Epilogue : sur un banc…

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Un banc situé en pleine campagne, une frêle silhouette longiligne m’y attend.

La permanente bouclée, les mêmes cheveux que moi, telle qu’elle subsiste dans mes songes.

Seulement, je n’ose pas y aller. La crainte d’être trop troublé, d’être trahi par mon imaginaire, d’être déçu peut-être…

Mais déçu, comment pourrais-je l’être ? Si tu es venue jusque-là, jusqu’à moi, même pour un temps trop court, rien de ce que tu pourras me dire ne saura me décevoir.

Je n’étais qu’un gamin quand tu es partie, aujourd’hui je suis mari et père. Le père de tes petits-enfants qui auraient tellement aimé te connaître. Surtout Vic, mon aînée.

Je lui ai tout raconté de toi, tout ce que je sais - à vrai dire pas grand-chose. Mon père a gardé le silence, il le gardera éternellement. Comme s’il se sentait coupable de quelque chose, et à bien le regarder, les écouter ces silences, je sais qu’il l’est.

Tu seras sans doute déçue d’apprendre qu’il n’est plus rien pour moi, que son épouse actuelle a tout fait pour rayer les plus infimes traces que tu as laissées et qui entachaient sa vie. Et par ricochet, mes enfants et moi. Parce qu’il y a trop de toi en nous.

Je m’approche doucement de ta silhouette, de peur de t’effrayer, que tu ne t’évapores avant que nous n’ayons pu échanger un seul mot.

Seras-tu déçue, toi, par l’homme que je suis devenu, au regard de l’enfant que tu as laissé ? J’espère que non, parce que pas une minute je n’ai cessé d’être guidé par ton aura. Pas une minute, je n’ai cessé d’espérer que tu me vois. Parce que personne n’a jamais pu te remplacer, combler ton absence dans mon cœur. Parce que ça fait mal, tu sais, d’être orphelin à dix ans.

Elle entend mes pas crisser sur le gravier de l’allée, elle pivote sa tête vers moi, croise mon regard aussi vert que le sien, habillé des mêmes lunettes. Elle n’a pas changé alors que moi, j’ai vieilli. Mais elle me reconnaît sans peine, un sourire évanescent illuminant son si joli visage.

On va rattraper le temps, tous les deux, et tu vas pouvoir tout me dire. Me dire pourquoi, ce jour-là, tu as lâché cette vie à laquelle tu tenais tant. Pourquoi tu t’es laissée mourir après six ans de combat, maman ?

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