai honte de lui avoir balancé des insultes homophobes, hier soir. Il a toujours été là pour moi, et moi, comme une ingrate, j'ai décidé de l'envoyer bouler à partir du moment que les Pokémon ont lancé des rumeurs sur lui. Il ne peut jamais ramener un ami à la maison sans que les autres parlent de lui… Toujours lui… Rien que lui.

Moi, personne ne fait attention à moi. Je suis la petite grosse, la Bulbizarre moche dont personne ne veut. Tout le monde se moque de moi parce que j'ai quelques kilos en trop, comme j'ai perdu mes véritables parents dans un accident et que la famille de Tiplouf m'a adopté… Comme si Papa et Maman ne m'avaient jamais aimé… Ça me fend le cœur. Jamais j'en ai parlé à ma famille, car je ne veux pas qu'ils sachent que leur fille est harcelée. Et moi, comme une ordure, je m'en prends à mon grand-frère… Je me défoule sur lui…

— Bah, qu'est-ce qui ne va pas, Bulbi ? dit Marill qui vient s'asseoir à côté de moi. T'es pas dans ton assiette depuis ce matin.

— J'ai été craignos envers Tiplouf.

— Ah... les trucs entre fratries… Ça arrive partout.

— Ouais, mais moi, je suis en train de lui faire la même chose que tout le monde me fait... alors que je ne devrais pas…

— Bah, c'est sûr qu'Arcko n'a pas aidé ton moral, ces deux derniers jours.

— Ah lui ! Ne m'en parle plus.

Je passe mes pattes avant devant les chaînes de ma balançoire et les croisent, vexée.

— En tout cas, quand tu l'as largué à son casier, devant tout le monde, ç'a cloué le bec aux trois pimbêches qui racontent toujours des ragots à notre sujet.

J'esquisse un sourire. En effet, les trois nanas les plus populaires de notre grade étaient choquées lorsqu'elles ont vu cette scène. Jamais, elles n'auraient cru que moi, la fille la plus répugnante qui soit, puisse casser avec le beau et séduisant Arcko ! Tant pis pour lui. C'est une ordure ! Miaouss, Mystherbe et Mélofée se sont régalées de ce scandale et je crois qu'elles vont me ficher la paix pour quelque temps... quoique... elles sont quand même les rédactrices de la gazette de notre académie. Merde…

— Au moins, la clique des trois emmerdeuses doit raconter de belles choses sur ta fête, dis-je à mon amie. Tu ne m'as jamais dit comment ça s'était terminé, avant-hier...

— Ah, n'y compte pas. Elles ont refusé de venir nous voir parce que je traine avec une bande de losers, selon Mystherbe. Mais tu sais quoi ? Je n'en ai rien à foutre. C'était quand même chouette de passer du temps avec mes potes. La piscine de mes parents était froide, mais ça n'a pas empêché tout le monde de s'amuser près du bain à remous.

— C'est sûr que nous sommes en plein milieu d'automne...

— Crois-tu que cette température a déjà arrêté un Pokémon aquatique de nager ? Nan !

Nous échangeons un regard complice avant de pouffer de rire.

Marill et moi, on se connait depuis la crèche. C'est la fille la plus cool que je connaisse. Elle fait beaucoup de fêtes où les Pokémon de notre âge emportent de la boisson clandestine ou bien des joints. Ses parents ne disent pas grand-chose parce qu'ils sont toujours partis en voyage. Du coup, Marill squatte parfois chez nous quand elle se sent seule. Elle est très indépendante, mais ça se voit qu'elle a besoin d'affection.

— Ah... maintenant que j'y pense, formulé-je. Est-ce qu'il y a eu des rapprochements, entre Tartard et toi ? J'ai vu qu'il était dans ta photo... et…

Elle me fait signe que non. Lui, c'est son béguin depuis l'année dernière, mais elle est trop timide pour faire le premier pas. Il est l'un des athlètes de notre académie, en natation. Elle craque sur lui parce qu'elle fait partie de l'équipe féminine de la même discipline. En plus, c'est le meilleur nageur de tout le bahut !

— Ce sera pour une autre fois, dit Marill en adoptant une pose dramatique. Oh, que ferais-je pour toi, mon bel amour ?!

Je l'observe placer une patte près de son front pour imiter notre professeur d'art dramatique. Elle ne peut s'empêcher de rire lorsqu'elle reprend sa position initiale. Moi aussi. Toutefois, j'ai toujours ce problème avec mon frère qui me perturbe. Je sors une liane de mon bulbe et me gratte la tête.

— Marill, je suis dans la merde.

— Pourquoi donc, ma chérie ?

— Parce que j'ai promis à papa que j'arrêterais de me comporter comme une pouffe envers Tiplouf et j'ai fouetté ce dernier, au lever.

— Et alors… ?

— Faut pas que Tiplouf raconte tout à notre oncle, sinon je vais être dans la merde, au retour de mes parents. J'ai encore les cris de mon père qui résonnent dans ma tête…

— Ouille. C'est vrai que ton père est menaçant, quand il veut.

Marill saute en bas de la balançoire et m'observe avant de monter sur la pointe de ses pattes. Elle semble avoir une idée derrière la tête.

— Il n'y a pas d'autre solution que d'aller lui présenter tes excuses, me dit-elle.

— Tu... tu plaisantes, Mari ?! Nous n'avons jamais mis les pieds dans un donjon mystérieux ! Mon frère et ses potes s'y trouvent pour un entraînement spécial… Ils ne reviendront pas avant cet après-midi… Je ne pense pas que nous soyons prêtes pour ça !

— C'est ça, ou tu te couvres de honte face à ton oncle, puis tes parents… Allons ! Ça ne doit pas être si difficile que ça, hein ? On a déjà combattu contre des voyous pires que les Pokémon sauvages, dans les rues de Bourg Bekipan.

Elle n'a pas tort. Je sais me battre et elle aussi. Seulement, les Pokémon sauvages, comme elle le dit, n'hésiteraient pas à nous kidnapper ou même nous torturer… Nous tuer, dans le pire des cas. Papa et maman ne se pardonneraient jamais s'ils savaient que leur fille, inexpérimentée avait décidé de s'aventurer dans un donjon mystérieux. Et pourtant… Je suis la fille de deux secouristes. Je devrais normalement être en mesure de comprendre comment ça fonctionne, non ? Après tout, ils parlent souvent de leurs explorations avec Tiplouf, quand ils sont à la maison…

— Pfft... c'est bon, Mari. Tu as gagné. De toute façon, il faudrait que je me mette à la diète avec tout ce que je mange dernièrement. Un peu d'exercice me fera le plus grand bien… Mais avant, allons ramasser quelques trucs, chez moi.

— Chouette ! s'exclame mon amie qui bondit de joie. Ça fait un bail que je voulais aller cogner des brutes ! Ka-pow !

Elle fait semblant de frapper un ennemi imaginaire avec ses courtes pattes, comme si elle était un Pokémon Combat. Je roule les yeux et je descend de ma balançoire. Ensemble, nous nous dirigeons ensuite en direction de mon cottage. Lorsque je rentre chez moi, il n'y a personne. Notre oncle n'arrivera pas chez nous avant cet après-midi, je crois.

Je décide de fouiller dans le placard dans lequel mes parents rangent beaucoup de leurs outils et de leurs accessoires, tandis que Marill ramasse quelques fruits dans notre frigo. Une fois que nous avons récolté un inventaire assez solide, nous décidons de partir en direction des bois.

J'espère de tout cœur que je réussirai à retrouver mon frère. Je dois à tout prix lui demander pardon pour mon comportement de merde… Oh Tiplouf…

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